CHAPITRE V : CE N'EST PAS UN HASARD
Ecrit par Chroniques Femmes Fatales
- Mon père avait vu l’accident qui m’avait paralysée dans un de ses rêves quelques jours avant ne se produise, mais c’était d’une autre façon. Dans son rêve, je tombais dans un ravin, et je ne me relevais plus. Mais dans la réalité, cela c’était passé autrement: un jour, j’accompagnais ma sœur aînée à la boutique du quartier, faire une commission pour ma mère. Elle était plus loin devant moi, et traversa la route en courant, moi aussi je voulu faire de même, car la route semblait dégagée et il n’y avait jamais eu d’accident, mais je n’eus même pas le temps de voir la voiture qui me percuta. Je venais juste de fêter mes trois ans...
- Oh mon Dieu! s’écria Jane horrifiée par des images qu’elle avait de cette histoire!
- Mais le plus étrange, poursuivit Poupina, c’est que physiquement, je n’avais presque rien, pas de sang, aucune blessure, mais pourtant je ne pouvais plus me relever et pire, j’étais inconsciente, cela, pendant trois jours. Les médecins ne comprenaient pas où mon mal se trouvait exactement, selon eux, au premier regard, je n’avais rien, et mes jambes se portaient bien, mais la réalité était là, je ne pouvais plus utiliser celles-ci.
Poupina se tut un instant, essayant de retrouver des souvenirs qu’elle n’avait presque plus, qui disparaissaient au fur et à mesure que les années s’écoulaient.
- Je ne me souviens plus très bien, je sais juste que mon père avait fait des mains et des pieds pour que je retrouve l’usage de mes jambes, et quand il fit le tour de tous les spécialistes, il se tourna vers les féticheurs. Vous pouvez imaginer à quel point il était désespéré. Bizarrement, je ne comprenais pas ce qui se passait, c’était plus comme une sorte de léthargie dans laquelle je baignais. Un jour, une femme approcha ma mère, nous revenions d’une des multiples séances de guérison supposée miraculeuse, qui pourtant ne me fit rien. Elle dit à ma mère que cela ne valait plus la peine de me trimballer de marabouts, pasteurs et autre charlatans, le mal était fait. Tout ce qu’il restait à présent, c’était me confier entre les mains du Seigneur. Au début, ma mère ne comprit pas exactement ce qu’elle voulait dire par là, mais la femme lui expliqua à ma mère qu’elle avait son frère qui venait d’être ordonné prêtre, plus particulièrement prêtre exorciste, et que si cela intéressait ma mère, elle pouvait organiser une rencontre. Et c’est ainsi que je fis mon premier voyage à Zoétélé afin de rencontrer le père Daniel. Après la séance, il réussit à convaincre ma mère que le mieux pour moi était de commencer l’école comme tous les autres enfants, et par chance, un internat se trouvait juste à côté du diocèse. J’allais à l’école et j’étais suivie par le père Daniel. C’est ainsi que je fis la connaissance de la soeur Faustine.
- Drôle d’histoire, marmonna John, jusque là, je ne la trouve pas effrayante du tout. Désolé Poupina, mais je crois que ton accident a sûrement une explication rationnelle, peut-être que les équipements médicaux d’ici ne sont pas vraiment adaptés pour diagnostiquer ce qui ne va pas avec tes jambes…
- Et tu crois vraiment que dans tout le pays, il n’y avait pas un seul médecin suffisamment qualifié pour me consulter? rétorqua Poupina. Tu veux la partie effrayante? attends la suite de l’histoire…
- Tu me fais peur Poupina…fit Jane en se rapprochant de John.
