Pierrette AYIVON ?
Ecrit par Plénitudes by Zoé
Chapitre 8 : Pierrette AYIVON ?
Deux semaines plus tard…
*** Marla ***
Je tire mon trolley derrière moi, une sacoche sur l’épaule et entre dans le hall de l’aéroport où mon père m’attendait. Dès qu’il me voit un sourire se dessine sur ses lèvres, je dois avouer que ça me fait beaucoup de bien après les deux semaines horribles que je viens de traverser. Dans la famille on n’est pas très câlins alors je suis très surprise lorsqu’il me prend dans ses bras devant tous ces gens, je suis tellement gênée que je lui rends maladroitement son étreinte. Je ne sais pas s’il l’a remarqué mais il n’en dit pas un mot et me souhaite la bienvenue.
Moi (souriant) : Home sweet home
Papa (me rendant mon sourire) : Bienvenue chez toi
Moi : Merci papa.
Nous nous mettons en route dans le silence, comme je l’ai dit plus haut, nous ne sommes pas vraiment proches tous les deux. Mais dans cette famille très peu chaleureuse, j’ai la chance d’avoir des frères et sœurs qui ont les mêmes goûts que moi ou presque et avec qui j’ai une réelle complicité. Mais faut pas rêver non plus, on ne se câline pas, beurk ! Rire, j’espère juste que le temps et la distance n’auront pas entamé cette relation.
Nous arrivons et je me sens nostalgique tout à coup, cela fait quand même 4 ans que je suis partie et je constate que le quartier a beaucoup évolué, surtout la construction de nouvelles routes qu’il n’y avait pas ou plutôt qui étaient en terre et très cabossées lorsque je partais. Nous voici devant le portail de la maison, je descends et ais ouvrir le garage pour que mon père fasse entrer la voiture. Après quoi il m’aide à décharger mes bagages du coffre et mon frère que le bruit de la voiture a réveillé vient m’aider à les faire rentrer dans ma chambre. Les autres sont encore endormis, normal il est 4h du matin, je préfère arriver de nuit, ça me permet de me détendre toute la journée dans mon lit sans qu’on me harcèle.
Apparemment j’ai parlé trop tôt parce que quand ma mère s’est réveillée, la première chose qu’elle demanda c’est si je suis arrivée. Suivi d’une entrée fracassante dans ma chambre et d’un gros câlin tout aussi étrange que celui échangé avec mon père quelques heures plus tôt. Je n’ai pas d’autre choix que de me réveiller.
Moi (la voix ensommeillée) : Bonjour maman
Maman (se mettant à crier) : Ma fille oh ! Ma fille est rentrée de France !
Moi (émergeant difficilement) : Tu pouvais me laisser dormir un peu plus non ?
Maman (se calmant un peu) : Ma fille est rentée, je dois le célébrer ou bien ?
Moi : Hum
Maman : Dis-moi ce que tu veux manger je vais envoyer ton frère te l’acheter.
Moi (soudain réveillée) : Tu sais ce qui m’a manqué ? Des boules de côm, avec beaucoup de piment noir et du poisson frit avec de la sardine par-dessus !
Maman (riant) : Quand il s’agit e nourriture là tu es tout de suite réveillée n’est-ce pas?
Moi (sourire) : Que je te dise quoi ? C’est toi la reine je ne suis que ta disciple !
Maman (riant) : C’est ça ! Au fait vas te brosser les dents ta bouche sent !
Moi (me recouchant) : Ah maman je dors !
Elle sort envoyer Marc qui râle comme à son habitude, plus paresseux que cet enfant je n‘ai pas encore vu. Bon je me rends compte que je suis mal placée pour penser ça mais je suis mal placée pour dire ça. Bref je vois quand même que rien n’a changé ici. Par contre je n’ai pas encore vu mes autres frères, on verra cela plus tard pour l’heure au dodo.
A mon réveil, je mange, prends une douche, m’habille et vais faire le tour du voisinage pour saluer et prévenir de mon retour. On est en Afrique après tout, c’est la norme. Quand je reviens je trouve ma mère assise sur la terrasse en mode Berserker, je me demande ce qu’elle a pour être aussi tendue, je m’approche et lui pose la question.
Maman : Tu étais où
Moi : Juste dire bonjour aux voisins
Maman : Qui sont ces voisins-là ?
Moi (ne voyant pas du tout où elle voulait en venir) : Bah les voisins, les SONGOI, les TATOU, les ATAYI…
Maman (sautant sur ses pieds) : Je t’interdis d’aller chez ces gens à l’avenir
Moi (de plus en plus larguée) : Quels gens ? De qui tu parles ?
Maman : De cette sorcière de Mme ATAYI. Elle et son mari ont voulu gâter mon foyer mais ils ne réussiront jamais.
