CHAPITRE XX
Ecrit par Samensa
KARIM
-Tu ne veux plus m’épouser ?
-Quoi ? Mais que …
Quoi…Pourquoi tu penses cela ?
-Tu avais dit un mois après la
naissance des jumeaux. Mais depuis, on est presqu’à 3 mois et tu ne fais rien,
tu ne dis rien, tout est en standby.
-Safi, s’il te plait, ne pense
jamais plus cela. Je t’aime tellement que j’en deviendrai fou.
-Mais alors quoi ?
crie-t-elle.
-Je veux que les enfants soient
plus grands.
-Ne te fous pas de moi Karim.
Non, ne te fous pas de moi ! Tu ne savais pas qu’ils devaient grandir
alors qu’ils étaient encore dans mon ventre ? Arrête-moi tes histoires.
Dis plutôt que tu t’es lassé de moi.
Elle se dégage de moi et sort de
la chambre en claquant la porte. Je respire un bon coup en pensant à nous.
C’est vrai que nous devrions être mariés depuis longtemps. Toutefois, avec la situation, j’ai décidé de
régler l’affaire avant toute chose. Le jour de notre mariage, rien ne devrait
nous inquiéter. La volonté de régler tous nos problèmes, je l’ai et j’y arriverai.
J’ai reçu hier un courrier
m’invitant à Lagos pour rencontrer « zeus ». C’est la raison pour
laquelle je suis si pensif depuis. Elle l’a remarqué et ne cesse de me
questionner depuis mais je suis incapable de lui dire quoi que ce soit car elle
ne voudra jamais que j’y aille. Il m’a été demandé d’y aller seul, sans ma
garde. Ils veulent me rendre vulnérable et je le sais. Je ne sais pas ce qui
m’attend là-bas mais je suis prêt à me sacrifier pour ma famille.
SAFI
Je n’ai jamais été autant
frustrée de ma vie. Mais qu’ai-je pu bien faire pour qu’il me traite de la
sorte ? J’ai fouillé mes souvenirs à la recherche de l’erreur que j’ai pu
commettre ; mais rien. Et même si j’avais fait quelque chose, pourquoi il
ne m’en parle pas ? Même tata Bintou le trouve bizarre.
D’un coup de rage, je renverse le
contenu de mon assiette dans la poubelle. Monsieur ne se donne même plus la
peine de venir diner avec moi.
En montant dans la chambre, la
lumière dans son bureau attire mon attention. Je m’y dirige donc et surprend
une conversation entre Karim et Ali.
-Soyez prêts demain à l’aube.
-D’accord Monsieur… Euh Monsieur,
excusez-moi de vous le dire mais je ne suis pas d’accord avec ce que vous
voulez faire. Vous n’aurez personne pour vous protéger dans ce pays et
n’importe quoi peut vous arriver.
-J’en suis pleinement conscient
mais c’est ma décision et je l’assume.
-Mais vous risquez de vous faire
tuer.
-Je le sais très bien.
-N’y allez pas… S’il vous plait
Monsieur.
-Je dois rencontrer
« zeus » pour mettre tout ça au clair.
-Tu dois faire quoi ? Dis-je
en faisant mon entrée.
Il se raidit en me voyant tandis
qu’Ali s’éclipse discrètement.
-Safi, montons nous coucher.
-Karim, où vas-tu demain ?
-Je … écoute laisse tomber.
-Non ! Tu m’en parles et
maintenant !
-Safi.
Il essaie de me prendre dans ses
bras mais je me dégage.
-Je ne suis pas idiote Karim.
Dis-moi clairement ce qui se passe.
Il me fait assoir et me raconte
comment il a prévu d’aller à Lagos pour rencontrer « zeus » pour
régler cette histoire. Mais il est fou ma parole !
-Et tu comptais me le dire
quand ?... Karim, c’est à toi que je m’adresse.
-Je suis désolé ma chérie.
-Non tu ne peux pas être
désolé ! Est-ce que tu te rends compte que tu vas en mission suicide en me
laissant ici avec nos enfants ? Nos enfants Karim ! Nos enfants !
Je fonds en larmes.
-Non, tu ne peux pas nous faire
ça.
-Et pourtant il le faut sinon on
ne sera jamais tranquille. Je rêve d’une vie normale pour les enfants et toi.
Une vie où tu pourras sortir sans avoir peur de te faire tuer, où Aziz et
Aliyah pourront s’épanouir.
-Si c’est sans toi, ce n’est pas
la peine !
-Rien ne m’arrivera.
-Tu me mens ! Je le vois
dans tes yeux… Karim, je veux que tu annules ce voyage ! Maintenant !
Je ne te permets pas de le faire. On trouvera une autre solution.
-Quelle autre solution ?
-On réfléchira.