- Tout a vraiment commencé dix ans plus tard, quand j’avais quinze ans. c’était pendant les congés de Noel. Toute la journée, je l’avais passée contrariée, je savais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Vous savez, cette impression de malaise qui vous tient mais vous ne savez pas exactement ce qui se passe. J’avais des migraines, je n’arrivais pas à me concentrer sur quoi que se soit, et il faisait drôlement froid. Je mis cela sous le coup de la pluie. Quand le soir arriva et que je me trouvai sur mon lit, je fis mon premier rêve. Je rêvai que je me retrouvai en enfer, attachée sur une bûche. c’était horrible, surtout cette sensation de brûler. Je réussi je ne sais comment à ouvrir les yeux, mais la douleur ne s’estompait pas, et je n’arrivais toujours pas à me lever du lit. Cette nuit là, je réussi tant bien que mal à me rendormir. Et quand le matin arriva, la douleur avait disparu, je compris que ce n’était qu’un rêve, seulement, en regardant mes bras, je vis des cloques. Je m’étais brûlée. Je dis à mes parents que j’avais renversé de l’eau chaude sur mon bras en voulant me faire un café. Quand je repris les cours, je ne dis rien au père Daniel, ni à la soeur Faustine non plus. Mais un soir, durant une séance de prière, j’eus une crise, qui me fit perdre connaissance. Je refis le même rêve, et les cloques réapparurent sur mon corps, ainsi que de la fumée. Le prêtre comprit qu’il fallait m’exorciser, alors il commença les prières et je me réveillai, tout avait bien évidemment disparu. Le prêtre m’avoua que ce n’était pas la première fois, qu’il avait vécu la scène à notre première rencontre, et avait compris qu’on essayait de brûler mon âme.
Si Poupina avait vécu la scène qui s’était déroulée quand elle dormait, elle aurait compris le regard que ses amis se lancèrent.
- Depuis ce jour, mes cauchemars se sont intensifiés.
Un nouveau regard se lança chez ses amis, elle soupira de lassitude, tous ces souvenirs qui remontaient à la surface l’avaient épuisée.
- Ecoutez, je ne vous demande pas de me croire, je vous dis juste ce qu’il en est dans ma vie. Ce qui se passe autour de moi n’a rien de normale, c’est mystérieux et si vous n’avez pas un esprit ouvert, vous ne pouvez pas le croire et comprendre cela. Je sais que vous autres occidentaux, vous voulez tout expliquer avec la science, vous ne croyez plus en l’irréel, mais je vous assure qu’ici en Afrique, il existe encore. Et le plus étrange dans mes rêves c’est que je me retrouve toujours dans le même endroit, cette fois-ci il y a une femme qui tente de m'immoler en criant à chaque fois : « Une vie, pour une vie… »
Le sursaut qui survint sur chacun de ses amis attira l’attention de Poupina.
- J’ai déjà entendu cela quelque part, murmura Christelle.
- Moi aussi, répétèrent Jack, John et Jane.
Poupina regarda chacun d’eux, redoutant de découvrir ce qu’elle soupçonnait.
- Quand on était petits, John et moi faisions le même rêve. Une femme apparaissait dans un lieu lugubre et totalement enflammé et elle ne faisait que répéter : « Une vie pour une vie… ». C’était pareil tous les soirs. Nous luttions contre elle pour l’empêcher d’atteindre une jeune fille, mais jamais on ne voyait son visage. Et puis un jour, plus rien. Elle a disparu.
- Je ne vous dis pas le nombre de psychologues qu’on avait dû consulter. Nos parents mettaient cela sur le compte des films d’horreurs qu’on aimait bien regarder.
- Moi aussi je me souviens de ce rêve, continua Jane. A chaque fois, il pleuvait quand je rêvais d’elle…Elle était si effrayante, et elle avait en main…
- Un poignard ! termina Christelle en les regardant avec horreur. Attendez… Non… Vous voulez dire qu’on faisait tous le même rêve ? Non, ce n’est pas possible! Cela n’a pas de sens! Sérieux? Vous voulez me faire croire que la victime dans mon rêve est Poupina ? Cela n’a aucun sens!! Vous entendez? Aucun sens!
