Chapitre XV
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre XV
Encore dans le brouillard, j’ouvre la porte de ma chambre, en me frottant les yeux, ma serviette posée sur mon épaule. Contrairement à Emeraude qui se plaignait hier de devoir utiliser une douche extérieure, j’ai vite adhéré à l’idée. Principalement à cause des souvenirs d’enfance qu’elle a fait remonter.
« —Dylan ! Attends un peu avant d’y aller. m’arrête Jesse que je n’avais pas remarqué plus tôt. »
Je retire ma main de mon visage et arque un sourcil en signe d’interrogation. Il s’avance vers moi, et m’explique à mi-voix qu’Emeraude et Tiya sont en pleine discussion puis me relate rapidement ce que je semble avoir raté ce matin.
« —Mais pourquoi tu ne l’as pas laissé partir ? Sérieusement elle commence à me gonfler avec ses caprices et je crois non je suis certain que la seule chose à faire et de totalement l’ignorer. C’est ce que je fais depuis un moment et je m’en porte pas plus mal.
—Non, ce n’est pas la solution. Sur ce coup-là je ne vais pas te suivre. il dit en remuant la tête un petit sourire en quoi. D’après Emeraude, derrière la chieuse que tu côtoies chaque jour se cache une très belle personne qui assurément te plairait et plairait même à tout le monde. J’ai envie de connaitre cette personne et je m’en donne les moyens.
—C’est des conneries. je dis en reprenant ma marche. »
Ça fait un peu plus de sept mois que je vis avec Tiya et entends Emeraude venter les innombrables qualités humaines de « Tiya » sa sœur ! Sauf que moi, ces qualités, je ne les ai jamais vues, au point de croire qu’elles sont propres à une Tiya tout droit sortie de son imaginaire, une espèce de chimère créée par son subconscient.
Quoi qu’il en soit, moi, j’ai jeté l’éponge, je ne veux même plus essayer de trouver l’introuvable. Qu’elle garde son caractère de merde et qu’elle poursuive ses conneries, de son côté loin, très loin de moi parce que ce weekend j’ai prévu de ne rien faire et me reposer.
Ces derniers mois, j’ai beaucoup trop accumulé et il était tant pour moi de prendre quelques jours pour ne serait-ce que me prémunir d’un burn-out. C’est vrai qu’un réveil à 8h pour une personne qui se dit au repos n’est pas très crédible, mais en réalité c’est plus intelligent que ça. Ça permet de mieux profiter de la journée. En me réveillant tôt, je peux aisément voir le temps passer assis sur un des transats de l’arrière-cour ou dans le canapé, à glander, une bière à la main. Et puis je pense que c’est exactement ce que je vais faire, je me dis en sortant de la maison.
Je passe devant la voiture sans y accorder plus d’attention que d’habitude et rejoins la douche.
Une demi-heure plus tard, je prends mon petit déjeuner avec Jesse en l’écoutant distraitement me parler de son programme pour la journée.
« —Elles vont aimer, et toi aussi j’en suis certain.
—….humm
—….T’as vraiment l’air d’un déterré, il était temps que tu prennes quelques jours pour toi.
—Ouais je sais. Puis pour être honnête avec toi, j’avais plus trop le choix ; Betty m’aurait interdit l’accès à mon bureau. je lance en riant.
—Merci à elle. Rappelle-moi de lui offre un diner, et de la remercier de veiller sur toi. C’est pas Koffi qui le ferait.
—Arrête Jesse, tu sais que papa est un passionné qui veut juste assurer la vie de sa famille. On peut lui reprocher bien des choses mais pas son dévouement pour sa famille. Il bosse autant que moi, et puis faut pas oublier que cette boîte, elle sera à nous plus tard.»
Sa mâchoire se crispe au fur et a mesure que j’évoque le nom de mon père et son implication dans l’entreprise. Sans surprise, j’obtiens la réaction que j’ai toujours obtenue jusque-là, depuis qu’ils sont en froid. Je me rappelle que quelques moins au paravent, je voulais réunir notre famille, recoller les morceaux, panser les blessures mais c’est resté un souhait, une volonté. Ça ne peut vraiment plus continuer comme ça, et je vais sérieusement faire en sorte que ça change.
