CHAPITRE IV

Ecrit par Samensa

VICTOIRE

Quand Ali est venu me voir pour me demander de libérer l'appartement, j'ai trouvé que c'était vraiment louche. Depuis le début de ma relation avec Karim, il y a environ 2 ans de cela, ce n'était jamais arrivé. Je sais que Karim utilise rarement cet appartement car il loge chez ses parents. Il préfère recevoir ses différentes conquêtes ici. Oui, je suis consciente du fait que je suis pas la seule. Avez-vous déjà vu un homme aussi beau et de surcroît riche être libre comme l'air? Cet homme attire les femmes comme le sucre attire les fourmis. Et depuis 2 ans, je me fais un plaisir de toutes les écraser. En tout cas, je suis fière de vous dire que je suis la titulaire de Karim et je me battrai bec et ongles pour devenir Madame Cissé. Et rien ne m'arrêtera.

J'ai donc dit à Ali que je ne bougerai pas même s'il envoyait un bulldozer me déloger. Je veux voir clair dans cette histoire.

Je prends donc rapidement une douche, me sers une verre de vin et vais me coucher sur le lit en attendant de voir ce qui se passe.

J'en suis à mon deuxième lorsque je vois, sur les écrans de surveillance, que l'une des voitures de Karim vient de se garer en bas. Je le vois descendre, faire le tour de la voiture et ouvrir l'autre portière arrière. Il prend quelqu'un dans ses bras et se dirige vers le hall suivi de son chauffeur. Je remarque alors que ce "quelqu'un" est une femme. Je bondis du lit au risque de renverser mon verre sur les draps et vais dans la salle de bain me refaire une beauté. J'ôte mes vêtements, reprend mon verre et cours m'arrêter devant la porte de la chambre. Karim, c'est mon territoire! Et, je le marquerai.

Lorsque Karim m'aperçoit, il sursaute signe qu'il ne s'attendait pas à me voir ici. Derrière lui, le chauffeur reste figé un instant devant ma nudité puis dépose les affaires qu'il a en main et sors prestement de l'appartement. La fille dans ses bras est endormie. Je m'approche de Karim qui recule puis me contourne pour aller dans la chambre d'amis. Il en ressort quelques instants plus tard, tout seul, le visage fermé et me prends par le bras pour me faire entrer dans la chambre.

- Qu'est ce que tu fais ici ? - crie t-il.

- Je t'attendais Karim. - Je réponds calmement.

- Ali ne t'a pas demandé de t'en aller ?

- Si mais je n'en avais pas envie.

- Ok. Maintenant, va t-en!

Là, mon sang fait un tour et je m'énerve.

- Quoi? Tu veux que je m'en aille pour que tu puisses baiser ta pute. - Je me mets à l'applaudir.- Là, tu fais fort Karim, très fort. Il y a quelques heures, tu étais entre mes jambes en train de crier ton plaisir et maintenant tu me sors çà ?

- Tu vas te taire, oui ? Et, je ne te permets pas de traiter Safi de pute. Tu ne la connais même pas.

- Ah donc la pute a un nom... Karim, est ce que tu te rends compte de l'affront que tu me fais ? Emmener tes pétasses ici ?

- Vicky, de quel affront parles tu ? J'ai l'impression que tu ne sais pas où est ta place. Nous deux, ce n'est que du sexe et tu le sais bien. A part ça, rien ne nous lie.

- Non mais, tu es sérieux ? Karim, 2 ans de relation et tu me dis ça?

- Ecoute, rhabille toi et va t-en ! Tu me fatigues maintenant.

- Je ne suis pas une de tes putes que tu peux baiser et renvoyer comme tu l'entends. Et, je vais te le prouver !

Je le dévie et sors de la chambre en courant. J'entre dans la chambre d'amis. La fille est assise sur le lit. Je remarque tout de suite qu'elle est d'une grande beauté et cela accentue ma colère. Je verse le contenu de mon verre sur elle, lui lance le verre à la figure puis me jette sur elle. Je lui assène deux gifles avec toute la force que j'ai dans les bras avant que Karim ne me soulève. Il me fait sortir de la chambre et m'envoie dans le salon. Je me débats comme une folle et lui demande de me laisser terminer ce que j'ai commencé. 

- Non mais c'est quoi ça ? Bordel! Tu es folle? - dit-il en me jetant dans le divan.

Je crois que je l'ai vraiment mis en colère. Il a la veine du cou qui bat. Il retrousse les manches de sa chemise. J'essaie de lui parler mais il me crie dessus. Non, il m'aboie plutôt dessus.

