Epilogue
Ecrit par EdnaYamba
5 ans plus tard
Mireille MOUKAMA
Je le regardais pleine de rage.
Si j’avais souvent fermé les yeux par le passé, il venait de franchir la limite.
Je ne contrôlais plus ma colère, ni les mots blessants que je lui lançais.
Pendant que je veillais au chevet de notre fille, hospitalisée, mon mari couchait par ci et là. Et le pire, le scandale était devenu publique. La vidéo ne cessait de circuler sur les réseaux sociaux.
Le pire, je l’ai appris d’autres personnes.
En me connectant ce matin sur Whatsapp, je ne comprenais pas tous ses messages que je recevais.
« Courage ma belle. Sois forte. C’est ignoble que les gens puissent dévoiler ainsi l’intimité des gens »
Les messages arrivaient par dizaine, lasse j’ai dû demander à une collègue devant son message, de quoi il s’agissait.
« Oh désolée Mireille, je pensais que tu étais déjà au courant. Ça circule sur les réseaux sociaux depuis ce matin.»
« Qu’est-ce qui circule ? » avais-je demandé impatiente et énervée.
Elle m’avait envoyée une vidéo. La pire vidéo de ma vie. On y voyait Dean nu, en plein ébats sexuels avec une jeune fille à peine sortie de l’adolescence.
J’avais dû faire preuve de beaucoup de maitrise de soi pour ne pas craquer devant l’enfant. D’ailleurs il ne s’était pas présenté à l’hôpital ce jour-là.
J’ai pris ma fille et nous sommes rentrés. Je l’attendais de pied ferme mais il n’était pas rentré non plus et son téléphone ne passait pas non plus.
Après tant d’années de mariage, un enfant et un autre en cours de route, il ne voulait toujours pas me respecter. Après tout ce que j’avais accepté pour lui.
C’est au petit matin qu’il était rentré, saoul, la tête baissée.
Tout ça n’était que façade, ce n’était que parce qu’il s’était fait attrapé.
- Mireille….je suis….
- Imbécile ! ne dis rien, lui ai-je lancé en sautant sur lui avec mon gros ventre.
Je ne pouvais plus contenir toute cette douleur que j’enfouissais à l’intérieur de moi depuis des années. Ces infidélités devant lesquelles j’avais souvent joué l’aveugle.
Alors que les mots fusaient, mes larmes ne cessaient de couler. Il m’avait humiliée et tout le GABON était désormais au courant. Je le méprisai de tout mon cœur et de toute mon âme.
Pendant des années j’avais fait acte d’abnégation et de sacrifice pour ce mariage.
- C’est la goutte d’eau Dean ! dis-je haletante. Je prends mon enfant et on s’en va !
- Ne me quitte pas Mireille, on m’a déjà appelé pour me dire qu’avec ce scandale, je ternissais l’image de la société, si tu pars j’ai tout perdu….
- Alors, tu as tout perdu, dis-je en essuyant mes larmes et sortant de la chambre !
C’est dans la chambre de notre fille endormie que je suis allée laisser éclater mon chagrin silencieusement.
René NGODET
Il est 24H et Ethan n’est toujours pas rentré. Son petit frère est déjà au lit, je vais encore une fois de plus à la terrasse l’attendre dans le froid et les moustiques mais il n’arrive toujours pas.
Ça été difficile de les élever après la mort d’Isabelle, heureusement j’ai pu compter sur ma famille et sur des amies telles que Lydie pour pallier à l’absence de cette mère qui avait choisi même de mourir plutôt que de vivre pour ses enfants.
Si elle était restée avec moi, elle serait encore vivante.
Si elle était restée avec moi, ils auraient encore leur mère.
Mais elle l’avait choisi lui, jusque dans la mort.
5 ans après je n’arrivais toujours pas à lui pardonner, ni à elle, ni à lui, encore moins à Grace parce que c’était elle qui les avait emmené à revenir ensemble. C’est pourquoi il était hors de question que mes enfants aient un quelconque contact avec elle. D’ailleurs ils le savaient bien, tout ça ne serait pas arrivé sans Grace.