« —Son dévouement pour quoi ? Il le fait pour lui, et rien de plus ! Ça l’arrange de passer pour l’homme qui s’occupe de sa famille mais dans le fond, il s’en fiche. Je suis persuadé que s’il le pouvait, il serait capable de se faire enterrer avec sa boîte pour nous rappeler à tous que c'est la sienne.
—…. Tu penses que cette histoire va finir un jour ? je demande après un moment de silence.
—Tu penses qu’il peut changer?! Il rétorque du tac au tac. »
A cet instant, je prends conscience que je n’avais pas correctement évalué la situation. Je savais que Jesse en voulait à notre père de ne pas l’accepter comme il était, mais je n’avais pas remarqué qu’il en voulait également à notre père d’être ce qu’il est. Je ne sais pas comment je suis passé à côté de ça. Pourtant je suis assez réceptif aux détails… Mais encore une fois je vais faire en sorte de changer ça.
J’en suis là dans ma réflexion quand Emeraude fait son entrée dans la cuisine, la mine défaite. Ce qui dit tout et résume son entretien avec Tiya.
« —Alors? demande Jesse comme si ce n’était pas assez évident.
—Elle a décidé de partir. elle soupire avant de baisser les yeux. »
Quand on rencontre Emeraude pour la première fois, on perçoit que sa bonté à travers son sourire, on se dit que c’est le genre d’amie que l’on souhaite avoir. Et plus on la côtoie et plus on se rend compte que la première impression était la bonne. C’est le genre d’amie dévouée qu’on ne néglige pas et que ne devrait pas acceptée d’être négligée encore moins par des personnes comme Tiya.
« —Je comprends pas pourquoi tu te laisses autant affecter. je dis, lassé par ses soupirs et son air attristé. Elle s’en fout complètement de toi et de tout ce qu’il l’entoure. Tu te donnes trop de mal pour une personne qui ne mérite même pas les trois quarts des efforts que tu fais pour elle.
—Alors toi tu vas fermer dans grande gueule de merde et redescendre quand tu parles de moi ! Okay ! Y’a personne qui a demandé ton commentaire alors tu la fermes ! Hurle Tiya sur le seuil de la porte, avant de disparaître comme elle est venue. »
Un lourd silence s’installe et je m’interroge sur le but de cette rêverie. Parce que ça ne peut pas être autre chose qu’une rêverie. C’est la seule chose qui justifierait qu’elle vienne d’autant me manquer de respect et que je suis toujours assis sur ma chaise….
« —Non, Dylan laisse couler, rassis-toi Dylan !»
…Ou pas.
Plus rapide qu’eux je suis déjà à l’entrée de la cuisine et rejoins en trois enjambées si ce n’est moins, la chambre de Tiya.
Il y a deux choses que je ne supporte pas: l’ingratitude et le manque de respect. Le premier, j’ai fini par faire l’impasse dessus parce qu’on vit dans un monde rempli d’ingrats et parce qu’on trouve la plus forte concentration d’ingrats ici même en Afrique. C'est même le propre de l’africain, mais j’ai fini par m’y faire en tentant au maximum de ne pas en être victime. Par contre, je suis moins laxiste en ce qui concerne le respect. Pour moi, c'est le minimum que je demande et que j’estime être en droit d’attendre de toute personne que je côtoie.
Nombreux sont les comportements de Tiya qui étaient pour moi assimilable à un manque de respect, mais j’ai laissé couler. Parce que je m’étais tout sur le dos de cette histoire de mariage, parce que je pensais qu’elle avait le droit d’exprimer sa frustration de la façon dont elle le voulait, même si ça me dérangeait, et surtout que j’étais persuadé qu’il lui fallait du temps. Du temps pour revenir à de meilleurs sentiments et se comporter comme une personne raisonnable. Mais c’était une erreur, j’aurais dû me montrer ferme dès le début. C’était une grosse erreur de ma part que je vais rectifier sur le champ.
« —Dylan ! »
J’entre dans la chambre de Tiya qui est en train de balancer avec rage ses affaires dans son sac de voyage, faisant mine de ne pas me voir. Je referme la porte à clé derrière moi et lui demande calmement de me répéter ce qu’elle vient de dire.
