CHAPITRE V

Ecrit par Samensa

MIKE

En entrant dans la maison de l'avocat, je me suis rendu compte que niveau richesse, je ne fais pas le poids. L'appartement est vraiment luxueux. Il est décoré avec des tons gris qui s'agencent parfaitement. Je suis frappé par tous les éléments coûteux qu'il y a : télévision 90 pouces dans le salon, aquarium, Macbook sur la table basse, oeuvres d'art, ... La maison est même climatisée. Ce avocat roule sur l'or c'est sûr. J'aperçois Safi qui court vers moi, le sourire aux lèvres et me serre dans ses bras. Elle se dégage de mes bras un peu trop vite à mon goût, j'aurais voulu la tenir plus longtemps. Elle nous conduit le portraitiste et moi dans le salon puis nous installe. Après nous avoir offert à boire, elle s'assoit près de moi. Je remarque immédiatement des rougeurs sur son visage. Je l'en interpelle et elle attribue les rougeurs à un produit cosmétique mal utilisé. D'hier à aujourd'hui? Je ne suis pas dupe mais comme elle semble ne pas vouloir aborder le sujet, je laisse tomber.

Pendant qu'elle dépeint le portrait des meurtriers, je l'observe. Elle est vêtu d'une combinaison rouge qui lui arrive à mi-cuisse et laisse entrevoir ses longues jambes. Le haut du vêtement est un bustier qui relève de manière subtile sa jolie poitrine ferme. Ses cheveux noués en un chignon me permettent d'apprécier son cou gracile. Mon regard descend jusqu'à sa poitrine. Je me remémore instantanément le moment où je la tenais dans mes bras dans la salle d'interrogatoire. Je me rappelle de la douceur de sa peau, son parfum, sa poitrine qui descendait et montait au rythme de sa respiration saccadée. Et, maintenant qu'elle est là, devant moi, j'ai juste envie de me pencher et l'embrasser. Elle me rend folle.

Lorsqu'elle finit de parler et que le portraitiste me montre le résultat, je reste figé. Mon Dieu! Je reconnais l'un des hommes. C'est le fils du chef du cartel. Cet homme est soupçonné de plusieurs meurtres mais nous n'avons jamais réussi à le faire passer devant la justice pour manque de preuve. Et, Safi est celle qui peut le conduire à sa perte juste par son témoignage. Devant mon air, elle me questionne.

- Tu vas bien ? Tu es devenu tout bizarre.

- Ne t'inquiètes pas... Euh, j'ai besoin de parler à ton avocat.

- Tiens! Tu peux l'appeler d'ici.

Et elle me tend son téléphone. Je remarque tout de suite qu'il est hors de prix. Hum.. Il lui offre déjà des cadeaux, et coûteux de surcroît. C'est définitif, je déteste ce gars !

Je m'éloigne un peu pour téléphoner. Il décroche à la première sonnerie.

- Allô! Mademoiselle DUPRE ?

- Allô! Ce n'est pas Safi mais Mike Koffi.

- Ah. Vous. Oui ?

- Je vous appelais pour vous parler de l'affaire.

- Je vous écoute.

Je lui explique de long en large la situation. Il m'écoute silencieusement puis me promet de renforcer les mesures de sécurité. Il demande ensuite à parler à Safi. Il discute brièvement avec elle. Je n'arrive pas à capter ce qu'il lui dit mais toujours est-il que lorsqu'elle raccroche, elle a le sourire aux lèvres. La demi heure qui suit, je lui donne des consignes quant à sa sécurité. Elle ne doit se connecter à aucun réseau social, toujours rester entre ces quatre murs (ce qui soit dit en passant ne doit pas être un problème puisqu'elle vit dans une prison dorée), éviter de contacter ses connaissances et être en permanence sur ses gardes. Elle me supplie longuement de la laisser contacter sa cousine qui est selon elle sa seule et meilleure amie. Je finis par accepter. Après tout, c'est sa famille.

Après nos échanges, elle nous raccompagne à la porte puis me tend la main pour me dire au revoir. Ce que je n'apprécie pas du tout. Elle aurait pu me prendre dans ses bras comme elle le fait d'habitude. Je commence à croire que cet avocat est en train de lui prendre la tête. Je le dis et le répète : je le déteste.