- Je vous jure que je faisais ce rêve, je n’invente rien, jura Jane d’une voix horrifiée. Je vous jure sur ma vie…
- Cela n’a aucun sens!
- Qu’est-ce qui a alors de sens Christelle ? Le fait que la fumée sorte du corps de Poupina alors qu’il n’y a aucun feu ? Ou alors que ma main se soit brûlée alors qu’il pleuvait des cordes dehors, mais qu’au réveil de Poupina, la marque et la douleur soient partie?
- De quoi est-ce que tu parles John ? demanda Poupina. Que s’est-il passé quand je dormais ?
- La fumée sortait de ton corps quand tu étais inconsciente, et j’ai voulu sortir pour appeler de l’aide, mais je n’ai pas pu, le verrou de la porte m’a brûlé. C’était encore plus bizarre, car il pleuvait abondamment. Mais à ton réveil tout avait disparu.
Poupina ferma les yeux, depuis des années, elle était la seule à vivre cela, jamais elle n’avait cru que cela pouvait traverser et atteindre les autres. Cela la fit encore plus paniquer et craindre ce qui pouvait arriver à ses amis.
- Cette histoire prend des proportions qui m’inquiètent, fit-elle en exprimant le fond de sa pensée.
- Comment cela ? demanda Jane.
- J’ai l’impression que quel que soit ce qui m’arrive, cela va de mal en pis, et je m’attends vraiment au pire maintenant. Si au moins je pouvais savoir ce qui se passe !
- Poupina, si l’on peut t’aider en quoi que se soit, on le fera, même comme j’avoue ne rien comprendre.
- Tout ceci Jack, c’est de la sorcellerie. Vous savez, pleines de choses inexplicables se passent ici. J’ai lu des livres, j’ai écouté des histoires ici et là, et au final, je me suis rendue compte qu’il existe vraiment un autre monde que beaucoup ne voient pas. un monde obscur, plein de noirceurs. un monde dans lequel malgré moi, je me retrouve. Je ne peux pas expliquer concrètement ce qui se passe, je ne sais pas ce qu’il en est des pays dans lesquels vous vivez, mais je vous assure qu’il y a des choses ici qui sont loin d’être rationnelles! J’ai entendu tellement d’histoire sur toutes ces sectes qui attirent des jeunes et demandent des sacrifices, des gens obligés de dormir avec des cadavres, ceux qui se déguisent en fous, et marchent totalement nus dans les rues, ceux qui couchent avec des fous dans les carrefours, il y a même certains paraît-il, qui dorment dans des cimetières, et j’en passe! toutes ces histoires, se passent réellement, et ces gens font cela, et bien pire encore. ils vendent leurs âmes à quelque chose de vraiment obscure, juste pour devenir riches. Cela existe. horribles qui ne guérissent pas, ou se retrouvent à faire des choses horribles.
- Mais c’est horribles ça ! s’écria Jane avec un frisson d’horreur.
- Horrible, mais vrai, Jane.
Ils étaient fascinés par ce que disait Poupina, qu’ils n’entendirent pas le premier chant de coq.
