CHAPITRE II
Ecrit par Louloute3001
Janvier 2021
-Mesdames et messieurs, dans quelques minutes nous allons commencer notre descente vers Libreville, veuillez attacher vos ceintures et ne pas vous déplacer…
Enfin! A moi le soleil, les coiffures à bas prix, la climatisation à fond dans la maison et la street food à ne plus en finir.
A mon arrivée à Libreville, je constate que les mentalités sont restées les mêmes ici depuis ma dernière venue un an plus tôt.
On peut dire qu'entre les dames qui ne répondent pas à un simple "bonjour" de politesse et les messieurs de la Douane qui cherchent à draguer les demoiselles qui apparaissent dans leur champ de vision, on se sent vraiment à la maison.
Une fois la police aux frontière passée, je suis tout de suite accostée par un bagagiste qui m'oblige presque à lui donner mon chariot, chose que je refuse et à laquelle il me répond "c'est parce que tu viens de BEING que tu veux faire la star hein ma chérie? Ok j'ai compris la parisienne".
Pff, je brûlais d'envie de lui répondre que Paris n'est pas la seule ville de France et qu'un gabonais en France ne réside pas de facto à Paris mais épuisée par le voyage, j'ai préféré lui faire un sourire et lâcher un petit "désolée" du bout des lèvres.
Bref, je suis malgré tout heureuse de retrouver toutes ces tares qui font mon beau pays. Je m'avance vers la sortie et retrouve mon père, légèrement amaigri mais toujours aussi beau et taquin.
Le trajet n'est pas très long puisque je réside dans la commune d'Akanda. Deux coups de klaxons et le portail s'ouvre sur ma maison, celle qui m'a vu grandir. J'essaie de faire le moins de bruit possible car ni les parents ni moi n'avons signalés mon retour à mes petits frères Georges, Matthieu et Charlotte.
Mais c'était peine perdue car le bruit des klaxons les avaient déjà mis en alerte.
-Yasmine!!! Mais que fais-tu là? me dit ma cadette Chacha comme je l'appelle affectueusement.
-Je suis rentrée pour vous mes bébés
Et en moins d'une seconde je me retrouve entourée de mes deux autres bébés tout autant heureux de me voir.
Pour l'occasion, papa me sachant fan d'atangas (safou ou prune au Cameroun), a fait un stock pour l'occasion ainsi qu'un bon plat de viande de brousse comme j'aime accompagné d'un manioc Obamba.
-Et puis vous voulez me dire que le paradis sur terre n'existe pas, mais venez au Gabon mes amis (rire) me suis-je dis à moi-même à la vue de tout ceci.
Le vol a été long, il était donc important pour moi de faire une sieste avant de prendre une douche et d'attaquer le plat qui n'attendait que moi en cuisine.
Mon père avait pour habitude de me dire que la viande de brousse est un plat qui demande de la concentration pour être savourer donc il était évident que je respecte ce principe à la lettre.
Une fois mon plat terminé, il était temps pour moi de digérer allongée sur le canapé devant un bon film.
Ma semaine s'achevait sur la même lancée. Il n'était pas question pour moi de vivre comme en France, non ici je devais vivre la vie que je mérite clairement (rire).
Deux semaines plus tard
C'est mon premier jour de stage dans une banque de la place. Qui dit premier jour dit par la même occasion première impression. Pour ce faire, j'ai opté pour un style très simple et sobre, un pantalon tailleur et une chemise blanche accompagnés de ma paire de talon noire pour éviter d'attirer l'attention sur moi. Pas de rouge à lèvre pour moi aujourd'hui même si j'en meurs étant un détail qui fait parfaitement ressortir mon teint clair.
Pour éviter les embouteillages, la maisonnée se lève très tôt pour pouvoir démarrer à 6h30 au plus tard. C'est dans ces moments que je regrette ma vie en France. Mais bon je n'ai pas à me plaindre puisque les parents ont mis un chauffeur à ma disposition pour me déposer chaque matin. Le trajet dure assez longtemps pour que je puisse me taper une sieste.
C'est avec une petite tape sur l'épaule que Monsieur Habib me signale que nous sommes arrivées à destination.
-Allez Yasmine, c'est juste le premier jour après ils seront tous fous de toi. Tu es une personne géniale et bosseuse t'inquiète pas. Me suis-je dis intérieurement.