Chapitre XXVI
Ecrit par Tiya_Mfoukama
Chapitre XXVI
Je vais me changer et mettre ma robe fluide bleu-nuit. A la fois élégant et sexy, c’est la petite robe qui passe partout, tout en me mettant en valeur. Naaan. Je suis pas mal aussi habillée comme je suis. Mon total look jean est sympa je trouve, je l’aime bien…. Mais le hic c'est qu'il n’est pas passe partout. S’il veut nous emmener dans un restaurant - parce que je suppose que c’est ça - je vais un peu détoner dans le paysage.
-Pffff, Wani, maman fait quoi ?
-....
Allongé sur mon lit, elle est en train de lutter pour garder ses paupières ouvertes. Mais on dirait que le sommeil va sortir vainqueur de cette lutte. Avec la douche bien chaude qu’elle a pris et le split allumé, elle n’a presque aucune chance.
Je me sentirais presque coupable si ça ne me permettait pas de me reposer un peu. Wani est une vraie pile électrique qui ne se décharge jamais. Le seul moment où elle n'est pas en activité, c'est quand elle recharge ses batteries. c'est à dire, dans son sommeil.
Rentrer le soir d’une journée éreintante et s’occuper d’elle demande beaucoup d’énergie dont je ne dispose pas forcément.
Les vendredis soir sont un calvaire pour elle comme pour moi, puisque très irritable, je ne me montre pas très conciliante avec elle et, mademoiselle qui a un fort tempérament, ne se laisse pas faire.
Nous aurions aujourd’hui vécu notre calvaire du vendredi, si mon père ne m’avait pas proposé de s’occuper d’elle cet après-midi.
Ils sont partis à Fantasya où Wani a pu jouer avec d’autres enfants et il semble qu’elle se soit plutôt bien amusée, aie beaucoup aimé le fait de pouvoir jouer avec d’autres enfants et se soit beaucoup dépensée, d'où son manque d'énergie.
Elle a à peine deux ans et ni Shomari ni moi ne trouvions nécessaire de l’inscrire dans une crèche. Mais après la journée qui vient de passer, je pense que je vais revoir mon point de vu.
Si elle peut aller dans une crèche, apprendre en s’amusant, se sociabiliser et accessoirement rentrer en étant aussi douce qu’un ourson qui vient de naître, pourquoi ne pas l’y envoyer.
Ses yeux sont dorénavant clos, elle vient de s’endormir. On dirait que la sortie d’aujourd’hui va être annulée.
Je prends mon téléphone dans le but de prévenir Thierry du changement de programme, mais il m’informe qu’il est déjà devant mon portail.
-Mais on avait dit 19H30 ? Soupiré-je le téléphone à l’oreille.
-il est 15, c’est la même chose !
-....
Je raccroche en ouvrant le portail, puis le fais entrer dans la cour avant de le précéder à l’intérieur de la maison.
-Comme je te le disais. Dis-je en rangeant les affaires de Wani éparpillées un peu partout dans le salon. Wani vient de s’endormir. Elle a passé un après-midi agité avec son grand père et après sa douche, elle s’est affalée sur mon lit pour lutter contre le sommeil. Et elle a perdu.
-....
-Je me suis un peu sentie coupable. Rajouté-je un sourire en coin. J’ai été un peu trop contente de la voir aussi calme à son retour.
-....
Je me retourne pour lui faire face et surprends son regard intense posé sur moi.
Lorsqu’il me regarde de cette façon, je ne peux m’empêcher d’être mal à l’aise. Je perçois les émotions et sentiments qu’il a à mon égard.
En même temps, il ne s’en cache pas, mais c’est toujours plus déstabilisant, plus déroutant de les lire dans le regard. J’ai l’impression de me noyer dans un océan noir qui m’est complètement dédié.
-Arrête de me regarder de cette façon.
-Désolé. C’est que j’aime beaucoup ta nouvelle coupe.
Oh.
Je passe machinalement une main dans mes cheveux coupés courts, à la garçonne.
J’avais oublié ce petit détail... pas si petit que ça.
