Confessions

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 9

 

La vie a repris son cours normale.

Mais une chose a changé.

Martine s’occupe de son foyer. Elle fait des efforts. Mais l’habitude n’y est pas ; elle se débrouille du mieux qu’elle peut pour rentrer tôt du boulot. Je passe de moins en moins de temps à la cuisine. Elle s’en occupe avec l’autre idiote de Mota. C’est à cette dernière qu’elle s’adresse quand elle a besoin de quelque chose. Moi je ne m’en tiens qu’à mon rôle de nounou. Je m’occupe de bébé Orphée.

Il faut que ça change.

Cela n’est pas fait pour être à mon avantage. Et pour ça je prie pour que Fatou s’emmène dans les parages. Elle me sera d’une grande aide pour la suite de mon plan. Je n’avais pas prévue que la mère de ma patronne et son amie jouerai aux sauveuses de foyer. Et ça change un peu les données.

Mais comme on le dit, rien n’est perdu. Je dois juste revoir mes stratégies ; et pour mieux régner il faut séparer. Créer la discorde et la zizanie est la première étape d’une bataille qu’on veut mener.

Ce soir je suis assise devant la télé. Je n’ai pas grand-chose à faire. Madame est avec Mota dans la cuisine, et moi je joue un peu avec mon petit comme j’aime si bien l’appeler.

On sonne à la porte et lorsque je vais ouvrir, je suis heureuse de voir tantie Fatou. J’ai juste envie de lui faire la bise tant je suis contente de la voir.

La pauvre elle pense que c’est parce que je l’aime trop.

J’ai la rancune bien plus tenace que ça tantie.

—Bonsoir tantie Fatou. Bonne arrivée.

—Merci Akabla. Et ta patronne ?

—Elle est dans la cuisine.

Je sens de la surprise dans son regard. Eh oui madame a décidé de suivre vos conseils. Elle essaie de jouer son rôle de femme au foyer maintenant.

—AH bon ? C’est bien ça.

—Je t’apporte de l’eau tantie ?

—Non merci. Je vais boire en même temps dans la cuisine.

Sur ce elle dépose son sac à main sur le divan et part dans la cuisine.

Seigneur tu es merveilleux !

Je le fouille rapidement et prends son flacon de parfum et son rouge à lèvre. Les deux éléments essentiels qui entre dans la préparation de mon plan. Je cours les déposer dans ma chambre et reviens tranquillement m’asseoir à ma place comme si de rien n’était.

C’est maintenant que le vrai jeu commence.

 

**********

 

****Martine****

 

Les choses semblent aller pour le mieux maintenant. Je suis les conseils qui m’ont été donnés de part et d’autre. Je ne suis que nouvelle dans la vie de femme mariée, alors je fais l’effort d’écouter ceux qui ont de l’expérience. Et qui mieux que ma mère et Fatou pour me conseiller ?

Par ailleurs je constate que tout va bien entre mon mari et moi. C’est vrai que ce n’est pas trop ça côté intimité, mais ça va ira avec le temps.

Aujourd’hui je veux bien faire les choses. Je décide de rentrer tôt du boulot et préparer une bonne surprise à Moctar. Fatou m’a convaincu que je devrai passer outre mes peurs et ne plus avoir de complexes quant à mon corps post maternité. Elle n’a pas tort ; Moctar est le père d’Orphée, et sur cette base il ne devrait pas avoir de problème. Mais j’ai peur qu’il n’aime pas ce qu’il voit. J’ai pris du poids à cause de la grossesse. C’est vrai que ce n’est que 12 kilos de plus, mais c’est quand même un surpoids selon moi. Avant la venue du bébé j’étais très svelte, alors je me dis qu’il ne va pas aimer.

Même si au fond de moi j’espère me tromper. Mais qui ne risque rien n’a rien. En plus mon mari me manque, j’ai envie de lui et je sais que c’est réciproque. Alors pourquoi ne pas mettre les interrogations de côté et reprendre ma vie en main.

