CHAPITRE IV: VOUS CROYEZ AU DESTIN?
Ecrit par Chroniques Femmes Fatales
Les deux premières semaines au campement se passèrent d’une façon totalement incroyable! Poupina qui avait craint ne pas être à la hauteur se retrouvait en train de rire, de discuter avec des gens qu’elle ne connaissaient pas. Ils lui posaient des questions sur l’Afrique, les coutumes et surtout la vie locale. Elle comprenait leurs curiosités, avec tout ce que regorgait le Cameroun, il était à lui seul l’Afrique en miniature. Ce qu’elle connaissait, elle le leurs expliquait. c’est avec joie qu’elle se rendit même compte qu’elle adorait enseigner, transmettre tout ce qu’elle savait. C’était vraiment géniale comme aventure, surtout avec ses nouveaux amis. Ils étaient tous à ses soins, et en aucun cas avec eux, elle eut l’impression d’être de trop. Le travail que lui avait donné Richard, était tout aussi fantastique. les élèves montraient du zèle et se donnaient à fond dans les cours qu’elle leur donnait. Ils étaient une bonne quinzaine, et au début, elle avait craint le premier contact, mais ils étaient plus curieux que effrayés. Ils l’appelaient même « Madame la maîtresse » ce qu’elle trouvait mignon. Elle se réveillait quelques minutes avant le réveil, et restait allongée en écoutant la nature, les chants des oiseaux, le bruit du vent sur les branches. Elle savourait cette quiétude, car une heure après, c’était les bruits de rire, des éclats de voix dans tout le camp, et on oubliait la nature un instant, pour le travail. Au loin, Poupina pouvait entendre le rire des enfants qui accompagnaient leurs parents aux champs, et d’autres qui allaient puiser de l’eau. On était en pleines vacances, ils en profitaient pour se lâcher, jouer. Elle aussi se sentait se relâcher avec ses nouveaux amis. Le matin dans le camping-car, c’était du remue-ménage, pour savoir les qui entreraient dans la petite douche du véhicule. Certes, Poupina avait la priorité, mais après, ils se bousculaient, filles contre garçons pour savoir les qui allaient avoir la douche en premier. Poupina trouvait cela si amusant chaque matin, que c’était devenu un plaisir de les voir faire semblant de se disputer pour la douche. Cohabiter avec trois hommes dans une petite pièce, était devenu son quotidien, elle remerciait pourtant les rideaux qui donnaient plus d’intimité. Parfois, il lui arrivait de voir certains en sous vêtements, mais pas plus, l’intimité des autres était respectée, les garçons savaient quand il fallait sortir pour que les filles se changent et vice versa. La seule ombre n’était pas seulement Richard, mais aussi Marina. Celle-ci faisait bien comprendre à Poupina qu’elle n’était pas la bienvenue, et surtout, qu’elle avait pris Richard comme sa cible. Peut importe l’heure, elle venait le chercher dans leur véhicule pour faire Dieu seul sait quoi. Il revenait tard, et montait sur sa couchette, sans explication. Richard quant à lui, il faisait tout pour ne pas rester dans la même pièce que Poupina. Elle avait tellement évité les autres, qu’elle savait reconnaître quand on l’évitait. Il n’était pas antipathique, juste, qu’ils n’avaient rien à se dire, et Poupina ne le voyait plus dans ses rêves, elle ne rêvait même plus depuis son arrivée. Elle ne lui en voulait pas, elle non plus n’avait rien à lui dire. Jack avait réussi a trouvé un petit emplacement pour elle et ses élèves, un endroit retiré du bruit qu’ils faisaient en travaillant, alors elle et ses élèves passaient le temps à chanter, écrire et surtout à apprendre l’anglais. Elle voulait élever leur niveau scolaire, c’était présomptueux de sa part, mais elle espérait que d’ici la fin des vacances, ils sauraient