Depuis le temps que j’en parlais. J’ai décidé de sauter le pas Jeudi soir, en rentrant du boulot.
J’avais rendez-vous avec le coiffeur pour qu’il me tisse, mais arrivée sur les lieux, j’ai été prise d’une impulsion et j’ai décidé de les couper.
Ça a été un vrai choc de les voir coupé très court par la paire de ciseaux puis ça a été tout aussi choquant de sentir la tondeuse passer pour finaliser le rendu. Mais une fois le choc passé, j’ai pu savourer l’effet salvateur que ça avait sur moi. Je me suis sentie pleinement moi, complète et totalement sereine.
- Ça te va vraiment bien. Reprend-il.
-Merci.
Un ange passe...
-... Okay, on va y aller ?
-Mais tu n’écoutes pas ? Wani dort déjà. On ne va pas l’emmener dans un restaurant alors qu’elle est endormie !
-Qui t’a dit qu’on allait dans un restaurant ? Je vais la prendre, elle dormira dans la voiture et la connaissant, elle se réveillera une fois que nous serons arrivés. Crois-moi.
Perplexe, je lui demande où nous allons afin de voir si je vais affirmer ou infirmer ses dires mais il ne me dit rien et se contente de me sourire. Il sait que je suis curieuse et que ma curiosité va me pousser à le suivre, tout en restant silencieuse.
-Je dois me changer ?
-Non, tu peux rester comme ça, c’est très bien.
-D’accord, laisse-moi juste le temps de mettre mes chaussures.
Je suis docilement installée dans le siège passager de sa voiture, le regard rivé sur ma vitre à la recherche d’indices sur le lieux où nous allons. Il emprunte des chemins pouvant mener à tout endroit et quand je crois deviner où nous allons, je soupire de frustration lorsque nous dépassons le lieu que j’estimais être notre destination.
-J’abandonne, je cherche plus à savoir. Soufflé-je en m’adossant sur mon siège.
-Ah enfin. Profite du paysage, de la musique, des insultes des taximans, et surtout de l'embouteillage jusqu’à ce qu’on arrive. On y est presque en plus.
Il est en train de me narguer.
Intérieurement je bouillonne de curiosité comme un enfant de cinq ans à qui on a informé la visite prochaine du Père Noël.
Thierry se met à siffloter sur l’air qu’il écoute, en jetant des coups d’oeil vers ma direction.
-Si tu veux pas me dire où l’on va, ne me regarde pas. Lancé-je en croisant mes bras.
-Bien. On est arrivés.
J’observe les alentours, sans reconnaître l’endroit où nous allons. Déjà, il ne s’agit pas d’un restaurant, mais d’une maison. Sûrement celle d’une de ses connaissances amicales.
-On est chez qui ici ? Des amis à toi ? Demandé-je en sortant de la voiture.
-Oui, d’une certaine façon.
-D’une certaine façon ? Ça veut dire quoi ?
-....
Il me regarde en souriant puis sort Mewani de son siège auto et se dirige avec elle vers le portail. Il toque à trois reprises puis, recule d’un pas laissant le portail s’ouvrir sur un gardien. qu’il salue rapidement avant d’entrer dans la cour.
Je le suis de prêt, s’avancer vers une très grande et belle maison tout en observant la cour. Je remarque les deux grosses voitures garées dans un coin de la cour et surtout, le petit aménagement floral près du perron.
-Wahou, c’est super beau. Marmonné-je.
-Tu pourras féliciter la propriétaire, elle s’applique à les faire pousser malgré la température.
-Nous allons donc chez une femme ?
-Hmm plus ou moins. Me répond-il en dandinant de la tête
Thierry et ses réponses, soupiré-je en marquant un temps d’arrêt.
Je veux lui poser plus de questions, mais il ne m’en laisse pas la possibilité; il vient d’entrer dans la maison.
-Bonsoir madame Osaka ! Crie-t-il en allant vers une femme plutôt âgée, assise devant le téléviseur, nous tournons ainsi le dos.
-Oh, Dégat !
-Rohh maman…Je ne suis pas tout seul.
Maman ?
C’est chez ses parents qu’il nous a emmenées ?