« —Dylan ! Arrête! Ouvre la porte ! Crie Jesse à travers la porte. »
Je franchis la distance qui me sépare d’elle et lui demande encore une fois de répéter.
Elle lève le menton et garde les yeux rivés dans les miens sans ciller en signant de défiance. Je m’approche encore d’elle réduisant considérablement l’écart qu’il y a entre nous et elle finit par reculer et baisser les yeux.
« —Pousse-toi de mon chemin. elle lance en essayant de passer. En vain.
—Répète ce que tu viens de dire. je l’intime, la mâchoire serrée.
—Sinon quoi ? Tu vas me frapper ? Bah vas-y ! Frappe-moi ! C’est tout ce que t’attends non ! »
J’entends toujours les paroles de Jesse qui me demande de ne rien faire que je puisse regretter, de laisser tomber, de ne pas lever la main sur elle. Mais j’en suis plus là, la frapper serait une façon de lui donner raison et de l’inciter à poursuivre sur sa lancée. Non, avec elle il faut les porter autrement les coups, pour être certain de la toucher….
« —Je vais pas te frapper. je lui dis calmement. J’ai pas l’intention de salir mes mains. T’en vaux vraiment pas la peine. Par contre je vais t’expliquer deux choses. La première, c’est qu’à ta place, je reverrais ma façon de me comporter. Y’a plus personne qui s’intéresse à toi. Ton père t’a mariée pour faire prospérer son entreprise et gagner plus d’argent. T’as mère a préféré rester à ses côtés plutôt que supporter la gamine qui se cache derrière le corps de femme que tu traines et tes sœurs n’ont même pas pris la peine de venir te voir une seule fois. Plus personne ne supporte la chieuse que tu es sauf Emeraude et Jesse. Mais je n’ai absolument aucun doute qu’ils feront bientôt comme tout le monde. Ils te laisseront, sauf si tu décides de réfléchir un jour avec ton cerveau. Ça c’est ce qui concerne la première explication. La seconde, elle, porte sur le fait que la prochaine fois que tu me parles comme tu viens de le faire, je ne vais pas te frapper. Non. Je vais simplement fracasser ta tête contre le mur le plus proche pour te remettre les idées en place. J’espère que tu m’as bien entendu et pris note dans un petit coin de ta tête, parce que je ne me répèterai pas, mais je n’hésiterai pas non plus à mettre en pratique ce que je viens de dire. »
Sur ces mots, je lui tourne le dos, et ouvre la porte d’entrée pour laisser passer Emeraude.
*
* *
« —T’es la meilleure et sans toi, je serai probablement mort !
—C’est ça oui, monsieur le flatteur ! En attendant, tu me dois un resto et une soirée et un jour de repos ! Tu les accumules !
—T’as raison. T’as totalement raison. Tu sais quoi ? Range tes affaires, je vais effacer mon ardoise aujourd’hui même.
—Quoi ? Mais comm…Comment ça ?
—Pose pas de questions et range tes affaires.»
Elle fronce des sourcils comme à chaque fois qu’elle ne comprend pas ce qu’il se passe puis lasse de n’obtenir aucune réponse de ma part, sort de mon bureau et obtempère.
Je fais de même de mon côté, puis la rejoins à son poste.
« —Mais enfin, tu vas m’expliquer ce qu’il se passe ?
—T’es prête ?
—Oui mais…
—Allez, on y va ! »
L’air ébahi, elle me laisse l’entrainer jusqu’à ma voiture, et lui ouvrir la portière.
« —Mais Dylan, je rigolais quand je parlais toute à l’heure.
—Pas moi. Je te dois un resto et une soirée, je vais te l’offrir.
—Roh, mais non et puis regarde comment je suis habillée. elle tente d’argumenter.
—Betty, tu es toujours bien habillée et tu le sais. »
Elle se renfrogne dans son siège et j’éclate de rire face à sa moue.
Je lui dois bien ça à Betty, ma secrétaire. Elle se tue à la tâche, veille sur moi et est un soutien indéfectible.