Je marche jusqu’à me poster
devant lui. Lui tenant les mains et le regardant dans les yeux, je pleure de
plus belle.
-Karim, si tu m’aimes, si tu
aimes tes enfants, ne pars pas ! Je t’en supplie. Ne va pas te faire tuer.
Poussant un soupir qui se veut
résigné, il me prend dans ses bras et me pose un baiser sur le front.
-C’est bon mon amour, je suis là.
Arrête de pleurer s’il te plait.
-Promis, tu ne pars pas ?
-Je promets de faire en sorte que
vous ne manquez de rien, d’être toujours présent dans vos vies.
-Merci Karim.
Ses mains soulèvent rapidement ma
robe pour la faire passer au-dessus de ma tête.
-Arrête ! On pourrait nous
surprendre.
-Je m’en fiche pas mal. J’ai
juste envie de toi ma reine.
-J’aime être ta reine mais je
préférais plus princesse.
-Ah non, c’est Aliyah ma
princesse maintenant.
Nous pouffons de rire et il
m’embrasse. Nous faisons l’amour dans le bureau rapidement puis montons dans
notre chambre. Cette fois-ci, Karim me prend comme jamais il ne l’avait fait,
prenant son temps pour parcourir mon corps, s’excusant de m’avoir causé du
tort. C’était tellement intense ! Je mets tout cela sur le compte de la
longue abstinence. Je m’endors, épuisée et comblée.
Je suis dans un tunnel sombre. Au
fonds, je repère un point lumineux et me mets à courir pour l’atteindre. La
lumière semble d’éloigner à chacun de mes pas. Soudain, le sol devient humide
puis boueux. Je n’arrive plus à avancer. Je finis par glisser et me retrouver dans
ce qui est vraisemblablement du sang. Les cris, je n’arrive pas à les faire
sortir. En essayant de me relever, ma main tombe sur quelque chose de dur que
je soulève. Un bijou. La bague de Karim. Je me mets à pleurer à chaudes larmes.
Des ombres m’entourent.
Je me réveille en sursaut, toute
en sueur. La place près de moi est vide. Je ne m’en préoccupe pas. Ma toilette
terminée, je vais voir mes enfants dans leur chambre. Ils sont endormis et l’une
des infirmières et nounous veillent sur eux. Je descends donc me faire à manger
et trouve Bintou à la cuisine.
-Bonjour !
-Bonjour Safi. Bien dormi ?
-Oui et toi ?
-Ca va.
-Tu n’as pas vu Karim par hasard ?
-Non, pas depuis que je suis
debout.
Mon cœur me signale que quelque
chose cloche. Je cours dans toute la maison à la recherche d’Ali. Je le trouve
dans le garage.
-Où est Karim, Ali ?
-Euh Madame, calmez-vous s’il vous
plait.
-Je n’ai pas envie de me calmer !
Il est où ?
-Parti madame.
-Parti ? Comment ça, parti ?
-Il est allé au Nigeria pour
rencontrer « zeus ».
-Non, non, non… Ce n’est pas
possible. Il m’avait promis.
Je tremble tellement que dans les
secondes qui suivent, je me retrouve assise au sol. Ali me porte jusqu’à la
chambre sous le regard éberlué de tata Bintou. Mon corps, je ne le sens plus. Autour
de moi, du monde s’affaire mais c’est comme s’ils étaient dans une dimension
autre que la mienne. Je ne les entends pas. Je vois seulement leurs lèvres
bouger. Dans ma tête, c’est la confusion totale. Karim m’a abandonné. Il a
abandonné nos enfants. Mais, qu’est-ce qu’il a foutu comme merde ?
KARIM
Je me suis levé aux environs de 3
heures du matin en m’assurant qu’elle dormait à poings fermés. Ensuite, je suis
allé voir mes enfants dans leur chambre. Je les ai porté chacun dans mes bras
pendant longtemps, pour garder en tête leurs parfums, leurs visages. A mon
fils, j’ai fait promettre de protéger sa maman et à ma fille, d’être sage. A mon
tour, je leur ai promis de faire tout pour revenir.
Je suis ensuite sorti de la
maison avec mes gardes qui m’ont conduit à l’aéroport.
Mon avion a attéri à Lagos aux
environs de 8 heures du matin. Un homme
devait venir me chercher donc je me suis sagement assis dans une cafeteria pour
l’attendre. Vers 10 heures, un homme vêtu de noir m’a approché et m’a demandé
de le suivre. Mes affaires sont restées dans le restaurant à la demande de ce
dernier. Dans le parking dans lequel je l’ai suivi, j’ai été cagoulé puis jeté à
l’arrière d’une camionnette comme un vulgaire sac.
A cet instant, toutes mes pensées
vont à l’endroit de ma famille. Safi, Aliyah, Aziz.