Parole d'Akabla
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 8
****Fatou****
Je dois passer récupérer
Martine à l’aéroport ce matin. Son vole arrive à 8 heures à Abidjan.
J’ai été surprise que ce
soit à moi qu’elle demande ce service. Pas parce que je ne peux pas ou ne veux
pas le faire, mais tout simplement que je pensais que c’est Moctar qui irait la
chercher. Ce qui à mon sens est tout à fait légitime ; vue que c’est lui
son mari. Par ailleurs ses bureaux sont dans la zone sud de la ville. Et si je
ne me trompe pas, ce n’est pas bien loin de l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Mais
bon je ne vais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas.
Je sais que le couple
de mon amie bat de l’aile. Il ne faut pas être devin pour savoir que ce n’est
plus trop ça entre eux. J’espère que tout sera régler au plus vite. Martine ne
m’en a pas parler certes mais je sens qu’elle est triste.
J’ai demandé une
permission pour la matinée. Je me réveille vite et dépose mes jumeaux à l’école.
Je prends ensuite la route, direction Port-Bouët. À cette heure le trafic est
très lent, vue que c’est maintenant que les gens se rendre à leur différents
boulots. Les deux voies du boulevard Giscard d’Estaing sont prises d’assaut. Mais
tant bien que mal, j’arrive sur les lieux à 9 heures 30 minutes.
Je l’aperçois qui sort
du portique. Surement que leur vol a eu un peu de retard.
—Ma chérie bonne
arrivée.
—Merci Fatou.
On se fait l’accolade
et les éclats de rire qui vont avec. Je suis contente de la revoir. Elle m’a
manquée. Martine est ma seule amie. Elle m’a toujours soutenue contre vents et marée.
Même lorsque ma tutrice me faisait vivre l’enfer elle était là pour moi. Je l’apprécie
beaucoup car c’est une personne au grand cœur.
—J’espère que tu n’as
pas trop duré à m’attendre. L’avion a pris du retard lors de l’escale en
France.
—Non pas du tout. À la vérité
je viens à peine de garer. Tu connais les embouteillages non ; j’ai déposé
les enfants à l’école et j’ai fait direct ici. En dépit de ça je suis arrivé un
peu tard.
—Ah j’imagine. À cette heure-là
les routes doivent être bouchées de partout. Bon je vais aller récupérer mes
bagages et on s’en va. J’espère que d’ici là la circulation sera plus fluide.
—D’accord.
Après une heure de
tractations à la douane et autres formalités administratives, nous prenons la
route du retour.
Pour être rapide, nous
passons par le troisième pont. Martine habite à la riviera Golf alors c’est la
voie la plus rapide pour arriver chez elle. Et grâce à Dieu la circulation
était fluide cela dit nous ne tardons pas à arriver à la maison. Il était déjà
midi lorsque je me gare devant sa maison.
La voiture de Moctar
était toujours là. Ce qui sous entends qu’il n’a pas été au travail
aujourd’hui. Alors pourquoi n’est-il pas allé chercher sa femme ?
—Ton mari n’a pas été
au travail aujourd’hui ?
—C’est ce que je
constate aussi. Mais bon il ne sait pas que je viens.
—Ah je comprends
pourquoi il n’est pas venu te chercher.
—Si. Je veux lui faire
la surprise. Sinon j’étais censée être là demain soir. Mais j’ai préféré
rentrer. Ma famille me manque.
—Oui c’est vrai qu’un
mois sans les siens est un peu long.
Lorsque Martine sonne à
la porte d’entrée, c’est la petite Mota qui vient ouvrir. Elle a l’air assez
surprise.
—Bonjour tantie. Bonne
arrivée.
—Bonjour Mota ;
merci. Ça va ici ?
—Oui ça va.
—Et tonton ?
—Il est là.
—D’accord !
Descends les valises du coffre. Je vais appeler Akabla pour qu’elle vienne
t’aider.
Il n’Ya personne au
salon quand on y rentre. On entend cependant des éclats de rire venant de la
salle à manger.
Et là on trouve Moctar
attablé avec Akabla. Elle tient le petit sur ses genoux. Le comble, elle est
assise à la place de Martine et tient compagnie au mari de cette dernière
pendant qu’il mange. Le décor de la petite famille parfaite.
Le visage de Martine va
de l’un à l’autre. Ils n’avaient pas remarqué notre présence et semblait très
complice à l’instant. Elle a du se racler la gorge pour attirer leur attention.
Ils semblaient surpris.
Mais Moctar se rattrape assez vite et Akabla quant à elle se lève
promptement ; il s’en est fallu de peu pour que l’enfant ne tombe.
—Bienvenue madame. Avez-vous
fais un bon voyage ?
—Oui merci Akabla.
—Regarde Orphée, maman
est là.
Ce dernier se précipita
dans les bras de sa mère.
—Bonjour tantie Fatou.
—Bonjour Akabla. Ça
va ?
—Oui tantie je vais
bien.
—On dit quoi Moctar bon
appétit. Tu ne m’invite même pas. Méchant beau-frère.
Nous nous taquinons
pendant que Martine jouais avec son fils. Ils ne s’étaient pas encore adressé
la parole. Akabla quant à elle avait disparu en direction de la cuisine.
—Salut chéri ; dit
enfin Martine.
—Bonjour Martine. Bienvenue
à la maison.
—Merci.
—Bon mesdames, moi
j’étais sur le départ comme ça. Je vous laisse. À bientôt Fatou et bien de
choses aux enfants et à Boubacar.
—Je n’y manquerais pas.
Bonne journée.
