Effet domino

Ecrit par Plénitudes by Zoé

Chapitre 9 : Effet domino


**** Esther ****


Cela fait une semaine que Marla est là et les choses vont de mal en pis. Disons que pour nous qui sommes dans cette situation depuis des années, c’est même mieux quand elle est là parce qu’elle devient la cible exclusive de nôtre mère. C’est une peu égoïste de penser ainsi j’en ai conscience mais vraiment, ça me fait des vacances. C’est tellement pénible et je ne sais pas si un jour nous nous en sortirons. Marla s’est mise en tête de sauver la situation, trouver une solution pour guérir maman de ce qu’elle a mais ce que je ne lui ai pas dit c’est que je ne crois pas qu’il y ait une quelconque solution. J’ai abandonné l’idée de la voir un jour redevenir comme avant, c’est simple je ne me souviens même pas de comment elle était avant. Vous imaginez ? Marla a convoqué une réunion entre nous quatre les enfants de la famille.


**** Marla ****


Je suis avec Marc, Esther et Daniel, mes frères et ma sœur pour essayer de comprendre réellement ce qui ne va pas dans cette maison et ce qui est arrivé à nôtre mère. Marc reste silencieux, je vois dans ses yeux à quel point c’est difficile pour lui qui est la cible préférée de maman, Esther elle me fait peur, elle garde tout en elle, jamais elle ne veut paraître faible devant qui que ce soit, même pas les membres de sa famille, je la comprends parfaitement. En effet, comment se comporter face aux personnes qui sont censés te protéger mais qui sont à la base de tes malheurs ? Quant à Daniel, il est plus là en tant qu’observateur, jusque-là il a été épargné des crises de la maman.

Esther : Avant que tu ne partes vous ne vous entendiez déjà pas très bien mais ça n’a fait qu’empirer. Tu te souviens que déjà à l’époque elle avait commencé à boire ? Mais c’était encore occasionnel, quand les choses devenaient vraiment difficiles, mais plus le temps passait et plus elle en consommait et beaucoup plus souvent. C’est parce que tu arrivais qu’elle savait que tu viendrais qu’elle a fait un effort mais comme tu as pu le voir ça n’a pas duré.

Moi : Mais pourquoi à l’époque rien n’a été fait ?

Esther (regard méchant) : Je te signale que tu étais là toi aussi, tu aurais pu faire quelque chose, nous on était trop jeunes.

Moi (soupire) : Bref

Marc : Tout ce qu’elle te fait subir dis-toi qu’elle m’a fait pire. M’insulter devant mes amis, me frapper pour un oui ou un non, raison pour laquelle après mon BAC je suis parti de la maison, je n’en avais pas l’intention mais un soir j’en avais tellement marre que je l’ai poussée, un peu trop fort sans doute mais je ne m’en rendais pas compte. Elle s’est étalée au sol avec la lèvre en sang. Sur le coup je me suis senti très mal jusqu’à ce qu’elle se relève et recommence. Toute culpabilité s’est envolée. 

Moi : Je sais que tu ne l’as pas fait exprès, je peux comprendre, moi-même je me suis battue avec elle il y a quelques jours. Je sais que jamais nous ne devrions faire cela mais face à la situation, quand l’adrénaline monte et qu’elle ne fait que te pousser à bout ça peut arriver. Tant qu’aucun de nous ne recommence jamais.

Marc (les yeux rouges) : J’ai appris ma leçon, je ne la touche plus même si elle me frappe pour aucune raison, même si elle m’insulte injustement, je ne réplique pas, c’est lorsque nous rentrons dans son jeu que cela amène autre chose.

Esther (la mine fermée) : Une fois, elle m’a jeté de l’eau chaude dans le dos. J’étais tellement en colère que j’ai failli en venir aux mains, si ce n’était pas Marc ce jour-là je ne sais pas ce que j’aurais fait.

Moi (dépassée) : Mais que disent les tantes par rapport à ça ?

Esther (pouffant) : Quelles tantes ça ? Laisse ne me réveille pas la tension ici.

Moi : Pourquoi qu’est-ce qu’elles disent ?

Marc : Rien d’important, maman s’est éloignée de tous les membres de sa famille, disant à qui veut bien l’entendre que ce sont des sorciers, surtout sa mère et qu’ils veulent la manger, que ce sont eux qui ont gâté son foyer

Moi : Apparemment c’est la faute de tout le monde sauf du principal concerné.

Esther (tchipant) : Voilà un autre aussi.

Nous entendîmes des bruits de pas suivi du bruit de la porte de ma chambre qu’on ouvrait avec fracas.

Moi : …

Marc : …

Esther : ….

Maman : Pourquoi vous vous arrêtez de parler ? Que je ne peux pas comprendre ? Comme je n’ai pas fait de hautes études comme vous ? Parce que je n’ai pas fini le collège ou bien ?

Moi : De toute façon quand on te parle on l’impression de s’adresser à un mur !

Maman (les yeux injectés de sang) : Ne me parle pas ton gros français là ! Tu crois que tu es seule à avoir fait l’école ? Mes sœurs ont fait plus que toi ! Vois-moi cette imbécile à ! Tchrrrr

Moi : Je n’ai rien dit encore OH!

