Chapitre XX
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre XX
« —Hey… »
Je lève les yeux de mon téléphone pour le voir entrer dans la chambre l’air las, le visage tiré. Je finis de rédiger mon message avant de me tourner vers lui.
« —Il s’est calmé ?
—Ouais. il me répond en s’asseyant vers le bas du lit. Il t’a envoyé un message, tu l’as reçu ?
—Ouais mais je m’en fous un peu. C’est Emeraude qu’il a frappé, pas moi.
—Il ne l’a pas fait exprès. il rétorque sur la défensive.
—Ça n’enlève pas le fait qu’il l’ait frappé !
—Ce n’est pas elle qu’il cherchait à frapper mais Héritier, et tu le sais. Il a beaucoup encaissé et Héritier n’a pas vraiment calmé les choses. »
Ça m’est complètement égal, je me retiens de lui dire. Que les coups soient destinés à Héritier ou une tout autre personne, ils n’avaient pas lieu d’être. Selon moi, il arrive un âge où les hommes doivent apprendre à régler leur problème avec d’autres choses que la violence physique. Ça n’a jamais rien résolu, ni aujourd’hui ni demain et il serait temps de le comprendre.
« —Il n’avait pas à le frapper ! Qu’importe les propos tenus par Héritier.
—C’est plus facile à dire qu’à faire. T’as entendu comme nous tous ce qu’il lui a balancé.
—Oui ! Et je maintiens ! Il n’avait pas à le frapper !
—On va pas être d’accord sur ce sujet. il souffle en retirant sa veste. Laissons tomber.
—C’est ça. je réponds excédée en me levant du lit. Sinon pour ton information, Emeraude va bien elle a juste la partie gauche du visage tuméfié et une molaire en moins. »
Alors que je passe près de lui pour descendre du lit, il me retient par le bras et m’oblige à lui faire face.
« —Je n’ai pas dit qu’il avait eu raison d’agir comme il l’a fait, j’ai dit qu’Héritier l’avait cherché. Je suis désolé pour Emeraude, mais Jesse est mon frère, je le sais extrêmement mal par rapport à cette situation. Et c’est parce que je suis préoccupé par l’état dans lequel il est que j’ai oublié de prendre de nouvelles d’Emeraude. »
Sa voix est calme, le ton neutre, mais il se contient, je le sais, je commence à bien le connaitre. Il me sort le coup du dialogue à chaque fois qu’il souhaite amorcer le conflit qu'il sent arriver. Et parce que je ne veux pas non plus me prendre la tête avec lui ce soir, je redescends d’un cran voire deux.
« —Okay. je lance sèchement. Tu peux maintenant lâcher ma main ?
—Non, on ne va pas finir la soirée comme ça. il marmonne en me prenant par la taille.
—Si tu penses sincèrement que je vais t’écarter mes jambes ce soir, tu te mets sérieusement le doigt dans l’œil. »
Nous nous regardons en chien de faïence, puis il soupire avant de me chuchoter à l’oreille :
« —Tu vas les écarter toute seule et me supplier pour te pénétrer. »
*
* *
La tête reposée sur ses cuisses, je me laisse bercer par le silence qui a remplacé le bruit de nos ébats, tout en comptant le nombre de cercles qu’il dessine sur le creux de mes reins. Il en est à 68. Le nombre aurait pu être plus élevé, mais à mesure que le temps passe, ses cercles deviennent plus grands et prennent plus de temps à être dessiner. Il laisse ses mains trainer…
On dit qu’il faut trente jours pour qu’un acte répété devienne une habitude. Il m’en a fallu beaucoup moins pour m’habituer à ses cercles tracés sur mon corps après qu'il m'est fait l'amour. Tout comme il m’a fallu moins de temps pour m’habituer à sa présence à mes côtés la nuit. Je ne comprends pas pourquoi et comment j’en suis arrivée à m’attacher autant à lui. J’ai eu des relations plus longues, ou je m’investissais beaucoup plus mais je n’étais pas aussi dépendante. Je me demande comment il a bien pu réussir ce tour de main. C’en est effrayant. Encore plus quand une petite voix vient me rappeler que ce mariage n’est pas fait pour durer et que tôt ou tard, tout finira par s’arrêter…
« —Tu ne dors toujours pas ? »
Je tourne ma tête pour lui faire face et la secoue négativement.
Sa main droite continue de dessiner de petites arabesques, tandis que ça main gauche vient ébouriffer ma masse de cheveu laissé libre de toute coiffure.
« —Arrête de faire ça, sinon je ne te donne pas ton cadeau!
