Epilogue

Ecrit par anomandaris

— Pourquoi elle n’est pas plutôt allée voir le mari de Linda, pour faire un scandale et détruire leur famille avec ce lourd secret ? Demanda Cyrus.


Dix minutes plus tôt, ils avaient réintégré leur enveloppe spirituelle, et Yvan s’était déjà changé pour ressortir. Une longue nuit l’attendait, pendant laquelle il essaierait d’expliquer à une veuve que son défunt époux venait de se sacrifier pour lui sauver la vie, à elle ou à sa fille.


— Personne n’a la même façon de réagir au chagrin consécutif à la trahison. Sans même la connaitre, je devine en cette femme une confiance aveugle aux personnes qui lui sont proches. Étant donné sa seconde vie de sorcière, elle a besoin d’avoir des arrières sûrs dans sa vie normale, comme nous le faisons avec Lidia, notre gouvernante. Le fait de découvrir que l’homme en qui elle avait le plus confiance lui cachait un aussi lourd secret lui a sans doute donné envie d’effacer la dernière preuve du méfait, puisque le véritable objet de sa fureur était déjà mort. Si elle s’était rendue à mon confessionnal, je n’aurais sans doute rien pu lui dire pour l’apaiser.


— Même pas lui dire de pardonner son mari ? D’épargner la vie d’une innocente ?


— Je suis sans doute l’un des derniers vrais prêtres exorcistes que ce monde connaitra, puisque je suis né et ai grandi pour le devenir, n’ayant jamais connu les péchés de chair que d’autres ont dévoré avant de rejoindre cet ordre. Il est plus facile à un ancien pécheur de conseiller le pardon à son prochain qu’à un être moins sale de le faire. En cela, les divers saints puceaux et vierges qui parvenaient à le faire me sont supérieurs.


— Je n’aurais pas pu mieux dire. Tu es irrécupérable, Van.


— Mais qui sait comment je verrai les choses, quand notre délicieuse gouvernante, sœur Lidia, cèdera enfin à ma demande, et daignera enfin me rejoindre une de ces nuits dans ma chambre ? Prie pour cela en mon absence, petit. Sur ce, ce n’est pas tout, mais ton héros préféré a une sorcière à rencontrer, ce soir.


Cyrus referma la porte derrière Yvan, qui avait le nez en l’air et sifflotait bas, silhouette solitaire que les dents acérées du vent nocturne de Sharkpool tentaient de mordre, mais ne rencontrant, sous son épais manteau qui flottait comme une cape, qu’un homme qui ne le craignait pas, ayant rencontré des plus froids et coriaces.


FIN


Yvan Richmond et le...