CHAPITRE XV

Ecrit par Samensa

KARIM

-Safi, qui t’a fait ça ?

-Je suis… tombée … dans la douche.

-Pourquoi tu me mens ?

-Euh si tu connais la vérité alors pourquoi tu me poses des questions ? Puisque je te dis que je suis tombée !

-Pourquoi tu veux couvrir cet imbécile ?... D’ailleurs qu’est-ce que tu es allée faire là-bas ?

-Tu as dit que je pouvais sortir.

-Oui mais pas pour aller le voir !... Je vais le tuer !

Je me dirige vers la porte. Elle court se placer devant moi pour me faire barrière.

-Non, tu ne vas tuer personne.

-Si ! Regarde l’état dans lequel il t’a mis !

Je fronce automatiquement les sourcils en voyant les traces sur son visage qu’elle a essayé de camoufler.

-Il t’a giflé ? demande-je interloqué.

Elle porte sa main au visage et se détourne de moi. Mes tempes se mettent à faire mal tellement je suis en colère. C’est un homme mort ! Elle me rattrape encre une fois à la sortie de la chambre et se blottit dans mes bras.

-S’il te plait, ne fais rien que tu puisses regretter plus tard. Reste avec moi.

Cette fois-ci, je ne peux me résoudre à accéder à sa demande. Il faut qu’il paie pour ce qu’il a fait.

-Non mais c’est quoi ton problème ? Tu penses que ça paie de faire le gentil tout le temps ? Alors il va s’en sortir comme ça ? Écoute-moi bien, non !

Son sursaut me fait prendre conscience du fait que je viens de lui hurler dessus.

-Bébé, excuse-moi. Ça me tue de savoir que…

Je m’interromps aussitôt pour la rattraper avant qu’elle ne heurte le sol dans sa chute.

-Safi, tu te sens bien ?

-Hmmm

-Bébé ?

-Je suis fatiguée Karim.

J’essaie de la relever mais elle encore prise de vertige.

-Tu as mangé ?

- Non, je n’ai pas eu l’appétit.

-Bon sang, nourris-toi ! Je vais demander à Bintou de te faire monter à manger.

-Avec du chocolat ?

-Avec tout ce que tu voudras mon amour.

Son état me refroidit aussitôt. Je la mets au lit et descend donner des consignes. Je vais m’entretenir sur la terrasse avec Ali sur ce qu’il y a à faire avec Mike. Il va me sentir passer celui-là.

Lorsque je remonte, Safi a déjà terminé son plat et est endormie, couchée sur le ventre, des pansements sur le dos. Je suis en train de me dévêtir lorsque mon téléphone sonne. Un appel de l’unité spéciale que j’ai mis sur l’affaire. La nouvelle que j’apprends me glace le sang : Marc s’est évadé. Le danger peut être n’importe où à l’heure actuelle. Toutes nos mesures de sécurité doivent être révisées. J’abandonne l’idée de me dévêtir et sort de la chambre. Je dois parler à Ali.

 

MAYA

Mon verre de cocktail à la main, je suis en train de me prélasser au bord de la piscine lorsque je reçois un appel d’un numéro masqué.

-Allô ?

-Maya ?

-Euh oui.

-C’est Marc !

-Marc mais je croyais que tu étais en prison.

-Oui, je l’étais. Je n’ai pas assez de temps. Ecoute, j’ai besoin d’informations sur la maison où tu vis. Je dois vous rendre une petite visite ce soir.

-Mais comment tu sais que …

-Je sais tout Maya ! m’interrompt-il. Et puis, tu as des comptes à me rendre ! Mais ce n’est pas le plus urgent, parle-moi de la sécurité de cette maison !

Mon expérience dans le milieu de la drogue m’a permis d’acquérir de bonnes notions pour tout ce qui concerne les équipements électroniques. C’est donc sans difficulté que j’ai répondu aux questions de Marc. Enfin ! Il aura sa peau !

 

SAFI

Je me réveille aux environs d’une heure du matin, le ventre criant famine et descend à la cuisine. Je me fais du chocolat chaud puis fouille le réfrigérateur et sort des biscuits que je me mets à grignoter assise à la table à manger. Le mac book de la maison est posé sur la table. Puisque je n’ai pas sommeil, j’entreprends de faire un tour sur les réseaux sociaux.

Lorsque j’ouvre le clapet de l’ordinateur, l’écran me permet de voir une silhouette dans mon dos. Croyant à une illusion d’optique, je me penche pour regarder et avale difficilement ma salive lorsque je vois la forme se rapprocher derrière moi.

Automatiquement, je jette par-dessus mon épaule le contenu de ma tasse. Une voix pousse un juron. Oui, il y a quelqu’un dans cette maison. J’essaie de courir mais je me sens soudainement faible et tombe au pied de la table. Je cris de toutes mes forces lorsque l’homme se lève pour me regarder : Marc !

Il enfonce le bout de son arme dans ma bouche puis me serre le cou.

-Non, je ne te tuerai pas aujourd’hui. Je suis juste là pour faire passer un message à l’avocat. Tu es sa plus grande faiblesse. Il rit d’un rire sans joie. Dis-lui que je reviendrai, et je prendrai le soin de te tailler en morceaux devant lui.

Des bruits de pas et des voix nous parviennent. Il me laisse à moitié étouffée et saute par la fenêtre pour s’enfuir. Les premières personnes à entrer sont les gardes, certains sautent après lui tandis que d’autres m’aident à me relever et inspectent la pièce.

Karim entre ensuite et me prend aussitôt dans ses bras. Il aboie des ordres autour de lui en tremblant. Je sens que derrière sa colère, se cache une grande peur.

