Chapitre introductif

Ecrit par Les Histoires de Laya


***Marianne MBADINGA ***

 

Sa copine (la regardant) : Maurine, tu ne pars pas avec ta sœur ?

Maurine : LOL, si elle veut suivre les ordres des parents, c’est son problème, pas le mien.

Je paie l’addition et je reviens vers la table.

Moi : On y va !

Maurine : Vas-y si tu veux, moi je continue au Lollipop (un bar près de la plage).

Moi : Tu recommences Maurine ? Tu recommences ? Papa a dit 19h !

Maurine (me toisant) : Le bruit stp, le bruit !

Moi : Je ne paierai aucun pot cassé avec toi, tu veux rester, vas-y, mais assume !

Maurine (ricanant) : Parce que tu paies souvent quel pot cassé ? (Criant) On t’a déjà même frappé un jour ? C’est moi le punching-ball non ? Je suis habituée ! Donc Mlle la sainte-ni-touche, veuillez rentrer.

Sa copine : Mani, tout le monde nous regarde maintenant, toi aussi !

Maurine (fâchée) : Elle m’emmerde, elle me fait chier. C’est toujours elle non ? La préférée, la calme, la douce, la référence, la respectueuse et moi le vilain petit canard. Qu’elle rentre alors trouver ses parents adorés ! (Voix tremblante) Je me casse d’ici (regardant sa copine) On y va !

Elles se lèvent et elles quittent le restaurant, moi je reste debout comme un I, touchée par les propos de ma sœur.  Lui ai-je fait quelque chose ? Non, je ne pense pas. Mais elle me parle toujours comme si j’étais l’origine de ses maux !

 

Je sors et je la vois au loin monter dans un taxi, je prends la plaque car c’est ma sœur et je tiens à elle, c’est ma moitié, qui plus est ma jumelle.

J’arrête mon taxi et je rentre.

 

Le taximan: Madame? Madame? (me bousculant) Mademoiselle?

Moi (sortant de mes pensées) : Oui oui, désolée !

Lui : On est déjà dans Agondjé, c’est quelle cité ?

Moi : Tu me laisses à Sherko stp.

Lui : Ok.

Après 5 minutes, j’arrive chez moi le cœur peiné.

 

Moi (ouvrant la porte) : Bonsoir papa, bonsoir maman.

Maman : Bonsoir mon petit cœur, c’est quoi cette mine ?

Moi : Rien de grave t’inquiète, je suis juste fatiguée.

Papa (suspicieux) : Et où est ta sœur ?

Moi : Elle n’a pas voulu venir avec moi !

Papa : Maurine veut toujours me défier dans cette maison (regardant maman) Parle à ta fille Barbara, parle lui ! Je vais la foutre dehors.

 

***Maurine MBADINGA***

 

Je ne suis plus allée au Lollipop, j’ai finalement rebroussé chemin car je n’étais plus d’humeur.

J’arrive à la maison et j’ouvre très discrètement le portail, je passe par l’arrière de la maison car je veux entrer par la porte de la cuisine, au moins, si leur enfant préféré dit que je ne voulais pas venir, je vais dire qu’elle a menti, vu que j’arrive quelques minutes après elle.

Je baisse la poignée doucement et je me faufile dans la cuisine.

Je marche sur la pointe des pieds quand j’entends mon nom une énième fois dans la bouche de mon père.

Je décide alors de coller mon oreille à la porte du salon et pour pas changer, je suis le vilain petit canard.

Papa : Je vais chasser ta fille Barbara, qu’elle ne me tente pas. Elle ne voit pas Marianne ? Sa propre jumelle, Marianne est à l’université, parcours scolaire exemplaire, attitude irréprochable, elle nous respecte. Mais Maurine, elle passe son temps à redoubler, les histoires des hommes, c’est elle, les mauvaises notes, c’est elle, les fréquentations douteuses, c’est elle, la cigarette, l’alcool, c’est encore elle.

Maman : Je vais te dire quoi Maurice ? Maurine écoute quelqu’un ? J’ai parlé fatiguée ici là, cette fille m’a écouté ? Voilà Marianne sa propre jumelle, elle écoute Marianne ? Non !

Marianne : Maman, je ne sais plus quoi dire à Maurine !

Ça y est, l’enfant préféré ramène sa poire.

J’entends la porte d’entrée s’ouvrir, c’est Molly (21 ans) qui rentre surement.