—Mon cadeau ? »
Je me lève promptement du lit, attrape un élastique sur la table de chevet pour nouer mes cheveux dans un chignon haut avant de me rendre dans la salle de bains. Je profite du moment pour faire un brin de toilette avant de tirer le deuxième tiroir, celui où je mets mes trousses de maquillage, et en sors une pile de feuilles que je cache derrière moi en retournant dans la chambre.
« —Qu’est-ce que tu caches ?
—Tu te souviens de ce que tu m’as dit à propos de ton projet « Shine » ? je lui rappelle en allant m’installer à califourchon sur lui.
—Ouais…
—Tu te souviens également que je t’ai donné quelques conseils, comme prendre des vacances ?
—Oui et …
—Et bien je me suis dit que peut-être qu’une illustration venue d’ailleurs pourrait te permettre de débloquer ta boite à idée comme tu dis. Alors j’ai fait ça. »
Je lui tends la pile de feuilles représentant selon moi, son projet, tout ce qu’il signifie pour lui, vu par moi.
Plus jeune, lors d’un cours d’art plastique, j’ai eu à dessiner un paysage apaisant, en utilisant des animaux difficilement familier. Le tout devait être homogène selon la professeure. Pour une raison que j’ignore, mon esprit tortueux s’est représenté un paysage de savane avec en premier plan une girafe et un chat installé dessus. L’image me semblait tellement nette et réelle que je n’ai eu aucun mal à le dessiner. C’était bien la première fois que je m’investissais autant dans un cours d’art plastique. Mais ça a eu le mérite de me faire découvrir une passion inconnue pour le dessin. Je me suis mise à dessiner, tout et n’importe quoi, un peu partout. Le dessin était devenu mon exutoire. Plus je dessinais et mieux je me sentais. Je passais des heures à travailler mes contours et mes reliefs pour donner un peu plus de réalité à mes dessins. Mais comme toutes choses avec moi, j’ai fini par me lasser et déposer les crayons et les fusains.
Je ne les ressors que pour me détendre ou pour dessiner pour les autres, comme c’est le cas aujourd’hui.
« —J’ai choisi des rayons de soleil à cause du nom, mais également parce que cette gamme est sensée illuminer votre offre. Ce qui est à l’intérieur, ce sont des petits bourgeons qui vont éclore lorsque tu sortiras « Shine »V2, parce que tu vas le sortir n’est-ce pas ?
—…. »
Il ne m’écoute pas et passe d’un dessin à un autre dans un profond silence.
—C’est pour te donner quelques pistes et…
—Ils sont supers. Je peux les utiliser ?
—Oui, tout est à toi. Ce sont des esquisses que j’ai réalisées tout à l’heure. J’ai essayé de le faire avec plusieurs couleurs mais le jaune me semble vraiment être le meilleur. Mais c’est toi qui vois.
—Non….Non, je suis d’accord avec toi, le jaune est parfait. Il n’y a rien à reprendre, tout est là. il dit le nez toujours dans les esquisses. C’est clair et compréhensible, ça résume « Shine » ! Merci ! il lance en me regardant enfin. Je te parlerai beaucoup plus maintenant que je sais que tu m’écoutes.
—Hors de question ! je réponds en m’allongeant sur le lit.
—Je vais les montrer à mon équipe demain et on verra ce qu’elle en pense. Mais je suis certain qu’elle sera du même avis que moi. il affirme en se hissant au dessus de moi.
—C’est toi qui vois, ce sont maintenant les tiens, il faudra juste me payer pour pouvoir jouir librement de ces dessins.
—En nature ?il murmure sur mes lèvres en jouant de sa verge tendue sur mon sexe déjà prêt à le recevoir.
J’acquiesce malicieusement, et entrouvre mes lèvres avant de me faire avoir comme une bleue.
Il fait passer mes jambes sur ses épaules, les faisant reposer sur son dos, attrape fermement mes hanches puis enfonce sa tête entre mes cuisses.
« —Non Dylan, Non PAS ÇAAAAAAAAAAA ! »
Je déteste ces moments où il m’explore du bout de sa langue. Je déteste l’état dans lequel je me trouve juste après. Je quémande, je l’implore, je m’irrite pour du sexe. Le sien. Le sien en moi. Et je soupire d’aise quand il me pénètre. J’ahane avec ferveur, je me délecte de chacun de ses coups de reins, et mes cris et mes orgasmes lui montrent tout, absolument tout depuis l'état dans lequel il est réussi à me mettre. Je déteste quand il m’explore du bout de sa langue.