Ainsi donc pour ce soir je vais lui faire des écrevisses marinées aux herbes fines, accompagnés de pomme de terre sauté. Un plat léger. Parce que je compte lui faire boire assez de lait caillé, il adore le yaourt. J’appelle les filles avant mon arrivée afin qu’elle apprête les ingrédients dont j’aurai besoin. Je veux lui faire plaisir pour ce soir et je veux que tout redevienne comme avant entre nous. Notre complicité et nos petits jeux doivent renaitre.

Dès je rentre à la maison, je fais directe dans la cuisine. Il faut que tout soit au point. Akabla s’occupe de mon fils alors elle ne peut nous assister. Orphée est très turbulent, il faut alors qu’il soit constamment surveillé sinon il fait des gaffes pas possibles. Nous avons dû ranger toutes les porcelaines du salon. Il en a cassé une dizaine avant qu’on ne trouve quoi faire. La solution a été de ranger les affaires ; quand il sera plus calme, la maison recouvrera son allure d’avant. Avoir un enfant en bas âge est épuisant, en plus un petit garçon, c’est un travail quotidien.

Avec l’aide de Mota je vais plus vite. Je fini rapidement la cuisine, je dresse moi-même la table et cours prendre une bonne douche le temps que mon mari ne rentre à la maison.

Après quoi je patiente au salon avec une flûte de champagne le temps qu’il ne vienne. Mon plus gros défaut c’est que je n’aime pas attendre les gens. Raison pour laquelle j’ai horreur du retard. Parce que pour moi, on est en retard quelque part lorsqu’on ne veut pas y être. Sinon nous pouvons prendre les dispositions idoines afin d’être à l’heure partout. Je sais que ma théorie a des bémols, mais c’est comme ça que je perçois les choses.

Mais pour ce soir je vais attendre le temps qu’il faut pour mon mari. Je veux lui ouvrir la porte moi-même. C’est vrai que ce n’est pas grand-chose, mais ce genre de petits gestes renforce les liens dans le couple. Selon maman, une femme doit toujours ouvrir la porte à son mari. Elle doit l’accueillir le sourire aux lèvres. Il doit être content de rentrer chez lui à la maison pour retrouver sa femme et ses enfants. Cette dernière doit être propre, et même les enfants aussi doivent être propres. Lui prendre son sac, lui faire un câlin. Lui donner à boire et demander s’il a passé une belle journée et tout ce qui va avec. C’est vrai qu’on n’a toujours pas le temps de le faire, mais quand on peut-il faut le faire. Et depuis que j’ai commencé à aménager mon programme, j’arrive souvent avant lui pour qu’il vienne me trouver à la maison. M’occupant ainsi de lui et de ce qu’il aime. Il a changé envers moi. Peut-être que ce n’est pas lui qui avait changé en fin de compte, c’est surement moi qui m’était enfermée dans ma bulle, ce qui avait causé notre éloignement.

Je reste ainsi quand j’entends sonner au portail. C’est lui. Je m’apprête à aller ouvrir quand je vois Akabla courir pour venir faire pareil.

—Laisse Akabla. Je vais ouvrir moi-même.

—D’accord madame.

Elle me regarde étonnée et retourne dans la chambre. Elle a raison d’être surprise parce que je ne fais pas beaucoup ça ; ouvrir la porte n’est pas ma tâche favorite.

Akabla n’est pas la seule à être étonnée. Car mon mari aussi me regarde avec un air assez drôle.

—Bonsoir chéri.

Je lui fais la bise et lui prends ses affaires. Il n’a pas le temps de répondre que je continue.

—As-tu passé une bonne journée ?

—Euh oui.

— Quoi ? Tu n’es pas content de rentrer ?

— Si ! bien sûr que si. Mais j’avoue que je suis assez étonné d’être accueilli ainsi.

— Tu n’aimes pas ?

— Bien sûr que j’aime. Mais disons que la surprise prend juste le dessus. Sinon j’aime bien.

—Tant mieux alors. Je suis contente que tu apprécies ; car je te réserve beaucoup d’autres surprises.

—D’accord. Je vais prendre une douche et on passe à table alors.

