CHAPITRE XIX
Ecrit par Samensa
KARIM
Safi est alitée depuis une
semaine. Le médecin essaie de retarder tant bien que mal l’accouchement. Avec tous
les médicaments qu’elle a pris lors de sa grossesse, les jumeaux se présentent
en bonne forme et peuvent survivre à un accouchement par voie basse. J’ai
veillé à ce que tout le matériel soit disponible à la maison pour la venue des
bébés. Aucun risque ne sera pris pour mettre leurs vies en danger dans un
hôpital.
Je regarde ma petite femme. Depuis
ce matin, la douleur se fait plus intense ; d’ici ce soir, elle sera enfin
libérée. Je suis couchée dans le lit avec elle, la tenant dans mes bras et lui caressant
doucement le bas du dos. Ça me tue de la voir souffrir même si c’est pour une
bonne cause.
-Je te déteste Karim. Dit-elle
doucement.
-Je sais bébé.
-Tu n’es qu’un putain d’idiot !
-Oui bébé.
-Putain Karim, tout ça c’est de
ta faute. Je te hais.
-Je t’aime aussi ma chérie.
J’ai envie d’éclater de rire
quand elle me fait ces scènes mais je crois que ce n’est vraiment pas une bonne
idée. Je la laisse m’insulter, me frapper, du moment où elle se sent soulagée.
Aliyah et Aziz ont vu le jour le
premier vendredi du mois d’octobre. Mon Dieu ! J’ai craqué quand j’ai vu
mes enfants. Personne ne peut décrire ce que c’est que voir un bout de soi,
deux mêmes. Mon cœur s’est gonflé de fierté quand je les ai tenus dans mes
bras, juste deux secondes. Je suis papa et je ne m’en remets toujours pas.
Ils seront gardés sous couveuse
le temps de s’assurer que tout va pour le mieux et qu’ils peuvent survivre sans
assistance.
SAFI
Karim ne badine pas avec la santé
et la sécurité des jumeaux. Deux infirmières et une garde renforcée 24h/24 pour
nous. Il n’exagère pas un petit peu ?
Non enfants, je ne me lasse pas
de les regarder. Qui aurait cru que je serai maman aujourd’hui ? Avec tout
ce que j’ai traversé, je me dis que Dieu sait toujours ce qu’il fait. Est-ce
que j’aurai rencontré cet homme merveilleux si je n’avais pas été témoin de ce
meurtre ? Est-ce que j’aurai été mère de deux merveilleux êtres ? Je
ne pense pas. Tata Bintou ne cesse de me dire : « Dieu a un plan pour
tous ».
Les cadeaux affluent depuis que j’ai
accouché, 2 mois maintenant. Aujourd’hui, je me sens d’attaque pour les ouvrir.
Je m’y attèle donc avec des cousines de Karim. J’ai reçu de belles choses :
bijoux, vêtements pour bébés, vaisselles, … Une enveloppe de couleur noire attire
mon attention surtout qu’elle n’est accompagnée d’aucun paquet. Je l’ouvre et
tombe sur un message calligraphié en lettres rose, sur papier noir.
« Félicitations pour les
jumeaux ! Vous avez fait du bon boulot. Mais attention, ils sont si
fragiles et un malheur est vite arrivé. Tic-tac, tic-tac…
Marc »
-Karim, regarde. Il prend l’enveloppe
et fronce les sourcils en lisant le message.
Il appelle Ali et certains de ses
collègues. Marchant de long en large dans la chambre, il les sermonne.
-Ce gars a réussi a fait rentrer
ça ici et aucun d’entre vous ne sait comment ! Dites-moi pourquoi je vous
paie ?
- Calme-toi s’il te plait Karim. Lui
demande-je.
-Non je ne peux pas me calmer en
sachant qu’il y a une faille dans la sécurité ! Il s’adresse ensuite aux
hommes. Savez-vous qui a déposé cette enveloppe ?... Bien sûr que non !
Bordel !