-Karim, je vais bien.

Il me regarde tendrement, les yeux brillants de désespoir puis resserre son étreinte.

-S’il t’était arrivé quelque chose Safi…

-Il n’est rien arrivé. Calme-toi, arrête de crier comme ça.

Nous retournons dans notre chambre. Après avoir passé des coups de fils, il s’est couché près de moi et m’a serré toute la nuit comme si j’étais une bouée de sauvetage dont sa vie dépendait.

 

Le lendemain, la maison grouille de monde. Toute la maison, est en train d’être équipée, avec les fils qui trainent çà et là, les ouvriers à l’œuvre, c’est un véritable chantier. Moi, j’ai été obligée de rester dans la chambre. Ils ne veulent prendre aucun risque quant à ma sécurité.

Franchement, je commence à étouffer dans cette atmosphère. D’ailleurs, ça me rend malade. Je n’arrive même pas à avaler quoi que ce soit depuis ce matin tellement je suis nauséeuse. Je dois manger car je me sens faible mais je n’y arrive pas.

Tata Bintou entre dans la chambre.

-Le gouter est servi !

-Eh tata Bintou, je n’ai pas envie de manger de l’alloco aujourd’hui.

-D’accord, tu veux manger quoi ? Tu es notre bébé, on te fera tout ce que tu voudras.

-Je peux avoir une soupe de légumes… Bien pimentée s’il te plait.

-Depuis quand toi tu manges le piment ?

-Depuis que j’espère que ça stoppera les nausées.

-D’accord, j’ai compris. Dit-elle en me regardant bizarrement. Mais, d’abord, avale ça en attendant l’autre plat.

Dès que je sens l’odeur du poisson frit, j’ai un haut-le-cœur. Je repousse rapidement la nourriture et lui demande de l’emporter avec elle. Je préfère rester ventre creux en attendant ma soupe.

Karim vient me voir juste après. Il se change pour aller régler quelques affaires au bureau à Abidjan.

Après son départ, je retourne dormir. C’est tout ce dont j’ai envie actuellement.

 

KARIM

Des éclats de voix me parviennent du vestibule puis la porte de mon bureau s’ouvre avec fracas.

-Désolée Monsieur, j’ai essayé de l’empêcher de rentrer mais je n’ai pas pu.

-Ce n’est rien merci.

Ma secrétaire sort en refermant la porte derrière elle. Nous nous jaugeons du regard.

-Alors Mike ? Je peux vous aider ?

-Comment avez-vous pu vous mêler de ma vie de cette manière ? Vous êtes malade ?

-C’est à vous que je dois poser cette question pour avoir frappé MA femme !

-Vous n’aviez pas le droit.

-Ce n’est pas moi qui vous ai demandé de mener une vie double, officier.

-Vous ne savez pas dans quel pétrin vous m’avez mis !

-J’espère qu’il est grand car c’est tout ce que vous méritez.

-Vous allez me le payer.

Il sort de la pièce avec bruit, aussi vite qu’il est apparu.

Oui, il a de sérieux problèmes. Mais s’il n’avait pas été aussi idiot, jamais je n’aurai mis son secret au grand jour. Il doit être en train de se démener comme un beau diable pour s’en sortir et c’est tout à mon plaisir.

Le fait est que l’officier a deux familles ! Oui, oui, deux. Il est marié à deux femmes et a des enfants avec chacune d’elle. Je dois reconnaitre qu’il est fort car il arrive à gérer ses deux familles sans que l’une ne soit au parfum de l’existence de l’autre. Et, ses maitresses, on ne les compte plus. Quand le détective me l’a dit, j’ai été à la fois surpris et heureux. J’avais promis d’utiliser cette information le moment venu, et je l’ai fait. Actuellement, chacune des femmes sait que l’autre existe. Ça va l’occuper un bon moment, cet imbécile. Ma vengeance, je l’ai !

 

SAFI

Tata Bintou m’apporte mon plat sur un plateau avec un sachet de pharmacie. Je la remercie intérieurement d’avoir pensé à des médicaments. Mes sourcils se froncent lorsque je vois le contenu : des tests de grossesse.

-Mais tata Bintou ? C’est pourquoi ?

-Des tests de grossesse. Même si je pense que c’est inutile puisque ça se voit à des kilomètres que tu es enceinte.

-Non, je ne peux pas être enceinte.

-Ma chérie, tu passes tes nuits avec un homme et même si vous vous protégez, ce qui est fort peu probable, il y a des conséquences.

-J’ai eu mes règles ce mois et je suis réglée comme une horloge.

-Ça ne veut rien dire, ça arrive que des femmes enceintes aient leurs règles.

-Mais…

-Arrête de discuter et fais-les ! De toute façon, ça ne coute rien.

Se pourrait-il  que je sois enceinte ? Une horde de sentiments m’envahissent à la seule idée de porter l’enfant de Karim.

Je prends les trois tests de grossesse et me rend à la salle de bain.

L’attente est angoissante. Je stresse à l’idée de voir le résultat. J’ai envie de porter son enfant mais est-ce le bon moment avec tout ce qui nous pèse ?

Tata Bintou récupère les tests, le temps écoulé. Elle me présente le premier test. Mon cœur bat à rompre lorsque je vois le résultat : négatif ! Il est négatif ! Je ravale les larmes que je sens monter ; je suis trop déçue. Elle me tend ensuite le deux autres tests. A quoi ça sert encore de les regarder ? Par respect pour elle, j’abandonne l’idée de les jeter contre le mur. J’y jette un coup d’œil rapide. Ils sont positifs !

C’est quoi cette histoire ?

 

 

MON AVOCAT, MON PROT...