CHAPITRE II : Tant qu'il n'est pas avec moi, je ne serai jamais heureuse !

Ecrit par Chroniques Femmes Fatales

 


Me voici enfin en Belgique, dans son pays…

L’appartement de Dorian mon ami d’enfance venu en Belgique quelques année plus tôt, a trois chambres, il avait deux colocataires, mais la première a déménagé pour les Etats-Unis poursuivre ses études, et la deuxième va se marier d’ici peu. Il se retrouve seul, à la recherche des colocataires. Sans hésiter, il a bien voulu me louer une chambre, en attendant que tout se mette en place. Je crois que je suis chanceuse. Je n’ai pas eu de problème avec le visa, j’ai un logement et j’ai de quoi tenir pour quelques temps encore. Oui, il y a de quoi sauter de bonheur. Hourra !

N’importe quoi !

Tant qu’il n’est pas avec moi, je ne serai jamais heureuse...

Dorian vient d’entrer dans ma chambre et me sort de mes pensées amères. Normalement, j’étais en plein maquillage, seulement, j’ai plongé dans mes souvenirs.

Depuis mon arrivée, je suis bien installée. Dorian s’est chargé de tout. Et c’est un bon hôte, je dois l’avouer.

Le revoir m’a fait oublier pour un temps ma tristesse, et le tenir dans mes bras me fait repenser à notre enfance, quand il essuyait mes larmes. Il savait  me consoler quand les cris à la maison devenaient insupportables. Parfois, quand le conjoint de ma mère faisait des jours sans revenir, nous laissant affamées ma mère et moi, j’avais un repas chez lui, et il me consolait en me demandant de supporter et de comprendre ma mère : l’amour rend fou et pitoyable.

Dorian… savait-il seulement à quel point il avait raison ?

Ce cher ami qui m’a tellement manqué. Après son départ pour la Belgique, je n’avais plus mon refuge, les études et la solitude sont devenues très vite mes amies.

- J’aime ton regard, on dirait une lionne, la reine de la forêt, me lance Dorian en prenant place sur le lit derrière moi.

Je le regarde à travers le miroir devant moi, et je souris. A chaque fois que je regarde Dorian, je ne peux m’empêcher de sourire. Il a tellement changé en tout, certes il a toujours été androgyne, mais je ne m’attendais pas à le trouver dix ans plus tard homosexuel. Même ses manières je ne les reconnais plus. Le Dorian de mon enfance  n’est plus là, juste quelqu’un qui brandit haut et fort son homosexualité.

- Et quand tu te décides enfin de  sourire, je t’assure que tu es éblouissante. Franchement, si j’avais eu la chance de naître fille, j’aurai aimé être comme toi. Tu as ce quelque chose qui attire les mecs.

Il fait claquer ses doigts comme s’il cherchait une réponse.

- On dirait que tu imposes ton style, conclut-il, ne trouvant pas les mots exacts.

- Tout est faux Dodo. Ce n’est qu’un masque de plus que je porte. Souviens-toi de la petite fille qui venait pleurer dans tes bras, dis-je en baissant le regard.

- Oui, mais cette petite fille respirait l’innocence. Celle de maintenant a un regard qui captive. Rony ma  chérie, tu fais peur. Tu es belle, mais on sent en toi une rage qui ne demande qu’à exploser et engloutir le monde entier. Tu ne devrais pas…

Il se tait comme s’il se souvient qu’il doit peser ses mots. Je sais très bien ce qu’il veut dire.

- Je ne devrais pas quoi ?

Je ne peux m’empêcher d’être agressive.

- Être ici en Belgique, termine Dorian.  Et tu le sais très bien. Il n’y a rien de bon pour toi ici. Tu sais très bien ce qu’il en est de la situation, il est fiancé !

- Que veux-tu que donc je fasse ? Vas-y, donne-moi une solution miracle pour que cette situation revienne à la normale. Que dois-je faire pour redevenir normale, et non plus cette fille que personne ne veut aimer ? Mes amis au Cameroun ne voulaient plus être près de moi, parce que j’avais cette tristesse au fond des yeux. Tout le monde me prend pour une folle…

- Tu es folle d’être venue en Belgique ! Folle de ne pas vouloir accepter la vérité et passer à autre chose. Oublis-le. Pour ton bien, passe à autre chose. Tu es jeune, tu es belle, tu as toute ta vie devant toi pour la gâcher pour quelqu’un qui n’en vaut pas la peine. Avec cet argent que tu as dépensé, tu pouvais…