Les premiers chants des coqs s’élevaient, je me levai pour accompagner Justy qui allait au collège dans lequel j’avais été affecté comme surveillant. Ethan n’était toujours pas rentré.
J’allai regarder dans la classe d’Ethan interrogé quelques-uns de ses camarades.
Je commençais vraiment à m’inquiéter à ce moment-là. Il avait l’habitude de désobéir aux règles, de rentrer au-delà de l’heure convenue, il nous arrivait de nous disputer mais il n’avait jamais mis autant de temps dehors.
Ces dernières années, il s’était beaucoup renfermé sur lui-même.
On ne partageait rien qu’une relation père et fils tendue.
Une heure plus tard, mon téléphone sonne. C’est Richard MOUKAMA.
- Bonjour René !
Sa voix est froide.
Nos relations se sont détériorées au fil des années, je n’avais aucune envie que mes enfants aient un quelconque rapport avec eux. Alors je les ai tenu éloigné.
- Bonjour Richard !
- Je viens de recevoir un appel de la PJ, Ethan a été arrêté pour avoir participé à un cambriolage !
- Pourquoi c’est toi qu’ils appellent alors que c’est moi son père !? m’indigné-je
- Tu crois vraiment que c’est le sujet ? je t’appelais pour te prévenir je suis en train de m’y rendre !
Mélanie BOMO
Il y a 1 an, nous revenions d’un voyage en pays pygmée pour me soigner de ma stérilité.
Après 5 ans de vie avec Didier, j’ai voulu être mère. Et qui de mieux que les pygmées avec leur science pouvait m’aider ?
On m’a donné des infusions, fait des bains, fait faire des incantations nocturnes.
Et me voilà enceinte.
Je caresse le sourire aux lèvres mon ventre arrondie.
Quand je pense que BOUTSOUROU m’avait dit que je ne tomberais jamais enceinte !
J’éclate de rire. Il suffisait de trouver le bon tradipraticien qui contrecarrerait ça. Et quand on cherche on trouve.
Je regarde les voitures qui déchargent la marchandise que j’ai fait venir de chine et de Dubaï pour aménager l’institut de beauté que je viens d’ouvrir.
Le mois prochain, ma salle de cérémonie sera sur pied.
J’ai investi l’argent que j’ai eu de la mort de BOUMI.
- Attention à ces fils de courant là, dis-je en voyant ces fils abimés qui étincelaient de courant au sol. Didier, tu pourrais appeler un électricien s’il te plait ?
- Je vais le faire, me répond-t-il, tu devrais penser à te reposer tu es enceinte !
- Je fais les derniers règlements et on s’en va !
Il est près de 20 h quand nous partons de l’institut. Tout est impeccable comme je voulais.
Je m’endors.
Et en plein rêve, tout est froid, tout est sombre. Une main me tire et quand je me retrouve finalement au milieu. La lumière apparait.
C’est BOUMI !!
Je me lève en sursaut. Et à la minute qui suit une douleur me traverse l’abdomen. Je crie tellement fort que Didier se réveille paniqué.
Mireille MOUKAMA
Je faisais l’effort de faire bonne figure.
D’ici là qu’un autre scandale comme on en était habitué dans ce pays éclaterait, les gens se pencheront sur autre chose que la sexe tap de mon mari.
Nous étions en Réunion chez Richard.
Ethan était retenu en garde à vue. Il fallait, les affaires que sa bande de voyous et lui avaient cambriolées étaient estimées à 3 500000 Fcfa. Les propriétaires avaient accepté de ne pas porter plainte si nous remboursions. Nous étions entendus avec la famille des autres gamins en divisant les charges mais à la veille de notre rendez-vous avec l’inspecteur en charge de l’enquête, ils avaient tous désistés. Ils n’avaient plus de moyens nous prenant par surprise. Où allions nous trouver 3.500000 FCFA à nous seuls ? Pourtant il était hors de question qu’Ethan aille en prison même si ce chenapan le méritait. Mais transférer à la prison centrale au milieu des bandits de grand chemin, quel espoir aurons nous de le récupérer après ?
