Epilogue
Ecrit par Max Axel Bounda
Ce jour-là ne fut qu’un jour comme les autres.
Jessica avait travaillé sans stresse ni pression. Il était douze heures à
l’horloge quand le directeur l’appela dans son bureau. Elle sourit. Cela
faisait plusieurs jours qu’elle attendait que son chef veuille bien lui dire un
mot. Quand la jeune avocate arriva dans le bureau, son chef était souriant.
Elle lui rendit ce sourire qui présageait plein de bonnes choses.
— Que puis-je faire pour vous maitre ?
— Disons que c’est moi qui ai quelque chose à
faire pour vous Mademoiselle Nyingone.
— Ah ! Qu’est-ce que c’est ?
— La saisine.
— Ah ! Vous l’avez lu ?
— Bien sûr. Et Elsa aussi.
— Ok ça veut dire que la clinique juridique
accepte l’affaire ?
— Non.
— Pardon ?
— C’est KNA qui s’en chargera.
Jessica n’en crut pas ses oreilles. Elle se
laissa choir sur la chaise posée devant elle.
— Mais les honoraires…
— On récupérera sur les dommages et intérêts.
— J’en parlerai aux filles alors.
— D’accord mais il y’a une petite modification
dans notre stratégie. Nous n’attaquons pas que les enseignants visibles sur les
vidéos. Nous les attaquerons eux et l’UPG pour harcèlement sexuel et moral.
— L’Université ?
— Oui l’institution qui les couvre.
Jessica baissa les yeux. Elle était heureuse
mais cette stratégie, elle ne l’avait pas anticipée.
Les choses
seraient-elles plus faciles comme ça ?
— Ce sera lourd ça ! Vous ne croyez
pas ? L’UPG a des milliers d’étudiants. Nous n’avons que huit plaignantes,
ça ne fait pas trop le poids. Même si on peut toujours espérer que d’autres
filles se dévoilent plus tard.
— Des centaines d’étudiants sont harcelées mais
ne peuvent pas se plaindre. Et le phénomène se poursuit, voilà pourquoi nous
devons attaquer tout le système. Quand on ne peut pas changer les hommes. Il
faut changer le système.
L’homme tira une enveloppe scellée d’un des
tiroirs de son bureau.
— Vous devez aller déposer ceci chez le
substitut Monty. Je lui en ai déjà parlé. Il vous attend. Et à votre retour,
programmez nous une réunion de travail avec les filles. Elsa sera au Gabon la
semaine prochaine. Nous sommes officiellement leurs avocats.
— Bien reçu !
*
* *
Trente minutes plus tard, Jessica Nyingone était
au palais de justice de Libreville. Quand elle se présenta chez le substitut du
procureur, la secrétaire du magistrat lui informa que son patron était en
audience, qu’il y mettrait un peu de temps. Donc qu’elle pouvait laisser l’enveloppe
qu’elle se ferait un plaisir de lui remettre. Jessica déclina l’offre et
préféra attendre. Elle devait la lui remettre en mains propres. Elle ne pouvait
risquer une fuite.
Quatre heures plus tard, le substitut Monty
daigna enfin se pointer à son bureau. La plupart de ses collègues quittaient
déjà les leurs. Jessica alla à sa rencontre, lasse d’attendre depuis plusieurs
heures. La secrétaire était déjà rentrée. Elle se présenta brièvement et le
magistrat lui demanda d’entrer. Elle lui remit le dossier qu’il lut lentement.
Derrière ses lunettes, il feuilletait les pages du document confidentiel qu’il
avait entre les mains, jetant au passage des regards discrets à Jessica. Apres
avoir tourné la dernière page, il se leva, fit un tasse de café et se rassit.
— Vous en voulez une Maitre… ?
— Jessica Nyingone, répondit la fille. Merci
pour la proposition mais je passe mon tour cette fois.
L’homme la regarda sans faire de commentaires et
souleva son téléphone portable.
— Allo, Kevin ? C’est énorme ce que je
viens de lire. On te suit dans cette démarche. Je présente ceci au juge Nguema
demain, et je te reviens.
Jessica remercia son interlocuteur et s’en alla
prendre une bouffée d’air dans les couloirs du tribunal.
— Allo, Samirah ! Ça y est. Nous y sommes.
Notre affaire sera sur la table du juge demain. Justice sera bientôt faite.