Comme dans un cauchemar

Ecrit par Nellya



Ma mère avait la tête qui saignait, en effet une de mes badjène l'a tapé avec un pilon, cela m'était insupportable , j'ai couru vers ma maman 


-mamaaaaaaan , mamaaaaan ça va? Est ce que tu vas bien? Tu as mal?

Je savais que ces questions n'avaient pas lieu d'être mais j'avais 08 ans et je m'inquiétais pour maman, j'étais soulagée quand mon père est intervenu 

-mais qu'est ce qui se passe ici? Mon Dieu Aïssatou qu'est ce qui t'est arrivée? 

- c'est badjène Amy qui la frappée avec un très grand pilon

Ma tante me regardait mal mais je m'en foutais totalement, j'ai jugé nécessaire de tenir mon père au courant de leurs agissements, il était temps que papa sache de quoi était capable sa famille, je commençais à pleurer

- papa s'il te plait sors nous d'ici , je veux partir , avec toi maman et mes sœurs , je ne veux plus rester ici , j'en ai marre des coups et insultes, je veux vivre comme un enfant de mon âge

-qu'est ce que tu raconte Nelly? calme toi chérie et raconte tout à ton papa 

Je me suis mis à lui raconter tout ce qu'on a subi allant des insultes aux coups , au fur et à mesure que j'avançais, je vis plusieurs expressions défiler sur le visage de mon père , il est passé se l'étonnement à la colère.

- Amy comment as tu osé faire ça? Sur ta demande j'ai laissé ma famille ici et vous au lieu de vous en occuper, vous leur menez la vie impossible , toi maman pourquoi tu as cautionné tout cela?


s'adressant à ma grand mère et homonyme de ma sœur 

- je euh

Ma tante est intervenu

- Badou ne me dis pas que tu crois à ces absurdités

C'est là que ma mère est entrée dans la discussion

- tu crois qu'une fillette de 08 ans est capable d'inventer tout cela, je me suis assez tu comme ça, vous m'avez insulté j'ai pris sur moi , vous vous en êtes pris a mes enfants j'ai passé l'éponge,maintenant vous voulez nous faire passer pour des menteuses mais maintenant je ne permettrai plus cela, assez c'est assez, même les animaux méritent le respect.

Ça se disputait, s'échangeait des mots, mon père a calmé tout le monde et maman a été amené à l'infirmerie pour se faire soigner.


Un soir alors qu'il y'avait coupure de courant, nous les jeunes nous nous sommes installés dans la cour, les plus âgés étaient dehors entrain de converser, je somnolais dans les bras de mon cousin, lui, c'était mon préféré , il était tellement gentil, tellement doux, il m'achetait souvent des bonbons et des sucettes, peu de temps après il m'a porté pour m'amener au lit , je protestais

-s'il te plait Pape laisse moi avec vous j'ai peur et il fait noir

Il ne m'écoutait même pas , il m'a couché sur le lit et s'est couché sur moi,au début je n'avais rien compris.
Tout à coup, il a commencé à me caresser les seins, je voulais crier mais il a mis sa main sur ma bouche, je ne pouvais que pleurer, j'ai senti quelque chose de très dur sur mon sexe, et d'un coup il est entré en moi, c'était comme si mon monde venait de s'écrouler, la douleur que j'ai ressenti jamais je ne l'ai ressenti et je ne le ressentirai jamais, non seulement j'allais mal physiquement mais aussi mon âme souffrait.

Ne pouvant plus supporter la douleur je me suis évanouie.

Je ne sais pas combien de temps j'étais resté inconsciente mais à mon réveil, j'ai vu toute la famille autour de moi, l'incident m'est revenu à la tête et je me suis dit que j'avais sûrement rêvé mais la vue du sang ne faisait que confirmer mes doutes, la seule chose que je voulais c'est dormir pour oublier, oublier tout et ne plus penser à rien. 
Une de mes tantes qui était infirmière m'a soigné pour que l'affaire reste dans la famille, ma mère voulait coûte que coûte porter plainte mais les autres membres lui ont interdit de l'exécuter, lui disant qu'elle voulait séparer la famille, et que mon cousin Pape n'était qu'un homme et que c'était moi qui l'avais provoqué.
Moi qui n'avais que dix ans à cette époque, on m'a traité de dévergondée, de salope et j'en passe, je me demande où est passé le bon sens des gens, comment une fillette de 10 ans peut séduire un garçon de 25 ans ? Lui était dédommagé et moi la victime je subissais seulement le ndogualou yallah ( la volonté de Dieu ), personne ne s'occupait de mon état d'esprit, on m'oubliait, après tout je n'avait perdu que ma virginité et cerise sur le gâteau j'avais décidé d'être salope à 10 ans, il était protégé et moi critiqué. 
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, une dispute virulente s'en est suivie et mon père a décidé qu'on allait déménager dès le lendemain. 

Après une semaine de recherche sans répit, on était enfin dans notre nouvelle chez nous, qu'est ce que je raconte? Dans notre vrai chez nous parce qu'on était pas à l'aise dans l'autre maison, nous étions à l'étroit dans notre appartement mais j'étais heureuse parce que le sourire était revenu sur le visage de mon rayon de soleil , ma maman avait l'air beaucoup plus joyeuse. Moi de mon côté j'essayais de survivre d'oublier.