Non seigneur pas ça, La dernière mère que j’ai rencontrée ma fait vivre la misère et je n’ose même pas imaginer ce qu’il en sera pour elle lorsqu’elle va se mettre en tête que je veux dépouiller son fils alors que je ne suis même pas en relation avec lui.
Et mes vêtements !
Quand je penses qu’il m’a dit que ça ne valait pas la peine que je me change. A coup sûr, ça va être son premier sujet de médisance sur moi.
Je sens mon anxiété me gagner, de secondes en secondes et un filet de sueur perler à ma tempe gauche. Je ne suis pas prête à revivre les regards de travers, les questions dans un dialecte que je ne comprends pas, les murmures avec mon prénom qui revient de façon répétitive, j’en passe et des meilleurs.
Non, je suis décidément pas prête pour ça.
Je pince légèrement Thierry, au niveau de ses côtes, mais il fait semblant de ne rien sentir et poursuit sa discussion.
-En plus je t’avais prévenu.
-Oh désolée. Lance-t-elle confuse en regardant en notre direction.
C’est moi où son visage s’est illuminée lorsque ses yeux se sont posés sur nous.
-Bien sûr. Je suis certain que tu l’as fait exprès. Grogne Thierry. Bon permets-moi de faire les présentations. Maman, je te présente Mayéla et Mayéla, je te présente ma mère maman Eulalie
-Bonsoir ma fille ! Balance-t-elle gaiement, en se levant.
Sans que je ne m’y attende, elle vient vers moi et me plaque deux bises sonores sur les joues.
Euh… D’accord.
Elle est particulièrement joviale et toute sa joie ne semble pas feinte, ce qui est assez surprenant étant donné que nous ne nous connaissons pas. Mais je ne me fis pas à ses airs, il peut s’agir d’une comédie qu’elle joue en présence de son fils.
Un peu hésitante, je réponds quand même à sa salutation avec un petit, “bonsoir maman” à peine audible.
Lorsque j’ai rencontré la mère de Shomari et que je me suis hasardée à l’appeler maman, elle s’est très vite chargée de me rappeler qu’elle n’était pas ma mère et que de fait, je n’avais pas à l’appeler de la sorte.
Le temps d’un instant j’ai voulu appeler la mère de Thierry par son prénom, mais au dernier moment c’est le “maman” qui est sorti, ce qui ne semble pas plus mal.
-Tu as passé une bonne journée ? Dégât m’a dit que...
-Maman… T’es pas possible!
-Ahhh. Poursuit-elle en balayant d’une interjection brève les propos de Thierry. Il m’a dit que tu étais assez prise à ton travail ses derniers temps. Il faut te reposer, tu sais.
Mes yeux ronds doivent parfaitement exprimer ma surprise face à ses paroles. Il… Il a parlé de moi à sa mère ?
-Et qui est donc cette petite princesse qui gigote dans tes bras Dégât?
-Continue à m’appeler comme ça et je ne te la présenterai pas.
-Est-ce qu’on t’a déjà appelé autrement dans cette maison depuis que tu as ce sobriquet ? Et puis tu penses vraiment que j’ai besoin de toi pour connaître l’identité de cette petite fille ? Lui lance-t-elle avant de se tourner vers moi. C’est ta fille n’est-ce pas ?
-Oui. Elle s’appelle Mewani.
-Bonsoir mademoiselle, tu es toute jolie avec tes tresses !
Wani d’humeur grognon au réveil se blottit un peu plus dans les bras de Thierry, et enfouie son visage dans le creux de son cou. Ce qui n’arrête pas maman Eulalie qui par ses propos et sa gestuelle douce, me rappelant fortement ceux de ma mère, finit d’amadouer Wani.
Le courant entre elles à l’air de plutôt bien passé et j’en ai la confirmation durant le reste de la soirée.
Entre rire, fou-rire, grimace, anecdote en tout genre,et nourriture à gogo, je passe un très bon moment entourée de la mère et du père de Thierry - qui nous a rejoins quelques minutes après notre arrivés - ainsi que deux des frères de Thierry, leurs femmes et leurs enfants, qui sont eux aussi venus rendre visite à leurs parents.
