CHAPITRE XVI : Norma, une nouvelle chance ?

Ecrit par dotou

Ce samedi soir, comme à l’accoutumée, Dean se trouvait avec Norma Chadey, une femme avec laquelle il sortait depuis bientôt six mois. Depuis sa rupture avec Andréa, elle était la seule femme qui ait pu retenir son attention plus de trois mois.

Directrice commerciale à Douvo.Com, une grande société de communication de la place, la jeune femme irradiait de beauté. Fine et d’une élégance racée héritée de sa mère peule, elle avait dès leur première rencontre séduit Dean. Mais ce qui l’attirait le plus était sa personnalité. Il avait tout de suite deviné en elle, un caractère ferme que rehaussait une féminité qui ne manquait pas d’éclater à la moindre occasion.

A son arrivée dans l’appartement où vivait la jeune dame, une bonne odeur l’allécha. Ce soir, la jeune femme s’était en effet surpassée et lui avait concocté un succulent repas. Elle avait aussi disposé leurs deux couverts avec art dans la salle à manger. Ils passèrent une soirée très agréable et Dean constata que Norma forçait un peu sur le vin. Il lui fit la remarque mais la jeune femme riposta câline :

- Si je me saoule, tu seras là pour me ramener dans ma chambre, n’est-ce pas ?

Face à la proposition à peine voilée de Norma, Dean éclata de rires ; il avait toujours apprécié son franc-parler. Ce soir-là, malgré le fait qu’il ait prévu rentrer chez lui après le dîner, il passa la nuit auprès de sa compagne.

L’aube pointait déjà lorsqu’il sentit Norma s’agiter à ses côtés. Au début, il n’y prêta pas attention, mais bientôt il perçut un gémissement de douleur. Il se tourna vers elle. La jeune femme était en sueur et avait les traits tirés. Sur le coup, il mit cela sur le compte de la torride nuit qu’ils venaient de passer, mais le long frisson qui parcourut Norma le détrompa. Soucieux, il lui effleura le front et remarqua qu’il était très brûlant.

- Norma, réveille-toi, fit Dean en la secouant.

Péniblement, la jeune femme souleva les paupières et marmonna :

- J’ai un affreux mal de tête.

- Avec tout le vin que tu as ingurgité hier soir, je n’en suis pas étonné. Tu fais une gueule de bois.

- Ma tête est lourde et j’ai une forte envie de vomir.

- Tu devrais prendre un calmant ; en possèdes-tu ?

- Oui, dans la boîte à pharmacie qui se trouve à la douche.

- Je vais alors t’en chercher. Ne bouge pas.

- Je n’en ai pas l’intention.

Dean revint quelques minutes plus tard avec un verre d’eau dans lequel fondait un effervescent.

- Bois, lui intima-t-il.

- S’il te plaît, peux-tu me passer ma plaquette de pilules qui se trouve juste derrière toi. Je le prends en même temps, ou je risque de l’oublier.

Norma avala d’un trait le contenu du verre et se recoucha, Dean à ses côtés.

- Tu dois garder le lit toute la journée.

- J’ai horreur de ça. Mon Dieu, ma tête va éclater.

- Ne me dis pas que je ne t’avais pas avertie.

- S’il te plaît, n’ajoute pas du tien, sinon je vais…

Au beau milieu de sa phrase, elle s’interrompit, le visage soudain congestionné. Promptement, Dean la releva et la conduisit à la douche où elle vomit durant de longues minutes avant de revenir se recoucher, toute essoufflée.

- ça va mieux ?

 - Je suis un peu soulagée.

- Repose-toi. As-tu envie de manger quelque chose ?

- Rien que d’y penser, la nausée me reprend.

- Alors ferme les yeux et essaie de dormir.

- Tu es un ange.

- Toi en ce moment tu ressembles à la sorcière des contes de fées.

- Merci de me le confirmer, je le craignais aussi.

Le soir tombait déjà lorsque Dean quitta la jeune femme dont l’état s’était considérablement amélioré.

Quelques temps après cette mémorable soirée, ils devaient aller à un dîner organisé chez l’un des plus puissants hommes d’affaires du pays. Il était venu la chercher, mais l’état dans lequel il la trouva l’inquiétait considérablement. Il ne lui avait vu cette mine abattue et fiévreuse que le soir où elle s’était saoulée.

- Veux-tu que j’appelle un médecin ?

- Non, c’est sans doute une indigestion.

- Cela t’arrive souvent ?

- Non, à moins que je ne m’en souvienne pas.

- Que ressens-tu au juste ?

- J’ai la nausée, je me sens épuisée et j’ai l’impression de m’évanouir à chaque instant.

- Es-tu sûre que ce soit la première fois ? Tu t’en es plainte il y a quelques jours.

- Je ne savais pas que tu avais changé de profession.

- Je suis sérieux Norma. Réfléchis.

- Enfin, je me sens lourde depuis quelques jours et ce n’est rien en comparaison de ce que je vis maintenant.

- Tu es toujours sous pilule, n’est-ce pas ?

- Bien sûr que je suis sous pilule. Je ne suis pas folle, Dean. Mais où veux-tu en venir avec toutes ces questions ?

- A voir tous ces symptômes tu es peut-être enceinte, observa Dean l’air sérieux.

