Chapitre XXIII
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre XXIII
« —Et puis il a mis le foufou dans la poêle. dit Betty. »
Je fronce des sourcils, pas certain d’avoir compris le rapport entre notre réunion et un foufou dans une poêle.
« —Tu ne m’écoutes pas Dylan.
—Je te prie de m’excuser. J’ai pleins de choses qui me passent par la tête. »
A commencé par la connerie que j’ai failli faire avec Tiya, mon entrevu avec Jesse hier matin, la boite et j’en passe. Y’a rien qui va, tout va à vaut l’eau et je ne contrôle plus rien.
« —Je me doute bien mais on y arrive, on est presqu’au bout de l’aventure. Encore un peu et tu pourras enfin de reposer.
—J’aime ton optimisme.
—Il comble ton pessimisme. elle lance pour me taquiner. Bon revenons à nos moutons, je te disais qu’il fallait qu’on revienne vers « Com’Congo » d’ici la fin de la semaine. Je pense qu’il vaut mieux que je les appels…
—Non, non. Ne fais rien pour le moment. Il y a la représentante « d’Eva’communication » une boite de com’qui m’a appelé pour me soumettre un projet. Je vais voir de quoi il en résulte et si ça me plaît et que ça plaît à l’équipe, on pourra renoncer à « Com’Congo ».
—Ah ! D’accord mais…Elle sort d’où ? Enfin, y’a encore une semaine, tu n’avais aucune boite en vue pour remplacer « Com’Congo » et là … Qu’est-ce qui te fait croire qu’elle aura de bonnes propositions ? Et qu’est-ce qui te fait penser que tu auras envie de soumettre ses propositions à l’équipe aussi vite? Tu as déjà vu son travail ? »
Je ris franchement sous l’avalanche de questions de Betty.
C’est pour ça que je l’aime ! Elle est aussi consciencieuse que moi dans le travail. C’est une perle bien plus efficace que trois assistantes réunies. Avec elle a mes côtés, je suis sûr de ne pas me louper.
« —Ce n’est pas amusant Dylan.
—Je sais bien. Je sais bien, mais il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Crois-moi. De toute façon, elle ne devrait pas tarder à arriver. Et on sera fixé. »
J’évite de faire part de mes liens avec Irène afin que toutes les personnes qui soient amenées à discuter avec elle, soient les plus objectives possibles. Et j’en ferai autant. Ce n’est pas parce que je la connais, que j’ai eu une relation avec qu’elle, que la collaboration entre sa boite et la mienne est acquise. Lors qu’il s’agit de Buaka entreprises, je sais faire la part des choses et m’évertue à ne jamais mélanger vie privée et vie publique. Comme pour n’importe quelle présentation, je serai pointilleux et ne laisserai rien passer.
« —Très bien. Bon, je pense qu’on a fait le tour. J’envoie les mails comme convenu, je te mets en cci pour Nades et tu verras, par toi-même ?
—Okay, on fait comme ça. Merci beaucoup Betty.
—Je t’en prie. elle me répond en se levant. »
Elle récupère ses dossiers posés sur le rebord de mon bureau, puis soupire profondément avant de se diriger vers la porte d’entrée.
« —Betty ? je la retiens alors qu’elle a la main sur la poignée.
—Oui ?
—Tu te fais beaucoup de soucis pour moi, mais toi… Ça va ?
—Oui ça va, je suis un peu fatiguée, je le reconnais.
—Tu peux prendre des jours tu le sais ?
—Non je ne peux pas. Mais rappelle-toi de ta phrase, quand je te le demanderai, il faudra pas me dire non hein !
—Tu es la seule ici qui peut me demander tout ce qu’elle veut. Je ne te dirais jamais non ! »
Elle me sourit avant de sortir de la pièce, et je passe une main sur mon visage pour effacer les traits de fatigue et cette image pas très glorieuse de moi, il y a quelques jours.
Je n’aurai pas du me laisser emporter de cette façon. Elle est provocante par nature et encore plus lorsqu’elle se sent attaquer ou lorsqu’elle veut riposter. Je le sais, je l’ai compris, et j’ai surtout compris qu’il fallait éviter de rentrer dans son jeu pour ne pas en ressortir perdant mais c’était plus fort que moi. Je n’ai rien contrôlé. La journée avait déjà été mauvaise, et l’appel de Jules pour m’informer qu’il était à une soirée où en face de lui, sur la piste de danse, se trouvait Tiya à peine vêtue en train de se trémousser m’a fait monter en pression. Et la retrouver dans les bras du fameux Omari, dans la robe qu’elle portait m’a fait atteindre un point de non-retour. Je suis devenu une bombe qui n’attendait qu’une chose, que sa mèche s’allume pour exploser. Et je me suis retrouvé en face de la spécialiste. Elle n’a eu qu’à ouvrir la bouche pour que tout parte en vrille.