C’est même avec regret que nous nous séparons tous lorsque l’heure avoisine les 23 heures 50.
-On devrait faire ça plus souvent. Dit David, le grand frère de Thierry.
-Quoi donc ? Une soirée totalement improvisée ? Le questionne Samuel, L’autre frère de Thierry.
-Ouais. T’as vu les sourires de monsieur et madame Osaka ?
-En effet, mais je suis pas certain qu’ils s’adressaient à nous. J’avais plus l’impression qu’ils étaient pour la femme de Dégât leur gosse et les notre. Sinon nous, on était plus semblable à des quantités négligeables. Soupire Samuel. Mayéla, profite bien de ces moments d’attention, parce qu’après deux ans, ici on te calcule plus. On s’occupe que des enfants.
-Gros menteur, moi on s’occupe toujours de moi. Affirme Laila, la femme de Samuel. Ne viens pas gâter le nom de ma mère !
-Chérie, c’est parce que t’es enceinte qu’on s’occupe de toi, donne-leur leur petit enfant, après tu verras qu’ils vont te jeter comme une boite de quaker vide.
-Comme, toi tu n’es pas enceinte et que tu ne risques pas de l’heure, rappelle-moi de ne pas préparer ton oseille bien acide comme tu aimes là. Dit maman Eulalie. Tu vas vraiment te sentir comme une quantité négligeable.
-Come on mère ! Pourquoi tu aimes tout prendre au premier degré ?
Une autre fou-rire général, le énième depuis que je suis ici, résonne dans la maison et la rend encore plus chaleureuse qu’elle ne l’est. Si en entrant dans la maison, j’appréhendais énormément cette soirée, je comprends que je n’avais pas de raison de l’être. La famille de Thierry est tout simplement charmante, et ses parents m’ont rappelé qu’avant j’avais souvent de très bons rapports avec les parents et particulièrement avec les mères.
Il faut croire qu’avec la mère de Shomari, il devait y avoir une altération que je n’ai pas su détecter. Enfin bon.
-Mayéla, on va y aller ? Me propose Thierry. Wani a rendez-vous chez le médecin demain matin si je ne me trompe pas.
-Euh… Oui, oui. C’est vrai. En effet.
-C’est pas une excuse pour rentrer plus tôt ? Demande Samuel
-Non, je t’assure que ce n’est pas une excuse. Elle a rendez-vous avec le pédiatre. Vu comment elle est surexcitée ça va déjà être compliqué de la faire dormir, alors si on reste plus longtemps, je n’ose pas imaginer à quelle heure elle va s’endormir et la façon dont va se passer son réveil. Elle est assez grognon.
-Hmmm okay, allez-y mais, il faut qu’on te revoie très vite.
-Mais c’est une certitude, il faut que tu finisses de me raconter les histoires de Dégât !
-Tout compte fait, j’ai mal agi en te présentant à ces personnes. Fait Thierry en se levant.
Les réponses à ses propos fusent de toute part, et c'est dans un joyeux brouhaha que nous nous rendons vers la voiture de Thierry.
Wani qui a trouvé en Sophie, la fille de David, une camarade de galère, refuse catégoriquement de rentrer au point d’en pleurer.
Ses caprices commencent sincèrement à me fatiguer. Il est vraiment temps que je me montre plus ferme avec elle.
J’hausse le ton, peut-être un peu plus qu’il n’en faut mais elle finit par monter dans la voiture. Et c’est sur cette note pas si joyeuse que nous prenons congés de la famille de Thierry.
-Ils ont dû me trouver dur avec Wani. Soupiré-je une fois que nous sommes dans la voiture.
-Non. Ils ont conscience que tu élèves seule ta fille.
-Je ne l’élève pas seule. Je l’élève avec son père. On ne le fait simplement pas ensemble. Ai-je répondu un peu irritée.
-Tu as raison. Excuse-moi.
-.... C’est moi qui m’excuse. On a passé une bonne soirée, et toute la tension de la semaine est remontée d’un coup.
-Je peux le comprendre. On va bientôt arriver et tu pourras te reposer comme il se doit.