Molly : Bonsoir !

Papa : Tu sors d’où ?

Molly : J’étais prendre l’air !

Papa : Prendre l’air Molly ? Pendant que ta sœur Maurine est entrain de foutre sa vie en l’air, ce qui t’intéresse, c’est prendre l’air ? Dis-moi Molly, tu réalises que tu es ainée à quel moment ? (Silence) Non mais réponds moi ! À quel moment tu prends conscience de ta place dans cette famille ?

Maman : Franchement.

Molly (pétant un câble) : Je dois m’empêcher de vivre parce que je suis ainée ? Maurine et Marianne sont des petites filles ? Ce sont mes enfants ? Si vous vous étiez occupés de Maurine comme vous avez fait avec Marianne, Maurine allait être aussi perdue aujourd’hui ? Toujours à faire des préférences, toujours à me pomper les oreilles « ainée ainée », j’ai voulu ce rôle ? Je vous ai dit un jour que je voulais être l’enfant modèle ? Laissez-moi vivre ma vie, merde à la fin.

Papa (la giflant) : TU LA FERMES Molly, qui est ton enfant ici ? Tu veux vivre ta vie, tu finis l’école, et tu fous le camp de ma maison ! Ou bien, tu te maries et tu dégages ! Mais c’est la derniere fois que tu hausses le ton sur nous.

Maman : Ça ne va pas la tête Molly ? Tu es impolie ! C’est l’éducation que je t’ai donnée ? Pourquoi y’a que Marianne qui est normale dans cette maison ?

Papa : Heureusement que Marianne existe, sinon j’allais demander à DIEU ce que je lui ai fait pour mériter de tels enfants.

Une larme de colère s’écrase sur ma joue, une fois de plus, c’est Marianne qui compte, tout pour Marianne, rien pour nous. Si ce n’est injures, bastilles et colères.

Je rebrousse chemin et je pars m’allonger dans la chambre de Molly.

Molly (entrant) : Je vais vraiment foutre le camp de cette maison.

Moi (en colère) : J’en ai marre Molly, Marianne par ci, Marianne par-là, et nous ? Depuis que nous sommes enfants, c’est pareil. Ça a toujours été ainsi. Ou bien, je fumais la cigarette depuis le berceau ? Non, mais pourquoi depuis l’enfance, j’ai toujours senti cette différence ? Je ne sais même pas pourquoi je les appelle papa et maman, qu’ils restent avec leur fille Marianne !

Molly (pleurant de colère) : Et moi Maurine ? Tu sais combien je souffre de cette place d’ainée ? Dès que je veux vivre ma vie, on me rappelle que je suis l’ainée, que je dois être exemplaire, que je dois être ceci cela. (Reniflant) Je suis fatiguée Maurine, je suis fatiguée de cette foutue pression qu’on me met sur les épaules, ça commence à en faire trop. Je me décharge de tous ces poids, que chacun fasse sa vie comme bon lui semble, moi-même en première position. Je n’ai pas demandé à naitre en premier lieu, alors je ne veux aucune restriction s’y rattachant. Ma vie m’appartient et je fais ce que je veux ! Merde à la fin !

On entend cogner à la porte et aucune ne répond, on sait déjà que c’est Marianne, qui fera sa victime comme d’habitude alors qu’elle adore cette situation où elle est l’enfant mis en avant.

Marianne (ouvrant) : Vous êtes là ? (Silence) On peut parler ? (Silence)

Elle vient s’asseoir sur le lit.

Je prends mon kit et j’enfonce dans mes oreilles, Molly s’allonge sur son lit en bougeant ses pieds, signe de son énervement.

  

***Marianne MBADINGA ***

 

Je suis attristée par cette situation et tout ce qui vient de se passer.

J’ai l’impression que mes sœurs me haïssent, mais qu’est-ce-que moi j’ai fait ? Je n’ai rien fait.

Pourquoi m’en vouloir à moi ?

Je tire le kit de Maurine, j’ai besoin qu’elle m’écoute.

Maurine : Lâche mon kit Marianne, lâche mon kit. Molly, dis à ta sœur de lâcher mon kit sinon je risque de lui faire mal.

Moi (au bord des larmes) : Je veux juste parler Maurine !