- C’est impossible, je ne rate jamais ma pilule. Tu devrais le savoir.

- Tu as la preuve qu’il est impossible que tu sois enceinte ?

- Non pas encore, mais j’ai toujours eu un cycle irrégulier. Je ne l’ai pas caché.

- Je t’emmène chez mon médecin.

- Fais comme tu veux Dean, mais je suis sûre que tu te trompes. Je prends régulièrement la pilule et il n’y a aucune raison pour que je sois enceinte.

- Il vaut mieux qu’on soit fixés.

Il appela aussitôt le médecin et le rendez-vous fut pris pour une demi-heure plus tard. Alors qu’ils se rendaient à la clinique, le visage de Dean laissait entrevoir un brin d’anxiété. Il savait que son intuition ne le trompait presque jamais et était certain que Norma était enceinte.

Ce fut la secrétaire qui les introduisit auprès du Docteur Houssou après qu’il eut payé les frais de consultation. Après les salutations d’usage, Nora décrivit les malaises qu’elle ressentait.

- Je vais vous consulter Madame. Excusez-nous Monsieur, on va passer dans la salle à côté.

Norma réapparut quelques instants plus tard, la mine presque défaite.

- Alors ? Questionna Dean le visage tendu.

- Il se pourrait que ce soit une grossesse, mais il a prélevé mon urine pour en être sûr.

Dean, un instant, posa sa tête sur le dossier de son siège, le cerveau soudain liquéfié.

- Dis quelque chose ! Supplia sa compagne.

- Ne t’affole pas Norma. Attendons le résultat du test.

- Et si cela était positif ?

- On en discutera plus tard.

Le médecin apparut quelques minutes plus tard, muni des résultats. Son air radieux leur donna l’issu du test même avant qu’il ne prenne la parole.

- C’est positif, n’est-ce pas ? S’écria Norma.

- Oui, félicitations ! Dit le médecin au couple que formaient Dean et Norma.

Dean murmura un vague remerciement et parvint à serrer la main du médecin avant de guider une Norma paralysée vers le véhicule.

Les doigts figés sur le volant, Dean s’absorba dans le silence. Norma à ses côtés attendait une réaction qui tardait à venir.

- Dean, je ne l’ai pas fait exprès.

- Je le sais Norma.

- Je n’arrive vraiment pas à m’expliquer comment cela a pu arriver. Je prends régulièrement ma pilule et je t’assure que je n’en ai pas raté une seule.

Brusquement, une idée naquit dans l’esprit de l’homme qui s’exclama :

- Tu ne l’as sûrement pas oubliée, mais tu l’as peut être rejetée.

- Et comment ? Par les narines ?

- Le sarcasme ne te va pas ma chérie. Te souviens-tu de ta gueule de bois ?

- C’est un souvenir qui restera longtemps dans ma mémoire, mais je ne vois vraiment pas le rapport.

- Mais si, tu as vomi le matin-là juste après avoir avalé l’effervescent que tu as pris avec ta pilule. Te rappelles-tu ?

- Mon Dieu ! Je n’y avais pas pensé. Il y a un mois et demi de cela.

- Le médecin a affirmé que tu es enceinte d’un peu plus de cinq semaines. Il ne te reste plus qu’à tirer les conclusions qui s’imposent.

A nouveau, le silence s’installa entre les deux occupants du véhicule jusqu’au domicile de Norma. Tous deux à présent installés chacun dans un fauteuil se faisaient face.

- Qu’est-ce que tu comptes faire Norma ? Pour le bébé bien sûr !

- Je te retourne plutôt la question. Un enfant n’était pas prévu dans notre relation et tu ne m’as jamais dit que tu en désirais. Moi aussi je suis très surprise. Je ne m’y attendais pas.

- J’ai bien envie d’avoir cet enfant, avoua Dean après une profonde inspiration. Et toi ?

- La nouvelle me tombe dessus et je me sens toute déboussolée. Mais je dois t’avouer que je le désire aussi. Mais je ne voudrais pas te forcer la main.

- J’ai trente sept ans Norma, une fortune sans modestie considérable, un enfant ne serait alors pour moi que le bienvenu.

- Tu as raison. Je pense aussi à la même chose. C’est peut-être ma seule chance d’avoir un enfant. A trente cinq ans on ne tombe plus enceinte comme à vingt ans. J’ai si longtemps privilégié ma carrière que j’ai oublié certains aspects de l’existence. Il m’arrive de temps en temps de penser aux enfants, surtout quand je vois mes amies avec les leurs, mais je me dis que je ne suis peut-être pas faite pour être mère.

- Merci Norma, tu ne sais pas le bonheur que tu me donnes en acceptant de garder cet enfant.

- Et nous deux Dean ?

Il sut tout de suite le but de sa question et une ombre voila aussitôt son regard.

- Norma, je ne t’ai pas caché et cela dès le début que jamais je ne me remarierai. J’ai toujours été franc avec toi sur ce point.

- Moi aussi après mon divorce j’ai longtemps pensé la même chose. Mais maintenant, je crois que j’ai changé d’avis. Je t’aime Dean.

- Norma s’il te plaît ! Jamais je ne me remarierai.

- Mais tu veux de cet enfant ?

Le Droit d'aimer