DT - 57
Ecrit par Nobody
- Vous savez,cela remonte à bien longtemps, bien avant ta naissance Ahmed. Peut-être trois a quatre ans avant ta naissance. Quand mes parents et moi sommes venus nous installer dans cette ville j'avais 21 ans. J'étais encore dans la fleur de l'âge on va dire. On ne connaissait personne et personne ne savait rien a propos de nous. Tu sais que ma maison familiale est en face de celle de ton père que la terre lui soit douce Ahmed.
- Effectivement ce n'est pas un secret mama.
- Bien. Tout a commencé par là. Tu sais j'étais très casanière, je ne sortais que pour accompagner ma mère faire les courses et on revenait a la maison. Les autres fois où je sortais c'était pour aller à la mosquée ou me promener un peu dans le quartier. Et c'est pendant une sortie de la mosquée que j'ai fait une rencontre. Une rencontre qui est venue tout chambouler dans ma vie
- Tu as rencontré papa c'est ça ? demanda Ahmed de manière évidente
- Non j'ai rencontré son frère aîné, Al-Amine dit-elle en se taisant un moment.
Ahmed fronça les sourcils ne comprenant pas où elle voulait en venir avec cette histoire. Est-ce que c'était de ça qu'il s'agissait a cette heure la d'ailleurs ?
Il n'eût pas le temps de se poser d'autres questions qu'elle avait repris le court de son récit.
- J'ai rencontré Al-Amine. Après de longues hésitations il est venu me parler. Avant même de me saluer il s'est confondu en excuse pour le fait qu'il m'arrête comme ça en pleine rue. Il disait qu'il devait me parler en présence d'une tierce personne sinon c'était le diable qui allait être la troisième personne. Vous le savez tous, Al-Amine est un fervent croyant. Moi j'étais assez intimidée de voir un homme qui suivait autant les recommandations de notre prophète bien aimé et cela m'a charmé. J'ai alors appelé une soeur qui passait mais cela avait encore plus augmenté la gêne de cet inconnu. Pour lui c'était un double péché de parler avec deux femmes et en plus a la sortie de la mosquée comme ça. Alors il s'était excusé et s'en était allé. Je ne sais pas si c'était le fait de sortir de la mosquée qui faisait qu'il était aussi réticent mais tout ce que je peux dire, c'est qu'au fur et a mesure de nos prochaines rencontres, il avait complètement oublié ses principes.
Elle se tut et passa sa main sur son front avant de reprendre là où elle s'était arrêtée.
- Je sortais un jour de la maison quand j'ai senti un regard insistant sur moi. Je me suis retournée et j'ai reconnu l'homme de la mosquée. Dès que nos regards se sont croisés il a enlevé le sien et est rentré dans sa maison qui était celle devant chez nous. Après ce jour on a commencé par se croiser un peu partout a tel point que je me demandais s'il ne me suivait pas. Je n'étais pas dupe j'avais bien remarqué qu'il était intéressé par moi et moi j'étais assez flatté parce que Al-Amine était quand même un bel homme et un grand croyant pour couronner le tout. Je me disais même que si mon père le remarquait et lui proposait ma main je n'aurais pas trouvé de mal a l'épouser. Pour moi le mariage de mes parents qui était arrangé avait été un succès, pour nous aussi le serait sûrement. Vous vous rendez compte ? Je m'imaginais déjà sa femme alors qu'on ne s'était parlé qu'une seule fois.
Une petite pause puis elle reprit
- Ça a continué pendant des jours voir des semaines jusqu'à ce qu'il décide a enfin venir me parler. On a fait connaissance et c'était devenu un bon ami. Mais mon père en grand religieux aussi ne voyait pas d'un bon oeil cette amitié que je tissais avec lui. Il m'a pris a part un jour et m'a dit que ce n'était pas prudent de passer tout ce temps avec cet homme, que la troisième personne entre un homme et une femme était le diable. Et que s'il était tellement intéressé par moi, il viendrait le voir en personne. Mais il n'est jamais venu voir mon père. Moi je ne vais pas vous mentir, je n'étais pas du tout amoureuse de lui faut pas croire, je n'avais pas de vrais sentiments pour lui mais il me rassurait. J'aimais sa présence et j'aimais quand il me parlait de la religion. Voilà tout.
