Chapitre XIII

Ecrit par Tiya_Mfoukama

Chapitre XIII


« —Mais tu penses qu’elle va venir ? me demande Kyle.

—Je bouge pas d’ici sans elle. 

—Okay. On se retrouve à la soirée.
—Top. »

Je pose mon téléphone sur la table basse, passe une main sur mon visage et soupire…
Soupirer. J’ai l’impression que j’ai passé les mois qui viennent de s’écouler à soupirer pour tout, en toute chose. Au boulot, avec ma famille, ici. Partout et pour tout ! 

La soirée de ce soir, organisé par « Buaka industries » et « Yoka compagnie », a pour but d’annoncer officiellement la fusion de ces deux entités. Elle marquera aussi la fin des soupirs pour moi puisqu’elle annoncera également la sortie de « Shine » V1, prévue dans six mois. Bien évidemment, l’annonce ne sera pas aussi explicite, mais tout le monde comprendra. C’est le début d’une nouvelle ère pour tout le monde… Sauf pour la chieuse. Tiya ça devenait trop simple, pas assez représentatif, de tout ce qu’elle est. La chieuse, je trouve que ça lui va mieux. 
Six mois de galère, six mois que les jours s’égrènent lentement, très lentement. Je les sens tous passer. Il n’y a pas un jour où le temps est passé tellement vite que je me suis dit « tiens déjà ? », non, pas un jour. Il n’y a pas également un jour où je n’ai pas soupiré face à une de ses actions, pas un jour. 
Je me suis toujours dit que je mourrai au travail, entre deux dossiers, tant je passe ma vie là-bas, dans mon bureau, mais c’était sans compter sur le cadeau empoisonné que m’a fait ce mariage : Tiya !
Si je ne meurs pas au boulot, c’est probablement sur que je mourrai à cause d’elle, c’est même certain !

Je balaie ses pensées d’un geste de la main et avise l’heure sur mon téléphone, 19h41, elle devrait être prête, je me dis en me levant. 
A cette soirée, il y aura du beau monde, la plus part de nos actionnaires, nos partenaires, nos collaborateurs ainsi que nombre important d’invités triés sur le volet qui grâce à leur simple présence, font le jour et la nuit. Mon père et celui de Tiya misent beaucoup sur cette soirée, alors elle se doit d’être irréprochable. 
Le couple que je forme avec Tiya se doit d’être irréprochable, et ça la chieuse la bien compris, raison pour laquelle je suis sur le qui vive. 

« —Tiya ! je crie en toquant à sa porte
—….
—Tiya !
—…
—Tiya ! »

Non mais elle se fout de moi !

« —Tiya ! je crie plus fort en martelant sa porte de coups.
—Oh ça va ! Pas besoin de crier et taper aussi fort sur la porte. Tu veux la casser ou quoi ?
—Je t’appelle depuis une dizaine de minutes ! Qu’est-ce que tu faisais ?
—Je faisais caca, j’ai un peu mal au ventre. »

Oh seigneur. Je m'abstiens de faire un quelconque commentaire et lui demande simplement d'accélérer le mouvement.

« —Il faut qu’on y aille. On va être en retard si on ne part pas dans les cinq minutes qui suivent.
—….
—Tu es prête ?
—…
—Tiya !
—Ça dépend de ce que l’on entend par « prête » ? elle répond sur un ton énigmatique. »

Je pense que c’est le moment qu’elle a choisi pour saboter la soirée, mais je m’étais préparé à cette éventualité et avais programmé une marge de retard d’une heure. 

« —Ouvre la porte. je lui demande calmement. 
—Je ne suis pas vraiment en état de ….
—Ouvre la porte. je la coupe sèchement. »

Pendant une longue minute, il ne se passe rien, je ne l’entends pas à travers la porte, et au moment où je m’apprête à réitérer ma demande, elle l'ouvre et retourne s’asseoir sur les bords de son lit, totalement absorbée par son téléphone en main.
Son visage est recouvert de traits tracés avec différentes teintes de fond de teint marron, lui donnant l’air d’un clown, ses cheveux sont enroulés dans de gros bigoudis et pour couronner le tout, elle ne porte rien d’autre d’un ensemble de sous vêtements bleue nuit en dentelle.