- Depuis que je sais lire, je suis fascinée malgré moi par l'ésotérisme, peut-être que je me dis qu’un jour, je trouverai bien ce qui ne va pas avec moi. Vous savez ce que je me dis ? L’irréel existe encore dans vos continents. J’ai lu pleins de livres qui traitent de cela. Tous ces gens, ces scientifiques qui veulent à tout prix prouver que Dieu, Satan, ont été créé par des hommes, en manquent de confiance en eux. Mais pourtant, des sectes qui semblent oubliées, continuent d’exister, toutes ces confréries qui ne se cachent même plus, et des sociétés qui n’ont plus besoin d’être secrètes, c’est juste que les gens ne veulent pas les voir, ou alors se contentent de dire que c’est normal. Quand je regarde ce qui se passe, ce qui m’arrive, je ne peux conclure que beaucoup de gens doutent de l’existence de Dieu, mais presque tous sont convaincus que le mal est bien réel. Mais alors, si l’obscurité est bien là, pourquoi douter de la lumière? Voilà ce que je ne cesse de me demander parfois. L’homme moderne se dit qu’avec la science, il peut tout comprendre jusqu'à prouver que la foi, c’est de la pure faiblesse humaine. Ici en Afrique, nous croyons aux deux. Certains idéalistes disent que l’homme blanc est venu avec la religion pour mieux piller le continent africain, mais je sais que bien avant leur arrivée, nous savions déjà qu’il y avaient des forces qui ont créé tout ceci. Nous savions que la lumière et le noir étaient opposés, l’un apportait le lumière, et l’autre commandait les ténébres. La religion occidentale a juste donné un nom sur ce qui existait déjà. L’homme blanc n’est pas venu avec la religion en Afrique, il l’a juste expliqué. Nos ancêtres étaient croyants, faisaient des offrandes, louaient quelque chose qu’ils sentaient, sans pour autant voir. Certains louaient la lumière parce qu’elle leur apportait ce qu’ils voulaient, d’autres vénéraient les ténèbres parce qu’ils trouvaient en elle ce que la lumière ne leur apportait pas. Et c’est exactement ce qui se passe avec Dieu et Satan. chacun choisit son camp en fonction de ce qu’il reçoit comme récompense.
Ils étaient fascinés par ce qu’elle racontait, surtout par sa façon de l’expliquer.
- Dans mon village, mais aussi dans d’autres, nous croyons encore en cela. Est-ce Dieu ou le mal? Nous ne donnons pas des noms, mais l’irrationnel est encore bien là. Nous croyons que dans chaque être une main, il y a une trâce divine. Quelque chose insufflé en lui qui le rend unique par rapport aux autres. Chacun a un don spécial.
Elle regarda John, ensuite Jack.
- Mais le don des personnes qui ont été fécondé au même moment, se voit multiplié en fonction du nombre de foetus dans le ventre. Doublé pour des jumeaux, triplé pour des triplets, ainsi de suite. Par rapports aux autres enfants, ils sont plus spéciaux.
Jack et son frère se regardèrent, puis eu un petit sourire complice.
- Je t’assure Poupina que rien d’exceptionnel ne nous ai jamais arrivé. On est des jumeaux très comme il faut, fit Jack avec un sourire
- Vraiment ? Il ne vous est jamais arrivé de ressentir quelque chose uniquement entre vous ? De savoir par exemple où se trouve l’autre? De deviner ce que ressent l’autre?
- C’est juste de la pure intuition, conclut John.
- Chez nous, c’est différent. Moi par exemple, ma mère vient d’une tribu appelé Yanda. Elle est réputée pour son fameux don de guérison, et pas n’importe laquelle, ils sont en fait les experts en physiothérapie. Il suffit que l’un masse un membre pour que celui-ci guérisse plus vite qu’il n’en faut. J’ai vu ma mère pratiquer cela quand j’étais petite. Quand on venait la consulter, elle demandait simplement au malade de jeter une pièce d’argent au sol, et de toutes ces forces, pour transférer la douleur vers la pièce, afin d’attirer l’esprit de convoitise qui ne résistait pas à tout ce qui brillait. Et quand il prenait la pièce d’argent, il héritait ainsi du mal dont souffrait le malade.
- Et elle laissait la pièce par terre? Parce que je ne comprends pas vraiment, si elle ne touchait pas la pièce, cela signifie que le sol était rempli de ces pièces, remarqua Christelle.
- Personne ne touchait à la pièce avant la fin du massage.
- Mais comment savait-elle que l’esprit avait touché la pièce? Il y avait un signe? genre le vent qui souffle, le sol qui tremble?
Poupina sourit à la question de John.