Je lui fais un beau sourire et le pousse vers la chambre. J’en profite pour lui apprêter une bonne collation avec laquelle il pourra se désaltérer. Je réchauffe aussi le plat qui avait refroidit. J’apportais la dernière touche au dressage quand Moctar sort de la chambre. Il est tout frais et sent bon.

Je me rends compte à quel point j’aime cet homme et combien j’ai de la chance de l’avoir dans ma vie. C’est vrai qu’il n’est pas parfait ; mais je ne cherche pas la perfection. Je cherche juste un homme sincère et intègre. Un homme de parole et de foi. Je l’ais trouver en la personne de Moctar. Mais quand je pense que j’ai failli le perdre. Il faut qu’on fasse table rase du passé et que nous partions sur de bonnes bases. Nous parlerons ce soir à cœur ouvert, mettre à plat tous les malentendus et passer à autre chose. C’est ainsi que les personnes qui s’aiment fonctionnent. Elles se parlent et trouve des solutions.

Le silence ne résout rien ; et la communication est la clé de la réussite d’un couple. Il faut se parler et dire ce qui ne va pas. Lorsqu’on décide d’unir sa vie à celle d’une personne, c’est pour former une seule et même entité. Vous devenez un et indivisible. Vous pleurez et riez ensemble. Alors je dois vite me reprendre avant que je ne perde l’amour et l’estime de mon homme.

J’espère seulement qu’il n’est pas trop tard pour cela.

—Que me vaut l’honneur de tout ça ? Demande–t-il en prenant place.

—Rien de spécial. Tu le mérite  c’est tout.

—C’est déjà suffisant comme raison.

Je lui sers son plat qu’il mange avec bon appétit.

—C’est toi qui as préparé ça ?

—Oui monsieur Asseu. Et je l’ai fait pour vous ; j’espère que tu aimes.

—J’adore. Il Ya longtemps que je n’avais pas mangé un repas que tu avais cuisiné spécialement pour moi.

Je baisse la tête honteuse. Car il a entièrement raison ; cela fait combien de temps que je ne m’étais mis au fourneau pour faire plaisir à mon époux ?

—Je sais chéri. Et crois-moi que ça sera fréquent à partir de maintenant.

—J’en serai ravie Martine.

Nous continuons à manger en divisant tranquillement. Il me parle de l’avancée de ses affaires. C’est fou comme je m’étais fermée à mon homme, je ne sais pratiquement plus rien de sa vie professionnelle. Pourtant nous avons fait beaucoup ensemble quand il montait son affaire. Il a démissionné d’un poste juteux pour se lancer dans les affaires. Ils l’ont tous traité de fou et, maintenant, cinq ans plus tard, il a acquis une renommée dans son domaine. Mais je ne savais plus rien de tout ça. Parce que je n’avais plus de temps pour lui. Mais tout ça c’est fini, je veux mon mari avec moi et pour moi. Je m’en fou qu’il ait eu des maitresses pendant nos moments de latences. Je suis revenu et c’est fini tout ça.

Après le repas, je débarrasse la table pendant que Moctar se retire dans la chambre à coucher. Je m’atèle à ranger les couverts quand Akabla fait interruption dans la cuisine. Elle m’a fait une de ces peurs.

—Qu’est-ce que tu fais ici Akabla ? Tu m’as fait une peur bleu. Je me croyais seule.

—Désolée madame. Comme vous avez fini de manger ; je venais juste faire un peu de rangement.

—Je te croyais endormie ; ce n’est pas la peine. J’ai déjà fini, il ne reste plus qu’à essuyer et ranger dans les armoires.

—Je peux m’en occuper.

—Tu n’as pas sommeil ?

—Non madame.

—D’accord. À demain donc.

—Bonne nuit madame.

Je m’essuie les mains, sers un grand verre de lait chaud et retourne dans la chambre. Je trouve Moctar déjà couché. Il ne portait qu’un simple caleçon. Je lui tends le verre de lait. Il le prend avec un sourire d’étonnement.

—Tu vas avoir cet air là toute la soirée ? Dis-je en riant.

—Oui ma chérie. Si la soirée se termine ainsi, je pourrais avoir plus que ce sourire.

—Je suis contente que tu aimes.

