Epilogue
Ecrit par Chrime Kouemo
— Ah Simon, Amandine ! Ça fait plaisir de vous voir !
Simon suivie de sa jeune sœur, salua chaleureusement la mère de Denise, installée dans une chaise de jardin. Elle reprenait un peu du poil de la bête après les premiers traitements de chimiothérapie.
— Comment ça va tata Rita ?
— Je vais bien, par la grâce de Dieu. Amandine, ça fait longtemps hein ! Comment vont les études ?
— Très bien, tata.
Rita Moyo les invita à prendre place près d’elle. Simon jeta un coup d’œil par la fenêtre du salon, espérant apercevoir Denise. Elle était probablement encore en cuisine avec Mylène à peaufiner le repas pour la fête des soixante dix ans de Zachary Moyo.
— Simon, j’ai l’impression que tu veux aussi que je te tire les oreilles comme à Denise. Esther m’a dit que c’était fini entre vous ?
Il s’éclaircit la gorge, embarrassé et ne sachant plus où se mettre.
— Oui, ça n’a pas marché.
— Hum... Je me demande vraiment ce que vous cherchez même au juste vous les jeunes d’aujourd’hui ?
Du coin de l’œil, il vit Amandine détourner la tête un léger sourire aux lèvres. La situation devait bien la faire marrer. Sa fiancée avait choisi la fête d’anniversaire de son père pour annoncer à ses parents la nouvelle de leur relation. Il avait souhaité le faire dès leur retour de France un mois plus tôt, mais elle avait refusé, évoquant à chaque fois une raison bidon. Il la soupçonnait de vouloir créer la surprise totale, ce qui aurait été difficile s’ils étaient venus tous les deux tous seuls. Quand il s’agissait de ses parents, Denise ne pouvait s’empêcher de provoquer délibérément. Il se rendait compte à quel point elle avait souffert -et souffrait encore- du rejet de sa mère et du silence de son père. Ce dernier faisait heureusement de louables efforts pour rattraper le temps perdu avec sa fille cadette.
Zachary Moyo fit son apparition, tout sourire. Simon se leva pour lui serrer la main, puis lui tendit la bouteille de vin qu’il avait prévue pour lui.
— Ah ! Merci, Simon, tu es un fin connaisseur à ce que je vois, dit-il en levant la bouteille à hauteur de ses yeux pour lire l’étiquette.
Il se tourna ensuite vers Amandine.
— Jeune demoiselle, on te voit enfin par ici !
— Joyeux anniversaire, tonton.
— Merci, ma fille ! Simon, ça tombe bien que tu sois arrivé un peu plus tôt. Je vais avoir besoin de tes services pour mon projet de creation d’entreprise.
— Ce sera avec plaisir. C’est une entreprise de quoi ?
— Vente de panneaux solaires. J’ai un vieil ami qui vit dans le sud de la France qui cherche à écouler dès la marchandise ici.
— Tu me donneras tes disponibilités pour qu’on en discute tranquillement.
— Merci.
Denise arriva enfin, perchée sur des talons à semelles compensés, son long kimono en tissu pagne flottant derrière elle. Ses cheveux ramassés en chignon haut, dégageaient son long cou, et mettaient en valeur les grandes créoles accrochées à ses oreilles. Elle lui adressa un clin d’œil espiègle avant de déposer son plateau garni de gâteaux et autres biscuits apéritifs sur la grande table dressée dans le boucarou. Il devina plus qu’il ne vit l’air pincé de Rita Moyo.
Amandine annonça rejoindre Mylène à la cuisine puis et s’éclipsa, les laissant tous les quatre. Denise s’installa à côté de lui, arrangeant élégamment les pans de son kimono et faisant cliqueter les nombreux bracelets qui ornaient ses poignets. Il sentit une petite tension monter en lui. Il avait beau être un adulte depuis très longtemps, mais son émoi actuel s’apparentait à celui d’un adolescent venant chercher sa petite amie chez ses parents pour la première fois.
Denise tourna la tête vers lui. Il tendit sa paume ouverte et elle y glissa sa main. D’un commun accord, ils reportèrent leur attention sur les parents.
***
Le visage de Madame Rita prit une expression tellement ahurie que Denise se demanda si une corne n’était pas entrain de lui pousser sur la tête. Un sourire incrédule déforma les lèvres de son père.
— Papa, maman, je crois qu’il est temps que vous fassiez la connaissance de Simon en tant que mon compagnon.
— Ah ! C’est vrai ça ?!! Depuis combien de temps ?
— Plus de six mois maintenant.
— Eh mais, c’est une excellente nouvelle !
Son paternel reprit un air sérieux.
— Bon... J’espère que ce n’est pas pour faire votre « viens on reste » que je connais là.
Elle voulut répondre, mais Simon la devança.
— Pas du tout. J’ai l’intention de te demander sa main en bonne et due forme.
Elle fit mine de lever les yeux au ciel, mais au fond c’était l’une des raisons pour lesquelles elle l’aimait si fort. Cette volonté qu’il avait de toujours bien faire les choses en toutes circonstances, même lorsque la pratique était en total décalage avec leur époque lui conférait un charme inédit.
— Ah ! Me voilà rassuré ! Rita, tu ne dis rien ? s’enquit son père en se tournant vers sa mère.
Madame Rita émergea enfin de sa léthargie. Les lèvres à peine desserrées, elle darda sur elle son regard dénué de chaleur.
— Hum... Denise, j’espère seulement que tu comprendras ce qu’implique le mariage et que tu sauras t’occuper de ton foyer. Et Simon, je compte sur toi pour l’encadrer hein, ma fille a tendance à n’en faire qu’à sa tête.
La prise de Simon s’affermit et il entrelaça ses doigts aux siens.
— C’est justement ce que j’aime chez elle, dit-il calmement en soutenant le regard de sa mère avant de le tourner vers elle.
Elle ne pourrait jamais obliger sa mère à l’aimer, mais l’amour et la compassion qui transparaissaient en ce moment des yeux de Simon lui permettraient de faire fi de son indifférence.
Alors qu’ils bougeaient doucement au rythme d’un slow, Simon lui murmura au creux de l’oreille :
— Je crois que je vais autoriser Amandine à prendre tes cours finalement.
— Tu vas l’y autoriser ou elle aura bientôt l’âge de faire ce qu’elle veut sans demander ton avis, répliqua t-elle, moqueuse.
— Oooh ... Tu ne peux même pas essayer de ménager mon égo de mâle et faire genre ?
— Nan !
— Et si je te disais que je voulais que tu m’apprennes à danser ?
— Je dirais qu’il n’est jamais trop tard !
Il ploya la tête en arrière et éclata d’un rire franc attirant l’attention des autres convives sur eux. Il reprit contenance et la sonda de son regard tendre.
— Tu sais quoi ? Je t’aime comme un fou. Il n’y a pas une partie de toi que je voudrais laisser pour mieux t’aimer.
Ses yeux s’embuèrent et sa gorge se noua sous l’émotion. Qu’avait-elle fait pour mériter un homme aussi merveilleux ?
— Je suis chanceuse de t’avoir dans ma vie. Je t’aime.
Et après un léger baiser sur ses lèvres, elle se réfugia dans le cercle de ses bras protecteurs.
FIN
PS : Je tiens à remercier chacune de vous qui avez pris le temps de liker et commenter mes chapitres. C'est notre carburant quand on écrit, d'avoir cette interaction avec vous qui nous lisez. Merci d'avoir été au rendez—vous pour cette cinquième histoire. J'espère vous retrouver très vite pour une prochaine histoire.
Merci de tout coeur