Chapitre III " La politique de l'autruche "
Ecrit par Fawag
Malick
J'ai passé toute l'après midi la tête fourrée dans mes dossiers.
Je consulte mon telephone, il est 00h10.
Merde !
Je n'ai pas vu le temps passer.
J'ai reçu un sms de Faby il y a plus d'une heure.
Elle va me tuer !
J'appel Tonio et lui dit de venir rapidement.
Je range mon bureau, éteint les lumières et descend rejoindre mon chauffeur.
Nous rentrons à la maison.
Je traverse le long couloir qui mène au séjour. La piece est plongée dans le noir complet avec pour seul éclairage, la télé qui est allumée.
Faby s'est endormie sur le canapé. Elle est recroquevillée sur elle même en position de foetus.
Je la soulève délicatement pour aller la coucher dans notre chambre.
Je la dépose à peine sur le lit qu'elle se reveille. Elle se frotte les yeux. Ils sont rougis, signe qu'elle a pleuré.
Faby : Quelle heure est- il ?
Moi : Euuuh, il est 1h mon coeur.
Faby : Et c'est à cette heure ci que tu rentres Sidibé ? Tu trouves ça normal ? Je t'ai envoyé un sms et tu n'a même pas répondu !
Moi : Oui j'avais pas mal de dossiers en attente au bureau, je te signale que la semaine dernière j'était absent donc j'avais du boulot à rattraper ! Je n'ai pas vu l'heure passer.
Faby : Tu as toujours de bonnes excuses, j'en ai ma claque. Tu passe ton temps à me fuir comme la peste. Tu mens, tu va me dire que tu es resté au bureau jusqu'à 00h peut-être ?
Moi : Bon ça suffit Faby, arrête de crier ! J'ai une migraine et tu commences à m'énerver. Je vais dans mon bureau.
Je lui tourne dos et avance vers la porte pour sortir de la chambre.
Elle se met à me suivre et continue à crier.
Faby : Oui va t'en, fuis, c'est tout ce que tu sais faire. Je sais que tu me trompe Sidibé, mais ça ne va pas se passer comme ça !
J'ignore ses paroles, j'entre dans mon bureau et lui claque la porte au nez, ce qui l'énerve de plus belle.
Faby ( criant à travers la porte ) : Tu n'es qu'un égoïste et immature ! J'en ai marre Malick, si tu ne veux plus de moi, va rendre la cola à mes parents. Tu sera libre d'épouser ta petasse de maitresse, elle au moins elle sera capable de te faire des enfants puisque moi je suis un ventre vide comme aime le dire ta famille.
Je l'ignore royalement.
Vous les femmes vous avez l'imagination très fertile, Faby m'invente une liaison que je n'ai jamais eu.
J'ai toujours été un Don juan, je l'avou. Mais depuis que j'ai croisé le chemin de Faby Sylla, j'ai changé. Totalement changé. Et d'ailleurs elle ne m'a pas laissé le choix !
Sans vouloir me vanter, je suis plutôt beau goss ; 1m90, le teint chocolat noir, un sourrire ravageur et un corps bien sculpté grace à mes seances régulières à la salle de sport.
Alors j'ai toujours eu beaucoup de succès au près de la gente féminine. Je n'avais même pas besoin de faire le premier pas, elle venaient toutes à moi, comme des mouches.
Mais avec Faby c'était différent. C'est une dure à cuire.
Je l'ai rencontré à la fac. Elle étudiait le droit et moi l'économie gestion.
Un jour je l'ai repéré à la cafétéria. Elle mangeait et discutait gaiement avec ses amies.
Nos regards se sont croisés un bref instant, elle m'a sourit puis a tourné la tête.
Je suis directement tombé sous son charme.
Elle continuait de papoter avec ses copines sans m'accorder plus d'importance. Pourtant je n'arrivait plus à détacher mon regard d'elle.
Mon ami Mike le remarqua très vite puisque je n'écoutait même plus ce qu'il me disait.