-S’il vous plait messieurs, vous
pouvez nous laisser seuls. Les filles, on va terminer plus tard avec les
cadeaux.
Quelques secondes plus tard, nous
sommes seuls, arrêtés face à face.
-Je trouve que tu t’emportes un
peu trop vite Karim. Ce n’était pas nécessaire de leur parler comme ça.
-J’ai l’impression que tu ne te rends
pas compte de la situation. S’il a pu faire entrer cette enveloppe ici alors il
peut faire entrer n’importe quoi ! Une bombe par exemple !
-Mais ce n’est pas arrivé.
-Pas encore !
-Karim tu n’arriveras à rien en
te mettant en colère. Je t’explique juste qu’il faut que tu sois calme pour
réfléchir et aborder sereinement la situation. Crier comme tu le fais ne
résoudra rien du tout.
-Je ne suis pas en colère. Je suis
seulement inquiet pour toi, pour Aliyah, pour Aziz !
-Mais rien ne nous est arrivé !
-Il faudrait que vous soyez morts
pour que je prenne les choses de manière sérieuse ? J’ai l’impression que
tu t’en fiches pas mal de ce qui peut t’arriver à toi ou aux enfants. La preuve,
tu n’as cessé de te mettre en danger depuis le début ! Et j’ai toujours
tout fait pour arranger les choses !
-Tu n’as pas le droit de me dire
ça !
-Si ! Je te dis la vérité. Je
gère la situation comme cela depuis le début et ça marche plutôt bien !
Le ton est vite monté entre nous.
Nous ne nous sommes rendus compte du fait que nous crions que lorsque tata
Bintou est entrée dans la pièce, Aziz dans ses bras.
-On vous entend jusqu’en bas. C’est
quoi le problème ? Demande-t-elle doucement, le regard dur.
Karim sort de la pièce sans
réponse en claquant la porte. Aziz se met à pleurer.
-Tiens le petit. Il a faim.
Je prends mon fils pour lui
donner sa tétée. Mon cœur s’apaise dès que je sens la pression de sa bouche sur
mon téton. Je caresse doucement ses cheveux frisés et place mon doigt dans sa
menotte qu’il serre instinctivement. Il ressemble tellement à son père. Cet idiot
qui vient de me faire monter la tension et que j’aime comme une folle. Tout bien
réfléchi, je lui dois des excuses. Karim est le chef de famille, il est de
tempérament plutôt chaud et je le sais. Je n’aurais pas dû lui parler comme ça.
-Maman va aller demander pardon à
papa et il va encore se la jouer. Dis-je en souriant à mon bébé.
KARIM
J’entre dans mon bureau toujours
en colère. Je compose rapidement un numéro puis m’assoit dans mon fauteuil.
-Allô, vieux, comment vas-tu ?
-Bien Karim et toi ?
-Bof !
-Eh toi, la dernière fois que tu
m’as dit bof, j’ai dû quitter les Etats-Unis pour la Côte d’Ivoire. Ne me fais
pas ce coup là encore.
-Et pourtant tu as été bien payé.
Je ris nerveusement. J’ai vraiment besoin de toi mon gars.
-Mais encore ?
-Tu m’as dit que tu avais des
contacts dans le cartel ouest-africain. J’ai besoin que tu exploite ce réseau
pour moi.
-Pourquoi as-tu besoin de ce
réseau ?
-Je veux rencontrer « zeus ».
Mon ami à l’autre bout du fils
devient silencieux puis éclate de rire.
-S’il te plait, soyons sérieux.
-Je suis sérieux.
-Karim, non, tu ne peux pas être
sérieux. Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu as des
tendances suicidaires ?
-Je veux régler cette histoire
avec Marc le plus rapidement possible et je pense que la meilleure option est
de passer par le père.
-Tu seras mort avant d’avoir dit « a ».
Tu veux que tes enfants soient orphelins si tôt ?
-Je te demande un service. Et je
sais ce que je fais. Ne t’inquiète pas pour moi. Aide-moi juste à atteindre mon
objectif et gérer le reste.