Je suis allée me calmer chez Jesse, qui m’a rappelé une chose que j’avais fini par oublier « elle n’a jamais été pour ce mariage, et jamais caché son intention de tout faire pour y mettre un terme ». Et partant de là, elle n’a aucune obligation envers moi. Même pas celle de m’être fidèle. Elle n’a rien à perdre.
« —Dylan ?
—Je t’appelle sur ton poste depuis cinq minutes, madame Talansi pour la société « Eva’communication » qui est arrivée.
—Désolé, je n’ai rien entendu, fais là entrer. je lui demande en me levant. »
Je range rapidement le fouillis sur mon bureau, reboutonne le premier bouton de ma veste avant d’accueillir Irène.
« —Et bien ! Qui aurait cru que tu serais aussi classe en costume !
—Tu doutais ? je la taquine en la saluant.
—Un peu, je le reconnais. »
Je l’invite à prendre place dans un des fauteuils situés en face de moi avant de moi-même m’installer derrière mon bureau. Je m’attends à ce qu’on bavarde un peu avant de commencer, quand elle me sort ses différentes présentations et se met à m’expliquer le concept qu’elle a imaginé pour « Shine ».
Je suis impressionné parce qu’elle a réussi à faire en un laps de temps aussi court que celui dont elle a bénéficié. C’est détaillé et encore avec ce que je lui ai demandé, et les points clés que je voulais voir apparaitre y figurent de façon claire. Je remarque quelques zones d’ombres et des points qui ne m’emballent pas spécialement, mais grosso modo, j’aime ce qu’elle me présente. En quarante-cinq minutes, elle a réussi à me convaincre.
« —Bien évidemment, ce n’est qu’une ébauche et il y a plusieurs points à affiner mais tu as déjà une idée de ce qu’on peut te proposer. Je me suis beaucoup basée sur cette façon dont vous voulez révolutionner le monde de la téléphonie en Afrique, du Logo en forme de soleil. L’idée des racines m’a vraiment inspiré et suivait votre plan de com’… Et je parle beaucoup, je sais ! elle finit en riant.
—Mais c’est pour dire de bonnes choses…. Personnellement, l’idée me plait même si j’ai quelques petites suggestions à faire par rapport à deux trois points, mais je ne prends aucune décision seul. Je le fais toujours en équipe.
—D’accord.
—Je te propose donc de la rencontrer dans quelques jours, pourquoi pas lundi. Ça te laisse demain et le week-end pour te préparer. Tu leurs soumettras le projet que tu viens de défendre et si elle la valide comme moi, je signerai avec ta boite.
—Et elle la validera, j’en suis persuadée. elle affirme avec conviction.
—Il faudra prendre en compte le fait que vous aurez moi de temps pour préparer la campagne.
—J’ai bossé seule en quatre jours pour te présenter le fruit de mon travail aujourd’hui, imagine ce que mon équipe et moi pouvons faire en peu de temps. »
Je retrouve l’Irène, pleine d’assurance et de détermination que j’ai connue dans le passé. Je ne doute pas que notre collaboration, parce qu’on collaborera ensemble j’en suis persuadé, sera une réussite. Je n’aurais aucun mal à me décharger sur elle et je pourrais ainsi passer plus de temps sur les autres aspects problématiques du lancement.
« —On se voit donc lundi ? elle me dit sur le seuil de la porte.
—C’est ça.
—Je te remercie de me laisser la chance de te montrer de quoi nous sommes capable mon équipe et moi.
—C’est moi qui te remercie d’autant t’investir. »
Je la laisse devant l’entrée de mon bureau, avant d’y retourner ranger mes affaires et rejoindre mon rendez-vous de l’après-midi.
« —Alors ? me demande Betty quand je passe devant son bureau.
—C’était bon, c’était vraiment bon, mais je t’en parle demain. Je suis pas là cet après-midi donc en cas d’urgence…
—Je t’appelle sur ton téléphone, ne t’en fais pas. »
« —Donc t’étais vraiment sérieux ? s’étonne Drew en me voyant.
—Bien sûr, mais je peux toujours repartir. je fais en feignant de m’en aller.