SAFI

Trois jours maintenant que mon avocat est parti. Il appelle régulièrement pour prendre de mes nouvelles. Et je ne peux me mentir à moi même, ses appels me rassurent et je reste scotchée à mon téléphone pour n'en rater aucun. Je passe mes journées à penser à lui. Pour le moment, il est comme un terre vierge à explorer. Je ne l'ai pas beaucoup côtoyé donc je ne sais pas grande chose à son propos. Et mon esprit n'aura de repos quand je l'aurai cerné.

 J'ai aussi commencé à prendre des cours en ligne pour me perfectionner. Je vis dans de bonnes conditions actuellement mais il ne faut pas que j'oublie que tout cela n'est qu'éphémère. Il faut que je trouve quelque chose à faire de ma vie.

Je me suis réveillée tôt ce matin. La maison est plongée dans un grand silence signe que tata Bintou est absente, sûrement qu'elle doit être allée faire des courses. Je me lève pour m'apprêter rapidement. Je suis très heureuse car ma cousine, Maya, vient me voir aujourd'hui. Et on va pouvoir papoter ! 

Depuis que je suis arrivée chez ma tante, elle m'a été d'un grand soutien. Maya est de 4 ans mon aînée. Pendant toutes ces années où nous avons vécu ensemble, une vrai amitié s'est développée. Elle est toujours présente pour m'aider quand il le faut. Maya aime la vie. Elle vit la sienne à fond : boîtes de nuit, voyages partout dans le monde, dîners dans les plus grands hôtels. Est ce qu'elle travaille ? non. Elle vit accroché à des hommes riches qu'ils soient mariés ou pas, les dépouillent correctement puis passe aux plus offrants. Moi, je n'ai pas cette conception de la vie mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre.

Il doit être environ 9 h quand on frappe à la porte. Je cours ouvrir en espérant que ce soit Maya. J'ouvre la porte et tombe sur le visage dur de ma tante. Derrière elle, Maya me fait coucou de la main. Franchement Maya, tu étais obligée de venir avec ta mère ?

Je les installe dans le salon et leur apporte des cocktails. Ma tante ne cesse de regarder autour d'elle, émerveillée par ce qui l'entoure. Je suis sûre qu'elle est en train d'estimer la valeur de tout ce qui se trouve ici. Cette femme et son matérialisme ! Maya remarque ma mine rembrunie et me fait des signes pour me demander pardon. Je lui souris et prends la parole après que ma tante ait vidé son verre.

- Bonjour maman. Comment tu vas ?

- Je vais bien. Mais, je dis tu vis bien ici hein! Vraiment, c'est chic ici. Regarde moi tout ça.- Elle montre tout l'appartement de ses mains. - Ton avocat doit être riche.

- Euh maman, il est surtout bon ! Grâce à lui, je suis en sécurité. Et c'est l'essentiel.

- Eh maman, tu ne lui as même pas demandé comment elle va. - Essaie de plaisanter Maya.

- Elle va bien! Regarde où elle vit. Elle est blanchie, nourrie, entretenue comme une reine. Comment ne va t-elle pas bien aller ?

- Dis moi ma chérie, comment tu vas ? Demande Maya.

- Bien. Mais je vis dans une peur constante. C'est trop bizarre d'avoir une épée de Damoclès sur la tête.

- Je n'aimerais pas être à ta place.

- A qui le dis - tu ?

- Mais, il est où ton avocat ? Il faut que je le rencontre. 

- Euh, il ...

- Bonjour.

Je me fige sur le coup. Je reconnais sa voix dans mon dos. Il obsède mes pensées depuis qu'il est parti. Mais d'où sort-il ? Je me retourne pour le voir. Seigneur! Mon avocat veut me rendre folle. Il est vêtu uniquement d'un pantalon de jogging gris qui lui tombe juste sur les hanches me donnant le loisir de contempler son torse musclé, ses abdominaux et son V. Il a mis des chaussettes noirs. Je remarque son menton est assombrit par une barbe naissante. Il est tellement sexy que j'en ai mal au ventre. Je regarde mes invitées. Maya est restée bouche bée devant lui. Ma tante s'est levée et a presque couru jusqu'à lui.

- Eh mon fils, comment tu vas ? - Elle lui tend la main.

- Je vais bien merci. J'espère que vous aussi. - répond t-il avec un sourire que je ne le lui connaissais pas en lui serrant la main.

- Je vais très bien merci. - Elle s'arrête les mains sur les hanches.-  Vraiment merci pour tout ce que vous avez fait pour ma petite fille chérie.

Maya et moi nous regardons les yeux grands ouverts. Je suis dépassée par ses mots. Petite fille chérie ? Vraiment cette femme est née avant la honte.