« —Arrête. je l’intime encore parcourue de spasmes. »
J’essaie tant bien que mal de me défaire de son emprise, mais il me tient fermement par les hanches, ce qui me stimule plus qu’autre chose, c’est douloureusement bon, et il le sait.
« —Dylan… »
Il consent à me libérer quelques secondes plus tard.
Ses yeux rieurs plongés dans les miens, il s’essuie la bouche et le menton, puis dépose un baiser sur ma joue, ma maxillaire, mon cou, ma clavicule, ma peau, mon sein, ma taille, mon nombril, mon aine. Ses baisers sont doux, tantôt aériens, tantôt profonds,tantôt secs, et tantôt humides.
Il s’agenouille sur le lit, et je place mes jambes étendues sur chacune de ses épaules.
« —Tu vas t’amuser comme ça longtemps ? je lui demande d’une voix sourde que je ne reconnais pas alors que je le sens jouer de sa verge contre ma cuisse.
—…. »
Il sourit en glissant sa verge cette fois entre mes cuisses.
« —Ce n’est pas drôle ! je souffle agacée
—Ça dépendant pour qui ?
—Dégage. je lui dis en voulant retire mes pieds. »
Il m’attrape par les chevilles, et poursuit son petit jeu…
« —J’ai plus envie de jouer.
—Moi non plus.
—…. »
Il lâche mes chevilles et se positionne entre mes jambes, il m’embrasse tendrement comme il ne l’a jamais fait auparavant. Ses mains caressent mes cuisses avec une douceur infinie et je sens une douce chaleur grandir dans mon bas ventre. Elle est différente de celles que j’ai ressenties jusqu’ici. Elle s’installe avec un sentiment apaisant et vivifiant qui s’empare rapidement de tout mon être. C’est euphorique. Je pourrais presque me contenter de ça. Ce moment. Simplement ce moment, mais je m’entends lui dire :
« —Dylan fais moi l’amour. »
*
* *
« —Allez, descends lentement… Allez, un peu plus bas, plus bas…plus bas….descends... Allez, allez, je sais que tu peux faire mieux Tiya.
—Je suis à mon maximum là ! je dis la mâchoire serrée.
—Mais non, on sait tous les deux que c’est faux. »
Oui, c’est peut-être vrai en temps normal, sauf que j’ai passé toute la nuit à écarter mes jambes et ce matin, j’en paie les frais.
« —Plus tu descendras et plus tu brûleras de calories. Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vus et te connaissant, je suis certain que tu ne t’es pas entrainé toute seule.»
J’évite de répondre à sa question, tentant de me concentrer sur l’exercice qu’il me demande d’accomplir et pour lequel je suis en train de souffrir. Je me fustige intérieurement pour ne pas avoir pensé à annuler ce cours, d’autant plus que j’ai remarqué qu’il arrivait toujours après une soirée agitée…
« —Tu descends encore une fois et tu maintiens pendant 10...9...8...7….
—J’en peux plus !
—4…3…2..1. Parfait ! Séance terminée ! Bon travail miss. »
Il me tend sa main pour que je tape dessus mais je l’ignore royalement et m’écroule au sol, pleine de sueur. Ma respiration est désordonnée, mon esprit totalement embrumé et mes muscles endolories cris à l’aide. Je me questionne sur la façon dont je vais rentrer, sachant que je n’ai plus assez d’énergie pour conduire. Je devrais appeler Emeraude !
Je tends ma main vers mon sac de sport, tire sur mes écouteurs branchés sur mon téléphone et déverrouille l’écran avant de taper le numéro d’Emeraude.
« —Humm ?
—Emo, faut que tu viennes me chercher. Je n’ai plus de force. j’halète péniblement.
—Ye té raphelle que ché che qué on ayait convehu toutes les eux. Ui là dans 5 mihutes.
—Ah oui? Bah je me félicite d’être aussi intelligente, je réponds avant de raccrocher. »
Je devrais réunir mes affaires et entreprendre d’aller attendre Emeraude vers l’entrée, mais je n’arrive à rien même pas à me retourner. Faut vraiment que j’arrête le sport de chambre et le sport en salle. Ils ne font pas bon ménage.
« —Tu vas me dire que c’est cette petite séance de sport qui t’a épuisée ? »
J’ouvre mes yeux que j’avais fermé un instant pour voir Omari penché sur moi, un sourire taquin aux lèvres.
Seigneur qu’il est beau avec sa gueule de connard! Ça faisait un bail que je ne l’avais pas vu, principalement à cause du travail. Les seules horaires auxquelles j’étais disponible lors de mon inscription, ne correspondaient pas avec les siennes. J’ai donc pris des cours avec Christopher, un de ses collègues, le tortionnaire qui vient de m’achever.