dire quelques mots en anglais. Le cameroun était certes bilingue, mais dans certaines zones, l’enseignement de ses deux langues n’était pas équitable. Le monastère des moines, se trouvait dans le petit village d’Obout, en allant au sud du Cameroun, et Poupina venait juste de se rendre compte que c’était a une vingtaine de kilomètres de son village paternel, elle espérait pouvoir y faire un tour juste après les vacances. Ce jour là, elle ne se sentait pas bien, elle avait des migraines, et n’arrivait pas à se concentrer. Cela avait commencé avec l’arrivée du nouvel élève, Cyril. Elle avait eu une sensation étrange en croisant son regard. Un regard familier. La femme qui l’avait emmené disait qu’il traînait près du cimetière du village, et qu’il ne faisait rien de ses journées. Elle l’avait emmené pour qu’il ait une activité qui allait l’occuper. Il semblait si lointain, remarqua Poupina. Son regard était tout le temps baissé, mais à son entrée, ils s’étaient croisé du regard, et elle avait ressenti quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Il avait pris place au fond de la salle, personne ne lui parlait, même les enfants du village ne voulaient pas s’asseoir près de lui. Poupina eut un pincement au cœur, il semblait si seul, comme elle. C’est peut être cela qui expliquait la fascination qu’elle éprouvait à le regarder. Le vent tourna et il fit soudain froid. Le cœur de Poupina se mit à battre, elle connaissait cette sensation, mais elle se rassura en disant que c’était logique de se sentir mal pour une fois. Elle se rendit pourtant compte qu’elle était fatiguée et qu’elle ne pouvait pas continuer à enseigner, elle renvoya tous ses petits élèves, elle même alla se reposer. Tous étaient concentrés dans leurs différentes activités, personnes ne la vit passer. Elle se coucha une fois, tellement elle se sentait très fatiguée, et quand elle tira la couverture sur elle, elle s’endormit dans un sommeil profond. La porte s’ouvrit lentement, et Richard entra, il s’approcha à petit pas et vint se placer près du lit de Poupina, puis d’une main douce, il posa sa main sur son front, et une inquiétude traversa son regard, il leva la main et rajusta la couverture sur Poupina. Après un dernier coup d’œil à l’endormie, il sortit en tirant la porte derrière lui. Très tard dans la nuit, Christelle se réveilla en sursaut. - Jane, tu entends ? chuchota-t-elle, en passant sa main vers le lit du bas pour réveiller Jane. - Humm ? - Tu as entendu? répéta-t-elle. -Quoi? Je dors Christelle! Tu as vu l’heure ? - Chut, écoute… - Je n’entends rien, il pleut des cordes dehors. Rendors-toi. - Je te jure Jane, j’ai entendu crier. - Dans tes rêves Christelle, lança Jack en tirant le rideau. Vous pouvez la fermer? On essaye de dormir. « Non ! Allez-vous-en !... » - Vite Jane allume, c’est Poupina ! cria Jack en descendant du lit. D’un bond, la lumière inonda le véhicule, Richard avait été le premier à atteindre l’interrupteur. Christelle était déjà descendue, et se précipita vers le lit de Poupina comme tout le monde. Il faisait froid, pourtant, ils virent la sueur qui perlait sur son corps. - Elle a de la fièvre, constata Jane. Elle posa sa main sur le front de Poupina, et poussa un cri. - Que se passe-t-il Jane ? demanda John - Elle est brûlante… - C’est normale, elle a la fièvre, ne t’inquiète pas, on va lui donner un calmant. - Non ! cria Jane, elle brûle ! Elle est brûlante comme si elle était dans le feu ! Tous regardèrent Jane sans comprendre, elle divaguait sans aucun doute. - Ne dis pas de sottise, fit Richard, elle a juste de la fièvre… Il s’interrompit, lui aussi voyait bien la fumée qui sortait à présent du corps de