CHAPITRE XXI : Faux-semblant

Ecrit par dotou

Finalement, Dean réussit à convaincre ses parents. Adnane qui était en congé put lui aussi les suivre. Cora qui guettait la voiture qui devait les ramener, se précipita dehors dès qu’elle apparut.
- Je suis si heureuse de vous voir tous, s’exclama Cora en embrassant son père. Oh tu m’as manqué papa !
Essuyant une larme furtive, elle serra dans ses bras Cadia que Adnane tenait par le pan de son pagne. S’abaissant, elle embrassa le garçon sur les deux joues.
- Bonjour mon grand. Moi, c’est tante Cora. Tu ne me connais pas, n’est-ce pas ? On aura tout le temps pour faire connaissance, conclut la jeune femme en se tournant vers Dean qui se tenait légèrement en retrait.
- Bonjour Cora, fit Dean en lui ouvrant les bras.
- Dean… Oh Dean ! Murmura Cora en tombant dans ses bras.
Emue, elle éclata brusquement en sanglots tandis que ce dernier la serrait de toutes ses forces.
- Trésor, il y a si longtemps !
Se libérant de son étreinte, la jeune femme effleura son visage qui semblait plus viril. L’âge n’altérait en rien sa séduction.
- On ne se rend pas compte, mais le temps passe si vite.
Quelques minutes plus tard, alors qu’ils se désaltéraient au salon, Anna apparut entraînée par Adnane dont la timidité s’était vite envolée. Elle avait l’air ensommeillé et paraissait désemparée devant tous ces visages inconnus.
- On dirait ta défunte mère en miniature, reconnut Ali.
Tout en jetant de furtifs coups d’œil à sa mère qui allaitait Liam, elle salua les nouveaux venus avant de se précipiter vers sa chambre, talonnée par Adnane qui ne la lâchait plus.
Cadia entourée de toute sa famille semblait retrouver une seconde jeunesse. Elle ne se lassait jamais de pouponner. Ali, les premiers soirs, faisait de longues parties de dames en compagnie de Dean et de Steve. Ce dernier avait pris deux semaines de repos après plusieurs années de travail acharné. Mais Cora remarqua pourtant que son père se fatiguait vite et passait de longs moments à somnoler. Il avait maintenant quatre-vingts ans et le poids des âges commençait à se faire sentir.
A deux jours de leur départ, Madame Coulibaly, l’ancienne directrice de Cora, qui était une amie de ses parents, les invita à dîner. Ce soir-là, Steve qui avait repris service était de garde. Cora se retrouva donc seule avec Dean. Les enfants endormis, ils s’installèrent tous les deux au salon où se diffusait une musique de Bach. Comme au temps de leur enfance, ils se racontèrent des anecdotes et bientôt leurs rires complices s’élevèrent dans la pièce. Au cours des années, Cora était arrivée à ne plus en vouloir à Dean. L’avoir auprès d’elle lui procurait un réel plaisir. Soudain, les pleurs d’un des jumeaux leur parvinrent.
- Excuse-moi, ce doit être Lucas. Je reviens dans quelques minutes.
- Je peux t’aider en quelque chose ?
- Non, je n’en aurais pas pour longtemps.
Il lui fallut près d’une demi-heure pour calmer ses fils car réveillé par les pleurs de son frère, Liam se mit à pleurer à son tour. Elle revint dans le living et découvrit Dean endormi. Il avait la tête posée sur le dossier et sa respiration régulière. Un instant, Cora voulut rejoindre sa chambre, mais se décida à le réveiller car dans l’inconfort de sa position, il risquait de se faire mal au cou. S’approchant, elle tenta de le réveiller, mais celui-ci toujours plongé dans le sommeil l’attira à lui. Cora tenta un instant de résister, mais céda face à la pression des mains de Dean. Vaincue, elle s’affala auprès de Dean qui prit ses lèvres qui s’ouvrirent sans hésitation. Durant de longues minutes, elle s’abandonna au plaisir de se retrouver dans ses bras. La jeune femme se rendit tout à coup compte que Dean ne bougeait plus et doucement se libéra. Devant son manque de mouvement, elle réalisa qu’il n’avait pas conscience de ce qui venait de se passer. Troublée, elle se précipita dans sa chambre où elle s’étendit sur le lit. Son cœur battait à tout rompre et le désir qui était en elle lui prouva que malgré tout ce qu’elle avait supposé, elle n’avait jamais cessé d’aimer Dean. D’une main tremblante, elle effleura d’une main ses lèvres encore empreintes du baiser et laissa échapper un gémissement. Elle avait envie de se précipiter vers lui, de le réveiller afin qu’il éteigne le désir qu’il avait allumé en elle. Mais elle s’efforça d’endiguer ses pulsions.
Le lendemain au petit-déjeuner, elle scruta plusieurs fois Dean avec appréhension. Mais l’homme se comportait avec naturel. Le soir pourtant, tandis qu’elle était en train d’apprêter le dîner, Dean qui était venu boire un verre d’eau la considéra un moment avant de déclarer d’une voix émue :
- J’ai fait un rêve cette nuit.
- Raconte, suggéra Cora sur un ton de plaisanterie tout en redoutant la réponse.
- Je t’embrassais. L’impression était si forte que j’ai pensé un instant être dans la réalité.
- Ce n’était qu’un rêve.
- Je sais, reconnut Dean en sortant.
Une fois seule, Cora se surprit à prier. Elle craignait ne pas pouvoir résister à une prochaine tentation qui ne se présenta heureusement pas jusqu’à leur départ.
Le Droit d'aimer