—Mais non, mais non ! Roh ! T’es vraiment trop susceptible. La vieillesse ne te réussit pas. il lance en prenant les couloirs qui mènent aux chambres. Laisse-moi de minutes, le temps d’enfiler un short et je suis à toi.
—Rejoins-moi dans le jardin. je dis en y allant. »
C’est sans trop de peur que je vais dans le jardin, où se situe un petit terrain aménagé avec un panier de basket. On y passait beaucoup de temps avec mon père et mes frères, les dimanches après-midi, après le déjeuner dominicale. C’était l’un des seuls moments, peut-être même le seul, où on pouvait discuter avec notre père de tout et de rien, sans l’entendre parler de l’entreprise ou même de nos études. Ça nous rechargeait assez pour supporter ses absences de la semaine, ou ses sempiternels « comment ça va à l’école ? Il faut bosser dur fiston, on a un empire à bâtir ». Oui ça nous suffisait… jusqu’à ce que l’on arrive au lycée pour moi, et à l’université pour Jesse.
« —Donc on se fait un petit match. Il lance de retour, en se frottant les mains.
—C’est ça. On va jusqu’à 15 ?
—Vas jusqu’à 15 ! Je te laisse la balle pépé. »
Qu’est-ce qu’il peut être impoli celui là. Mais je vais très vite le faire taire.
Je commence à m’échauffer un peu, les bras, les poignets, les chevilles, les genoux, puis je fais quelques petites flexions et extensions pour préparer mes tirs. Tous ça sous l’œil amusé de Drew.
« —Echauffe-toi bien, faudrait pas que demain t’aies le dos bloqué.
—Moque-toi, moque-toi. Quand je vais te mettre la patté de ta vie, tu parleras plus autant. je dis en me positionnant face à lui. Check ?
—Check. »
Le match commence, et je m’amuse à dribbler la balle à la façon des nouveaux ; avec force, hésitation et rebonds incontrôlé. Ce qui fait croire à Drew qu’il peut me prendre la balle. Je feinte un autre rebond quand je le voix arriver puis fais passer la balle dans mon autre main, et pivote sur ma gauche pour l’éviter avant d’aller marquer mon premier panier.
« —1-0. j’annonce calmement en reprenant position.
—Okay, c’était le premier. Je te le laisse.
—Si tu le dis… Check ?
—Check. »
Pendant plus d’une heure, je lui montre sous le soleil rieur de Brazza, pourquoi il ne faut pas ventre la peau de l’ours avant de l’avoir tuer.
Tout luisant de sueur, il s’arrête toutes les deux minutes pour cracher ses poumons, plus habitués à jouer sous une si forte chaleur.
« —On dirait que c’est le pépé qui à gagner …. Rappelle-moi combien ?
—Ça fait longtemps… que j’ai pas joué…. sous le soleil comme ça. il argumente les mains posées sur ses genoux. Je suis claqué ! »
Je vais récupérer les deux bouteilles d’eau posées par terre par Clémence, la gouvernante, et lui en tends une qu’il prend avant de s’asseoir sur le sol.
« —Même si t’as été avantagé par le soleil, et que c’est la seule chose qui justifie que t’ai gagné, c’était cool comme moment. Je te remercie.
—J’ai gagné 15 à 7 Drew, tu peux dire tout ce que tu voudras mais le soleil n’y est pour rien. Mais je suis d’accord avec toi, c’était un bon moment. Je te le devais. D’ailleurs, je voudrais en profiter pour m’excuser. Je me suis laissé emporter par tout ce qui m’entourait et je t’ai un peu mis de côté.
—C’’est sympa de me le dire… Je sais qu’aujourd’hui tu as de grosses responsabilités au boulot, ta nouvelle vie de famille à gérer, mais je voulais pas que tu oublies que tu avais des frères et sœurs, qui ont besoin de toi aussi. il dit sur un ton plus sérieux.
—Je peux oublier de prendre de vos nouvelles pendant plusieurs jours voire des semaines, mais ça ne veut pas pour autant dire que je vous oublie. Tu peux m’appeler quand tu veux, je serai toujours là pour toi, pour Rosy, pour Lisa et même pour Jesse. je lui rappelle calmement. »
Il hoche la tête et emprunte un air plus solennel. Il fixe un point au loin et semble se poser des questions intérieures. Je sens qu’il a besoin de parler mais qu’il ne sait pas comment introduire ses questions. Je l’aide un peu en le questionnant sur la vie d’étudiant, de travailleur, et sa vie amoureuse.