Une petite pause encore
- Et puis Khalid mon amour est intervenu. Il était en France pendant toutes ses années pour ses études et était rentré au pays pour venir s'installer. Dès que je l'ai vu que Dieu m'en soit temoin, je suis tombée sous son charme. Directement. Et lui aussi. On s'est rencontré au marché et on a parlé pendant des heures. Quand je suis rentrée a la maison' je me suis fait gronder mais je ne m'en souciait pas. On parlait pendant des jours et des jours au téléphone mais je ne le voyais plus au quartier. Jusqu'au jour où j'ai appris que Khalid et mon ancien' prétendant Al-Amine étaient frères. Vous n'imaginez pas comment le monde s'était abattu sur ma tête. L'homme que j'ai désespérément attendu pour qu'il vienne demander ma main et l'homme dont j'étais présentement tombée amoureuse étaient des frères. Alors là ! Deux frères pour une soeur voilà le titre si je devais écrire cette histoire.
Une autre pause.
- Un beau jour Khalid accompagné de son grand oncle et de quelques-uns étaient venus a la maison. Je n'avais pas besoin de dessin pour comprendre ce qui se passait. L'homme que j'aimais venait demander ma main auprès de mon père comme celui-ci l'a toujours rêvé pour sa fille unique. A ce moment je ne me souciais pas de qui était le frère de qui, mon bonheur avant tout. Mon père après quelques temps, avait accepté de nous lier. Mais ce n'était pas fini, le lendemain' une bagarre s'était éclatée dans la maison en face. D'après ce qu'on entendait, le frère aîné accusait son petit frère de lui avoir coupé l'herbe sous les pieds. Al-Amine qui avait fait venir ses oncles pour demander ma main venait d'apprendre que son frère cadet avait déjà pris la main de la fille qu'il convoitait. Vous imaginez un peu le scandale que c'était ? Le petit frère demandait ma main hier et le frère aîné voulait ma main le lendemain. C'était quoi ça encore ?
Ahmed n'en revenait pas. Alors comme ça son oncle avait attendu tout ce temps et quand il s'était décidé, son frère l'avait dépassé. Un seul jour d'écart. Un seul !
- La pullule n'était pas passée auprès d'Al-Amine. Il voyait ça comme une trahison' de la part de son frère et de la femme qu'il aimait. Mais on ne lui avait fait aucun tort, c'était a lui seul qu'il fallait s'en prendre. Il aimait bien ressasser les paroles de notre prophète bien aimé mais que quand ça l'arrangeait. Il avait sciemment oublié qu'il n'était pas recommandé de se voir en dehors des liens du mariage et que si on était satisfait d'une femme, on demandait sa main auprès de ses parents le plus tôt possible. Al-Amine n'a pas compris que la faute lui revenait. Il a préféré nous maudir chaque jour que Dieu faisait. Il m'a juré que peu importe le temps que cela prendrait,il allait me faire du mal. De nombreuses fois il a semé la discorde entre ton père et moi, de très nombreuses fois. Et a chaque fois je pensais que c'était la dernière fois,je pensais qu'il avait enfin réussi à nous séparer mais ton père ne m'a jamais abandonné. Jamais.
Et elle se tut sûrement épuisée d'avoir ressassé d'aussi mauvais souvenirs.
Ahmed se demandait que comprendre de cette histoire. Il n'avait pas les idées assez claires donc il ne savait pas vraiment.
Les gens pouvaient être drôlement hypocrites. Jamais il n'aurait pu deviner que cet oncle qui venait les voir dès qu'il avait un peu de temps avait des sentiments ou avait eu des sentiments pour sa mère. C'était un triangle amoureux très toxique.