Les jours se succèdent et se ressemblent, on était heureux dans notre nouvelle chez nous mon père était reparti depuis belle lurette , ma mère nous traitait comme des princesses, une fois rentrées, on l'aidait à effectuer les tâches ménagères, les mercredi et les weekend il y'avait un oustaz qui venait nous dispenser des cours de Coran à domicile, ma mère disait qu'apprendre notre religion était la meilleure des choses, elle voulait raffermir notre cœur et augmenter notre foi en notre Seigneur, elle nous a inculqué des valeurs telles que le Diom (fierté ),le foula ( dignité ) et le faïda ( courage ), et surtout le gueum ( foi) sans quoi l'être humain n'a pas sa place dans cette vie éphémère .

Un jour tard dans la nuit ma maman a reçu un coup de fil ça devait être grave puisqu'elle était en larmes après avoir raccroché elle m'a parlé

- Nelly occupes toi de tes sœurs, je dois sortir surtout tu n'ouvres à personne si ce n'est ta Tante Touty.

Tante Touty c'était la seule amie que je connaissais à ma mère et la vraie, elle habitait l'appartement d'à côté.
C'est elle qui nous a réservé l'appartement dans lequel nous vivons.

- qu'est ce qui se passe maman pourquoi tu pleures ? 

- ton père est malade chérie, je vais y aller, veilles sur tes sœurs, bisous, je vous appellerai sur le portable de Tata Touty. 

Ma mère était partie me laissant dans l'incompréhension et le désarroi le plus absolu, mon père malade, oh mon Dieu. 
Je me suis endormie en imaginant beaucoup de scénarios, le matin très tôt j'ai été réveillé par Tata Touty pour aller à l'école.


Cela fait maintenant deux jours que maman n'est pas rentrée, on commençait vraiment à s'inquiéter, je priais dans mon fort intérieur pour que papa aille mieux.

Finalement maman est rentrée au troisième jour, elle avait dépéri néanmoins, elle était toujours belle, elle m'a expliqué que mon papa était dans le coma, je ne comprenais absolument rien de ce langage et curieuse que je suis, j'ai réussi à mettre maman en colère 

- c'est quoi coma ? C'est quelqu'un qui est mort ? 

- non c'est quelqu'un qui dort mais on ne sait pas quand il se réveillera

- il entend ce qu'on lui dit?

-oui les médecins recommandent qu'on lui parle 

- amènes moi avec toi maman, dis maman est ce qu'il sera comme il était avant? Est ce possible qu'il se réveille demain ? 

-arrêtes stop, je dois retourner à l'hôpital et toi veilles sur tes sœurs rien de plus 

Maman m'avait parlé sèchement mais je la comprenais, je ne lui en veux nullement, je comprends que dans son cœur c'est le tsunami, je sais qu'elle essaye de rester forte mais elle souffre de cette situation. 

Les jours avançaient et papa refusait de se réveiller, maman était désespérée, toutes nos économies sont passées dans les frais médicaux, on avait plus rien et pour combler le tout maman s'est fait renvoyé du travail à cause de ses absences répétées, elle a dit que Dieu était grand et que pour rien au monde elle n'abandonnera papa pour quoi que ce soit.

Il nous arrivait de prendre un seul repas dans la journée ou de ne rien prendre tut simplement, maman a vendu tous ses bijoux pour assurer notre scolarité et avec le reste de l'argent elle a investi dans le commerce.

La nuit avant de me coucher, j'allais à la boutique acheter de la farine et tous les ingrédients qui vont avec pour faire des beignets, j'achetais aussi du lait pour faire du jus.

Très tôt le matin, maman s'activait dans la préparation des beignets, et on les prenait avec du lait pour le petit déjeuner et direction l'école, maman allait vendre une partie dans la matinée dans les écoles, et le soir, aidé par mes sœurs, nous allions vendre aux alentours du quartier, maman vendait aussi de la glace et des jus locaux. 
Tout cela nous permis de survivre. On avait beaucoup de dettes et le propriétaire de l'appartement menaçait de nous expulser, maman lui a donné toutes nos économies, on est resté deux jours sans manger .

A la descente,je suis allée voir ma grand mère maternelle et elle m'a remis la somme de 50000 francs, quand je suis rentrée, je les ai brandi à maman toute fière, ce jour là, j'ai reçu une gifle de sa part, c'était la première fois qu'elle levait la main sur moi, je voyais dans son regard qu'elle regrettait mais je ne lui en voulais pas parce qu'après n'avoir expliqué la raison de son énervement, je savais que c'était pour mon bien, elle m'a dit qu'importe les problèmes qu'on avait, qu'on devrait rester digne, même si c'était un membre proche, qu'on devrait garder nos problèmes, ma mère était une femme discrète, on ne savait pas quand elle allait bien ou mal, parce qu'elle avait toujours le sourire aux lèvres. 

Un an plus tard, mon papa est sorti enfin de son coma et avait repris son travail, il avait pris un coup de vieux, mais on ne s'en est pas formalisé, on espérait qu'il reprenne pied petit à petit. 
Notre vie était redevenue normale, papa a épongé toutes nos dettes et on mangeait à notre faim. 
Le calme était revenu dans nos vies jusqu'à la veille de la Korité où une violente dispute a éclaté entre mes parents.

Nelly: A la recherch...