- C’est justement là le risque à prendre. Quand un Yanda décide de faire un massage, il prend le risque de s’exposer. parce que si l’esprit ne se laisse pas tenter, le mal reste dans la pièce, et à la fin du massage il est obligé de toucher la pièce, et si le mal y est toujours, il hérite de cela. Il va se faire mal exactement où son patient a eu mal. Alors pour éviter cela, il faut lancer sa pièce de toutes ses forces pour qu’elle retentisse et attire l’esprit. D’une façon ou d’une autre, la douleur doit aller quelque part.
- Mais alors, pourquoi…
- Pourquoi elle ne m’a pas massée? coupa Poupina en devinant oû Jach voulait en venir. C’est l’un des inconvénients. On peut guérir tout le monde, sauf un membre de sa famille.
Mais c’est naze! Cela sert à quoi d’avoir un don si on ne peut pas soigner un membre de sa famille? conclut Jack.
C’est justement là la grandeur du don. Faire en profiter les autres. Imagine si tout le monde décide de faire du bien à sa famille, cela limiterait beaucoup d’échanges entre personnes. Il y a d’autres tribus qui sont spécialisées alors, cela ouvre des possibilités d’échanges. On a besoin des autres.
- Waouh… c’est extraordinaire ce que tu nous dis là.
Poupina sourit à Jane, John semblait pensif.
- Maintenant que tu parles de cela, une histoire me vient en tête. Jack tu te souviens de Kimberly Shane ? Notre voisine en Italie. Tu avais voulu faire une course contre un de nos camarades qui lui tournait aussi autour…
- Comment oublier la première fille qui m’avait dit non ? Elle avait ainsi ouvert le champ de mon incapacité à emballer une fille… Putain! Comme elle était belle.
Jack avait dit cela avec un sourire nostalgique sur les lèvres.
- Reviens sur terre, vieux. Je parle plus de la course, cette fameuse chute que tu avais fait en tombant du cheval.
John se retourna vers les autres.
- Idiot comme il l’est, il avait voulu impressionner Kim, et il avait décidé de lancer un défi à notre camarade qui semblait son potentiel rival. Une course de chevaux, voilà ce que mon idiot de frère avait eu comme idée. Mais malheureusement il n’était pas allé bien loin, son cheval avait paniqué à un moment, résultat, une fracture du bras.
- Maintenant que tu en parles, je m’en rappelle. Selon le médecin, j’aurais dû passer six mois dans un plâtre, mais j’avais juste fait trois semaines. Il ne comprenait rien à rien. Je suis chanceux.
- Souviens-toi, avant l’arrivée du médecin, je m’étais approché de toi et j’ai commencé à te masser le bras, exactement où tu avais mal. Je me rappelle exactement de ce que je ressentais en te voyant ainsi allongé, je me disais que si je te masse, la douleur et tes cris allaient cessé, parce que tu beuglais comme une fille.
- Et la morale de l’histoire c’est quoi ? demanda Christelle ? Que Jack quand il veut impressionner une fille est un parfait idiot? Ou alors qu’il pleure comme une fille? Ou bien qu’il ne faut pas croire tout ce que les médecins racontent ?
Elle avait parlé avec un fou rire dans la voix, les autres ne purent s’empêcher de sourire aussi.
- Christelle, je t’assure que Jack était vraiment mal en point. Bref c’était étrange cette sensation que j’avais que je pouvais le guérir, j’appuyais, et je me sentais en même temps vidé de mon énergie. Mais bon, il ne s’est plus passé de bizarre.
Poupina décida d’intervenir.
- En Afrique, on vit dans le mysticisme, on sait que nous somme entourés de démons et créatures de toutes sortes. Avant je ne croyais pas en cela, mais, mes cauchemars, m’ont prouvé le contraire, et m’ont ouverts l’esprit à toutes les possibilités. Sinon comment expliquer ce qui m’arrive ? A chaque fois, on me dit qu’il pleut aussi.
Elle prit une profonde inspiration, sa décision était prise.