"Lâche l'affaire mon gars, cette petite la est compliquée. Elle ne laisse personne l'approcher et c'est une vrai dure à cuire" m'a dit Mike.
Mais je n'ai pas lâché l'affaire, j'aime les défis et Faby en était un, et de taille colossale.
J'ai bataillé dur pour avoir son coeur. "Plus la bataille est dificille, plus la victoire est belle", tel est ma devise.
Je déssere ma cravate et entreprend de me déshabiller.
Faby crie toujours.
Ah les femmes !
Faby : Continue hein, tu va voir ailleurs non ? Alors, je ne vais pas me gêner pour faire pareil. Tu crois que dehors les hommes ne me regardent pas ? A present je ne vais plus me gêner pour accepter leurs avances.
Cette phrase me fais sortir de mes gonds.
Je déverrouille la porte de mon bureau et lui agrippe le bras.
Moi : Répète un peu ce que tu viens de dire ?
Faby : Lâche moi Malicki, tu me fait mal.
Moi : Tu faisait la maligne non ? Répètes donc pour voir. Ne joue pas avec mes nerfs Faby ! Tu voulais m'énerver, c'est ça que tu cherches ? Le jour ou je t'attrape avec un autre homme, ce jour je ne répondrais plus de moi, tu m'entends ? Maintenant ça suffit cesse moi ce remue menage, il fait tard. Ma patience a des limites !
Je libères son bras, retourne sur mes pas et ferme la porte de mon bureau à double tour.
Je suis une hommes extrêmement jaloux et possessif. Rien qu'a l'idée de savoir qu'un autre homme peut désirer ma femme, j'ai envie de tout casser. Faby le sait, elle savait qu'en me disant ça j'allait m'énerver.
Il faut que je me calme, je suis sur les nerfs.
Je suis quelqu'un de nature tres calme, je m'énerve rarement.
Faby est tout mon contraire, c'est une vrai tigresse. Pour éviter les tensions je préfère fuir quand Madame s'énerve, je la laisse crier dans son coin.
Beaucoup de femmes sont comme elle. Mais sachez mesdames que c'est une chose que nous détestons : les cris et les tapages.
Rien ne va plus dans mon couple et cela depuis plus d'un an.
Vous devez penser que je suis égoïste et que c'est en partie de ma faute. Mais prenez d'abord le temps d'écouter ma version des faits.
Toute cette tension a commencé quand Faby a pris seule la decision que nous devions suivre un traitement pour avoir un enfant.
Bien sûr je veux aussi en avoir, mais je ne suis pas pressé, surtout que selon le médecin, ni elle, ni moi n'avons de problème médical qui nous empêcherait d'enfanter.
Chaque couple est différent et certains prennent plus de temps pour avoir leurs premiers enfants.
Je me dit que lorsque notre heure arrivera nous connaîtrons cette joie d'être parent.
Mais Faby s'est acharnée. Elle a suivit un premier traitement. Elle devait quotidiennement injecter des hormones, en fonction de sa date d'ovulation, et nous devions avoir des rapports sexuels pile pendant sa période d'ovulation.
Laissez moi vous dire qu'il n'y a pas pire tue l'amour que de devoir faire l'amour à sa femme pendant une période precise et calculée. Pour lui faire plaisir je me suis prêté au jeu.
Malheureusement, le traitement a échoué..
Ma femme n'a pas lâché l'affaire. Elle a pris rendez vous avec un autre spécialiste et rebelote.
Un nouveau traitement, toujours aussi contraignant, une prise d'hormone massive et des changements d'humeurs fréquents chez elle. Elle est devenue insupportable.
De mon côté, au travail ça n'allait pas mieux. Mon boss me gonflait, il me polluait de travail ce qui fait que j'étais de moins en moins présent à la maison. Il refusait pourtant d'augmenter ma remuneration. A cela, ajoutez mon père qui me mettait la pression pour que je reprenne les rênes de l'entreprise familiale. Ça a toujours été son souhait, mais pas le mien.