J’acquiesce après avoir poussé un soupir, puis me concentre sur la circulation qui est lourdement ralentie. Je profite de ce moment pour me remémorer les événements de la soirée et un détail que j’avais mis dans un coin de ma tête refait brutalement surface.
Je me tourne donc vers Thierry pour lui en faire part de la façon la plus douce qu’il soit. C’est vraiment un très bon ami et je n’ai pas du tout envie de le perdre.
-Thierry ?
-Humm.
-Durant toute la soirée, ta famille n’a pas arrêté de parler de moi, en employant le terme “femme”, et je n’ai rien dit sur le coup mais…
-Je sais Mayéla, je sais. Je n’ai pas oublié ce que tu m’as dit…
-Okay.
-Mais j’espère que toi non plus tu n’as pas oublié ce que je t’ai dit. Dit-il en me regardant.
Je détourne le regard, m’enfonçant un peu plus dans mon siège.
Non, je n’ai pas oublié, je n’ai pas oublié la déclaration qu’il m’a faite, l’engagement qu’il a juré de prendre si je le laissais rentrer dans ma vie et celle de Wani.
Je n’ai pas oublié mais… je ne me sens pas prête. Le coeur brisé, les larmes tous les soirs, les lamentations, j’ai donné et n’ai pas envie de revivre ça. Oui Thierry se montre charmant, très attentionné et prévenant pour Wani et moi mais, ça ne veut rien dire. J’ai compris qu’un homme qui est en attente se démènera toujours pour obtenir ce qu’il veut mais lorsqu’il l’obtient, ou que ce qu’il ’a obtenu ne correspond plus à ses attentes, il change du tout au tout, passant du plus doux des agneaux au plus féroce des loups. Oui avec Shomari j’ai bien appris ma leçon.
Je n’ai à aucun moment de notre relation imaginé une seule seconde qu’il pouvait être l’homme horrible, qu’il a été du moment où je lui ai annoncé ma grossesse jusqu’à notre divorce.
De Thierry, je ne connais que les bons côtés et n’ai pas envie de connaître le reste. Pas pour le moment.
Je ne suis pas prête à me lancer de nouveau dans une relation, à dealer avec les humeurs d’un compagnon. Je dois déjà me reconstruire, même si de l’extérieur, on peut penser que je le suis.
Ce qui n’est pas totalement le cas, mais je travaille dessus. Et précipiter les choses, précipiter une relation s’avérerait pour moi être une mauvaise idée.
Si ça doit se faire avec Thierry, ça se fera mais sûrement pas maintenant.
Nous arrivons enfin à la maison après plus de 30 minutes de trajet, et après que Thierry m'ait aidé à mettre Mewani au lit, je décide de clarifier la situation avec lui.
-Ecoute, la dernière fois, je t'ai laissé parlé et j'ai écouté tout ce que tu avais à me dire mais, il faut que tu comprennes que je ne suis pas prête, je ne me sens pas prête pour entamer une nouvelle histoire... Que je ne suis même pas certaine de vouloir. Je t'apprécie énormément en tant qu'ami mais je n'arrive pas à me projeter dans le futur et te voir dans un rôle autre que celui là.
-....
-Je te dis tout ça pour être honnête avec toi parce que la sortie d'aujourd'hui m'a fait comprendre que tu t'investissais peut-être un peu trop et que surtout, tu ne me laissais pas vraiment le choix d'entamer ou non une relation avec toi. J'ai eu l'impression que tu cherchais à m'imposer un statut.
-Merci de te montrer honnête. C'est une qualité que j'aime particulièrement chez toi. Commence-t-il en souriant. Je m'excuse si tu as senti que je te forcer la main, parce que ce n'était pas le cas. Je sais que ton mariage et ton divorce ont été douloureux et c'est la raison pour laquelle je vais aussi lentement que possible, enfin selon moi. J'avais besoin de te présenter à mes parents parce qu'ils ont une place importante dans ma vie. Puis je leur ai parlé de toi et il avait besoin de mettre un visage sur un nom. Maintenant, que tu aies rencontré mes frères, comme tu as pu le constater, ça, ce n'était pas prémédité. Mais ce n'était pas plus mal non plus.