- Je ne sais pas ce qui m’arrive, poursuivit-elle, mais, je ne veux pas vous mêler à ça. J’ai une idée de ce que je vis, et c’est l’enfer. Je ne veux pas vous imposer cela. Il faut être égoïste pour le faire. Demain, je vais appeler la sœur Faustine. Je vais rentrer chez moi, pour attendre la suite.
- Non Poupina… s’écria Jane. Tu n’es pas sérieuse tout de même.
- Il le faut pourtant Jane. Si je suis réellement possédée, je vais vous mettre en danger, cette chose prendra le dessus sur moi un jour ou l’autre. Le mieux est que je m’éloigne de vous.
Tous comprenaient son point de vue, ils savaient qu’ils auraient fait pareil, mais quelque chose les poussait à la retenir.
- Mais tu es notre amie… protesta John en regardant les autres. Certes on ne se connait pas depuis des années comme c’est le cas avec Jane et Christelle…
Il tourna la tête vers Richard.
- Toi non plus je ne te connais que depuis le début de l’été, mais voila, nous sommes des amis, continua-t-il en regardant à nouveau Poupina. Tu es devenue une amie très chère, je ne sais pas pour les autres, je ne vais pas parler à leur place, mais si cela ne dépend que de moi, tu dois rester. Tant pis si c’est le diable en personne qui habite en toi. Dans mon rêve quand j’étais petite, je combattais la femme qui voulait te brûler, alors je vais jouer aux héros, et la combattre en vrai avec toi. Je t’aiderai à comprendre ce qui se passe, je ferai de mon mieux, du moins.
- John a raison, moi aussi je m’en fiche de ce qui se passe, certes j’ai peur, j’avoue que cette histoire me dépasse, mais je préfère prendre ma peur sur moi et t’aider aussi à comprendre, que de te voir partir du campement. Reste avec nous supplia Jane.
Ce que j’ai compris, c’est que nous étions destinés à se rencontrer? ce n’est pas un hasard. faire le même rêve dans lequel tu es, pour moi c’est tout sauf la coïncidence!
Les autres étaient de l’avis de Jack.
- Pense un peu a tes petits élèves, qui vont-ils encore appelé « madame la maitresse » ? ajouta Christelle.
- Et rendre Marina furieuse en la remettant à sa place ?
Tous éclatèrent de rire, même Richard. Il n’avait rien dit depuis le début, il tenait juste sa main dans la sienne pour qu’elle se sente en sécurité. Poupina se sentait étrangement en sécurité malgré son silence. elle savait qu’il était là.
Au fond d’elle, Poupina voulait rester, ils la voyaient tous comme une amie, et elle n’avait jamais, alors, cette sensation de sécurité lui était totalement étrangère, mais douce.
- Et si à nouveau j’ai des crises ? Je fais quoi ? Que se passera-t-il ?
- Demain, on appellera la sœur Faustine, et elle nous dira ce qu’il faut faire pour cela, mais peut importe ce qui t’arrive, on l’affrontera avec toi. Je crois que si elle a voulu parler de tes rêves, c’était avec une bonne raison, elle avait confiance, alors je crois que nous devrons lui prouver qu’elle a eu raison. Moi je ne vois aucun inconvénient à t’aider.
Richard avait dit cela d’une façon naturelle que cela suffit pour apaiser Poupina. Et il avait raison sur un point, si la sœur Faustine avait révélé à ses amis une part de la vérité, elle avait confiance en eux. Et Poupina se fiait à son jugement.
- Vous êtes sûrs ? demanda-t-elle une dernière fois, hésitante.
Les sourires qu’ils arboraient, finirent par la rassurer complètement, Jane la prit dans ses bras.
- Géniale, fit-elle. Tu avais raison Christelle, nous passerons nos plus belles vacances, flippantes mais géniales.
Jack étouffa un bâillement, dehors, les chants d’oiseau du matin remplissaient l’air frais. Il était presque six heures du matin.
- Je crois que nous allons débuter par la méditation matinale, dit Richard en se levant du lit de Poupina.