Doutes
Ecrit par Saria
***Fidjrossè, Cotonou***
***Chez Selma***
***Kader***
Je suis sur les dents depuis cet après-midi : Selma n’a répondu ni à mes appels, ni à mes messages. C’est vrai, son comportement quand elle m’a trouvé avec Carmen m’a bluffé ; néanmoins je suis inquiet… Très très inquiet.
Hum quand j’ai entendu sa voix sur le chantier, mon cœur a explosé. Je m’attendais à gérer la troisième guerre mondiale. Je sais qu’elle garde des traces de sa relation précédente. Je ne sais même pas ce qui m’a pris de laisser cette fille m’approcher.
Je m’attelle courageusement à la préparation du dîner… Pourquoi pas un dîner aux chandelles. Je regarde les provisions ; j’ai de quoi faire une salade, un dauphinois, on va compléter le tout avec de l’ananas.
***Quelques heures plus tard***
Je regarde encore ma montre, ça fait une heure au moins qu’elle aurait dû être rentrée. Là je suis mort d’inquiétude, son téléphone est fermé maintenant. Je me sers un verre de vin, le repas est prêt, la table mise. Sensible comme elle est, Selma doit être dans un sale état.
***Flash-back quelques heures plus tôt, Villa Censad***
Bonjour !
Merde ! Selma ! Et merde qu’est-ce qu’elle fait ici ?! Je m’oblige à rester immobile et ne pas avoir l’air trop coupable. Je me prépare psychologiquement à lui courir après quand je la vois faire un grand sourire, puis s’approcher de sa démarche chaloupée. Là ! Les gars, j’ai vraiment eu envie de détaler !
Tout ce qui a suivi, je n’ai vraiment pas pu capter. J’essayais juste de faire bonne figure. Quand elle est partie, Carmen et moi avons observé un silence gêné.
Moi : Euh merci d’être passée
Carmen : Hum… Ta copine, c’est une coriace hein ! J’espère ne pas t’avoir créé trop d’ennuis.
Moi : Selma est parfaite… Je préférerais quand même éviter ce genre de situations à l’avenir.
Carmen : Kader… Tu me plais… et j’ai le droit de tenter ma chance !
Avant que je ne rajoute quoique ce soit, elle tourne les talons. Moi, j’ai essayé de reprendre mes esprits, je n’ai plus eu la force de continuer à travailler.
***Fin du Flash-back***
J’en suis là de mes pensées quand j’entends sa voiture. Quelques minutes plus tard, j’entends ses pas sur les pavés de l’allée, je me précipite pour lui ouvrir la porte. Nos regards s’accrochent, le sien est vide… comme lavé… ça n’augure rien de bon. Avant que je ne dise quelque chose, elle dit bonsoir et se glisse dans la maison. Ok !
Moi (dans son dos) : Le repas est prêt, on mange quand tu veux.
Elle marque une pause, sans se retourner. Je la vois inspirer avant de hocher la tête et murmurer un ok à peine audible.
Quelques minutes plus tard on mange en silence… Ou plutôt je mange et elle joue avec sa fourchette comme si elle ne savait pas quoi en faire.
Moi : Sorry
Elle pose à nouveau ses yeux sur moi. Je
n’aime pas cette expression lisse sur elle. J’ai l’impression d’être devant une
étrangère.
Selma : Pour ?
Moi : Aujourd’hui…
Selma : Pourquoi ? Parce que tu en as embrassé une autre ou parce que je t’ai surpris en train de le faire ?
Moi : Bébé… Je peux t’expliquer !
Selma : Ah oui ? Je t’écoute alors Kader.
Moi : Euh…
Elle arque l’un de ses sourcils de façon ironique.
Selma : Euh ?! Sérieux… C’est tout ? J’espérais que ce soit plus long en fait !
Moi : Chérie s’il te plaît… Je…Elle est arrivée sans crier gare et… Je…Je…
Selma (voix brisée) : Ne te fatigue pas… ce n’est pas la peine… Je suis venue t’interrompre… Et j’en suis désolée. Tu sais, j’ai eu une grosse journée et je ne suis pas en état de parler.
Elle se lève et sort de table. Je l’entends refermer la porte de sa chambre.
***Selma***
Je me mets au lit, j’ai cru que cette journée n’en finirait pas. En la repassant dans ma tête, je réalise l’exploit que j’ai fait. Je le dois à Maman Adesua ; je vous explique. Il y a quelques jours, Kader et moi mangions à Mac Bouffe à Ganhi, lorsqu’une fille apparaît avec ses copines. Le genre de meufs qu’on remarque : super sexy, fraîches, bien maquillées. Le genre de meufs qui te fait penser que tu es une souillonne, oui ce genre de meufs.
***Flash-back quelques jours plus tôt***
Filles : Hey mais c’est Kader !
La meneuse se détache et fait un smack presque au coin des lèvres de mon chéri, puis elle pose une main bien manucurée sur sa chemise
Moi (dépassée) : …
Meneuse : Ah lala sexy comme toujours ! Tu vas bien ? Je t’ai écrit plusieurs fois cette semaine !
Kader : Hum… Merci ça va ! Euh chérie, je te présente Carmen Adjovi, Mika et Josette
Carmen (se tournant vers moi) : Coucou ! Pardon je ne vous avais pas remarquée.
Moi : …
Carmen : Bon bah Ciao ! Essaye de m’appeler un de ces quatre Kader… Attends, je garde un souvenir de notre rencontre.
Elle se met au niveau de mon bébé et fait un selfie. Je suis médusée…. Sa tâche finie, la go se redresse et envoie un baiser du bout des doigts avant de tourner les talons et de s’en aller avec ses copines. Un silence de plomb tombe sur notre table, l’ambiance est gâchée… Kader essaie de se rattraper mais trop tard !
Je savais désormais que j’avais un caillou dans la chaussure. Officiel !
***Fin du Flash***