- Donc maintenant qu’il a un problème, René se souvient qu’Ethan et Justy avaient une mère qui avait une famille ! dis-je en écoutant mon grand frère parlé
- On a eu une altercation à la sortie de la police mais je me suis retenu, le plus urgent c’est le petit. Nous avons pu à nous trois avoir 1800000 il m’a appelé pour me dire que de son côté il a un crédit et qu’il ne peut pas avoir plus de 500000F
- Un imbécile celui-là ! m’énervé-je. Maintenant on fait comment ?
- Je ne sais pas, j’ai appelé l’inspecteur et c’est ça ou rien !
- On va demander à Grace ! c’est son petit frère….
Grace Jeannie MOUKAMA BOUMI
C’est avec émotion que je me lève à l’annonce de mon nom pour recevoir mon parchemin.
Dans la salle, Jonathan, Sandra et Loïc applaudissent aussi fort qu’ils peuvent. C’est eux ma famille aujourd’hui en plus de mes parents qui je le crois sont là en esprit.
Tantine Mireille avait annulé son voyage. Avec le scandale auquel elle faisait face, j’imaginais que ce n’était pas facile pour elle d’être là.
J’avais vu moi aussi cette vidéo de la honte sur Facebook et je n’en étais pas étonnée, maintenant j’espérais juste que tous ceux qui m’avaient accusé de vouloir détruire le foyer de ma tante se rendait compte à quel type d’individu elle était mariée.
Quand je descends du Podium après la photo officielle, c’est dans les bras d’un Jonathan fier et heureux que je me retrouve. Il me fait virevolter dans les airs alors que j’éclate de rire, joyeuse. Je me sens tellement aimée.
C’est réconfortant.
J’ai passé toutes ces années à essayer de les rendre fiers, leur absence a été difficile à combler. Ils me manquaient. La veillée de retrait du deuil porté par ma grand-mère avait eu lieu le mois passé et selon mon oncle Richard qui y avait assisté, il s’était fait ce jour-là des rites quant au repos de mon père si quelqu’un était en cause de sa mort. 5 ans plus tard, eux non plus n’étaient pas guéri de sa mort.
Moi , j’ai toujours pu compter sur Jonathan.
Il a été ma famille.
Mon ami, mon amoureux, mon oreiller sur laquelle me reposer, mon soutien et ce malgré mes cycles joies- Tristesses, de vraies courbes sinusoides.
Il m’est arrivé des moments vraiment sombres mais il était là !
Ça n’a pas toujours été facile mais je ne connais personne d’aussi patient que Jonathan.
Et quand même il craquer, ce n’était jamais longtemps.
Parfois je me sentais égoïste de lui faire vivre ça. D’autres fois, je me disais qu’il ne méritait pas de me supporter, il était encore jeune et que n’importe quelle jeune fille le rendrait plus heureux que moi.
Et des filles, lui tournant autour ça n’a pas manqué mais Jonathan m’avait choisi et moi. Et pour ça j’ai fait des efforts, pour lui j’ai fait des efforts de sourire à la vie.
Quand il me redépose, c’est Sandra et Loïc qui m’embrassent. Ils ont fait le voyage uniquement pour moi.
- On est fiers de toi, me dit Sandra en m’embrassant et je suis sure que Tata isabelle aussi l’est en ce moment !
Alors que Loïc comme à son habitude taquine son frère, Sandra m’entraine sur le côté. C’est à elle que j’ai confié ce désir qui m’anime pour honorer la mémoire de mes parents, quelque chose à la mémoire de ma mère et je sais que si ma mère est honorée mon père est heureux. Sa motivation à lui a toujours été de la rendre heureuse.
Et ça me permettra de voir mes frères avec qui la communication est rompue. J’ai mal chaque fois que j’y pense.
Je ne pourrais jamais véritablement guérir si je ne règle pas tout ça.
Mais ça implique retourner à Libreville et Jonathan n’est pas trop d’accord, encore moins quand il apprendra la nouvelle.