Il me répond avec engouement sur les deux premières séries de questions, puis tâtonne un peu pour répondre à la troisième série, sur la vie amoureuse et je comprends que c’est de ça dont il veut me parler. Je lui pose donc des questions pour l’amener à me parler, ce qu’il fait après une dizaine de minutes.
« —Dis-moi… Quand est-ce que t’as senti que c’était le moment pour toi d’épouser Tiya ? Qu’est-ce qui t’as fait te dire qu’il était tant que tu l’épouses ? »
Je reste coi devant sa question, à laquelle je n’étais pas du tout préparé. J’ai senti que c’était le moment de l’épouser quand le mère m’a demandée si je voulais l’épouser et ce qui m’a fait me dire qu’il étant tant que je l’épouse étais l’état catastrophique de nos finances et le partenariat avantageux que nous offrait la fusion de l’entreprise de son père et de la notre. Mais ça, je ne peux pas le lui dire…
« —Euh…Pourquoi tu me poses cette question ? je demande pour tenter de gagner un peu de temps.
—Je sais pas trop. il répond évasif… Avec Cassie, ça commence à devenir un peu compliqué. Les relations longues distances, sont tellement compliquées. Elle prétend que je ne fais pas assez attention à elle, que je suis un égoïste, parce qu’elle veut aller étudier en France, tandis que moi j’ai l’intention de revenir à la fin de l’année prochaine, quand j’aurais mon diplôme. Pour elle, je ne pense qu’à moi quand j’agis comme ça. Parce que je sais qu’elle est l’ainée de sa famille et que je ne fais rien pour l’aider si ce n’est lui perdre son temps en la faisant attendre ici, avec le simple statut de petite copine. Pourtant je fais du mieux que je peux. Je me gère avec l’argent que papa m’envoie et tout ce que je gagne dans mon job d’étudiant, je le lui envoie. Mais ce n’est pas assez pour sa mère. Récemment, elle lui a dit qu’elle devait commencer à envisager le mariage et…. Et pas forcément avec moi. Je veux pas la perdre, je l’aime et je me dis que je devrais lui demander officiellement sa main… Mais à côté de ça, je me demande si je suis prêt pour. C’est pas un acte qu’on pose à la légère. Tu vois ce que je veux dire. »
Je vois parfaitement, ce qu’il veut dire, mais comme pour la première question, je ne suis pas apte à pouvoir l’aider. Je n’ai pas eu à me poser des questions sur Tiya, à savoir si c’était la bonne, si je m’imaginais vivre toute ma vie à ses côtés, je pensais réussir à supporter son caractère, sa manière d’être, de faire les choses… Non, je n’ai pas eu à me poser toutes ses questions.
« —Je vois ce que tu veux dire, mais, je sais pas quoi te répondre… Je me suis pas posé toutes ses questions. je lui avoue sincèrement.
—Tu ne t’ais pas posé toutes ses questions parce que ça allait de soi que c’était elle ? C’est ça ?
—On va dire ça, je réponds en détournant la tête. »
Je ne sais pas comment il interprète ma réaction, mais toujours est-il qu’il garde le silence pendant de longues minutes avant de se tourner de nouveau vers moi pour me poser une autre de ses questions.
« —Entre nous… C’est comment le mariage ? J’ai posé la question à maman, à papa et à plusieurs personnes mariées mais personne n’a su m’apporter une réelle réponse.
—Je ne peux pas te répondre moi non plus. je dis franchement.
—Finalement t’auras répondu à aucune de mes questions.
—Je ne peux pas te répondre parce que ma réponse ne va rien t’apporter. je lui confie en me tournant vers lui. Je vais prendre une image simple pour que tu puisses comprendre où je veux en venir. Tu te souviens du jour où on a pris la photo de famille, celle qui trone dans le couloir d’entrée?
—Ouais, je m’en souviens ! il ricane l’air de se replonger dans ses souvenirs. Papa était arrivé en retard, maman en était furax, et toutes les petits couacs qu’on a connus par la suite, n’ont fait que doubler son énervement. C’était un pur délire !
—Exact…. Mais est-ce que tu vois tout ça sur la photo ?
—….