-....
-Je te laisse du temps et de l'espace Mayéla mais tu ne peux pas m'en vouloir de m'investir pour toi. N'oublie pas que c'est l'ami qui fait avant le potentiel amant. Et tu ne peux pas me demander de faire moins, parce que ce que je fais, c'est déjà le moins que je puisse faire.
Bien, au moins les choses sont claires.
*****
-On peut régler ça quand tu veux.
-Et pourquoi pas maintenant ?
Je garde le regard fixe, la mâchoire serrée devant la pseudo allure de bad boy que veut prendre cet idiot. Il pense qu’en ayant les muscles plus développés que moi, il va réussir à m’en mettre une. Ah. S’il savait. Des comme lui j’en ai dérouillé pas mal. Et quand j’y pense, y’a longtemps que je n’ai pas mis une bonne rouste à qui que ce soit, ça va me faire un bien fou ! Qu’il approche encore.
-Hey, les gars, c’est bon. Calmez-vous. C’est qu’un jeu. Intervient Gui-Gui. Matt, redescends s’il te plait.
-…. T’as de la chance qu’il soit là. Lance Matt en me pointant du doigt
Quoi il se croit dans un remake de film américain ou quoi ? Il pense que j’ai peur de lui et que je vais soupirer de soulagement parce qu’il va m’épargner ? Je vais lui en coller une pour qu’il comprenne que non, on est pas dans un film mais dans la réalité et qu’il va bouffer le sable qui nous entoure dans quelques secondes.
-Parce que tu penses sincèrement que ça changerait quelque chose ? Fais comme s’il n’était pas là et viens me montrer de quoi t’es capable !
-Ari arrête tes conneries !
Gui-Gui se place entre nous et repousse Matt.
-Matt, laisse tomber okay….Mec laisse couler.
-… Tssss
En me fixant dans les yeux, il fait rebondir la balle à mes pieds avec force, et quitte le terrain de basket en marmonnant dans sa barbe.
Que de la gueule… Rien d’autre.
-Matt ! Reviens ! Crie Fred. T’es chiant Ari, c’est pas possible.
-On est enfin débarrassé des cons. Bon on peut reprendre la partie ?
-Pas temps que tu seras sur le terrain. Lance Gui-Gui.
-Quoi ?
-T’es à cran et comme toujours, tu fais subir les personnes qui t’entourent.
-Mais qu’est-ce que tu racontes ?
-C’est toi qui cherchais Matt, on t’a dit de le marquer pas de jouer des coudes !
-Ah ouais ? Okay.
Je me dirige vers le petit banc, où se trouvent mes affaires et les récupère.
-Ari ! Roh, Gui-Gui arrête-le !
-….
-Vous faites chier, c’est pas possible. Si j’avais envie de niquer ma matinée je serai resté avec ma femme ! Tchip !
J’aurais dû en faire autant.
Je vais vers ma voiture, balance mes affaires sur la banquette arrière et me mets au volant.
Pourquoi il faut que tout le monde me prenne la tête ? Je peux pas souffler deux secondes ? Non ? C’est pas possible !
Fait chier !
Je me mets à rouler en direction de chez moi dans un premier temps puis décide à 500m de l’arrivée, d’aller chez mes parents.
Faut que je règle cette histoire, elle est en train de me bouffer un peu plus chaque jour.
-Ah Shomari ! Crie ma mère lorsqu'elle me voit. C'est bien que tu sois là, était sur le point de t'appeler. Je te cherchais.
-A oui ? Moi également. Dis-je en allant m'asseoir sur le bras du fauteuil où elle est assise.
-Ah bon, tu me cherchais ? Et pour quelle raison ?
-Je voulais t'informer de mon divorce prochain avec Peny. Je devais te le dire avant d'entamer une quelconque démarche et qu'une personne avertie t'en fasse par avant que moi même je ne le fasse.
Comme je m'y attendais, elle soupire lourdement, puis retire ses lunettes avant de prendre une posture plus droite.
-Tu as encore cette histoire de divorce dans la bouche ? Mais pourquoi ?