Le mois qui vient de se passer a été complètement dingue, c’est à peine si on ne s’est pas installer pour vivre définitivement dans la boite. L’avantage de toute ça, c’est que « Shine » V1 va enfin pouvoir voir le jour dans moins d’un an comme convenu à la base, alors qu’on avait accumulé un retard qui nous poussait à reporter sa sortir de six mois. C’est l’occasion de lui montrer ma gratitude pour toutes ces heures de travail en plus et le travail accomplit qu’elle a effectués sans rechigner.
« —Non mais je ne suis pas présentable. elle grogne alors que je me gare.
—Ah vous les femmes ! On doit vous dire combien de fois que vous êtes belles ? je lui demande en me tournant vers elle.
—…..humm. »
Après un gros soupire et des yeux levés vers le ciel, elle consent enfin à sortir de la voiture, et je m’efforce de la faire sourire jusqu’à ce qu’on arrive au restaurant.
« —Dylan ! »
Je pivote ma tête vers l’endroit d’où provient l’appel et aperçois la main levée de Jesse, attablée avec Emeraude, Tiya et une personne que je ne connais pas.
« —Je pensais que tu n’avais pas reçu mon message ! s’étonne Jesse
—Quel message ?
—Celui qui t’informait de l’anniversaire d’Em', et du diner de ce soir.
—Ah. Pas vu. Je venais diner avec Betty, la pauvre, je lui dois tellement de diners.
—Bah joignez-vous à nous ! propose Jesse. Je te dois aussi tellement de diner Betty, c’est l’occasion.
—Non ! Je ne vais pas vous déranger pendant un diner en famille. On remet ça à une prochaine fois.
—Mais non, tu fais aussi partie de la famille. lui répond Jesse en lui cédant sa place. Sans toi, il dormirait dans son bureau en oubliant de s’alimenter.
—Mais qu’est-ce que tu racontes ? J’allais peut-être dormir dans mon bureau mais pas oublier de manger !
—Tu vois, il lance après le rire général.»
Le serveur rajoute les deux chaises manquantes et je me retrouve en face de Tiya et son ami, qui ne la lâche pas du regard. Elle ne lève pas un instant les yeux vers moi et fait ce que l’on fait depuis un peu plus d’un mois : elle m’ignore, royalement et j’en fais autant. On s’ignore au point de réussir à ne pas se voir. Je ne saurais même pas dire si elle vit encore dans la maison. Je partais tôt, rentrais tard et les jours où j’étais présent, il n’y avait aucun signe d’elle, de sa présence dans la maison. J’ai pas cherché à en savoir plus. Mais maintenant qu’elle est en face de moi, avec son ami, j’arrive à recoller certaines pièces du puzzle. Ce qui m’étonne quand même, c’est le fait que Jesse soit aussi calme face à l’ami en question. Il n’a certes jamais été pour ce mariage, mais il ne permettrait pas que Tiya se ramène avec son « amant ».
« —On vient de commander les plats principaux, vous nous rejoignez ou vous commandez des entrées ? nous questionne Jesse.
—Ce sera directement un plat pour moi. je réponds en déposant la carte. Et toi Betty.
—Je vais aussi prendre un plat. »
Nous commandons nos plats et sommes servis en même temps que les autres.
J’aurais pu m’attendre à pire pour une soirée à six avec Tiya en prime, mais elle s’est déroulée mieux que je ne l’aurais espéré. Si on oublie les œillades qui en disaient long entre Tiya et son amant. C’est pas que ça m’a dérangé, non, elle fait ce qu’elle veut avec qui elle veut sa m’est égale, mais tout ce que je veux c’est qu’elle soit discrète. Nous sommes sensés être un couple « fidèle », et je préfèrerais éviter de passer pour un homme cocufié.
« —Betty, tu es où toi ? demande Jesse
—A Diata, vers les rails.
—Bah c’est sur le chemin d’Omari si je ne me trompe pas. fait remarquer Emeraude.
—Ouais c’est vrai. Nous ne sommes pas loin l’un de l’autre.
—Tu pourrais la déposer ! suggère Emeraude. Moi je rentre avec Jesse, Tiya avec Dylan, et Betty avec toi comme ça personne n’a besoin de faire de grands détours pour rentrer. On est tous gagnants ! »
A voir la tête de chacun, il n’y a qu’elle qui trouve son idée ingénieuse. J’ai passé une agréable soirée, un mois en dent de scie mais relativement calme côté prise de tête et dispute et je n’ai pas envie de mettre fin à ce calme, ce soir.