« —Tu te fous de …
—Chut ! j’entends pas ce qu’elle dit ! »

« So now guys, i’m using my banana powder. I looooove this product… »

« —Rohh, j’ai trop avancé… Moi je veux savoir comment tu fais tes ombres ma copine. elle dit en s’adressant à son téléphone.
—Tiya tu te fous de moi ? ! On va être en retard, et toi tu n’es même pas encore habillée, t'es à moitié coiffée et….C’est quoi ce truc sur ton visage ?
—Je te rappelle que tu m’as menacé pour que je sois, je te cite « présentable », alors j’ai décidé de me faire un contouring, mais la youtubeuse là, elle met un temps fou à expliquer et la connexion rame tellement. Les forfaits volume MTN ne sont pas top. 
—Va te laver le visage t’iras sans maquillage.
—Ça, il en est hors de question. Tue-moi tout de suite, ce sera beaucoup plus rapide, mais je ne sortirai pas sans maquillage. Han-han. »

Elle se concentre de nouveau sur son téléphone, puis après quinze minutes, finit par aller s’asseoir devant sa coiffeuse où elle se peinture le visage. Littéralement. Je la regarde, perplexe, me demandant pourquoi elle fait ça. C’est une belle femme qui n’a pas besoin de se charger autant en maquillage, pour ne pas dire qu’elle n’en a pas besoin. Je la trouve beaucoup plus belle sans tout cet artifice.

« —Et voilà ! elle crie joyeusement face à son reflet. Roh qu’est-ce que je suis jo-liiiie !
—Tu peux maintenant t’habiller ?
—Oui je peux…Quand j’aurai trouvé ce que je vais bien pouvoir mettre. elle souffle en allant s’asseoir de nouveau sur son lit. »

Mais qu’est-ce que je pensais ? Qu’elle allait simplement se contenter de nous mettre en retard de seulement quelques minutes ? Heureusement qu’il nous reste encore vingt minutes, contrairement à ce qu’elle croit. 

« —Où est la tenue que tu as préparé ? je lui demande adossé à l’embrasure de la porte.
—Je n’en ai pas préparé, je marche au feeling. elle me répond souriante. »

Sans la consulter, je me rends dans sa penderie et sélectionne quatre robes, plus ou moins adéquates pour l’occasion.
Je retourne près d’elle et lui présente la première, « trop serrée », la seconde « trop courte pour ses jambes pas épilées », puis la troisième « trop transparente, mais ça ne se voit que lorsqu’elle est portée », et enfin la quatrième « trop grande ».

« —Mais qu’est-ce que tu fais avec des robes qui ne sont pas à ta taille ?
—Ce que toutes les femmes font, je me force à rentrer dedans.
—Bah alors force-toi ! je lui intime.
—Non, ça ne marche pas comme ça. Il faut que j’ai un intérêt à…. Mais qu’est-ce que tu fais ? »

La première robe, parait-il, trop serrée est à y regarder de plus près une robe évasée à partir de la taille, et malgré la poitrine qu’elle a, je pense qu’elle ne devrait pas avoir du mal à rentrer dedans quoi qu’elle en dise.
Après avoir dézippé la fermeture éclair, je mets un genou à terre, face à elle et lui enfile sa robe. Elle se lève docilement quand, j’arrive à ses hanches, à croire qu’elle a enfin compris que je ne lâcherai rien.

« —La robe est verte, avec un bustier, et là je porte un soutien gorge bleue à bretelle. C’est très laid monsieur le styliste. elle me nargue les yeux braqués dans les miens. »

Sans me démonter, je dégrafe son soutien gorge, et libère sa poitrine. Et sous son regard moqueur, je me perds à les contempler.
Je crois que c’est la seule chose que je n’arrive pas à maitriser, la concernant. L’effet qu’à son corps sur moi. Depuis qu’elle m’a ouvert la porte, je prends sur moi pour ne pas faire le con, et lui retirer ses sous-vêtements. Son maquillage de clown m’a aidé les premières minutes mais là…

« —Ferme ta bouche quand tu baves. elle ricane en se tournant. »

J'ignore sa réflexion et fais monter sa fermeture éclair, puis lui donne cinq minutes pour me rejoindre en bas des escaliers. Ce qu’elle fait avant même la fin du temps imparti.
Je me retiens de la complimenter sur le rendu de sa tenue, même si j’en pense pas moi. Elle est vraiment magnifique dans cette robe, mais il suffit de me rappeler de qui elle est, son but dans ma vie, et je reprends tout de suite mes esprits.