Sur ce elle commence à crier des insanités à Mme ATAYI et son mari qui sont nos plus proches voisins, elle se positionne bien sous la clôture pour l’insulter et la traiter de pute.
Moi (dépassée) : Maman arrête ça ne se fait pas (essayant de la maintenir par les mains pour ramener son attention sur moi) Maman arrête !
En essayant de se dégager de force, elle trébuche et tombe par terre, pas très fort mais là je vois une scène qui me pétrifie sur place. Comme au ralenti, je la vois s’étaler par terre au ralenti comme si elle avait eu un grand mal alors que ça se voyait qu’elle jouait la comédie. J’étais tellement choquée que je n’osais bouger. Profitant de ma léthargie, elle commence à crier que je l’ai poussée et que je lui donnais des coups de pieds, je ne savais plus où me mettre. Elle se relève très vite et m’assène une gifle à faire se décrocher ma mâchoire, le seul mouvement que je peux faire c’est porter ma main à ma joue comme si ce geste pouvait diminuer la douleur que je ressens. Je sens mes larmes couler plus par incompréhension qu’à cause de la douleur.
Moi (criant pour couvrir sa voix) : Qu’est-ce que je t’ai fait ? Pourquoi tu me gifles ?
Maman (criant de plus belle) : Tous mes malheurs sont de ta faute, maintenant tu veux t’associer aux sorciers pour me nuire, mais je te préviens que tu n’auras pas ma peau. Espèce de SORCIERE !
Esther (sortant de la chambre) : Il se passe quoi encore ?
Moi (en larmes et furieuse que ma petite sœur me voit pleurer) : Je ne comprends pas pourquoi elle a commencé à crier, je ne sais pas qui est cette femme mais ce n’est pas ma mère !
Esther (soupirant) : Marla s’il te plaît viens.
Moi : Comment ça viens ? Pour aller où ? On fait comment avec elle ?
Maman : Tu es une pute Marla, c’est le même esprit qui anime ton père qui t’anime aussi, esprit de vagabondage, de prostitution !
Moi (me tournant vers ma mère) : C’est à moi que tu dis ça ?
Esther : Ne lui réponds pas, tu ne fais que l’encourager, rentre dans ta chambre s’il te plaît et ferme la porte derrière toi. Elle va finir par se calmer quand elle sera fatiguée. Marc est sorti, si elle en vient aux mains on ne pourra pas se défendre.
Maman : Toi Esther tu crois que je ne te connais pas ? Tu crois que je ne sais pas quel genre de fille tu es ? Même tes tantes ont dit ici que Marla a une mauvaise influence sur toi ! Que tu connais déjà les hommes.
Esther retourne dans sa chambre comme si de rien n’était et je la suis, je vais m’enfermer dans ma chambre où je pleure toutes les larmes de mon corps. Il n’y a donc aucun endroit sur cette terre où j’aurai la paix ? Mon Dieu pourquoi tout s’acharne donc sur moi ?
*** Tawfiq TAL ***
Frère Jean : Bonjour Tawfiq, (me désignant un siège) prends place, en quoi puis-je t’aider ?
Moi (abattu) : Bonjour mon frère, c’est toujours par rapport à ma situation familiale que je viens vous voir. Parfois je me dis qu’il aurait mieux valu que je reste musulman comme cela je n’aurais pas tous ces problèmes aujourd’hui.
Frère Jean : Je comprends que ce par quoi tu passes en ce moment ne doit pas être facile, mais sache une chose, le jour où tu as décidé de donner ta vie au Seigneur, dans le Royaume des cieux une grande fête a été célébrée en l’honneur de ton retour à la maison, que rien ni personne ne te fasse douter que tu as fait le bon choix.
Moi : Amen, je le sais. C’est juste si dur parfois, lorsque mon père proclame sur ma vie la folie et toute la famille le soutient. Je suis obligé de me cacher pour venir à la messe et pour lire ma Bible… Je suis épuisé
Frère Jean : Es-tu certain que Dieu est présent en Toi par Son Esprit ?
Moi : Oui
Frère Jean : Es-tu conscient que de ce fait, il sait ce par quoi tu passes ?
Moi (soupire) : Oui
Frère Jean : Par conséquent pourquoi n’agit-il pas encore d’après toi ?
Moi (reprenant espoir) : Il doit avoir un plan particulier pour moi
Frère Jean : Tu as ta réponse. Comme il est écrit en Jérémie 1:5 « Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations. » Médite cette parole et garde-la près de ton cœur. Ton heure viendra bientôt.
Moi (soudain rasséréné) : Amen, merci frère Jean. (Sourire)
Frère Jean (répondant à mon sourire) : Je t’en prie. Je suis là pour ça.