Je vais me changer rapidement dans la douche et enfile un déshabillé bleu turquoise sur lequel je passe un peignoir de la même couleur. Ma honte de mon corps n’est pas encore morte.

Quand je ressors, il me regarde béat d’admiration. Il dépose son verre et viens me prendre dans ses bras, lorsqu’il pose ses lèvres chaudes dans mon cou, je crois défaillir. J’ai des petits papillons qui se forment au creux de mon intimité. Ça fait longtemps que je n’avais pas ressentie ce genre de chose ; et ça fait du bien. Je sens que je pers pieds. Il faut pourtant qu’on parle avant que ça n’aille trop loin. Car il commence à frotter son érection contre moi. Je le sens tout excité.

—Tu m’as terriblement manqué. dit-il d’une voix à peine audible. Je t’aime Martine ; ne me prive pas de toi…

Plus il parlait et plus le désir montait en moi et chaque parole est suivi d’un baiser tendre. Lorsqu’il entreprend d’enlever mon peignoir, je fais un bond en arrière.

—Qu’est ce qu’il Ya ?

—Rien.

—Tu n’aime pas ce que je fais ?

—Si.

— Alors pourquoi m’arrêtes-tu ?

Je veux répondre lorsqu’une boule se forme dans ma gorge. Elle m’empêche de parler, et devient de plus en plus grosse jusqu’à ce que j’explose en sanglot. Toutes cette peur et ces frustrations accumulée sortent, mais en larme. J’essaie de me taire en vain.

—Chuuttt !!! Viens là mon amour. Que se passe-t-il ? Ais je dis ou fais quelque chose que tu n’as pas aimé ?

Je fais non de la tête ?

—Pourquoi pleures tu donc ? Tu sais que tu peux tout me dire non ?

Je fais oui de la tête.

—Parles moi donc.

Il me fait asseoir sur le lit. Je me calme et lui dit tout ce que j’ai sur le cœur. Je lui parle de mes peurs, de mes déboires de couple. Je suis certes avec lui, mais je me dis qu’il ne soupçonne pas toute la lutte intérieure que je mène au quotidien en tant femme, mère et épouse. Plus je lui parle et mieux je me sens.

—Je t’ai écouté. Je m’excuse de n’avoir pas réfléchi à tout ça, au fait que tu ais peur et honte de toi. De ton corps post maternité. Je m’excuse de ne pas avoir su te comprendre, pardonne mon égoïsme. Je ne savais pas ce que tu traversais. Je pensais que tu ne voulais plus faire l’amour avec moi et que tu ne voulais même pas que je te touche. J’ai moi aussi souffert durant tout ce temps ; je ne dormais pas souvent. Car te savoir si proche et si inaccessible me rendait fou. Mais je te jure que durant tous ces mois, je n’ai jamais regardé une autre femme. J’ai été tentée de le faire, mais je pense à toi et à ce qu’on a ensemble. Je ne veux pas gâcher tout ça pour quelques instants éphémères. Crois-moi Martine, je t’aime et je ne veux même pas être la cause de tes souffrances. Je veux que tout ça cesse et qu’on aille sur de bonnes bases. Je t’aime.

Cette ultime confession me réconforte dans le fait que j’ai un mari exemplaire. Un homme bon qui m’aime et me comprends.

— Me pardonnes-tu ?

—Comment ne pas te pardonner quand je suis la principale fautive de tout ce qui nous arrive ?

Non seulement je te pardonne, mais je te demande pardon aussi à mon tour. Pour tous ces mois de souffrances inutiles et de sevrage infondés.

—Je te pardonne à une condition. Dit-il le visage soudain grave.

—Laquelle ? J’ai du coup chaud. J’ai peur qu’il veuille qu’on aille en parler devant les parents. Je ne supporterai pas cette honte.

—Que tu fasses redescendre Alexandre le Grand.

Nous éclatons tous les deux d’un grand rire. Je suis heureuse de retrouver enfin mon mari. Et je sais que cette nuit promets beaucoup de bonnes choses.

La nuit de la réconciliation promets d’être très mouvementée…

La nounou de mon fil...