- Je pouvais quoi ? Mener une vie bien ? Continuer à vivre sans lui et avec le temps, la douleur allait s’envoler toute seule ? J’allais rencontrer quelqu’un qui allait me faire oublier Andrew, c’est ça que tu veux me dire ? Sauf que j’ai essayé. Crois-moi Dorian, j’ai essayé ! J’ai prié pour que cela arrive, mais rien ne se passait. Chaque jour je n’avais qu’une seule chose en tête, lui. Je rêve de lui, je pense à lui et surtout je ne peux pas passer à autre chose.  Alors je fais quoi  si ma vie ne veut pas avancer  à cause de lui ?

Je sens monter les larmes dans mes yeux, mais je ne veux plus pleurer. Je suis fatiguée de pleurer, fatiguée de m’expliquer ! Personne ne comprend ce que je ressens. Ils me traitent de cinglée parce que je n’arrive pas à passer à autre chose, mais ils ne comprennent donc pas que je n’ai pas le choix ? Je suis perdue sans lui!

Je me souviens, qu’il y a de cela quelques mois, je n’arrivais pas à dormir. Même dans mon sommeil je pleurais, je me réveillais le matin, les yeux rougis, un mal de tête affreux. Zita fut témoin une nuit qu’elle vint dormir avec moi. Elle me réveilla en pleine nuit, disant que je gémissais et que je ne cessais de bouger.

Quand on en arrive là, dans ce cas, c’est quoi la solution ? Moi j’ai décidé d’en finir avec cette histoire. Mais ils ne comprennent pas ce besoin vital qui m’anime. Je veux mon bonheur ! Il me l’a promis, alors il va me le donner !

- Tu crois vraiment qu’il en vaut la peine ? Tu as payé ta participation au loyer pour trois mois. Si tu veux, je vais te rembourser cela, et tu pourras repartir pour le Cameroun. Ouvrir une petite boutique, ou alors ton restaurant que tu as toujours voulu avoir.

Ces mots de Dorian me plongent encore dans le passé.

“- Tu crois que le restaurant pourra nous donner assez d’argent pour vivre ?

- J’ai toujours eu envie d’avoir mon propre restaurant mon ange. J’ai fait l’école de cuisine n’oublis pas. Et on pourra commencer petit à petit.

- Moi je ne veux pas commencer petit. Je veux quelque chose qui attirera beaucoup de monde. Si on doit ouvrir notre restaurant, on ouvrira un, très chic, beau et à trois niveau.

- Trois niveaux ? Tu es sérieux ? Mon ange, n’oublis pas qu’on compte l’ouvrir au Cameroun, et nous n’avons pas assez d’argent.

- Toi arrête de rire comme si j’ai dit une connerie.

- Ok c’est bon, j’arrête de rire. Mais explique-moi pourquoi tu veux un restaurant à trois niveaux.

- Voilà, il fallait commencer par poser cette question. Le premier niveau sera un fast-food pour les enfants. Il y aura tout, un petit parc pour les distraire et des chaises avec des couleurs d’enfants et des personnages de dessins animés. Je suis sûr que tes neveux vont adorer.

- Waouh, je vois à quoi il peut ressembler, et j’aime l’idée. Tu es un génie mon ange.

- Je peux finir ?

- Ok c’est bon je t’écoute. Je ne t’interromps plus.

- Au deuxième niveau, on trouvera un snack pour des jeunes qui veulent se détendre. Avec carte d’identité bien sûr. Et pour finir, un restaurant ultra chic, pour ceux qui veulent de la vraie nourriture et passer un moment agréable. Et en bas, c’est les cuisines. Voilà ce que je veux comme restaurant. Trois en un…. Tu ne dis rien ?

- Juste que je suis étonnée. Je n’avais jamais pensé à cela. Réunir trois générations dans un seul endroit, divisé en trois. J’aime beaucoup ton idée…”

Dorian me sort une fois encore de mes souvenirs, en me tirant par la manche de mon habit. Je me rends compte, que je viens encore de m’évader dans mes pensées doux-amers. Il faut que tout cela cesse de me monter en tête. A ce moment, je prends en compte ce que vient de me dire Dorian. Il veut que je rentre au Cameroun, maintenant…NON !

- Dorian, si tu ne veux plus que je reste chez toi, il n’y a pas de soucis. Je vais me débrouiller.