Et sans un regard pour
sa femme il s’en alla. J’avoue que cette scène m’a fait comprendre que la
situation entre eux est pire que ce que je peux penser. Sinon comment
comprendre qu’après un si longue période de séparation entre un homme et sa
femme, c’est comme ça que se passe leur retrouvaille.
Drôles de retrouvailles
en tout cas.
Je ne sais pas
pourquoi, mais cette fille ne me plait pas. Je ne la sens pas du tout. Comment
peut-elle s’asseoir à table avec son patron et ce en l’absence de sa
patronne ? Mais encore, elle papote avec lui comme s’il est un vieil ami à
elle. Tout ça est très bizarre selon moi et à la place de Martine je l’aurais
renvoyez directe. Mais dire cela à Martine n’est pas de mon devoir ; car
je sais qu’elle tient trop à Akabla.
—Tu vois comment il se
comporte Fatou ?
—Mais qu’est ce qui ne
va pas entre vous ?
—Laisse-moi me débarbouiller
et on en parle.
—D’accord.
—Akabla ! Akabla !
Appela –telle.
—Oui madame.
—Viens prendre Orphée
s’il te plait.
—Je vous prépare
quelque chose madame ? demanda-t-elle quand elle fut à notre niveau.
—Fatou tu vas
manger ?
—Non ça va pour moi. J’ai
encore mon petit déjeuné dans l’estomac.
—Ok ! Alors pour
moi ça sera une bouillie de riz. Tu y mets des œufs et du lait.
—Ça sera tout ?
—Oui c’est bon. Merci Akabla.
Allez bébé va jouer avec Akabla ; maman doit aller se reposer. S’adressa-t-elle
à son fils qu’elle tend à Akabla.
Quand Martine part dans
sa chambre, je vais voir Akabla dans la cuisine pour lui parler. Elle est
certes indispensable à mon amie, mais je crois qu’elle se donne trop d’aise
dans cette maison. Je n’ai pas à m’en mêler, cependant mon intuition me dit que
cette fille joue à un double jeu. Je la trouve en train de laver le riz dans le
levier.
—Akabla on dit
quoi ? Ça va ici ?
—Oui tantie tout va
bien.
—D’accord. Le travail
ne te fatigue pas trop j’espère.
—Pas du tout. J’arrive
à bien me débrouiller.
—C’est déjà pas mal. Mais
j’ai remarqué que tu t’immisce un peu trop dans les affaires de ta patronne. Il
faudrait que tu connaisses un peu ta place. C’est bien que tu prennes ton
travail au sérieux, mais je pense que tu devrais être moins présente dans leur
histoire de famille. Par ailleurs il ne faut plus que la scène de tout à
l’heure se reproduise. Tu es là pour travailler et pas pour discuter avec le
mari de ta patronne.
Plus je lui parle, l’expression
de son visage change. Elle n’apprécie pas ce que je dis, mais essaie de faire
bonne figure ; elle y arrive difficilement. Mais ne dis rien quand je fini
de parler.
—C’est compris tantie.
Je vais patienter au
salon le temps que Martine revienne.
Lorsqu’elle revient,
son repas est déjà prêt. Nous passons à la salle à manger. Et elle m’explique
entre deux bouchées ce qu’elle vit dans son couple.
—Ma chérie, si tu veux
la, tu devrais suivre les conseils de ta mère avant qu’il ne soit trop tard. C’est
un homme. Fais lui plaisir et occupe-toi de lui. Commence déjà par donner moins
de responsabilité à ta domestique.
—Qui ça? Akabla ?
—Bien sûr.
—Mais elle n’y est pour
rien à l’attitude de Moctar. Je pense plutôt qu’il a une maitresse.
—Arrête de penser à ça.
Moctar n’est pas comme ça.
—Mais il a changé. Moi-même
je ne le reconnais plus. Il voit une autre femme et cela se sent dans son
attitude envers moi.
J’ai envie de lui dire
que la seule femme que Moctar verrait, c’est sa nounou si jamais elle ne la
vire pas d’ici.
—Je vais te dire une
chose mon amie, prends soin de ton mari. Il est juste en manque d’attention et
d’affection. Tu es sa femme et tu connais ses points faibles ! Tire dessus
et c’est fini. Ne tourne pas longtemps sur toi-même.
—C’est compris. Si tu
le dis, surement que c’est moi qui decone.
—Oui c’est toi qui décore.
Parce que même ta mère te dit de mettre de l’eau dans ton vin. Tu es une femme
Martine. Et n’oublie pas que la soumission est l’arme de la femme. Il Ya un
proverbe de chez moi qui dit que lorsque qu’une se fait comme le lit de son
mari, ce dernier se fera comme ce qui est en dessous du lit. Ça veut juste dire
que si tu te soumets à ton homme, lui il te sera dix fois plus soumis. Alors ma
sœur la balle est dans ton camp. Mais le plus important occupe-toi plus de ton
mari. Ta servante est là pour Orphée pas pour Moctar.
Elle acquiesce. Je la
laisse finir de manger et demande à rentrer.
Il n’est plus question
pour moi de retourner au boulot. Je suis déjà fatiguée. J’espère que mon amie a
compris tout ce qu’on lui dit et qu’elle saura agir en conséquence.
****Akabla****
Cette Fatou se prend pour qui ?
C’est à moi Akabla,
fille de Kouakou Amoin Lydie qu’elle parle ainsi ?
Elle ne me connait pas
hein. Mais je vais lui montrer ce que je peux faire de son amitié avec ma
patronne.
Elle m’énerve. Comment
peut-elle me mettre en garde ainsi. Et en plus elle va dire à Martine de se débarrasser
de moi. Elle est folle celle-là. Avant que cela n’arrive, elle-même ne fera
plus partie de la vie de ma patronne.
Parole d’Akabla.