Poupina endormie, pourtant rien ne brûlait sur elle, et la pluie qui redoublait dehors. - Que se passe-t-il ici ? demanda Jack en regardant tour à tour les autres face à ce phénomène. - Je ne sais pas, je l’ai trouvé endormie comme tout le monde, elle semblait si fatiguée que je n’ai pas voulu la réveiller encore moins la déranger. On s’est couchés, et j’ai réveillé Jane car j’ai entendu un cri. - Il faut la réveiller…proposa John, en s’approchant de Poupina. - Cherche à réveiller l’infirmier plutôt, fit Richard en lui tendant le parapluie. Va dans son camping-car, on a besoin d’elle et sa trousse de secours. John prit le parapluie et commença à se mettre au chaud pour sortir, la fumée sortait toujours du corps de Poupina, elle transpirait abondamment. Tous avaient peur de la toucher, de peur de confirmer ce qu’ils ne voulaient pas croire. Le cri que John poussa, les fit tous sursauter, il répondit à leurs questions muettes en montrant sa paume de main, un gros trait rouge barrait sa paume de main. - La porte vient de me brûler, murmura-t-il en s’asseyant sur le sol. Comment est-ce possible ? Dites-moi que tout ceci est naturel, que cela n’a rien a y voir avec ce que la sœur Marie nous avait dit sur elle… - C’est normal… commença Jane. De quoi tu parles? demanda Richard. Mais John l’interrompit. - La porte est brûlante ! Tu comprends ça ? Elle brûle au point de me laisser une marque sur la main, cette marque ! Il montra la pomme de sa main rougie. - C’est normal ça? cria-t-il. Si tu trouves que c’est normal, que la porte soit brûlante alors qu’il pleut des cordes dehors, que la fumée sorte du corps de Poupina alors qu’on ne voit le feu nulle part. Alors dis-moi, qu’en sera-t-il du paranormal ? Jane éclata en sanglots. - Je ne sais pas ! Je ne sais plus, je ne sais quoi penser, comme vous tous, je veux comprendre… John se leva d’un bond, et vint la prendre dans ses bras. - Je suis désolé d’avoir grondé, je n’aurais pas dû. - Cela n’explique toujours pas ce qui arrive à Poupina, il faut faire quelque chose, j’ai l’impression qu’elle souffre le martyre. - Qu’est-ce qu’on peut bien faire Jack ? demanda Richard. On ne peut pas sortir, on ne peut pas la toucher, et cette maudite pluie qui n’en finit pas. Il ne nous reste plus qu’à prier, et attendre. Mais oui! C’est ce que la soeur Faustine nous avait recommandé de faire, prier. fit Jack en se souvenant des paroles de la bonne soeur. Ils se mirent à genoux près du lit de Poupina, et se mirent à prier. Petit à petit, la pluie commença à baisser, leurs yeux étaient fermés qu’ils ne virent pas Poupina se réveiller. - Que se passe-t-il ? demanda-t-elle d’une voix ensommeillée. Ils sursautèrent tous, et interrompirent la prière. - Poupina ! s’écria Christelle les larmes aux yeux, elle se jeta dans ses bras. Tu es réveillée. - Tu nous as fait une de ses peurs…fit Jack en s’approchant d’elle aussi. Tous la scrutaient avec attention, la fumée ne sortait plus de son corps, elle semblait normale, comme la Poupina de toujours. Même Christelle ne poussa pas de cri de douleur, cela signifiait qu’elle n’était plus brûlante. John présenta sa main à Jane près d’elle, elle semblait comme avant, aucune marque n’était sur sa paume de main. Il se leva d’un bond, et alla ouvrir la porte, elle s’ouvrit d’un coup, plus de trace de chaleur. C’était encore pluie étrange, la pluie était finie, un vent doux et chaud flottait dans les airs, tout ce qu’ils avaient vécu, on aurait dit que cela n’était que le fruit de leur imaginatin. Leurs regards se portèrent sur Poupina, qui était maintenant assise sur sa couchette. Un silence lourd inonda la pièce. - Je…Je faisais juste un mauvais