Chapitre I "run your business like a family but never run your family like a business"
Ecrit par Fawag
Faby
Bip bip bip bip bip
Il est 6h40, mon réveil sonne. Je n'ai qu'une envie : le casser et me rendormir.
Malheureusement, le devoir m'appel !
J'éteins ce satané réveil et tâte l'autre côté du lit.
Il est vide et froid.
Malick, mon mari a déserté la chambre conjugale.
Depuis un petit moment rien ne va plus entre nous. Il s'arrange toujours pour être en voyage d'affaires. Les rares fois ou monsieur n'est pas en déplacement, il rentre super tard du boulot et s'endort dans son bureau.
Bref !
Je me lève très difficilement et me dirige vers ma salle de bain.
J'observe mon reflet sur le miroir.
Ce n'est pas beau à voir. J'ai des cernes de phacochère, damn, vive l'anti cernes !
Je file sous la douche. L'eau chaude coule sur ma peau, et mes muscles se détendent.
La journée va être longue, j'ai une réunion d'équipe ce matin, un déjeuner d'affaires ce midi, puis 2 audiences au Tribunal.
Oui, je suis avocate et je dirige mon propre cabinet "Faby's Law & co".
Après avoir fait ma prière de Fajr, j'ouvre mon dressing.
J'ai le choix entre du noir, du gris ou d'autres couleurs, toutes aussi sombres.
Mon dressing est à l'image de mon humeur ces temps ci, c'est à dire morose.
Et puis bon, avec la dose d'hormones que j'ai injecté ces dernières années, mon corps a subit une sacrée transformation. J'ai pris beaucoup de poids.
Or, c'est bien connu le noir et les couleurs sombres "amincissent" la silhouette.
C'est vrai que j'ai toujours eu des rondeurs mais là, je ne reconnait plus mon corps.
Je ne suis plus la Faby belle et sexy avec ses rondeurs, comme m'a connu mon mari.
J'enfile une chemise en soie noire, et un pantalon taille haute, noir of course.
Je fais un chignon avec mes cheveux naturels. Un peu d'anti cernes, et je suis prête.
Je récupère ma voiture sur le parking, et me voila en route vers le cabinet.
Il est 8h quand j'arrive.
Nadine, ma secrétaire me salue et me fait un rapide résumé de mon programme de la journée.
- Nadine : Bonjour Maître, bon début de semaine ...
- Moi ( lui coupant la parole) : Nadine, combien de fois dois-je te répéter de ne pas m'appeler Maître, ou Madame ?
- Nadine : Oh, oui pardon, c'est que je n'ai pas l'habitude, je suis désolée je promets de faire un effort...
- Moi : Pas de problèmes ! Alors tu as passé un bon week end ?
- Nadine : Bof, les enfants étaient souffrants, j'ai passé mon week end à les soigner.
- Moi : J'espère qu'ils vont mieux ? Il y a un virus en ce moment, tout le monde a la grippe !
- Nadine : Oui, c'est clair, en même temps il fait trop froid !
- Moi : Oui, il faut bien se couvrir. La salle de réunion est prête ?
- Nadine : Oui, la team est au complet, ils vous attendent.
- Moi : Merci Nadine, je vais les rejoindre alors.
Je depose rapidement mes affaires dans mon bureau et me dirige vers la salle de reunion.
Moi ( entrant dans la salle) : Bonjour à tous chers collaborateurs adorés.
Eux : Bonjour Faby !
Mon cabinet est divisé en 5 pôles. Chaque pôle est géré par un avocat collaborateur :
Cissé s'occupe du pôle droit de la famille, Naya du pôle droit du travail, Keïta du pôle droit des marchés publics, Ismaël du pôle droit des transports.
Enfin, Sarah, la cinquième collaboratrice s'occupe avec moi même du pôle droit des affaires.
Moi : Je vous souhaite un bon début de semaine. J'espère que vous avez tous passé un excellent week end et que vous êtes prêts à attaquer cette nouvelle semaine comme des guerriers.
- Cissé : Oh que oui, j'ai passé mon week end en charmante compagnie, j'ai encore des étoiles plein les yeux
- Naya : Redescend sur terre alors Cissé ! Et épargne nous de tes mésaventures, chaque semaine tu en a une nouvelle. Je plaint ces filles sans dignité qui partagent ton lit juste pour un soir !
- Cissé : Tu es jalouse de ces filles Naya. Tu rêves de partager mon lit lol
- Karim : Bon les amoureux, ça suffit vos petites querelles de couple.
Nous éclatons tous de rires.
Vous remarquerez que l'ambiance au cabinet est bon enfant. Il y a une bonne entente entre nous. Je prend soin de traiter chacun de mes collaborateurs avec soin et sur un pied d'égalité. Mon père me disait toujours " run your business like a family but never run your family like a business".
Moi : Bon les amis, revenons à nos affaires !