- Je n’ai pas dit cela Rony…

- Mais sache juste une chose, je ne rentrerais pas au Cameroun, jamais je ne renoncerais maintenant. J’ai prié tous les saints, pour que je sois dans ce pays. Et Dieu m’est témoin que j’obtiendrai ce que je veux d’une façon ou d’une autre. Je veux ma fin heureuse Dorian, je veux vivre sans regretter de n’avoir rien tenté pour l’être aimé.

Dorian se lève et vient vers mois, la mine toute triste. Il me prend dans ses bras et me serre très fort. Je me laisse faire sans bouger.

- Je suis si triste pour toi Rony. J’ai peur de ce qui t’attend ici. Ce n’est rien de bon. Et je me disais, que tu pouvais encore être heureuse ailleurs qu’ici. Que tu pouvais passer à autre chose. Tu mérites d’être heureuse, mais pas de cette façon, pas en refusant de voir la vérité en face.

- Dodo, Je voudrais vraiment te dire que toutes tes paroles me feront changer d’avis, mais c’est faux. Rien n’y fera. Je ne peux pas revenir en arrière, sinon il faudrait tout effacer. Hors on ne peut pas effacer le passé.

- On peut décider d’avoir tout de même un avenir. Tu n’as que vingt-quatre ans Rony. Tu as encore toute ta vie devant toi. Tu n’as rien fait d’elle. Oublis Andrew et fais ta vie.

- Si vraiment on pouvait dessiner l’avenir, tu crois que j’aurais choisi celui que j’ai maintenant ? Tu crois que j’aurais voulu que mon cœur aime un homme qui se trouvait à des milliers de kilomètres de moi ? Je n’ai pas choisi l’aimer, c’est arrivé et je dois faire avec…

- Mais quel genre d’amour est-ce Donc ? Tu peux me le dire ? Durant deux ans, il t’a laissé dans un silence total sans aucune nouvelle. Même pas un seul coup de fil, et toi pendant ce temps, tu pleurais toutes les larmes de ton corps, et aujourd’hui qu’il va se marier avec une autre, tu décides de venir en Belgique. Faire quoi ? Tu peux me le dire au moins ? Sauver votre histoire ou bien ?

- On se bat pour ce que l’on aime Dorian…Je suis restée au Cameroun, rien n’a bougé, j’ai pleuré les larmes de mon corps comme tu le dis si bien. Aujourd’hui j’ai décidé d’être ici, faire face à la réalité. Je ne veux pas passer mon temps à regretter pourquoi je n’ai pas agis comme mon cœur me le disait. Je veux des réponses, et je vais les obtenir d’une certaine façon. Laisse-moi juste le temps de parler avec lui, et après je rentre au pays…

Dorian prend une mine outrée. Je sais très bien que jamais il ne me mettra à la porte, je sais que s’il me dit tous ces mots, c’est pour me voir lui dire que si je reste en Belgique, ce n’est pas pour Andrew, mais pour chercher la vie comme il l’a fait dix ans plus tôt. Moi je ne suis pas là pour chercher la vie, mais pour retrouver une partie de ma vie qui se trouve prisonnière d’un amour sans queue ni tête. Les gens aiment qu’on leur dise ce qu’ils veulent entendre, Dorian veut que je lui dise des mots que je ne connais pas, que je souris alors que je suis triste. Ils veulent que je sois forte. Pour eux c’est quoi la force ? Sourire quand on veut pleurer ? Se taire quand l’envie de mourir nous tiraille de partout ? S’enfermer quand on veut sortir ? C’est de l’hypocrisie ! On pense toujours que faire semblant remonte le moral, mais de qui ? Des gens qui en ont assez de nous voir chialer ? Ils disent tous cela juste pour qu’on cesse de les emmerder c’est tout. Pas pour qu’on soit consolé. Pour être consolé, il faut avouer avoir mal, souffrir.

- Je ne te demande pas de partir Rony ! s’écrie-t-il. Je veux que tu te détaches de ce qui te rend prisonnière de ta propre vie. Que tu daignes enfin être cette jeune fille avec qui j’ai grandi au Cameroun, qui savait se battre, qui était déterminée à réussir dans la vie malgré le milieu dans lequel elle a grandi. Je ne reconnais pas celle qui a un regard vide, hagard comme si elle avait perdu son âme et il ne restait qu’une simple enveloppe d’elle et rien de plus. Ce n’est pas toi cette jeune fille ! Et si tu crois que parler à Andrew fera revenir cette jeune fille, alors je t’aiderai de mon mieux, et tu verras qu’il n’en vaut pas la peine.

