Colocation
Ecrit par Aura
Les jours ont filé depuis le départ de Lucien. Il faut croire que tout le monde n’avait pas l’air du tout surpris et ça me rongeait personnellement de l’intérieur. Comment manquer d’autant de compassion alors que quelqu’un était en train de vivre un événement tragique. Il m’a fallût du temps pour sortir de ma culpabilité du fait que Lucien ait eu de tels ennuis à cause de moi : je me disais que si nous étions arrivés jusqu’à ce point c’est à cause de moi, à cause du fait que j’ai refusé de coucher avec Marc-Levy, à cause du fait que j’étais devenue son souffre-douleur, à cause du fait que j’ai refusé de réagir à toutes ses menaces. Mais Lucien m’a fait comprendre qu’il ne m’en voulait pas et qu’il se sentait plutôt d’avoir quitté ces deux boîtes. Il stipulait qu’il valait mieux travailler dans une bonne atmosphère plutôt que dans un climat malsain comme celui de Sublime. C’est dans ce même sens qu’il m’a exhorté à me ressaisir pour terminer la collection nouvellement entamée. J’ai donc continué de travailler seule sur la nouvelle collection sans trop d’engouement, jusqu’à ce que Lucien veuille me donner un coup de main.
A cause de la perte de son emploi, je lui ai donc proposé de payer son loyer, une manière pour moi de lui venir en aide et ce jusqu’à ce qu’il obtienne un boulot ou une activité bien rémunérée, chose qu’il a tout de suite refusée. J’ai donc insisté en lui proposant de cohabiter avec moi. Cette fois, il a eu à accepter après de nombreuses tentatives. Mon appartement disposant de deux chambres pourrait bien nous convenir à tous les deux. Il a donc occupé une des deux chambres, prenant le soin de se débarrasser de tout ce qui n’était pas important à son vis.
Avant d’emménager ensemble, nous nous sommes accordés sur certains points comme : ne pas avoir de rapports sexuels sur ce toit pendant que l’autre y est, ne pas aller au-delà de l’amitié, refuser de contribuer pour le repas et autres, ne pas salir les lieux communs etc. Nous avons donc signé des décharges. Mais il m’a fait promettre de ne rien dire aux gens de l’entreprise pas même à Synthia et de partir dès qu’il aurait une nouvelle source de revenus. De plus, Lucien s’inquiétait pour ma sécurité et il se disait qu’en colocation, il pourrait veiller sur moi, car à son avis, Marc-Levy préparait encore un plan machiavélique. Il chercherait sûrement à s’en prendre à moi.
Il faut avouer que la colocation est superbe avec Lucien. Il n’y a pas de prises de tête ou quelque chose de ce genre. Au contraire, on aurait cru je vivais avec mon propre frère. Lucien était passé de dingo au statut d’homme le plus sérieux de la planète. Il nous faisait le petit-déjeuner et nous concoctait de succulents plats au diner et le week-end nous faisions notre ménage ensemble. Au boulot, je pouvais profiter de ma pause pour manger quelque chose à la cantine de l’entreprise. J’étais sur un petit nuage. Quand je pense à mes commères de voisines, j’ai juste senti que leur sensibilité avait vraiment été touchée. Elle ne faisait que jaser comme des poules qui caquètent dans un poulailler. C’était les « ma chérie c’est lui le gars ? » « Euch tu gardais un bon type comme ça depuis » « Yesss mama, ici tu as tué avec. Ton gars-là est trop mignon, il n’a pas de frère jumeau par hasard ? » « Humm mec croustillant comme ça, pardon si tu te lasses envoies seulement à mon adresse. Tu connais nor ». Pff je me disais juste qu’on leur avait encore mangé le cerveau. Que des troubadours !!!!
Vivre avec Lucien avait non seulement considérablement réduit mes dépenses, mais encore il m’aidait sur « Premier amour », c’était le nom que nous avions donné à ma nouvelle collection. Nous y travaillons chaque jour en pleine soirée d’arrache-pied. C’était juste génial jusqu’à ce que ma mère atterrisse un Samedi pendant que j’étais encore étendue pour faire ma grasse matinée et Lucien complètement éveillé pour bosser sur ses designs. Il est venu me réveiller pour me dire que ma mère m’attendait de pied ferme au salon.
1 Tu dis que ma mère est là ?
2 Oui très chère !!! Et elle est assise au salon.
3 Comment est son état ?
4 C’est-à-dire ?
5 Est-ce qu’elle est heureuse, fâchée, triste, épuisée. Enfin tu peux deviner non. ….. Comment la trouves-tu ?
6 Je n’en sais rien. Je ne suis pas très fort pour détecter les émotions des gens.
7 Eh toi aussi.
8 Pourquoi tu ne sortirais pas pour la voir toi-même ?
9 Parce qu’elle est trop imprévisible.
10 Bon en tout cas tu gères comme tu veux !!!
11 Viens à mon secours !!!!
12 Tchiéeee moi ? Pff je ne suis pas fort, nous risquerons tous deux de tomber dans le même piège, donc mieux vaut pas. Et puis moi je compte sur toi. C’est quand même toi l’héroïne.
13 Tout ça ce ne sont que des flatteries qui ne m’aident en rien.
14 Vas donc rencontrer ta mère et tu seras libérée.
15 Ok
Je sors de ma chambre et tombe sur ma mère qu