Comme d'habitude, faisons un tour de table afin que chacun puisse faire un topo des dossiers en cours. Cissé, à toi l'honneur, nous t'écoutons.
Deux heures plus tard ...
Je rejoins mon bureau vers 10h.
Je me suis à peine assise que mon telephone sonne.
Sur l'écran apparait la photo de la première dame de mon coeur "ma maman d'amour".
Moi : Hello ma djèn- djèn ( c'est comme ça que je surnomme ma petite maman puisqu'elle s'appelle Djeneba)
Maman : Humm toi la, tu ne peux m'appeler de temps en temps ?
Moi : Si ma maman chérie, désolée j'ai eu énormément de travail la semaine dernière. Et ce week end j'ai couru partout avec Raby, comme tu le sais nous préparons sa baby shower.
Maman : Ah oui, c'est vrai que ta soeur accouche bientôt. Je compte venir afin d'être présente pour accueillir mon petit fils, inshallah.
Je discute encore quelques minutes avec ma mere avant de raccrocher.
Mes parents vivent au Mali. Quand la benjamine de la famille s'est mariée ils ont pliés bagage vers leur cher "Maliba".
J'ai deux soeurs.
La plus grande, Amy a 32 ans. Elle est mariée et mère de 4 jolies petites filles.
Ma petite soeur, Raby a 26 ans, mariée également et attend son premier enfant.
Vous l'avez deviné, je suis la cadette.
Je m'appel Faby, 29 ans et épouse de Monsieur Malick Sidibé.
Nous sommes mariés depuis 5 ans maintenant, mais depuis, toutes nos tentatives pour avoir un enfant ont été vaines.
J'ai fait tout les traitements possible, mais rien n'a marché. Pourtant mon gyneco me dit que que je n'ai aucun problème et que je dois seulement être patiente.
Mais mon âge avance, et mon horloge biologique tourne. Toutes mes amies sont maman, mes soeurs également.
Je rêve un jour de connaître ce bonheur qui est celui de pouvoir porter et donner la vie. C'est devenu pour moi une obsession, au point d'en faire une dépression.
C'est à partir de ce moment que tout s'est gâté dans mon couple. Malick ne supportait plus les nombreux traitements, mes injections, mes changements d'humeur dû aux hormones, etc...
Il proposait que nous ayons recourt à l'adoption.
Je ne suis pas contre l'idée. J'ai énormément d'amour à donner, mais, ma belle famille ne me le pardonnera pas.
Nous sommes des africains, une femme qui n'enfante pas ne vaut pas grand chose.
Petit à petit un fossé s'est creusé entre Malick et moi. Aujourd'hui la communication est interrompue. Nous cohabitons plus qu'autre chose.
Le mois dernier, j'ai arrêté tout les traitements. Mon corps est fatigué, mon cerveau également.
Je m'en remet à Dieu.
"Soit patiente ma fille, Dieu est grand, ton tour viendra inshallah . Tu verra, ça te tombera dessus au moment ou tu n'y pensera même pas". Ce sont les mots de ma mère.
Ma montre m'indique qu'il est midi.
Je me met un peu de gloss, et vérifie si mon chignon est toujours intact. Je récupère les deux dossiers que je dois plaider cette après midi, ainsi que ma toge et me voila en route vers mon déjeuner.
Je gare ma voiture et me dirige vers le restaurant que nous avons choisit. Maître Tetis est déjà installé. Dès qu'il m'aperçoit, il se lève pour me faire la bise.
Me Tétis : Toujours aussi belle, Faby !
Moi : Et toujours aussi mariée ! N'essaye pas de m'amadouer Tétis, tu commences déjà les négociations lol
Me Tétis : Ahaha, Faby tu es pointue dis donc ! Je sais que tu ne me fera pas de cadeau. Mais je suis sincère, tu te bonifie avec le temps. Ton goujat de mari ne te mérite pas.
Me Tétis Fabien est un confrère et ancien camarade de fac. Pendant nos etudes il avait des vues sur moi, mais n'a pas su faire le poids face à mon Malick. Depuis, les deux ne s'apprécient pas trop.
Nous déjeunons tout en discutant du dossier qui nous oppose.
Le client de Fabien détient une société qui est débitrice d'une forte somme d'argent envers mon client. J'ai donc engagé une procedure de liquidation judiciaire à son encontre. Fabien me demande de stopper la procedure, afin de conclure un protocole d'accord.
Moi : Ok Tétis, je te laisse le soin de rédiger le protocole, que je soumettrais ensuite à mon client pour avis. En cas d'accord nous le présenterons au juge pour homologation.
Me Tétis : Super, ça me va ! Ouf, je ne m'en sort pas mal, tu n'es pas si redoutable tout compte fait.
Nous éclatons de rire.
Après avoir réglé la note, nous nous séparons.
J'arrive au Tribunal vers 14h. Mes clients ne sont pas présents, je préfère plaider seule les dossiers et ensuite leur faire un compte rendu.