- Comme tu veux, mais je sais ce que je fais Dorian. Surtout qu’il faut que je le fasse.

Il sait que la conversation est finie. Sûrement il va se connecter, et dire à Zita qu’il n’a pas réussi à me convaincre de renoncer à ma folie de retrouver Andrew. Depuis trois jours que je suis en Belgique, j’ai eu le temps de le voir en ligne avec ma meilleure amie. Ils discutent, et je suis sûre que c’est de moi. Tous les deux doutent de ma santé mentale. Et je les comprends fort bien. Je sais au fond de moi que je suis folle d’être là, loin de ma famille, avec pour seule connaissance Dorian mon ancien voisin et ami avec qui j’ai grandi à Yaoundé.

- Je vais m’apprêter pour ce soir, me dit Dorian en mettant fin à l’étreinte. Il faut quelqu’un pour te surveiller, et je vais être celui-là. Mais promets-mois de ne pas faire de scandale ni autre chose.

Je souris. Je vois bien à quoi il fait allusion. Il se  souvient de la petite fille calme que j’étais, mais qui bouillonnait de colère, et quand cela explosait, c’était tout un spectacle. La digne fille de sa mère…La petite lionne indomptable.  Mais ce n’est pas mon but ce soir. Non j’aspire à autre chose. Tout ce que je veux, c’est être près de lui, le voir, le toucher, respirer l’air qu’il respire.

- Promis, je ne ferai pas de scandale.

Je lève la main en disant cela, mais Dorian voit bien mon sourire que je retiens. Après un regard inquisiteur, il sort de ma chambre. Je m’approche et je ferme ma chambre. Si j’ai gardé cette habitude, et c’est à cause d’Andrew.  IL  aimait quand la porte était fermée, cela nous laissait notre intimité.

Qu’a-t-il gardé de moi, comme habitude ? J’espère que beaucoup. Je suis là pour le voir, je vais le voir. Cette phrase fait battre mon cœur rapidement. Je vais le voir enfin… Andrew sera face à moi. Me reconnaitra-t-il après deux ans ? Je sais que j’ai changé, je ne suis plus la petite nubile, je suis devenue une femme. Il faut qu’il me reconnaisse. J’ai besoin de voir cela dans son regard, voir briller cet éclat bleu ciel qu’il avait quand il me désirait. Il le faut, sinon, je ne pourrais pas tenir la promesse que je viens juste de faire à Dorian.

Je me dirige vers la fenêtre, et regarde cette ville inconnue Liège. Depuis mon arrivée à quatre heures, trois jours plus tôt, je ne l’avais pas encore visité. Je ne veux pas perdre mon temps, à regarder une ville qui me verra sombrer si je n’obtiens pas de réponse. A quoi bon ? Je sais ce que je cherche, le reste ne m’intéresse pas du tout, ce n’est que futilité. Alors le tourisme attendra. Pourtant, cela aurait été si bien de visiter son pays, accrochée à son bras, marcher tous les deux amoureusement, comme il me l’avait tant promis.

- Il est grand ton pays ?

- Pas du tout. Il est si petit que parfois, je crois que je peux faire le tour dans ma voiture en une journée. Et le tien ?

- Le Cameroun est grand. Sur dix régions, je ne connais que trois. Le sud, le centre et un peu le littoral. De plus, on a énormément d’ethnies, sans compter les dialectes plus de deux cents, imagine.

- Waouh. Et tu parles combien de dialectes ?

- Juste trois. Pas plus. Mais je prononce quelques mots dans les autres dialectes.

- Comment appelle-t-on ton dialecte ?

- Le douala.

- Et on dit je t’aime comment en douala ?

- « Na tondi wa»

- Qu’est-ce qui te fait rire mon ange ?

- Bah le mot « tondi », on dirait un dérivé du mot tondre. Si je ne te connaissais pas, j’allais dire que tu veux me tondre. Cela ne te rappelle rien ?

- Bah si, notre première discussion tous les deux. Je crois que c’est moi qui avais dit : « Revenons à nos moutons », et toi tu avais demandé : « tes moutons, tu les veux tondu ou quoi ? »

- Et toi petite maligne, tu avais dit : « Tout dépend de l’épaisseur ». Je me souviens qu’on avait rigolé toute la nuit comme des dingues… Arrête de rire, tu me déconcentres.