cauchemar, j’espère que je ne vous ai pas fait peur…murmura Poupina en tirant sur elle la couverture. Parfois il m’arrive de crier la nuit, je suis désolée. Je ne voulais pas vous éffrayer. Le silence s’accentua, après qu’elle ait dit cela. Tous savaient qu’elle mentait, elle aussi savait qu’ils avaient vu plus que ce qu’elle imaginait. Jane les yeux rougis vint prendre place près de Poupina et Christelle. - Tu sais, Poupina, tu peux tout nous dire, on ne comprendra certes pas tout ce qui se passe, mais on va essayer d’avoir l’esprit ouvert je te le promets. - La sœur Faustine nous avait dit que les choses étranges t’arrivaient, mais que tu allais nous en dire plus le moment venu. Je pense que ce moment est venu, on veut comprendre. Poupina tourna son regard vers Jack, et sans qu’ils ne s’y attendent, elle éclata en sanglot. Ils la laissèrent pleurer en silence, Richard s’approcha, Jane lui fit une place, et il la prit dans ses bras, Poupina pleura sur son épaule pendant quelques minutes, puis se calma. - Ça va mieux ? murmura-t-il en caressant ses cheveux. - Oui, oui, je suis désolée, je n’ai pas l’habitude de pleurer ainsi. - Ne t’inquiète pas, pleurer fait du bien, tu peux pleurer autant que tu veux, on ne dira rien à personne, cela va rester dans cette pièce, n’est-ce pas les amis ? Tous éclatèrent d’un rire silencieux, Poupina commença à se détendre. Mais au fond d’elle, elle savait que le moment viendrait où elle devra leur dire la vérité. Jack se leva, et vint avec un verre d’eau qu’il tendit à Poupina, elle le remercia d’un sourire et bu. - J’aimerais vous raconter les choses telles qu’elles sont, mais j’ai peur, je ne sais pas ce que vous en penserez vraiment. - Essaye, lui dit Christelle, et n’oublies pas que tu es notre amie, aies confiance. Ces mots firent du bien à Poupina, elle avait besoin. Elle prit une profonde inspiration. - Je vais essayer peu importe que vous me croyez ou pas. Mais tout d’abord, j’aimerais savoir ce que la sœur Faustine a bien pu vous dire. Christelle réfléchit, puis regarda les autres. - Elle nous a dit que tu faisais des cauchemars, et que ceux-ci pouvaient te secouer en à faire peur. Et surtout que des choses étranges t’arrivaient, elle n’a pas voulu nous en dire plus, elle a juste ajouté que tu nous diras le reste le moment venu. C’est tout. Poupina secoua la tête, et prit une profonde inspiration. - Apparemment tout a commencé quand j’étais encore dans le ventre de ma mère selon mon père, il avait fait un rêve, où une femme venait me réclamer comme du. Selon elle, je lui appartenait depuis toujours. Il n’a pas pris cela en considération. Et quelque temps avant mon accident quand j’avais l’âge de trois ans, il a encore rêvé d’elle, mais cette fois-ci… Poupina s’interrompit, elle venait juste de faire un rapport avec les rêves prémonitoires de son père. N’avait-il pas dit : « je l’ai vu te poursuivre en pleine forêt, puis tu es tombée dans un ravin, et le même jeune homme était apparu, cette fois-ci, il n’était plus seule, mais avec quatre autres personnes, et tous les cinq, surveillaient le ravin où tu étais tombée. Ils m’avaient demandé de ne pas m’inquiéter, qu’ils veillaient sur toi… ». Elle regarda tour à tour chacun de ses amis, avec une sorte d’horreur dans les yeux. - Cette fois-ci, quoi ? demanda Jane. - Pourquoi tu fais cette tête ? fit John. Quand elle croisa le regard de Richard, il détourna rapidement le sien, elle eut une drôle d’impression. - Vous croyez au destin ? demanda Poupina. - Ça dépend de quel genre de destin tu sais, mais en quelque sorte oui. Poupina nota l’hésitation de Jack dans sa voix, il voulait comprendre où elle voulait en venir concrètement.