Pourquoi ?
Parce que c'est l'une de mes plus grosses conneries, que j'aurais dû l'annuler il y a bien longtemps, parce que les paroles de Peny tenus il y six mois de ça ont fait écho dans ma tête et qu'en prenant le temps de faire une introspection, j'ai compris, et ça me tue de le dire, qu'elle avait raison.
Elle est partie en Afrique du Sud, comme depuis, pour creuser la distance entre nous, mais, ça ne change pas grand chose.
J'ai besoin d'être libéré, complètement libéré et le seul moyen est de divorcer.
Je sais que si la procédure est lancée, elle me suivra s'en rechigner. Alors cette fois, je vais le faire et sans passer par mes parents. L'entière responsabilité sera sur moi.
-Parce que ce mariage est une erreur qu'il faut corriger au plus vite. Je ne suis pas venue te demander ton avis, ou ton accord, je suis simplement passé t'informer.
-Mais qu'est-ce qui ne marche pas avec toi ! Vraiment je ne comprends pas ! Se met-elle a créer. On te trouve une femme bien, qui t'aime, qui correspond en tout point à ce que tu peux rechercher et toi tu veux divorcer ! Pourquoi ? Elle se montre toujours attentionnée envers toi et c'est toujours toi qui la maltraite. Elle t'a fait quoi ? Qu'est-ce que tu veux à la fin ?
-Arranger tout le passé merdique que j'ai créé !
-...
-Je voudrais pouvoir remonter le temps et faire les choses autrement ! Ne pas épouser Peny parce que TU penses que ce serait une bonne idée, ne pas me montrer aussi con le jour où Mayéla m'a dit qu'elle était enceinte, ne pas la faire souffrir comme je l'ai fait ! L'épouser et ne pas la laisser bêtement par orgeuil !
-Tchhrrrr c'est pour la paire de fesses d'une femme qui ne t'a rien rapporté que tu veux divorcer ?
Lorsqu'elle a sorti le mot "fesse", j'ai eu envie de hurler, de lui hurler dessus parce qu'elle venait de définir Mayéla en la contenant à une "paire de fesses"... Mais j'ai pas pu. Rien n'a voulu sortir de ma bouche.
Je me suis sentie lasse, comme jamais. Sur mes épaules je pouvais sentir un poids m'affaisser, m'obliger à me courber... Soupir.
-Avant d'être une paire de fesses comme tu dis, c'est d'abord la femme que j'aime et que j'ai laissé partir par orgueil.... Entre toi et moi, il y a toujours eu cette petite guéguère silencieuse, où tu cherchais à m'imposer des choix et moi je faisais en sorte de toujours faire le contraire. Tu as sûrement dû penser que ça devait être le cas avec Mayéla. Sauf qu'il en était rien.... Je voulais m'amuser avec elle, je voulais m'amuser puis la laisser une fois que je serais fatigué, mais je me suis attaché à elle. Elle n'a rien fait d'extraordinaire si ce n'est d'être cette tempérance, cette douceur et cette force tranquille dont j'avais besoin pour me canaliser. Je l'ai traité de le pire des façons et surtout.. Je ne l'ai pas protégé de toi... Mais tu sais... Quand je la regardais à la dérobé, me préparer un café, s'enquérir de mon état de santé, soupirer parce que je ne mangeais pas assez, ou ne me reposais pas assez, tu sais à qui elle me faisait penser ? A toi. Elle me faisait penser à toi. Au meilleur de toi... J'avais besoin d'elle, mais je ne le savais pas. Maintenant que j'en suis conscient, elle n'est plus là.... Et je suis marié a Peny. Peny pour qui, je n'ai jamais ressenti le 1/3 de ce que je ressens pour Mayéla....Et je devrais rester marié avec elle ? Pourquoi ? Parce que toi tu le veux ?
-....
-Cette fois maman, ça va pas être possible, tu ne gagneras pas sur ce coup là.
Ça devrait me soulager d'avoir enfin pu lui parler, mais je me sens plus lasse qu'autre chose. Etre conscient que j'ai merdé sur toute la ligne ne me soulage absolument pas bien au contraire.