- Que Dieu te bénisse abondamment! Qu'il bénisse tes affaires afin que tu prospères pour l'éternité. Sois béni, mon fils ! ... 

Et, elle lui déversa un flot de bénédictions auxquelles il ne faisait que répondre "Amine". Il s'assit ensuite un moment avec nous pour discuter de tout et de rien. Je profitai de l'occasion pour observer ma cousine. Elle avait le menton dans la paume et fixait sans arrêt Karim. Ses yeux avaient un éclat que je ne connaissais que trop bien : elle aime ce qu'elle voit. Je ne peux lui en vouloir car n'importe quelle femme, bien constituée aura le cœur qui bat en le voyant. Toutefois, j'espère qu'elle restera à ce stade car je n'aimerais pas qu'elle vienne interférer dans cette histoire.

Après avoir bavardé avec nous, il demande à prendre congés de nous. Ma tante bondit de son siège et lui attrape le bras.

- Mon fils, attends! Donne nous ton contact pour qu'on puisse t'appeler de temps en temps. Parce que on ne sait jamais hein! Et, puis Maya - Elle donne une tape à ma cousine. - donne ton numéro au monsieur au cas où il voudrait nous joindre.

Karim esquisse un sourire. Maya et lui échangent leurs contacts. Je n'en suis pas heureuse mais bon ce n'est qu'un échange de contacts. Avant de nous laisser, il pose sa main sur mon épaule et me sourit. Je perçois une pointe d'agacement chez ma cousine qui me sourit aussitôt que je la regarde. Je n'y accorde aucune importance car ma cousine a tendance à me surprotéger. Elle perçoit certainement Karim comme une menace pour moi. 

Elles quittent l'appartement juste après le départ de Karim.


KARIM

Je suis sur mon lit en train d'étudier les dossiers de l'affaire Safi lorsque son image me revient. Je suis rentré la veille et je n'ai pas voulu la déranger en la réveillant. Et lorsque je l'ai vu ce matin, assise avec sa tante et sa cousine, je me suis dit "Mec, tu as des problèmes". J'ai pris le temps de relooker ses courbes dans sa petite culotte jean taille basse et son débardeur noir qui laissait apparaître un bout de peau satinée de son ventre. J'ai aussi remarqué qu'elle avait ôté ses tresses, laissant à l'air libre ses cheveux naturels, tout frisés et qui lui encadrent joliment le visage. Je ne peux le cacher, j'ai eu chaud dans mon pantalon. Je me suis mis à imaginer des scénarios à tel point que j'ai dû m’asseoir pour cacher mon bonhomme qui se mettait au garde à vous. Ce traite! Sérieusement, j'ai besoin de sexe pour faire passer toute cette frustration. Je regarde l'horloge; elle affiche 23 h 20. Toute la maison doit être en train de dormir. J'éteins la lampe à mon chevet et ferme les yeux.

Je suis réveillé brusquement par des cris. Je me lève précipitamment et me dirige en direction des cris : la chambre de Safi. J'ouvre la porte et la découvre au pied du lit, emmêlée dans sa couverture en train de se débattre toute seule. Un mauvais cauchemar. Je lui saisis les mains pour l'empêcher de me donner des coups dans ses mouvements. Je l'entends appeler Mike. Ma frustration est telle que je lui lance "c'est Karim, pas Mike". Elle se blottit tout contre ma poitrine, les yeux fermés et s'agrippe à mon bras en pleurant.

- Ils viennent me chercher ... Snif... Ils viennent pour moi.

- Chuut .. Calme toi, ce n'est qu'un mauvais rêve.

- Ne les laisse pas m'emmener s'il te plait! - Elle s'accroche plus fort à moi.

- Jamais. Jamais, je ne te laisserai Safi. Tu m'entends ? 

J'ai parlé avec une voix que je me connaissais même pas. Une peur m'a envahi subitement à la pensée de la voir loin de moi, avec ces assassins. Je la soulève pour la déposer sur le lit et la borde doucement. Je suis en train de descendre du lit lorsqu'elle me tient la main et me dit:

- Reste avec moi, s'il te plait... Karim, reste.

Sans un mot, j'entre sous la couverture. Elle se couche contre moi, la tête sur ma poitrine. Je passe mon bras autour d'elle et la rapproche de moi. Je reste éveillé jusqu'à ce que sa respiration devienne régulière puis m'assoupit.



BONNE FÊTE DE TABASKI !!


MON AVOCAT, MON PROT...