« —C’était une petite séance pour toi, et une grande pour moi. »
Il se lève, et me tends ses mains, que j’accepte avant de difficilement rejoindre l’entrée des vestiaires.
« —Je t’ai connu plus endurante. il dit adossé au mur d’entrée, en m’examinant de la tête aux pieds avec envie.
—Disons que j’ai commencé mes exercices durant la nuit… je réponds le regard espiègle.
—Oh, je vois.»
Un sourire mutin se dessine sus ses lèvres rosées, qu’il humecte exagérément le regard fixé sur moi.
J’entre, dans les vestiaires, hilare, et m’assieds du mieux que je peux, sur le premier banc que je croise. Ça fait un petit moment qu’Omari et moi jouons à ce petit jeu de séduction, il n’y a rien de bien méchant et d’ordinaire je pousse le jeu un peu plus loin mais aujourd’hui je décide de passer mon tour. Je ne me sens pas, autant physiquement que mentalement d’humeur joueuse … Pour la journée.
J’enfile un sweat léger puis me rends vers la porte d’entrée où je trouve Emeraude, le visage toujours aussi enflé voire plus que la veille.
« —Coucou toi, ça va mieux ? je lui demande en la prenant dans mes bras.
—Si on veut.
—Tu parles mieux que tout à l’heure au téléphone.
—J’avais un coton que le dentiste m’a demandé de garder une heure. elle m’explique en grimaçant.
—Aie. Alors, c’est grave ?
—En plus de la molaire en moins, j’ai une dent qui s’est fendue, et une autre qui s’est cassée sur une petite partie, mais il semble pouvoir arranger tout ça. Quoi qu’il en soit, il m’a conseillé de rompre avec l’homme qui a osé me faire ça.
—Il n’a pas fait exprès. Il m’a envoyé plusieurs messages d’excuses autant pour toi que pour moi.
—J’en ai également reçu et je sais que ce n’était pas intentionnel. »
Son regard évite consciencieusement le mien parce qu’elle sait ce que je m’apprête à lui dire, et ce n’est pas pour lui plaire…
« —Alors, la prochaine séance, on l’a planifie pour quand ? me demande Christopher qui vient d'arriver suivi d'Omari.
—Et si tu la prenais avec moi ? Histoire de changer un peu de rythme. me propose Omari. »
On sait tous les deux que cette invitation va bien au-delà de ça, et j’aurais probablement dit oui, il y a quelques temps, mais sur ce coup là, je décide de rester prudente et renonce à l’offre.
« —Mais ce n’est que partie remise. Quant à nous Christopher, je t’appelle dans la semaine. Actuellement mon cerveau n’est pas en mesure de réfléchir correctement.
—Okay. J'attends ton appel. Rentre bien, et prends une douche chaude pour détendre tes muscles.
—Je n’y manquerai pas. »
Nous quittons la salle de sport, pour nous retrouver une heure plus tard assises dans la cuisine autour d’un tas de paquets de gâteaux et de boissons sucrées.
« —Tu trouves pas que c’est un peu exagéré. me questionne Emeraude, surtout après ta séance de sport ?
—Mais non ! je réponds vivement en me servant du Fanta passion. C’est du soutien !Tu le vaux bien !
—Ouais c’est ça. »
Je bois d’une traite mon verre, savoure l’effet des bulles qui pétillent dans ma bouche avant de me servir encore une fois. Une dernière fois. J’ai tendance à agir avec excès, mais ce n’est pas vraiment de ma faute. Les torts sont partagés entre le fabriquant de ce soda et moi, pauvre victime. Je rigole intérieurement de mes conneries et m’apprête à retranscrire mes pensées à Emeraude quand je remarque son air à la fois triste et absent. Je n’ai aucun mal à deviner à quoi il est du, et finis par lui dire tout ce que je me suis retenue de lui dire jusqu’à présent.
« —Il y a quelques temps, tu m’as dit que ton choix était fait. Tu voulais retourner avec Héritier. Je te pensais sur de toi jusqu’à ce que j’aperçoive tes nombreux regards attendris, posés sur Jesse. Ça m’a semblé évident que les choses n’étaient pas aussi clair que tu le prétendais. Même si je n’ai pas apprécié sa riposte hier, je pense que par égard pour lui et surtout pour toi, tu devrais vraiment mettre les choses au clair avec lui et ainsi dissiper toute confusion.
—Mais qu’est-ce que tu racontes ! elle me répond sur la défensive. Je l’ai a peine regardé hier et on s’est déjà tout dit, il n’y a plus rien à ajouter.