*
* *

« —Je suis sérieux Tiya, là il ne s’agit pas de nous mais de deux entreprises, des salariés qui y bossent et de leur postes. Une seule bourde et on pourrait le payer très cher.
—J’ai compris mon cœur. Je ne ferai pas ma connasse. elle murmure en me caressant la joue. Ou peut-être un peu. »

Elle termine sa phrase en me faisant un clin d’œil puis s’avance vers Kyle, Jesse et Emeraude qui sont déjà là. Je prie intérieurement pour que le seigneur ait compassion de moi, et des six derniers mois de prison ferme que je viens de vivre avec la chieuse, pour que cette soirée en dépit de tout ce qu’elle pourra faire pour la pourrir, connaisse un franc succès.

« —Tu es toute en beauté Tiya. la complimente Jesse.
—…merci. elle répond du bout des lèvres. Avant de se tourner vers Emeraude. Qu’est-ce que tu fais ici ?
—Euh…. Ma boite a reçu des invitations et…. Je suis venue. elle ponctue sa phrase avec un sourire.»

Je me tourne vers Jesse, qui garde ses yeux rivés sur son verre, mais sa mâchoire contractée, ne laisse aucun doute quant à l’état dans lequel il est.

« —Hum. Okay.. T’aurais pu m’en informer… Enfin bon. Il faut que je te parle.
—Oui de quoi ?
—En privé. Elle répond avant de se tourner vers moi, poser une main sur ma joue, m’offrir un semblant de beau sourire et dire à voix haute. Amour de ma vie, je reviens ! »

Dans ses yeux, on ne peut lire tout le sarcasme et la malice que peut contenir cette phrase.

« —Elle ne sait toujours pas ? je demande à Jesse lorsqu’elles ne sont plus dans mon champ de vision.
—Visiblement non…. Pourtant, elle me dit tous les jours qu’il faut qu’elle lui parle.
—Ouais, ça vaudrait mieux, parce que la connaissant, elle ne va pas apprécier.
—Hey ! T’as fini par arriver ? lance Kyle en venant vers nous.
—Comme tu peux le voir.
—C’est bon, tu ne la lâches plus ? il ricane en me serrant la main.
—Pas le choix. je soupire avant de porter mon verre à mes lèvres. »

J’inspecte la direction qu’Emeraude et Tiya ont pris quelques minutes plus tôt, à la recherche de leurs silhouettes. Avec Emeraude à ses côtés, elle ne tentera rien, enfin c’est ce que je me dis, mais Tiya m’a appris qu’il ne fallait jamais la sous estimer, alors je reste sur mes gardes.

« —T’as peur qu’elle refasse son coup du Noel ? ricane Kyle. »

Peur seulement ? C’est au-delà de ça.
Elle a disparu du 23 décembre au 2 janvier sans rien dire à personne, nous laissant tous dans une inquiétude sans nom. Sa mère était persuadée que j’avais tué sa fille et n’aspirait qu’à une chose, utiliser tous les sévices les plus tordus pour me faire avouer avant d’en finir avec moi. J’ai vite compris de qui Tiya tenait son côté psychopathe, mais je pouvais la comprendre. Même si je ne le montrais pas, j’étais tout aussi inquiet qu’elle et les autres , et j'imaginais le pire à mesure que les jours passaient sans que l’on ne puisse la retrouver. Mon père et celui de Tiya ont fait appel à leurs connaissances haut placées pour enquêter et la retrouver, mais cela n’a rien changé. Et alors que j’étais assis dans le salon, avec la mère de Tiya, son père, le mien, Jesse et Emeraude, les pires scénarii commençaient à s’insinuer et s’installer doucement dans ma tête. Je commençais à concevoir le pire quand elle est réapparue comme une fleur avec une valise à la main, de grosses lunettes noires mangeant une bonne partie de son visage, et un sourire radieux.

« —Bonsoir tout le monde. Bonne année !
—Mais Tiya ! a crié sa mère en se jetant sur elle. »

Sa mère ne devait pas s’attendre à ce que Tiya se détourne d’elle, et la regarde avec autant de froideur.