- Alors tu en as parlé à Jonathan ?
- Pas encore, avoué-je.
- Si tu as pris le billet pour Libreville, tu dois lui dire ! tu sais il veut vous prendre des billets pour Tahiti.
Je grince des dents. Il vaut mieux que je l’informe de mes projets maintenant.
C’est au retour du restaurant où nous sommes allés tous mangés que je me lance.
Jonathan m’écoute attentivement sans m’interrompre assis sur le bord du lit, l’expression du visage adoucit alors que je me tiens debout les doigts entrelacés, et stressée. Quand je finis par lui avouer que je veux aller sur Libreville. Il soupire.
- Bé, je te comprends et je t’ai toujours compris tu le sais n’est-ce pas ? me dit-il en me faisant signe de venir m’assoir près de lui.
Je m’exécute.
Je dépose ma tête lentement sur son épaule.
5 ans qu’il est mon oreiller.
Il dépose un baiser sur mon front.
5 ans qu’il me prouve combien de fois, il m’aime.
- J’aurais préféré que tu n’y retournes pas ! m’avoue-t-il , mais je sais que tant que tu n’auras pas accompli ça, tu ne feras jamais le deuil. Et moi tout ce que je veux c’est que tu sois bien !
Je pose ma main sur la sienne en entrelaçant nos doigts.
Personne ne me comprend mieux que lui.
J’avais fait la promesse d’honorer mes parents et 5 ans après je sentais que c’était le moment.
J’avais réussi mes études brillamment, j’avais été approché par une un organisme pour une belle offre de travail, il ne me restait qu’à mettre sur pied ce projet qui trottait dans ma tête depuis quelques temps.
J’avais appelé maitre BEKAH pour quelques informations juridiques concernant mon futur projet. Il m’avait confirmé la faisabilité.
Depuis des années, il s’occupait si bien de mes affaires, je n’avais rien à craindre de ce côté-là. Chaque trimestre, je recevais un e-mail du rapport de l’état de mes biens.
Des biens que je ne pouvais partager avec mes frères parce que tonton René ne m’en donnait pas l’occasion.
Ethan avait 16 ans cette année. Justy 12 ans.
Ce n’était que des enfants quand maman est morte.
Je n’ai jamais pu savoir comment ils avaient vécu leur deuil.
Alors quand tantine Mireille m’avait écrit pour me dire qu’Ethan avait été arrêté car il trainait avec un groupe d’amis peu recommandable. Je me suis sentie coupable envers maman. J’ai envoyé l’argent.
Je dois me rendre sur Libreville. Peut-être partager ce projet avec eux pourrait les aider, pourrait nous aider à mieux accepter cette fatalité.
- Prends ce billet va à Libreville ! poursuit-il mais à une condition…
- Laquelle ?
- On y va ensemble et on descend chez ma grand-mère. Les gens de ta famille sont gentils mais je ne leur fais pas trop confiance pour ce qui est de te protéger.
On ne pouvait pas le blâmer de penser ainsi.
- D’accord, dis-je sans rechigner. Je t’en demande un peu trop !
Je me sentais coupable. Il venait de prendre ses congés et si j’en croyais les confidences de Sandra il voulait m’offrir un voyage en Tahiti.
- Je suis déjà heureux de t’avoir avec moi et d’être dans ta vie. Et c’est ça le plus important.si ce n’était pas le cas, j’aurais déjà pris mes jambes à mon cou tu en as de la chance !
Il tapote mon nez en riant.
- On croirait entendre Loïc, rigolé-je
- C’est clair que ce n’est pas Loïc qui aurait supporté ça ! je vais annuler un voyage de rêve pour Libreville à cause de l’amour, rit-il
- C’est pourquoi c’est de toi que je suis tombée amoureuse. Je t’aime Jonathan !
Mme BOMO (la mère de Mélanie)
J’étais en larmes.
Je la voyais souffrir impuissante. Ses cris transperçaient mon cœur.