Maman (me donnant une baffe derrière la nuque) : Tu OH qui ? Ce n’est pas dans ma maison que tu vas me monter dessus, tu comprends ce n’est pas dans ma maison ! Voilà 4 ans qu’on t’a envoyée à l’école mais incapable de finir la deuxième année et tu veux venir me montrer quoi chez moi ? Parce que ton père te donne l’argent de la popote maintenant ? Je dis que ton père te b***e sinon tu ne peux pas essayer de prendre ma place de cette façon !

Moi (choquée) : Peut-être que si tu jouais ton rôle et qu’on ne mourrait pas de faim à la maison parce que tu prends l’argent de la popote pour aller boire on n’en serait pas là, snif

Maman : Tu vois comment tu me parles ? Ton père te b***e c’est évident, quand j’entendais ce genre d’histoires je ne pensais pas que ça pourrait arriver chez moi, Eh Dieu ! Donc quand il était si proche de toi enfant c’était pour ça ?

Moi (en larmes) : Maman, arrête s’il te plaît

Maman (même pas émue) : Tout ce que tu m’as fait là, tes enfants te feront la même chose, si tu en as parce que moi vivante, tu ne trouveras pas de mari et si tu en trouves tu subiras pire que ce que je vis.

Moi (pétant un câble) : Sors tout de suite de ma chambre ! Dégage !

Marc (attrapant maman par la taille) : Mama c’est bon on y va

Esther : Marla calme-toi s’il te plaît, ça n’en vaut pas la peine.

Moi (en larmes) : Qu’elle sorte, qu’elle sorte

Maman (essayant de contourner Marc) : Tu as sortir de cette maison, je ne veux plus te voir c’est clair?

Dès qu’ils sont tous sortis, j’ai fermé à clé et je me suis laissée glisser à terre contre la porte et ai éclaté en sanglots. J’ai juste tellement hâte de quitter cette maison et de retourner chez moi, parce qu’ici ce n’est plus chez moi. Pourquoi ai-je eu envie de rentrer. Maman essaie de défoncer la porte et je la laisse faire car la porte est de bonne qualité et très solide, au moins ça. Je n’entends plus de bruit et crois qu’elle a abandonné mais je me trompais, elle se place face à la fenêtre et commence à la défoncer à main nues, les éclats tombent par terre dans ma chambre, je n’en ai rien à faire, je reste là à fixer les débris de verre, il y a des barreaux, elle ne pourra pas entrer de toute façon et puis ce n’est pas la première fois qu’elle brise ma fenêtre depuis que je suis là et mon père les remplace toujours de manière stoïque, il a même un petit stock dans sa chambre. Tout ce que je veux en ce moment c’est dégager d’ici.

Plus tard ce jour-là, quand mon père rentre j’ai eu le temps de réfléchir et lui dis ce que je pense de cette situation.

Moi (assise nerveusement dans le fauteuil): Papa, et si tu demandais pardon à maman pour tout ce que tu lui as fait ? Je crois que ça résoudrait une grande partie du problème.

Papa (me regardant) : Qu’est-ce que je lui ai fait exactement ?

Moi (fuyant son regard) : Tu sais bien, le fait d’avoir des enfants dehors.

Papa (se crispant) : Écoute-moi bien parce que je ne me répèterai pas. Si ta mère est dans cet état ça n’a rien à voir avec moi, j’ai entendu dire qu’elle a touché des choses avec ses amis pour m’attacher mais je suis jumeau, ça ne marche pas avec moi c’est ce qui se retourne contre elle.

Moi (soupirant) : ça Je ne peux pas le savoir mais est-ce que de ton côté tu ne peux pas essayer d’arranger les choses, au moins recommencer à lui parler, comment pouvez-vous vivre dans la même maison sans vous adresser un seul mot ?

Papa (restant sur sa position) : Trop de mots ont été dits et trop de paroles blessantes, elle dit que je suis dans une secte parce que je suis bouddhiste et que j’ai essayé de vous sacrifier, depuis que je la connais, aucun respect envers moi ou ma famille et je ne lui ai jamais rien interdit qu’elle a laissé, je fais quoi d’une femme comme ça, Louise est ma femme, celle qui me soutient et me respecte c’est ainsi. Point final.

Moi (conciliante) : Mais papa, au moins manger ce qu’elle prépare et m’enlever la responsabilité des repas…

Papa (se levant) : Il n’en est pas question! (S’en allant).

Moi : Attends, j’ai vu un psychologue qui pourrait la prendre en charge, nous avons un peu discuté de son cas et il croit pouvoir l’aider. Tout ce que je te demande c’est 10 000f pour payer le premier mois de consultations et après on verra.

Papa (revenant sur ses pas) : Je suis ton père et quand je parle tu dois m’obéir, je n’ai aucune confiance en ces charlatans. Quand tu commences avec eux, ils te font juste payer encore et toujours sans réellement t’aider. Je t’interdis d’y remettre les pieds et d’y emmener ta mère. Je m’attends à être obéi.

Moi : Mais…

Papa (s’en allant) : Il n’y a pas de mais qui tienne. La discussion est close.

Moi : …

Mais dîtes-moi que je rêve, on dirait que je lui ai annoncé que j’allais la faire rentrer dans une secte alors que je parlais juste d’un psy. Tout ce qui m’importe moi c’est que tout s’arrange dans cette maison et que mes frères aient la paix. Sinon papa m’a dit que l’année prochaine Esther, 16 ans et Daniel qui n’a que 13 ans iront en internat dans la ville de Kpalimé. Mais pourquoi ne veut-il pas lui aussi me faciliter la tâche ?

Le Fardeau des Autre...