- Toi, commence d’abord par ne pas rigoler aussi…Tu vois ? Tu n’y arrives pas, et moi non plus. Je ne sais même pas pourquoi on rigole.

- Peut-être parce qu’au fond de toi, tu sais qu’on ne pensait pas à l’épaisseur des moutons, mais à autre chose.

- C’est vrai. J’avoue que l’idée que j’avais en tête c’était l’épaisseur de ton sexe… Voilà que je recommence à rire comme une dingue.

- Tu es dingue mon amour.

- Dingue de toi oui, je le sais.

- Si tu veux, on visitera les dix régions du Cameroun, et toi et moi apprendrons tous les dialectes. Je pari que je vais vite les parler tous, plus vite que toi qui vis au Cameroun.

- Pari tenu mon ange. Et qu’est-ce que je gagnerai ? Je suis sûre de gagner.

- Le gagnant aura le droit de disposer du corps de l’autre comme il veut. Et ne crois pas que vivre dans ton pays te donne l’avantage. Je sais que je gagnerai ce pari, et je te ferai l’amour comme j’ai toujours rêvé de le faire. Sois juste prête…


 Faire l’amour avec lui, c’était cela mon plus  grand souhait. On ne parlait que de cela. Je suis vierge, je ne pensais pas à cela, jusqu'à ce que j’éprouve du désir soudain. Un désir brut, intense. Il est  l’homme parfaitement incarné. J’aurais pu tomber amoureuse d’un homme de mon pays, on aurait vécu une histoire comme des millions d’autres camerounais. Ou alors, je serais tombée amoureuse d’un étudiant, et on aurait mis du temps à se fixer sur notre relation. Il y a tellement de possibilités qu’à la fin, j’en doute de toutes celles-là.

- Je suis prêt Rony, on y va ?

Dorian est placé devant ma porte, je ne l’ai même pas entendu l’ouvrir, encore moins cogner.

- J’ai cogné, tu ne m’entendais pas sûrement. A ce propos, j’ai remarqué que tu as des moments d’évasion. On dirait que tu te retrouves dans un autre monde. Tout à toi.

Il s’est changé. Et tous les deux, en ce samedi, pour la première fois, je franchi enfin le seuil de la porte. En mettant dans mon sac, les papiers en règle  pour mon séjour ici.

« Sois prête ». C’était sa recommandation. Je le suis déjà. Je parle déjà plus de douze dialectes, et lui, sûrement aucun. Je suis prête.

- Pourquoi tu souris Rony ? demanda Dorian.

Il a vu le sourire, il m’observe. J’ai l’impression qu’il s’inquiète vraiment pour moi.

- Je suis juste prête…

Oui, je suis prête à l’affronter, à lui sauter au cou quand je verrai son sourire devenir grand et éclairer la salle. Je suis prête à lui pardonner et à faire ma vie avec lui ici, je suis prête pour toutes les situations. Il connaît mon audace, alors je sais que me voir en Belgique devant lui ne l’étonnera pas vraiment. Je lui ai toujours dit que j’étais prête à tout pour lui. Il doit le savoir, l’audace coule dans nos veines au Cameroun. Combien de fois l’ai-je entendu me répéter que plus rien ne l’étonne venant de moi ? Aujourd’hui, je suis en Belgique et je bouillonne d’impatience d’être près de lui. De concrétiser enfin cette relation.

- Comment réagiras-tu le jour de notre première rencontre ?

- Où ? A l’aéroport ? Je crois que je te sauterai dessus et il faudra la police pour nous séparer pour exhibitionnisme.

- C’est ce que je voulais entendre. Je ne supporterai pas que tu te contentes de me sourire, je veux que tu me regardes dans les yeux et que je lise à quel point tu es heureuse de me voir enfin devant toi.

- Et toi, comment réagiras-tu ?

- Je te tiendrai dans mes bras et je ne te lâcherai plus, j’aurais trop peur qu’un autre blanc-bec te confonde à une autre et parte avec toi. Après tout, rien ne me dit que tu ne parles pas aux autres hommes sur internet…

- Tu penses vraiment que je pourrais faire cela ? Tu es mon ange et je t’aime comme une dingue  Andrew. Si j’avais assez de moyens, je crois que je serai déjà venue dans ton pays, juste pour concrétiser notre amour. Tu seras mon premier homme avec qui je ferai l’amour. Je ne veux pas d’autre.

                                                               






À LA POURSUITE DU BO...