Didier m’avait appelée à 04 h du matin ce jour là, paniqué. Mélanie était en pleine contraction du moins c’est ce que nous croyions. Je les avais rejoints à la clinique. Je l’avais trouvé dehors patientant. On venait d’emmener d’urgence Mélanie faire une échographie. La sage-femme qui était avec Mélanie sortit le pas pressé, puis revint accompagner d’un médecin en blouse de bloc l’air grave.
Nous ne comprenions pas ce qui se passait. Nous n’entendions que les cris de Mélanie.
Puis ils sont sortis et là le médecin d’un air grave nous a dit :
- Nous venons de faire l’échographie, et c’est vraiment étrange ce qui se passe….il n’y a pas de bébé dans ce ventre.
C’était le début des problèmes.
Les choses se sont enchainées. Ils avaient même pris le risque avec notre accord d’aller au bloc car cela nous semblait invraisemblable qu’il n’y ait pas d’enfant dans ce ventre arrondie, nous avions des preuves des échographies.
Mais il n’y avait pas d’enfant dans ce ventre qu’ils avaient ouvert et refermé. Il était vide et toujours arrondie et Mélanie était en plein délire. Elle ne répétait qu’une chose dans ses cris douleurs.
- Ils veulent me tuer !
Mais qui ? La question demeurait sans réponse.
Ça faisait une semaine et médicalement on n’avait aucune solution. On la bombardait de médicaments qui n’avaient aucun autre effet que de la rendre léthargique.
J’étais assise à l’extérieur attendant que l’équipe médicale finisse sa visite quand Didier vient me retrouver. Le pauvre, il doit se demander dans quoi il s’est embarqué. Il s’avance et son air grave m’interpelle.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Maman là, je reviens du chantier de Mélanie où on m’a appelé. le salon a brulé.
JESUS DE NAZARETH !!!!
Grace Jeannie MOUKAMA BOUMI
Le lendemain de notre arrivée sur Libreville, nous avons appelé maitre BEKAH pour prévenir de mon arrivée avec qui nous avons pris un rendez-vous. Il avait bien avancé dans la constitution de ce dossier auprès du ministère de l’intérieur. Cette ONG allait pouvoir voir le jour. Il avait même réussi à convaincre quelques personnes de s’associer à moi dans ce projet. Il me tardait de pouvoir le partager avec mes frères, c’est pourquoi après maitre BEKAH , Jonathan et moi nous sommes rendus chez tonton Richard pour prendre des nouvelles de mes frères surtout celles d’Ethan.
- Il devrait être rentré dans quelques minutes, me dit tonton Richard.
- Il n’est plus chez tonton René ?
- Après son épisode prison, nous avons décidé de le garder un peu à la maison. Ce n’est pas facile tous les jours mais nous saurons le ramener sur la bonne voie. Tu pourras le voir.
J’étais heureuse à l’idée de le voir et anxieuse en même temps.
Comment était-il ? à 1- ans avait-il changé, faisait-il déjà homme ou était-il resté ce gamin que j’avais laissé ?
Mes questions furent résolues une demi-heure plus tard quand mon frère apparut en tenue du Lycée. Il avait tellement changé.
- Grace, avait-il dit hésitant en me voyant !
- Je n’ai pas autant changé pour que tu ne me reconnaisses pas, dis-je la voix pleine d’émotion, en me levant pour aller vers lui.
Sans lui laisser le moindre temps de riposter, je l’enlaçais dans mes bras. Bien qu’on n’entendait que mes sanglots, je sentais ses larmes couler sur mes épaules.
Nous nous retrouvons les minutes qui suivent à l’écart de tous regards, silencieux.
- Je croyais que tu ne reviendrais plus, que tu nous avais abandonné comme maman !
Sa voix est pleine de reproches.
- Maman ne vous a jamais abandonné, elle est morte Ethan !
- Après nous avoir quitté pour ton père !
- C’est un peu plus compliqué que ça, soupiré-je. Maman nous aimait tellement, tu n’as pas idée de tout ce qu’elle a vécu.
Je prends sa main dans la mienne.