« —D’où est-ce que tu viens ? lui a demandé son père, qui s’était levé entre temps et tentait de poser une main sur le bras de Tiya qu’elle a, là aussi, retiré comme si elle était atteinte de la petite vérole.
—D’un endroit sympa que j’avais choisi pour mes vacances. Je suis désolée, je ne vous ai pas pris de cadeaux. Vous ne m’en voudrez pas. Après tout, votre cadeau vous l’avez eu le jour où vous m’avez mariée. Je suis un petit fatiguée, le retour était assez long, je vais vous laisser, mais continuer votre petite sauterie en famille. »

J’étais tellement abasourdi par son comportement que je n’ai rien dit. Je voulais seulement arrêter cette mascarade, parce que dans tout ça, il a fallu encore une fois mentir à ma mère, mais aussi à mes frères et sœurs pour expliquer l’absence de Tiya. Ça devenait trop, ce n’était plus gérable pour moi, mais mon père m’avait pris à parti pendant plus d’une heure pour me rappeler les enjeux de ce mariage et les conséquences d’un éventuel divorce. Avec quelques trémolos dans la voix, les noms de mes sœurs et de Drew, ainsi que leur avenir compromis si je m’arrêtais, glissé ici et là durant tout son discours a réussi à me faire changer d’avis.
Depuis, je passe tout mon temps à veiller sur elle, et la suivre comme son ombre. Mais avec le poste qu’elle a trouvé, c’est beaucoup plus facile …

« —Un peu quand même. je réponds toujours à sa recherche.
—Elle est avec Emeraude, je pense pas qu’elle tentera quoi que ce soit.
—Je me suis également dit la même chose mais, Tiya est tellement imprévisible, qu’il suffirait d’un rien pour que le volcan qui sommeil en elle se réveille.
—C’est pas à ce point. dit Kyle.
—Je t’assure que si, d’ailleurs Jesse, vous avez intérêt à le lui dire avant qu’elle ne l’apprenne de la bouche d’une autre personne. Parce que si ça venait à se produire, je peux t’assurer que ce serait l’horreur pour tout le monde.
—Qu’est-ce qui serait une horreur pour tout le monde ? intervient Tiya, de retour.
—Si les gens venaient à découvrir ce qu’il se cache sous ton maquillage. je lui réponds.
—Et tu dois surement te trouver drôle. N’est-ce pas ? »


Jean-Daniel Talansi, un de mes partenaires, un peu trop suspicieux de tout et de rien, s’approche de nous et je ravale la réplique que j’étais prêt à lui balancer, pour la prendre par la taille puis plaquer un sourire de circonstance sur mon visage.


« —Mais…
—Tais-toi et souris. je lui intime discrètement. »
Comme à son habitude, elle me balance une saleté avant de jouer le rôle de sa vie face à Talansi : celui d’une peste qui se cache derrière un ange.


*
* *
« —Bon, je pense avoir assez joué le jeu, je vais aller me reposer un peu. Soupire Tiya.
—Tes parents viennent d’arriver, et il nous reste encore…
—Ce n’est plus mon problème. elle lance en s’éloignant. »

Elle est déjà au niveau de la porte d’entrée de la salle adjacente à celle accueillant la réception. J’accélère le pas pour la rejoindre, parce que cette fois, je ne peux pas la laisser fuir ses parents. Puisque c’est de ça qu’il s’agit. 
Après la façon dont elle a envoyé bouler sa mère à son retour et celle dont elle a ignoré son père, j’ai bien compris qu’elle leur en voulait énormément, probablement à cause de leur rôle dans ce mariage. Toujours est-il que ce soir, elle va devoir faire l’effort de leur prêter ne serait-ce qu’une seconde d’attention. On doit jouer l'mage de la famille unie.

« —Tiya, tu….
—Emeraude, je viens de te poser une question ? la questionne sèchement Tiya. Tu m’expliques ce qui est en train de se passer ? Vous faisiez quoi là ?
—C’est pas ce que tu crois. Enfin si mais, c’est bien plus compliqué que ça.
—C’est pas ce que je crois ? Tu te penses dans un film là ? »

D’où je me trouve, je n’arrive pas à comprendre la scène qui est en train de se jouer entre Emeraude et Tiya. C’est quand j’entre dans la salle, remarque Jesse en retrait, à quelques pas d’Emeraude, que je crois comprendre ce qu’elle vient d’apercevoir.

