Dépression

Ecrit par Saria

*** Erin ***


J’étais à trois mois et demi de grossesse. Je n’arrivais toujours pas à me relever. Je me suis complètement repliée sur moi-même c’était pire que quand j’avais perdu mon père. Je faisais un effort pour manger et je n’avais toujours pas vu un médecin depuis. Ma grossesse n’était pas suivie, Daryl est désespéré mais je n’y arrive plus, je me laisse aller complètement.


Ce jour-là on était à table et une dispute éclate entre Tatie Jo et Tonton Félix ça n’arrêtait plus. Tout ça parce que mon oncle insistait pour que je mange mieux, Tatie a fait la réflexion d’aller trouver le père de mon enfant.


TF : Josiane !

TJ : Quoi Josiane ! Si elle a pris une grossesse c’est qu’elle est prête pour le mariage ! Pourquoi elle est encore dans cette maison ?! La grossesse n’a pas de père ? Qu’il vienne récupérer sa femme !

TF : Josiane ça suffit ! Je t’ai expliqué maintes fois la situation alors ne ramène pas le sujet !

TJ : Tu m’as expliqué quoi ?

Moi : Je partirai maman

TF : Quoi ?! Jamais !

Moi : Papa…Maman a raison…Je dois me conduire en adulte responsable…Je suis enceinte et je n’ai pas à vous imposer mon état…Vous vous disputez tout le temps à mon sujet…Il est temps que je m’en aille.

TF : Erin s’il te plaît ! Je ne suis pas d’accord ! Ici c’est chez toi ma fille !

Moi : Je sais…Mais j’ai besoin de sortir d’ici…De passer à autre chose…S’il te plaît papa!


Je me lève et sors de table. Oui j’ai besoin de m’éloigner de toute cette tension. Et puis TF a fait le maximum pour moi, il ne faut pas abuser. Je partirai dès que je trouve un appartement, Daryl vient s’il veut. J’appelle Dania pour lui faire part de mon projet et qu’elle m’aide à trouver quelque chose. Nous sommes restées amies même si je l’ai laissé tomber avec le Jazzy. Elle m’appelle tous les jours pour avoir des nouvelles.


*** Un mois plus tard ***


Aujourd’hui j’intègre mon chez moi. C’était un bel appartement au quartier St Jean : trois chambres à coucher (un master room et deux petites chambres), une cuisine, un séjour, des toilettes visiteurs. En fait c’est une maison que le propriétaire a fait couper en deux. Tout y est lumineux et spacieux, j’ai demandé à maman de venir me rejoindre à Cotonou. Daryl n’a pas demandé mon avis il est venu poser son sac. J’ai une petite terrasse et une arrière-cour, un petit débarras également. Tout a été meublé sobrement.


Je m’assieds lourdement dans l’un des fauteuils, j’entrais dans mon cinquième mois de grossesse. Comme je suis grosse cela ne se voit pas que je suis enceinte, maman dit que le bébé est allé se loger dans mon bassin. Je pose ma main sur mon ventre et je sens un truc me toucher de l’intérieur, je reste plus attentive et la même chose se produit… Comme un effleurement. Prise de panique je mets à crier, maman arrive en courant. En larmes je lui explique ce qui m’arrive, elle se pose sur le guéridon en face de moi


Maman (émue) : Erin ton bébé bouge !

Moi : Oh !

Maman : Ton médecin ne t’a pas expliqué ? Ou tu n’as pas été assez attentive ?

Moi : Je…en fait je ne vois pas de médecin

Maman (choquée) : comment ça tu ne vois pas de médecin ? Tu ne fais pas suivre ta grossesse ?

Moi (honteuse) : …


Elle se lève et va chercher son second pagne et prend son sac. Nous voilà dans un taxi direction chez ma gynécologue, je me fais gronder tout au long du chemin. Mon médecin est une dame qui a à peu près la cinquantaine, gentille et compréhensive. Elle nous reçoit, maman lui explique la situation et elle me demande de me déshabiller pour qu’elle m’ausculte. Ensuite j’ai droit à une échographie, je vois mon bébé apparaître à l’écran, je vois ces petites mains, ses pieds, sa tête tout est déjà bien formé… Lorsque j’entends son cœur battre j’éclate en sanglots. Je pleure tout mon soûle, c’était des larmes de joie, des larmes libératrices, toute cette chape de tristesse qui m’empêchait de profiter de ma grossesse vient de s’envoler. Maman et ma gynécologue sont restées silencieuses, elles me comprenaient, on se comprenait entre femmes.


Petit à petit je me calme, maman me serre contre elle nous restons ainsi un moment. Le médecin me demande de me rhabiller ce que je fais. Elle me prescrit une batterie d’examens à faire, je devais aussi faire mes vaccins, mon alimentation a été revue à la loupe et pour finir j'ai eu droit à une série de recommandations et une ordonnance longue comme le bras. Heureusement que Marco envoie de l’argent régulièrement…Même si je n’ai plus aucune nouvelle de lui. Bon c’est la vie je ne vais me gâcher la journée en pensant à lui.


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Dans la vie d'une ét...