- Ethan, un jour j’en voulais maman comme toi parce que je cherchais mon père…pendant longtemps je ne l’ai pas comprise, jusqu’à ce que j’ai compris. Tu veux bien que te raconte ?
****
Assis dans la maison de ma tante Julie, je regardais tante Julie consoler ma grand-mère qui pleurait parce que je lui rappelais son fils. J’avais tenu à venir les voir et leur informer du projet que je mettais sur place.
- Tu es comme ton père, me dit tante Julie, même dans la plus grande tristesse vous cherchez toujours à faire du bien aux autres. Ton père était un vrai altruiste….
Nous entendons soudain à l’extérieur des sanglots qui interrompent tante Julie.
Elle se lève rapidement pour aller voir ce qui se passe dehors suivie de Jonathan.
Moi je vais aider ma vieille grand-mère à se lever pour les rejoindre afin.
Nous les retrouvons face à une femme les genoux au sol, alors que derrière trois hommes tiennent celle que je reconnais comme ma belle-mère qui se tord de douleurs.
Tante Julie ne semble pas le moins du monde émut par la scène.
- Nous l’entendons dire, je vais tout raconter, je vais tout raconter pourvu que cette douleur atroce s’arrête !
Et 5ans plus tard, je n’aurais jamais imaginé que mes parents puissent obtenir Justice……..
***
Pleine d’émotions je regarde tous ceux venus assister à l’ouverture de mon ONG d’entraides aux orphelins. Toute tremblante, j’achève mon discours en mémoire de mes parents.
- Je veux aider ces orphelins parce que je suis moi-même orpheline mais j’ai eu la grâce d’avoir un père bienveillant ce qui n’a pas été le cas de ma mère. Stigmatisée pour les erreurs de ses parents et privée de son amour, elle a dû faire face seule aux difficultés de la vie. Et même quand elle a été heureuse, ce bonheur a lui a été arrachée. Maman, dis-je entre deux sanglots, nous ne t’avons peut-être pas dit assez mais Justy , Ethan et moi nous t’aimons tellement. Et nous sommes fiers de ce que tu as accompli, tout maman.
Je regarde mes frères dans la salle. Ethan qui est allé chercher Justy, acquiesce la tête en guise de soutien. C’est la seconde fois qu’il écoute ce récit de l’histoire de maman. Je sais que maintenant ses rancœurs se sont tues. Et je sais qu’il fera tout pour rendre fière maman et je serais là pour eux. Toujours. Ma mère s’était retrouvée seule mais moi je n’abandonnerai jamais mes frères et encore moins ces enfants dans la même situation que ma mère. Si malédiction il y avait la seule qu’il y avait c’était celle d’être entourée de personnes ignorantes qui l’avait fait payé les erreurs de ses parents. les choses se seraient peut-être passées autrement s’ils avaient pu vivre leur amour dès le début à visage découvert.
Mélanie BOMO avait succombé quelques jours plus tard après sa confession qui avait choqué tout le monde. Ses parents étaient venus rendre tous les papiers de mon père, n’en voulant pas, prétextant qu’il ne voulait pas que l’esprit de mon père les poursuive. Je n’avais pas souhaité les prendre, mon père avait tellement investi pour moi que j’étais à l’abri du besoin. Je l’avais laissé aux parents de mon père. une seule chose était importante pour moi maintenant, ils reposaient en paix.
- Papa, merci d’avoir le temps que tu as pu faire le bonheur de ma mère. Je vous aime tellement et j’espère que vous êtes fiers de moi et de cette œuvre
Mon regard s’accroche à celui de Justy du haut de ses 12 ans comprend lui aussi. Je le vois et quand il sourit, je vois le sourire de maman. Et quand j’imagine maman sourire, je vois papa heureux. Ça toujours était ça son but, rendre son Isabelle heureuse. Rien, ne pouvait m’apaiser plus à ce moment.
J’avais longtemps cherché quel nom je donnerai à cette ONG mais maintenant tout était clair. J’avais enfin le nom.
Je l’appellerai : Le sourire d’Isabelle.