« —Emo, je t’en prie ! Dis-moi qu’il n’y a rien entre toi et lui. Dis-moi que j’ai mal vu, mal interprété le moment, dis-moi que je suis en train de me méprendre. Emeraude !
—….. »

Emeraude baisse les yeux, en signe d’aveu et lui rétorque que c’est plus compliqué que ça en à l’air. C’est visiblement la phrase de trop qui irrite Tiya. Elle se met à marcher de long en large, tout en fulminant malgré mes tentatives pour la calmer.

« —Comment tu peux faire une chose pareille Emeraude ! Non mais t’es inconsciente ou quoi ? Tu vois pas c’est qui ? Ça fait combien de temps que…tsss ça me dégoute !
—Tiya calme toi, c’est une grande personne qui sait ce qu’elle fait. je lance saoulé par ses propos.
—Je me calme si je veux !C’est ma sœur je lui dis ce que je veux!
—Et tu as totalement raison. interviens Jesse. Vous devriez aller discuter dans le bureau à côté. »

Emeraude acquiesce et se dirige vers le bureau suivi de Tiya qui ne tarde pas à hausser le ton de nouveau. 

« —Jesse ! Vous pouviez pas attendre ou vous montrer plus discret ? C’est pas un soir pour qu’elle s'énerve. je grogne en enfonçant mes mains dans mes poches.
—Il fallait bien qu’elle le sache un jour. Maintenant…. »

« -COMMENT TU PEUX BAISER AVEC LE FRERE DE L’AUTRE ! C’EST INSENSE !
-Je te rappelle que tu couches également avec Dylan !
-Mais là n'est pas le propos puis tu vas pas me sortir mes erreurs pour me les balancer en pleine figure ! Et on a couché ensemble que deux fois ! »

« —C’est vrai ? m’interroge Jesse surpris.
—Elle vient de le dire, c’était des erreurs. je réponds vaguement. »

« -Et Héritier ! TU PENSES UN PEU A LUI ! TU LE TROMPES AVEC UN JARDINIER ! UN JARDINIER BORDEL DE MERDE ! LE MEC IL A RATE SA VIE !
-Je te permets pas Tiya, tu vas trop loin. »

Et je partage tout à fait la pensée d’Emeraude. 
Je fais un pas vers la porte de communication qu’elles ont empruntée pour rentrer dans le bureau, mais Jesse me retient par le bras.

« —Je vais seulement lui dire de se calmer dans le choix des mots qu’elle utilise. Elle ne peut pas parler de toi comme ça, par respect. T’es mon grand frère.
—ET en tant que tel, je te demande de la laisser parle à sa sœur comme elle l’entend. Elle ne l’a pas mise au courant, Tiya a le droit de s’énerver…

« -Un jardinier !
-Pour la troisième fois, il n’est pas jardinier mais architecte paysagiste diplômé!
-Il a obtenu un diplôme pour apprendre à tailler des haies ! Je suis époustouflée !«

 
Je n’apprécie vraiment pas la manière dont elle parle de Jesse, mais il ne veut toujours pas me laisser aller la voir. Je suis obligé de la laisser déblatérer son tas d’ineptie pendant une bonne quinzaine de minutes avant qu’elle n’en ressort le visage changé.

Et cette attitude confirme que ce soir, rien ne vas se dérouler aussi calmement qu’a été le début de cette soirée.

*
* *

« —Ça m’est égale, je te dis simplement que t’as pas à parler de cette façon à,Jesse !
—Et moi je te répète que je m’en tape, je lui parlerai comme bon me semblera ! un faux type comme lui ! elle balance en claquant la portière de ma voiture.
—Je t’ai déjà dit…. »

« Aahhhh Pardon, papa pardon ! Pardon ohh, Pardon »

Je n’ai pas fini ma phrase que des cris provenant de la maison d’à côté nous parviennent avec acuité. On peut clairement distinguer qu’une personne est en train de porter des coups à une autre, et que cette dernière demande à ce que ça s’arrête. 
Les cris sont tellement forts et stridents, que je porte une main à mon oreille. 

« —Seigneur, mais il est en train de la battre. Lance Tiya qui veut s’élancer vers le portail.
—Non pas comme ça Tiya. je l’arrête en l’attrapant par l’avant bras. »

Elle se débat à coup de griffes et ouvre le petit portail et je n’ai pas d’autre choix que de la suivre.

Les jeux du destin