Elle : Va parler avec tes parents et colle-moi la paix. Tu me fais chier Marianne (je fonds en larmes) et tu veux toujours faire la victime alors que tu adores ça ! Tu aimes ça non ? Quand on scande ton nom, Marianne l’intello, la gentille, l’enfant désiré, la bénédiction du ciel. Tu fais quoi encore parmi nous les diables ? Va rejoindre tes dieux, et fous nous la paix.

Molly (les yeux fermés) : Sors de ma chambre Marianne.

Moi (pleurant) : Pourquoi vous me faites tout ça les filles ? Ce sont les parents qui disent ça, pas moi, moi je vous aime avec vos défauts et vous êtes mes sœurs, alors pourquoi vous mettez une barrière entre nous ?

Molly : Non mais je rêve ! Marianne, lève-toi tu sors de ma chambre.

Moi (poursuivant) : Tu es ma sœur jumelle Maurine, nous sommes censées nous aimer d’un amour inconditionnel, mais toi, j’ai l’impression d’être la malédiction de ta vie.

Maurine : Oui tu l’es Marianne, à cause de toi, je suis perçue comme une erreur de la nature, comme un enfant maudit. À cause de toi, les parents nous ont souvent frustré et mis à l’écart, à cause de toi, on nous parle comme des merdes, à cause de toi, on a souffert depuis l’enfance de ne jamais trouver grâce aux yeux des parents. Tu veux que je te rappelle ? Quand on faisait des objets décoratifs toutes les trois et maman n’applaudissait que toi ? Tu te rappelles des « Je préfère partir à X endroit avec Marianne car elle ne me ridiculisera pas ? » Tu te rappelles quand on ramenait nos notes, et même quand elles étaient bien, on disait « Oh zut, Marianne a eu beaucoup plus ». Tu te rappelles de toutes les fois où on nous a mis dans l’ombre parce que c’était toi l’enfant qu’il fallait montrer au monde ? (Rire nerveux) Mais non, on ne doit pas en souffrir, une situation qui dure depuis l’enfance, on ne doit pas se sentir mal. (Me fixant) Marianne, je te prouverai que je peux avoir autant que ce que tu as, toi l’enfant chéri, wait and see.

Moi (touchée) : Mais nous ne sommes pas rivales Maurine, nous sommes jumelles bon sang.

Molly m’a juste tirée en me foutant hors de sa chambre.

Je suis entrée dans la chambre que je partage avec Maurine et je me suis jetée sur le lit en pleurant toutes les larmes de mon corps.

Dans les films, les sœurs sont soudées, les jumelles encore plus, mais chez moi, ce n’est pas ça.

Ma propre jumelle me parle comme si j’étais sa rivale, waouh.

 

Je suis déjà endormie quand Maurine rentre dans la chambre en faisant un vacarme incroyable.

Ça me fait sursauter et elle allume la lumière.

Elle fouille dans ses affaires et elle en sort une robe très courte, je suppose qu’elle sort une fois de plus.

Elle chantonne et elle passe à la douche.

Quand elle finit, elle en ressort nue et son téléphone sonne.

Elle (décrochant) : Allô bébé (voix mielleuse)

Lui : Salut poupée, alors tu es prête ?

Elle : Bientôt !

Lui : Tu es nue hein ?

Elle (souriant) : Oui oui !

Lui : Montre-moi un peu chérie.

Elle : Ta femme n’est pas là hein ?

Lui : Lol, c’est toi ma femme, tu sais que j’attends juste que tu aies le bac pour la virer non ?

Sa conversation me fait mal aux oreilles, sincèrement, de voir comment certains hommes manipulent les femmes.

Elle : Hum, en tout cas, montre pour toi et je montre pour moi !

Lui (après 30 secondes) : Regarde comment je suis déjà tendu bébé.

Elle (toute ravie) : Je te fais de l’effet bébé.

Je la vois commencer à baisser le téléphone pour montrer son corps, je me lève et je lui arrache son téléphone des mains.

Maurine : Marianne, c’est comment ? Rends-moi mon téléphone.

Moi (parlant au gars) : Vous n’avez pas honte ? Vous avez une femme et vous regardez les filles de 19 ans, saligaud.

Je coupe l’appel et Maurine pète un câble et me menace car je ne veux pas donner son téléphone.

Moi : Je ne donne pas Maurine, tu peux avoir un copain mais celui-là, NON, et tu ne peux pas montrer ton corps par téléphone Maurine, un moment donné ! Respecte-toi !