- Khelti tu as dit que de nombreuses fois il a essayé des manigances pour t'enlever de ton foyer, pendant ce temps n'était-il pas lui-même marié ? demanda Karim en relançant le court de la conversation
- Oh bien sûr que si. Vous me croirez si je vous dit qu'il s'est marié le même jour que nous ? Et cette femme est restée sienne pendant près de 30ans. Mais a chaque fois qu'il en avait l'occasion il me rappelait qu'il n'aimait que moi et que c'était pour m'oublier qu'il avait demandé sa main. Et quelques minutes plus tard,comme un bipolaire il devenait froid et me disait qu'il allait me faire mal là où cela piquait le plus. Je ne savais pas que ça allait être mes enfants sa cible.
Ahmed ne savait pas quoi dire. De toutes les façons il n'y avait rien a dire.
- Mais il n'en fera rien. Je vais pas permettre que mes enfants subissent cette haine gratuite moi je vous le dis.
- Enfin c'est maintenant que je retrouve ma maman. Aucun mariage ne sera célébré dans cette maison, enfin pas avant que je ne t'ai présenté ta belle fille qui attend a Bruxelles.
Du côté de Sarah
Il était 22h moins le quart. Jusque là elle ne savait toujours pas si elle irait le rejoindre ou pas. Après tout que pouvait-il faire si elle ne descendait pas ? Il ne pouvait pas prendre le risque de monter.
Mais il y avait encore quelques % de risque qu'il monte et elle ne pouvait pas se permettre de laisser cela se passer. Il ne devait pas monter, parce que personne ne savait ce qu'il pouvait faire entre quatre murs. Il pouvait les attaquer que personne ne viendrait les défendre Charlie et elle. Bijou était à un événement et elle allait passer la nuit dans un hôtel prévu pour 'l'occasion.
Rohh et de toutes les façons qu'est-ce que cela lui coûtait de descendre et écouter ce qu'il avait a dire ? Après ça elle allait monté et oublier cette soirée.
Elle rentra dans sa chambre et changea son pyjama pour une petite robe fleurie. Elle n'était pas courte,cela lui arrivait au-dessus des genoux. Elle enfila un manteau parce qu'à cette heure, la température était tombée.
Elle sortit de sa chambre et au même moment Charlie sortait de sa chambre.
- Sarah qu'est-ce que tu fais ? Tu sors ?
- Je vais sortir dans cette tenue Charlie ? rétorqua Sarah en montrant son accoutrement. Non je descends rencontrer quelqu'un,je ne vais pas tarder. Bonne nuit ma belle
- Bonne nuit Sarah et ne tarde pas trop aussi, il se fait tard déjà.
- D'accord maman. Aller je suis partie.
Et elle se dirigea vers la sortie puis referma la porte derrière elle. Elle descendit les marches puis tomba sur l'extérieur.
Une seule voiture. Et c'était clairement celle de Nick.
Elle regarda aux alentours et aucune trace de ses chiens de garde. Elle poussa un soupir puis s'avança vers la voiture.
Nick ne prit pas la peine de sortir de la voiture alors Sarah s'arrêta a quelques pas de sa voiture. Elle n'allait pas monter dans sa voiture, il était hors de question.
Elle le vit baisser la vitre puis lui parler de l'intérieur
- Alors qu'est-ce que vous attendez ? Montez dans la voiture.
- Il n'était pas question que je monte dans votre voiture. Si vous ne pouviez pas descendre alors..
- Taisez-vous et montez immédiatement. J'ai assez perdu de temps comme ça, ne l'obligez pas a être désagréable avec vous.
Sarah haussa les sourcils. Comment il lui parlait la ? Elle n'était pas sa chienne pour lui obéir au doigt et a l'oeil.
Mais néanmoins elle fit ce qu'il disait par peur des représailles.
A peine assise sur la banquette arrière que la voiture se mit immédiatement en marche. Sarah qui ne s'attendait pas a une telle manœuvre,s'écroula sur la banquette arrière.
Elle se releva puis se mit a crier
- Qu'est-ce que vous faites ? Nick arrêtez immédiatement cette voiture je veux descendre. Nick putain arrêtez cette voiture.
- Je veux du silence ou je serai contraint de vous bâillonner.
- Mais vous êtes complètement taré ? Où est-ce que vous m'emmener ? Je veux descendre cria-t-elle
- Je vous emmène chez moi ma chère dame.