CHAPITRE III

Ecrit par Bicht

Je me suis trouvée un hôtel pas cher et pas très loin. Le strict nécessaire demeurait dans la chambre. Généralement, je n’utilise pas les serviettes dans les hôtels mais là. Petite douche rapide, et j’ai essuyé mon mini avec du papier toilette. Je me suis couchée. Je me demande à quoi je pensais quand je sortais de la maison. Bof ce n’est pas grave. Je repensai à comment je l’avais rencontré, Ahmed.

C’était lors d’un audit du service financier de la banque pour laquelle je travaillais jadis. La seule femme au milieu de 3 hommes, je fus chargée de la mission d’audit soit mise sur pied des documents demandés par les auditeurs et l’aménagement d’un environnement accueillant. Je l’ai fait avec plaisir, trop heureuse de faire une pause ; je me suis même proposée de l’organiser toute seule et mes collaborateurs ont vite fait de s’en débarrasser (personne n’aime organiser un audit). J’ai passé 2 mois rythmés par la poursuite des différents documents nécessaires à l’audit et des soirées « tête à tête » avec le DAF pour un point.

Le jour tant attendu arriva. Il était là, boule à zéro, yeux légèrement bridés, nez fin, lèvres charnues, et costume qui constituait un faire-valoir. Je me présentai, il fit pareil et me présenta toute son équipe dont il était le chef. On s’est entendu : ils avaient la salle de conférence avec téléphone pour une quelconque info nécessaire, du thé, du café et de la viennoiserie le matin ; le midi, ils pouvaient déjeuner avec tous les membres de l’équipe à la cafeteria, s’ils le désiraient bien sûr. Sur une semaine, je l’ai vu défilé ainsi, toujours bien mis, avec pour seul mot échangé en dehors du cadre professionnel : « BONJOUR ». Et même là encore. Mdrrrr ce fut pathétique. Alors que je désespérais, l’audit tendant à sa fin, je tirais un coup quand il vint me trouver et me dit :

-         Vous ne vous épanouirez pas en restant dans une entreprise, qui plus est une banque

-         Et on pourrait savoir pourquoi ?

-         Je vous vois, vous savez. Je vous comment vous répondez aisément aux questions que l’on vous pose. Je vois comment cette lumière dans vos yeux disparaît quand vous devez vous en allez après l’éclaircissement apporté. L’intérêt que vous accordez à Miriam (sa collègue) lorsqu’elle parle d’un dossier qui présente des similitudes au votre. Dites-moi, quels études avez-vous fait ?

-         Expertise comptable. Mais je me suis arrêter à l’équivalent de la maîtrise, le diplôme de l’expert nécessitant un stage de 3 ans.

-         J’ai des contacts vous savez. Je peux vous obtenir un entretien dans un cabinet et vous pourrez faire votre petit bout de chemin

-         Vous voulez me débusquer de mon poste alors que vous ne me connaissez même pas ?

-         Nuance. Je veux aider une jeune personne à s’épanouir et lui éviter l’erreur monumentale que j’ai commise.

-         Vous pouvez être plus explicite ??

-         Vous êtes bien curieuse pour une inconnue.

 

Un sourire, une promesse d’envoi de CV plus tard, nous avons commencé à nous fréquenter en tant qu’ami, j’ai changé de boulot et j’ai commencé à travailler dans une boîte internationale qui ne faisait pas que dans la finance mais également dans les ressources humaines et dans l’encadrement managériale. Il avait été bien sur ce coup-là avec moi alors je me suis sentie redevable. Avec le temps, notre relation a évolué et on s’est mis ensemble et il m’a parlé de son désir d’être producteur de musique, c’était ça son rêve. Faire de la musique. Alors j’ai fait comme lui a fait avec moi : je l’ai soutenue sans aucune arrière-pensée et quelque mois plus tard, on se retrouvait en France et il me demandait en mariage. Sa mère, ses sœurs et ses cousines ont tempêté : je l’aurais marabouté. Il a tenu bon. Seuls mes frères ont assisté au mariage qui était assez intime ; c’était eux ma famille. Sa mère a eu quelque chose à dire encore une fois. Mais là encore, il prit ma défense. La nuit de noce fut magique. Mon premier moment intime passé avec un homme. J’appréhendais, mais sa douceur tout au long de cette nuit me rassura. Il m’a transformée en nymphomane. Mdrrr ce fut la belle époque, les premières années de mon mariage. On ne pouvait pas passer deux minutes dans la même pièce sans finir tout nu l’un emboîté dans l’autre, l’un au-dessus de l’autre, les cris de plaisirs et de jouissance étant la douce musique qui nous berçait.  Il lança sa carrière de producteur et moi, j’excellais dans mon nouveau travail en tant qu’auditrice senior (j’avais été promu a à peine 30 ans) tout allait bien dans le plus beau des mondes. Je découvrais les plaisirs de la chair et pouvais m’y abandonner sans souci, le boulot était top, mon mari était plutôt top et ne faisait pas trop de chichis. Jusqu’au jour où ma belle-mère se mis en tête de faire prendre conscience à son fils que j’avais vendu mes enfants au diable moyennant une belle situation sociale. Ce dernier n’en fit pas cas mais commença à me pomper l’air avec son histoire d’enfants à tout prix. Je me pliai et nous essayâmes. Les disputes commencèrent et jusqu’à aujourd’hui continuent.

 

Après y avoir réfléchi, longuement réfléchi, je devrais accepter son mariage avec sa seconde épouse. Au moins j’aurai la paix. Il aura ces enfants et moi j’aurai la paix.

ANELIA