Les clients sont stressants, ils sont souvent déçu de constater le peu de temps que le juge consacre à leur dossier. Malheureusement les juges sont débordés, ils ont énormément de dossiers donc pas de temps à perdre. C'est une chose que le client ne peux pas comprendre, il a un problème et voudrait que le monde entier le vive en même temps que lui. C'est compréhensible surtout pour certains dossiers assez délicats.
Mais la procedure judiciaire est complexe, et pleine de formalisme. La réalité est bien loin de ce qui se passe dans les films.
En sortant du Tribunal, je reçoit un texto de Malick, il m'informe qu'il rentre de voyage ce soir.
Je passe au supermarché acheter de quoi cuisiner un bon repas. Je vais faire de la sauce tomate avec du poulet fumé et du riz blanc, Malick en raffole !
Bip bip, je reçois un texto.
C'est Hadja, ma meilleure amie.
Hadja "Madame Mal, appel moi, URGENT j'ai un affairage de taille pour toi "
Moi "Le comérage aura raison de toi, affairée la. Je fais des courses, Mal rentre ce soir. Je te rappel en rentrant. A toute"
Hadja " Quittes la oui , toi même affairée la. Ok j'attend ton appel, à plus "
Je rentre a la maison, et me met aux fourneaux puis j'appel Hadja.
Moi : Allô, reine mère du commérage quelles sont les news ?
Hadja : Mdr, toi même tu es la chef du commérage. Nous ne sommes pas amies pour rien, qui se ressemble s'assemble ahaha
Moi : Oh tu parles trop, raconte moi ton affaire la.
Hadja : Humm ma co tu as raté ! Je t'ai dit que dimanche avec Lamine ( son mari ), et les enfants nous sommes aller chez ma belle mère non ?
Moi : Oui, pour leur reunion de famille ?
Hadja : Exactement ! Sans surprise, Awa ( la soeur de Lamine ), cette aigrie là était présente. Comme d'habitude elle a commencé à me provoquer. Mais ma co, cette fois ci elle m'a sentie passer !
Moi : Nan Hadja, ne me dis pas que tu l'a frappé quand même ?
Hadja : Frapper c'est petit ! Je lui donné une correction qu'elle risque de ne pas oublier de si tôt ! Trop c'est trop Faby j'ai trop supporté, elle me gonfle.
Moi : Elle t'a fait quoi encore toi aussi ? Vraiment tu me dépasse Hadja !
Hadja : Madame passe son temps à mettre des idées noires dans la tête de mon mari ! Elle me déteste car je suis guinéenne. Elle s'est pointée avec sa copine malienne qui est veuve et veut que Lamine l'epouse, tu te rend compte ?
Moi : Foutaises ! Qu'elle gère d'abord son foyer. Son mari n'a pas fini de courir toutes les petites du quartier.
Hadja : C'est clair ! En tout cas je lui ai dit mes quatre vérités. Je lui ai demandé pourquoi elle n'a pas dit à son mari d'épouser comme deuxième femme la petite qu'il a enceinté dehors. Je l'ai traitée de mal baisée. Madame l'a mal pris et m'a giflé!
Moi : Quoi ?
Hadja : Oui tu as bien entendu ma co ! Mais tu me connais non ? J'ai envoyé une bonne gifle sur son visage rougit par la crème éclaircissante la ahaha. Ensuite j'ai enroulé ma main dans son tissage et j'ai tiré dessus de toute mes forces. Elle est devenue chauve. Il fallait la voir pleurer comme une enfant.
Moi : Ahahaha non Hadja tu es terrible, je suis morte de rire ! Et Lamine dans tout ça ? Il a réagit comment ?
Hadja : Lui même était dépassé ! Nous sommes rentrés sur le champs. Il a crié dans mes oreilles que j'abuse, Awa est sa grande soeur après tout blablabla ...
Moi : C'est vrai que sa position est délicate ...
Hadja : Je m'en fou ! Sa soeur n'a qu'à rester à sa place. Le soir j'ai attaché mon pagne et je lui ai tourné le dos dans le lit.
Moi : Ahaha ma co tu es terrible dis donc !
Hadja : Il a caressé mes fesses jusqu'à fatiguer. Son bangala était dur ! Je n'ai pas cédé, j'ai dit ce soir je ne libères pas, va parler à ta soeur.
Je reste discuter encore quelques minutes avec Hadja, puis je raccroche pour attaquer mon menage.
J'ouvre toutes les fenêtres pour bien aérer l'appartement, je passe la serpillère et je mets du bon oussoulan ( ou tchourail, c'est de l'encens que ma mère fait elle même et m'envoi du Mali ).
Je prends ensuite une bonne douche.
Il est 22h, et Malick n'est toujours pas rentré.
Tanpis, je mets la nourriture dans des plats thermos et prepare la table. Il n'aura qu'a se servir en rentrant, le repas sera encore bien chaud.
Je monte me coucher, demain encore j'ai une longue journée qui m'attend.