—Quand maman Peggy est venue nous rendre visite et qu’elle a vu la photo, maman lui avait raconté les mésaventures qu’on a connues avec l’appareil du photographe et puis c’est tout. Elle ne lui a pas parlé de Rosy qui a vomi sur la robe de Lisa, toi qui avais sali ta veste, Jesse et moi qui nous étions battus. Maman Peggy ne pouvait pas deviner ce qu’il s’était passé, ça l’aurait peut-être découragée dans l’idée de faire la sienne avec son mari et ses enfants. Et de la même façon qu’elle n’a pas réellement su comment avait été prise la photo, tu ne sauras réellement pas ce qu’est le mariage, si tu ne le vis pas. Et tu verras que ce que toi tu vivras sera différent des autres. Et le mariage finalement c’est une photo de famille. Personne n’est au courant de la façon réelle dont tu le vis, et on ne t’interroge que sur ce que l’on voit, la photo, et ce que tu veux bien dire. Tu comprends ce que je veux dire ?
—Ouais… Je te remercie. »
Je me félicite d’avoir pu répondre à cette question d’autant plus que ce n’est qu’il y a quelques jours que j’ai moi-même eu la réponse à cette question. Quand Emeraude m’a appelé pour m’informer que Tiya était chez elle pour un petit moment. Elle m’a ensuite demandé ce qu’il s’était passé entre Tiya et moi, et j’avais été surpris d’apprendre qu’elle ne lui avait rien dit. « C’est une bonne petite femme qui protège son foyer » elle a lancé sur le ton de la rigolade, et ça m’a renvoyé vers un anecdote concernant mon père et ma mère, et comme une révélation, j’ai compris que c’était aussi ça le mariage, bien que le mien soit faux.
« —Dylan ? j’entends derrière moi. »
Je me retourne pour voir Irène s’avancer vers moi, les mains sur les hanches.
« —Mais on ne fait que se croiser, ce n’est pas possible !
—En effet, qu’est-ce que tu fais ici ?
—J’ai déjeuné avec Lisa juste après notre entretien et elle m’a invité à venir diner. C’était l’occasion pour moi revoir ta mère, et Rosy.
—Et moi on s’en fout ? intervient Drew.
—Noooooon ! Ne me dis pas que c’est Drew !
—Bah si c’est moi !
—Rohh, tu ne me rajeunis pas ! Regarde comment tu es grand ! Tu me dépasses maintenant, alors qu’à l’époque tu m’arrivais même pas au nombril ! »
Je laisse Irène et Drew se taquiner entre eux et retourne dans la maison où je tombe sur ma mère aux fourneaux avec à ses côtés Lisa.
« —Bonsoir la plus belle !
—Elisabeth, éloigne celui là de moi ! lance ma mère. Il ne sait que venir lorsqu’il a faim !
—Pas du tout, j’étais venu pour voir Drew, et la je dois y aller. je dis en regardant ma montre. Je voulais te saluer quand même.
—Me saluer quand même, me saluer quand même…tssss »
Je sors vite de la cuisine, non pas sans avoir pris Lisa et ma mère dans mes bras, puis remonte en voiture en direction de la maison. Je prends une douche assez rapide et remonte de nouveau en voiture.
Ça fait quelques jours que je me dis qu’il faut que je le fasse mais à chaque fois, je suis rattrapé par un sentiment de honte qui m’empêche d’aller jusqu’au bout de ma démarche. Et c’est parce qu’elle peut interpréter mon silence comme du je m’en foutisme, que je décide de dépasser ce que je ressens pour venir la voir. Je ne l’ai volontairement pas prévenu de ma venue pour m’assurer qu’elle serait bel et bien là, qu’elle ne chercherait pas à se dérober sous des prétextes fallacieux.
J’ai besoin de lui présenter mes excuses, tout comme elle doit avoir besoin d’entendre les miennes.
Après m’être garé dans la cour, je vais toquer à la porte d’entrée, qui s’ouvre sur une Emeraude bien enjouée.
« —Oh ! Dylan !
—Bonsoir Emeraude.
—Bonsoir. Comment vas-tu ? elle me demande en s’effaçant de la porte, pour me permettre d’entrer
—Je vais bien merci et toi-même ?
—Idem, je suppose que tu n’es pas venue pour t’enquérir de mon état !
—Pas totalement en effet. »
Oh même instant, Tiya sort d’un pièce l’air joueuse, vêtue d’un short et d’une brassière, avec un DVD dans les mains.
« —Tu vas avoir la peur de ta vie avec ce…film. elle se stoppe lorsqu’elle me voit.
—Bonsoir. »
Ses épaules s’affaissent, et je perçois comme un voile de tristesse recouvrir ses yeux. Je me sens un peu plus mal d’être à l’origine d’une réaction aussi négative.