« —Je ne suis pas certain que ce soit vraiment le cas. Tente de dire Jesse. Parce que…
—Mais si ! Omari va pas aller jusqu’à OCH pour déposer Tiya, puis repartir encore vers Diata alors qu’il est à côté, et Dylan non plus ne va pas faire la même chose ! C’est illogique, il est minuit passé presqu’une heure du matin ! »
C’est peut-être illogique, mais ça aurait arrangé tout le monde, j’ai envie de lui dire, mais je m’abstiens comme le reste des personnes à table. Nous nous levons après avoir réglé l’addition et nous séparons à l’entrée du restaurant. Je glisse discrètement à l’oreille de Betty qu’elle ne doit pas venir au boulot demain parce qu’elle est en congés et ce, pour les deux prochains jours.
« —Mais j’ai du boulot Dylan !
—Tu le feras à ton retour. Pour le moment profite de ces jours pour te reposer, tu le mérites amplement.
—Okay. Merci pour cette soirée et bonne nuit.
—C’était un plaisir, et bonne nuit à toi aussi. Jesse on s’appelle ?
—Ok bro’.»
Je laisse le temps à Tiya de dire au revoir avant de marcher vers ma voiture garée à quelques pas de la boite, contrairement à Jesse et le dénommé Omari qui étaient garés pratiquement devant.
J’arrive à la voiture et la déverrouille à distance puis m’arrête quand je ne sens pas les pas de Tiya derrière moi.
« —Je suis garé juste là. je lui dis alors qu’elle est encore sur l’autre côté de la chaussée.
—…..
—Tiya, je suis…
—Je vais rentrer par mes propres moyens. elle me coupe.
—Par tes propres quoi ? Il est une heure du matin !
—….
—Tiya !»
Elle poursuit sa marche, faisant fi de mes propos, puis s’arrête pour héler des taxis.
Quand je disais que j’allais finir par me prendre la tête avec elle si je venais à rentrer avec elle. Elle et ses humeurs de merde son tellement prévisibles !
« —Il se fait tard, tu ne vas pas rentrer en taxi ! Monte dans la voiture !
—Non, c’est bon ça va aller. Merci pour la proposition. L’abandonnée de service que je suis préfère prendre un taxi.
—Et s’il t’arrive quelque chose, je vais leur dire quoi à tes parents ?
—Que j’ai encore une fois joué les égoïstes, ils comprendront. elle dit avant d’héler de nouveau un taxi»
J’en aperçois un de loin qui semble l’avoir remarqué. Je l’entends négocier le prix de la course et au moment où elle s’apprête à monter, je l’installe sur mon épaule et la transporte jusqu’à la voiture avant de la faire asseoir dans habitacle et verrouiller les portières le temps de faire le tour et de prendre place côté conducteur.
C’est une rafale de gifles et de violents coups qui m’accueille quand j’assieds. Je lève mes mains pour parer ses coups, mais elle est vive, rapide et les places un peu partout, si bien qu’elle réussit à m’asséner plusieurs gifles aux visages.
« —Tiya !je tonne en lui agrippant fermement les mains. »
Je vais finir par la frapper, je vais sérieusement finir par la frapper !
Dieu m’est témoin que jusqu’ici j’ai pris sur moi, je l’ai laissé faire, puis me suis éloigné sans jamais répondre, en lui trouvant toujours des excuses. Puis j’ai tenté de répondre mais seulement avec les mots, espérant que ça allait marcher mais, là….là…. Si je ne réponds plus de moi, ce sera parce qu’elle aura réussi à me faire atteindre un niveau que je me pensais incapable de passer !
« —Tu refais ça encore une fois et …
—Et quoi ? Tu me FRACASSES la tête contre le mur le plus proche ? tchrrrrr ? Imbécile ! »
Je pose mes mains sur le volant et le serre aussi fort que je le peux, pour ne pas être tenté d’en finir avec elle.
Arrivée à la maison, je décide qu’il est temps d’inverser la tendance, de lui montrer que si elle pense être la reine de l’emmerdement, je peux être le roi.
A partir de ce soir, les choses vont changer.