Maurine (très énervée) : Rends-moi mon téléphone Marianne, sinon je vais te casser la gueule sérieusement. Toi-même tu n’as pas un copain ? Où tu parles là, tu es vierge ? Y’a que tes parents qui peuvent le croire !

Moi : Si tu continues avec lui, je dis ça aux parents.

Maurine : J’en ai quoi à foutre, vas-y.

Maman (ouvrant la porte brusquement) : Il se passe quoi ici ? Maurine, c’est quoi encore avec mon enfant ? C’est quoi ?

Maurine : Comme nous, nous ne sommes pas tes enfants là, d’accord. Dis à ta fille de me rendre mon téléphone.

Moi : Je ne rends pas maman, elle veut faire des trucs biz… (me rendant compte de ma bourde) je veux juste vérifier un truc sur son phone.

Maman (pas dupe) : Quel truc Marianne ? Quel truc bizarre ? Faut parler, elle ne te fera rien tant que moi je suis là. Quel truc ? (Imaginant) Ah elle veut se filmer ? Donc elle est nue pour se filmer ? Maurine, à quel moment tu arrêteras de nous décevoir dis-moi ? (Levant les yeux au ciel) J’ai toujours été une femme bien, pourquoi je mérite une fille frivole mon DIEU ? Dis-moi où j’ai péché ?

Maurine (pétant le câble) : Dans ce cas, tu as 3 filles frivoles, tu crois que Marianne ne connait pas les hommes ?

Maman : La fermes, oui elle a connu un homme, mais c’était à 18 ans, pas à 15 ans comme toi, donc tu te tais. Et si ton père est au courant de ça un jour, je vais te frapper Maurine, crois-moi.

Maurine (applaudissant) : Waoooouh, donc Marianne, on préserve sa vie privée mais la nôtre est exposée ? Il faut toujours que papa la voit bien ? Alors là, de mieux en mieux ! Bravo Madame, bravo !

Maman veut la gifler mais elle bloque sa main

Maurine : Y’a que ça que tu sais faire avec moi n’est-ce-pas ? Tu crois que j’ai encore mal ? Depuis le temps, je ne ressens plus rien (lâchant sa main) Vas-y, gifle-moi et après, câline ta fille, vu que chacune de nous a droit a une partie de ta personnalité, donne-moi mon dû.

Maman lui flanque une gifle en lui hurlant dessus, elle ne dit rien et quand maman termine, elle me prend le téléphone de Maurine des mains et elle sort de notre chambre.

Maurine (me fixant) :  Tu vas me le payer Marianne (jurant) je te le jure, tu ne perds rien pour attendre, vous voulez la guerre, vous l’aurez, TOI en première position.

 

Elle a pris sa tenue et elle est sortie de la chambre.

Je me suis assise sur le lit, la tête entre les mains.

Maman vient une fois de plus me mettre en conflit avec mes sœurs.

Quand est-ce-que ça s’arrêtera ?

Je m’allonge et je fonds en larmes dans mes draps, je suis fatiguée de vivre cette situation que je n’ai jamais souhaité.

 

Je suis Marianne MBADINGA, 19 ans, je suis en deuxième année universitaire à BBS.

J’ai une sœur jumelle Maurine MBADINGA, on se ressemble comme deux gouttes d’eau, aussi bien au niveau du visage, qu’au niveau du corps ; à tel point qu’il faut vraiment bien nous connaitre pour déceler nos petites différences physiques, savoir qui est Maurine et qui est Marianne. Elle est en classe de première au lycée Bessieux.

Notre ainée s’appelle Molly MBADINGA, elle a 21 ans et elle est en Licence de GRH dans une université de la place.

Nous sommes les 3 filles de Maurice & Barbara MBADINGA, 3 filles que tout a toujours opposé depuis l’enfance et cette opposition a été renforcée par nos parents.

Sauf qu’aujourd’hui, je subis les retombées de cette enfance où j’étais choyée par eux et mes sœurs étaient toujours grondées.

Je ne sais pas ce que le futur nous réserve à cette allure, mais cette situation me blesse.

 

Bref, laissez-moi d’abord dormir un peu, j’ai mal à la tête et au cœur surtout.

 

Bienvenue chez nous.


Note de Laya: Bienvenue à bord de Laya Express, attachez vos ceintures car il y aura beaucoup de secousses durant notre voyage au sein de la famille MBADINGA.

I'm back ! 

  
Sœurs M : Divergence...