Pour résumer, rien n'allait dans ma vie !
C'est à ce moment précis que les choses ont commencé à mal tourner entre nous.
Le deuxième traitement a également échoué. Faby voulait en faire un troisième mais j'ai catégoriquement refusé ! Elle m'a traité d'égoïste.
J'ai essayer de discuter avec elle et lui proposer l'adoption mais elle n'était pas emballé et craignait des représailles de ma famille.
C'est vrai que ma mère et ma grande soeur ne sont pas tendres avec elle et ne ratent aucune occasion pour la traiter de stérile. Je dois constamment jouer à l'arbitre entre elles et c'est pesant à la longue.
J'ai fini par démissionner pour monter ma propre boite : Une agence de consulting, recrutement et audit.
L'idée trottait dans ma tête depuis un petit moment déjà.
J'avais des economies de côté et j'ai demandé a un ami de me faire un business plan. Ensuite j'ai commencé toutes les démarches, pour mener à bien mon projet.
Quelques mois plus tard, "MS consulting" a vu le jour. J'étais fière de moi.
Toutefois Faby à commencé à faire une depression. Jour après jour ma femme prenait ses distances, elle ne voulait plus que je la touche.
À la maison c'était l'enfer.
Ma mère quant à elle, me faisait du chantage émotionnel à base de "J'espère avoir la chance de voir mes petits enfants avant de mourrir".
Ma mère abuse, ma grande soeur Fatty a 3 enfants donc ce n'est pas comme si elle n'était pas encore grand mère !
Bref !
Les debuts de "MS consulting" n'étaient pas très glorieux. Je n'embauchait que 2 salariés et je devais serrer la ceinture pour assurer leurs salaires des premiers mois.
Les choses ont commencé à s'arranger quand Mike m'a proposé de gérer le recrutement pour le compte de sa boite. C'est une pratique fréquente pour les entreprises n'ayant pas de pôle ressources humaines. Ils font ainsi appel à des prestataires externes, tels que des cabinets de recrutement.
Ensuite, j'ai signé un gros contrat avec une entreprise agro alimentaire, disposant de plusieurs filiales à l'echelon internationale et notamment en Afrique.
Le gérant sollicitait une expertise afin de pouvoir améliorer la performance de ses filiales situées à Lagos et à Abidjan. En outre, des audits devaient êtres menées dans la filiale de New York, ainsi qu'a Paris dans la société mère.
C'etait une opportunité de dingue que je n'ai pas hésité à saisir. J'ai recruté 6 consultants supplémentaires, 4 chargés de recrutement ainsi qu'une secrétaire et une assistante personnelle.
J'ai donc dû déménager le siège de mon entreprise vers un local plus grand.
Ce nouveau contrat signifiait plus de déplacements et de voyages d'affaires pour moi mais, en toute honnêteté ça m'arrangeait bien vu la mauvaise ambiance à la maison. Tout prétexte était bon pour rentrer plus tard, voir, m'absenter.
Toutefois ça n'a pas arrangé les choses. Bien au contraire, le fossé n'a fait que se creuser entre Faby et moi.
À présent, j'ai l'impression que nous sommes arrivés à un point de non retour.
J'aime ma femme, le soucis n'est pas la, mais je ne la reconnait plus.
La communication est interrompue, totalement même. Or, je dois avouer que la communication n'est pas mon fort.
Je ne suis pas très bavard de nature. En outre je suis un vrai africain, et discuter de tout avec sa femme c'est un truc d'européen, sans préjugés.
Chez nous en Afrique, l'homme est le chef de famille, il prend seul les décisions et gère seul les problèmes. Il prend en charge sa famille et doit se montrer fort quoi qu'il arrive.
J'avoue que je ne suis pas de l'ecole ou l'on s'assoit pendant des heures pour discuter de ce qui ne va pas.
Quand les choses tournent mal je fuis le temps que les choses se tassent. Sinon je feint de ne pas voir le problème, la politique de l'autruche ça me connait.