—Tu peux faire croire ça à qui tu veux, mais certainement pas à moi et tu le sais. »
Elle soupire fortement comme pour reconnaitre que mes propos sont vrais, puis se frotte nerveusement le front.
« —Tout est tellement confus dans ma tête. Je pensais que me remettre avec Héritier était la meilleure décision, parce que c'est la plus logique. Je le connais parfaitement bien, c’est idem pour lui, on avait un avenir tracé, j’ai déconné en le trompant mais il m’a pardonnée alors pourquoi arrêter ? Voilà ce que je me suis dit. Mais chaque jour, je …. Je veux faire de mal à personne. elle termine au bord des larmes.
—Hey, te mets pas dans cet état. T’as le droit d’hésiter, personne ne peut t’en vouloir. C’est de ta vie qu’il s’agit après tout. Mais il faut que tu prennes ta décision une bonne fois pour tout. Mais ne la prends pas à cause de la loyauté, mais à cause de tes sentiments, ceux au dessus de la loyauté et qui ont plus de légitimité dans les affaires d’amour. Personne ne t’en voudra, vraiment personne. Et si quelqu’un parle, je lui casserai la gueule. »
Elle éclate de rire pour mon plus grand plaisir avant d’essuyer des larmes, et prendre un gâteau.
« —Merci de ne pas me juger.
—Oh tu sais, en tant que petite boro, je ne peux pas me permettre de juger.
—Ah j’oubliais ! Mais tu ne fonctionnes qu’avec un seul homme en ce moment. D’ailleurs avant-hier ça a du y aller avec la soirée Bollywood. Ça t’a plu ?
—Ouais c’était sympa ! Merci beaucoup ! Grace à toi on a passé une superbe soirée. Mais contrairement à ce que tu penses, il ne s’est rien passé. On a seulement dormi.
—Tu te fous de moi ? elle lance en faisant de gros yeux.
—Non. »
Elle me regarde de travers pendant un long moment perplexe et je la rassure en l’informant que c’est la veille que j’ai tout donné.
« —Oh ! Je comprends mieux les petits boutons autour de ta bouche.
—C’est normal, j’ai tout avalé.
—Oh Tiya ! T’es dégeu ‘!
—C’est toi qui veux jouer à ça mais qui n’assume pas par la suite. je dis mort de rire.
—Pauvre Dylan, être avec une perverse comme toi ne dois pas être évident.
—Tu plaisantes, il est encore plus vicieux que moi. Hier soir, alors qu’il était en train de me prendre en levrette, il a …
—Je veux pas savoir ! elle hurle en se bouchant les oreilles.
—Petite joueuse va.
Elle secoue sa tête, comme pour oublier ce qu’elle a entendu, puis me lance après un moment de silence.
« —Tu vas finir par me dire quand t’es tombée amoureuse ? »
C’est à mon tour de la regarder étrangement.
Amoureuse ? Moi ? Ce sont des mots antonyme. Ça ne peut pas m’arriver, je suis vaccinée contre ces conneries depuis ma plus tendre enfance.
« —Repose ton verre de jus, on dirait qu’il y a de l’alcool à l’intérieur.
—Tu veux me dire que je mens, tu n’es pas amoureuse de ton mari ?
—Arrête ça. je lui dis en me levant. On a un arrangement tacite lui et moi, on baise, on est cordiale entre nous, on baise encore et en reste cordiale. Et ça, c’est jusqu’à ce que je trouve une solution pour divorcer. D’ailleurs dès qu’on aura divorcé, j’irai voir Omari et je le laisserai me prendre dans toutes les positions jusqu’à ce que mon vagin crie au feu.
—T’es complètement stupide. elle balance avant d’éclater de rire et je la suis. »
Okay, j’irai probablement pas jusque là, d’ailleurs, le mot exact n’es pas probablement mais certainement. J’ai beau aimer ce petit jeu entre Omari et moi, il est hors de question que cela aille plus loin. C’est un ami, et il le restera quoi qu’il arrive.
« —T’as pas entendu la porter claquer ? me demande Emeraude.
—Non. je réponds en essuyant mes yeux. Ou ça doit être un courant d'air.
—Ah okay. En tout cas, j’espère qu’un jour très proche, tu le diras. Mais sache une chose, ça te va super bien d’être amoureuse, tu rayonnes. »
Je m’abstiens de lui répondre, préférant la laisser dans son monde. Si elle veut croire que je suis amoureuse, grand bien lui fasse. Mais moi je sais que je ne le suis pas.