- Va prendre tes affaires et sors de cette maison !! ... Maintenant!! - Il frappe du poing le mur tellement fort que l'un des tableaux au mur se décroche et tombe au sol dans un brisement de verre.

Je sais que je n'obtiendrai rien de bon en lui parlant maintenant, je me fais donc toute petite. Je vais dans la chambre, enfile ma robe et sors de la maison sous son regard furieux. 

En rejoignant ma voiture, je suis toujours en train de fulminer et réfléchir à la situation. Karim ne s'est jamais aussi énervé et il se comporte bizarrement. Le mec lui apporte trop d'importance. Il l'a porté jusqu'à l'appartement ! Et en plus, elle est vraiment belle. Cette fille a quelque chose qui me dérange, qui me fait sentir en danger. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Pourquoi est ce que elle est là? Autant de questions dont je dois absolument avoir les réponses afin d'être en position de force.


KARIM

J'ai vu rouge quand Vicky a porté main à Safi. Mais, qu'est ce qui lui ai passé par la tête ? Je la savais fougueuse mais pas sauvage à ce point. Elle a toujours su éloigner de manière intelligente ses rivales. Jamais, elle en est arrivée au main. Je suis arrêté dans le salon en train de chercher le moyen adéquat pour présenter mes excuses à Safi. Parce que je ne sais vraiment pas quoi lui dire. J'étais censé la protéger. Et, voilà ce qui lui tombe sur la tête.

Je me dirige vers sa chambre en évitant les débris de verre. Lorsque j'entre, je la trouve sortant de la salle d'eau, elle vient de se passer de l'eau sur le visage. Je prends aussitôt la parole pour m'excuser.

- Je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé. Je vous promets que ça ne se répétera plus jamais. Je vais mettre en oeuvre tous les moyens pour cela. 

Comme elle ne dit rien, je continue.

- Je reconnais que je suis en faute. Je suis tellement dépassé que je ne sais quoi dire. J'ai vraiment besoin que vous m'accordiez vos excuses, s'il vous plaît. 

Elle me fixe un moment puis hausse les épaules.

- Si c'était pour venir me livrer en pâture à votre petite amie, votre fiancée ou je ne sais quoi, vous auriez mieux fait de me laisser avec Mike... Mais bon, c'est déjà fait. 

L'entendre me comparer à Mike me met dans un état de mal aise. Mais, elle a raison. Si elle était restée avec lui, Vicky n'aurait pas pu la frapper. Son calme apparent me trouble. J'aurais aimé qu'elle crie, m'insulte, me frappe. Qu'elle réagisse ! 

- Est ce que vous m'accordez vos excuses ?

- Maître, j'ai juste besoin de me reposer. - Elle m'indique la porte du regard. - Bonne nuit.

Avant de sortir, j'ai le temps de voir les traces de coup sur son visage. Et à voir ses yeux, elle a surement dû pleuré. Mon cœur se serre instantanément. Je ressens de la colère mêlée à de la tristesse, le besoin de la prendre dans mes bras pour la consoler. Je veux lui dire que je vais veiller sur elle, que plus rien ne lui arrivera. Mais, je crois que ce n'est pas le bon moment.  

Dans la cuisine, les paquets du traiteur sont posés sur la table à manger. Je n'ai plus l'appétit après tout ce qui vient de se passer. Je range donc les plats dans le réfrigérateur et ramasse les débris de verre dans le salon. Puis, je retourne dans ma chambre pour passer des appels. Je dois préparer certaines choses puisqu'à partir de demain je m'absente du pays pendant trois jours. Je dois confier certaines affaires sur lesquelles je travaille à mes associés en France. Tous mes efforts doivent être concentrés sur le cas Safi. Plus vite l'affaire sera résolue, plus vite elle sortira de ma vie. Et plus vite les embrouilles cesseront.


SAFI

Je suis couchée depuis environ une demi heure mais je ne trouve pas le sommeil. J'ai les larmes qui coulent lorsque je repense à ces deux jours. Les deux jours les plus intenses que j'ai eu à vivre. Pourquoi il a fallu que je sois au mauvais endroit, au mauvais moment ? Il y a eu cet empoisonnement et maintenant je me fais frapper inutilement. 