-Tu es mon ami. Je ne peux pas te
laisser faire des bêtises.
-Aujourd’hui, Marc a envoyé un
message à Safi. Je ne peux pas rester les bras croisés et attendre que quelque
chose nous tombe dessus. S’il te plait… fais le pour moi.
-D’accord. Dit-il dans un soupir.
Je te ferai signe d’ici peu.
-Merci !
-Je t’en prie.
Je raccroche et vais me coucher
dans le canapé de mon bureau. Monter et m’engueuler encore avec Safi, je n’en
ai pas besoin.
Un baiser sur mes lèvres me réveille.
J’ai Safi dans mon champ de vision quand j’ouvre les yeux.
-Tu ne montes pas te coucher ?
Il est déjà 22 heures.
-Monte, je te rejoins.
-Karim, arrête de faire ça… Je
sais que tu es en colère.
-J’ai des raisons de l’être ?
-Je m’excuse de la manière dont
je t’ai parlé ce matin. J’aurais pas dû… Cesse de faire cette tête et suis-moi.
Tu vas te faire mal à force de vouloir coûte que coûte dormir dans ce canapé.
-Il est très confortable.
Elle me surprend en m’embrassant fougueusement.
Je réponds immédiatement en passant ma main dans ses cheveux. Je la fais assoir
à califourchon sur moi pour ôter le grand t-shirt qu’elle porte.
-Non non… Tu ne m’auras pas !
Abstinence mon chéri. Dit-elle en riant.
Je pousse un soupir frustré en
descendant mes mains sur ses hanches.
-Karim je t’aime tellement.
-Je t’aime aussi ma reine.
Ses mains descendent jusqu’à ma
ceinture qu’elle déboucle en souriant. Elle se met à genoux entre mes jambes et
sort mon membre de mon pantalon.
-Safi ? Où es-tu ? Le
petit pleure !
La voix lointaine de tata Bintou
nous interpelle nous stoppant dans notre moment d’intimité.
-Et merde ! Grogne-je.
-Désolée mais il est prioritaire.
Je t’attends en haut.
Elle sort du bureau en se
moquant. Quant à moi, je regarde exaspéré mon sexe déjà au garde à vous.
Un mois plus tard
MARC
Je suis à Lagos depuis deux jours
maintenant pour voir mon père. Il a demandé à me voir depuis une semaine. Mon petit
doigt me dit que ce n’est pas pour des réjouissances. Je tapote nerveusement la
table de la table de conférence à laquelle je suis assis avec mes hommes.
Mon père fait son entrée avec ses
hommes.
-Papa. Je me lève pour l’accueillir.
-Assieds-toi.
Nous sommes tous assis.
-Qu’est-ce que tu as foutu comme
merde en Côte d’Ivoire ?
-Comment ?
-Tu ne comprends plus le Français ?
-Papa, rien que je ne pourrai
gérer.
-Ah bon ? Et pourquoi j’apprends
qu’un homme cherche à me voir à cause de toi ?
-Un homme ?
Un de ses hommes pousse vers moi
un dossier et je reconnais la tête de l’avocat.
-Papa, je gère.
-Non tu ne gères rien ! Sinon
je n’aurai pas entendu parler de cet homme. Il parait que ça concerne le
meurtre de notre partenaire en Côte d’Ivoire.
-Oui, il y a eu un témoin. La fiancée
de cet homme.
-ca date de quand ? Le
meurtre ?
-Environ un an.
-Espèce d’imbécile ! Tu
faisais quoi depuis ce temps-là ? Tu n’as même pas été capable d’éliminer
tout ce petit monde ! A quoi tu sers donc ?
-Papa, j’y travaille.
-Tu as foutu la merde Marc. Jusqu’à
m’impliquer dans cette histoire. Désormais, je ne veux plus que tu t’en
charges.
-Pourquoi ?
-Parce que ça me concerne aussi
imbécile. Je me charge de régler cette histoire, incapable !