J'ai envie d'en parler à Mike mais j'ai tellement honte de lui dire que l'homme que j'ai suivi ne m'a finalement pas protéger. Je ferme les yeux. Peut être que je suis en train de rêver et que je vais me réveiller et que tout ça ne sera qu'un mauvais cauchemar. Mais quand je les ouvre quelques instants plus tard, je suis toujours dans la même pièce, dans les mêmes draps. Je ressens toujours les brûlures sur ma joue gauche, je me sens toujours aussi faible. Je pense à mes études, ma famille, à ce à quoi j'aspire dans ma vie. Je pense au fait que je pourrai me faire tuer d'un moment à l'autre. Est ce que je pourrai m'en sortir ? Je ne sais pas. Je sais juste que je dois être forte. Le dos large, je l'ai toujours eu depuis que j'ai perdu mon père. Les coups, je les encaisse d'habitude sans broncher. Mais actuellement, je ressens le besoin de me libérer de la charge qui est en train de m'étouffer sinon je risque d'y laisser la peau. J'enfouis mon visage dans les oreillers et laisse libre cours à mon chagrin et ma douleur.


Le lendemain, je me réveille courbaturée avec une faim de loup. Je regarde la montre sur la table de chevet. Elle affiche 13h20. J'avais vraiment besoin de repos. Je file prendre une douche rapide puis enfile une combinaison culotte posée dans le placard à côté d'autres vêtements: pantalons, robes, jupes, culottes et sous-vêtements. C'est bizarre mais je suis certaine qu'hier le placard était vide. Mais, je n'ai pas le temps d'y penser maintenant, je suis en train de mourir de faim. 

Je me dirige vers la cuisine. Une odeur d'alloco (friture bananes plantains mûres) me chatouille les narines, mon ventre se met aussitôt à gargouiller. J'y trouve une dame d'un certain âge en train de faire la cuisine. Son visage s'éclaire lorsqu'elle me voit.

- Bonjour ma fille, viens t’asseoir. 

Lorsque je m'assois à la table de manger, elle me sert un plat d'alloco accompagné de poisson frit. 

- Mange bien, ça va te faire du bien... Et puis, mange tout! Je n'aime pas qu'on gaspille la nourriture. - Ajoute t-elle toujours en souriant.

Pendant le repas, elle discute avec moi. J'apprends ainsi qu'elle s'appelle Tata Bintou et qu'elle est là pour s'occuper de moi. Elle m'informe que le portraitiste passera vers 15h avec Mike. Sa bonne humeur est contagieuse puisque je me surprends à rire et à blaguer avec elle. Lorsque je finis le repas, je lui pose la question que me taraude l'esprit depuis mon réveil.

- Dis Tata Bintou, où est Maitre Cissé ?

- Ah Karim ? Il ne te l'a pas dit ? Il a dû s'absenter du pays un moment. 

A ces mots, je me rembrunis. Je ne comprends pas pourquoi il a décidé de me laisser toute seule ici. Il avait promis de me protéger et maintenant, il voyage ? Sans m'en informer? Je me surprends à penser que c'est peut être de ma faute s'il est parti car si j'avais accepté ses excuses, il serait resté... avec moi. Il pense sûrement que je lui en veux encore mais ce n'est pas le cas, je n'arrive pas à lui en vouloir. Tata Bintou a du s'apercevoir de mon changement d'humeur puisqu'elle essaie aussitôt de me rassurer.

- Ne t'inquiète pas, il sera bientôt de retour. Au fait, il t'a laissé des cadeaux. 

- Ah oui, les vêtements. J'ai vu, c'est gentil de sa part.

- Oui mais tu n'as pas tout vu! - Elle me tend un paquet. - Tiens.

Je le prends et sors la boîte à l'intérieur : un iPhone dernière génération accompagné d'un mot.

          " Bonjour Mademoiselle,

            Je n'ai pas voulu vous déranger en partant. Je serai de retour cette semaine en tout cas. Voici un téléphone pour qu'on puisse rester en contact. N'hésitez pas à demander tout ce dont                  vous avez besoin à Bintou. Je m'excuse encore pour hier.   

            Maitre Cissé "

Après avoir lu le mot, je me mets à sourire. Oui, je sais, c'est enfantin mais je suis heureuse de savoir qu'il a pensé à moi. Quelque part, je compte pour lui. Il veut même rester en contact avec moi. Ma morale me sonne de ne pas accepter les cadeaux. Mais après ce que j'ai vécu hier à cause de lui, c'est la moindre des choses. Je vois qu'il a déjà enregistré son numéro sur le téléphone. Je lui envoie un message.

         " Bonjour Maître, je vous remercie pour les cadeaux. Bon séjour à vous."



MON AVOCAT, MON PROT...