
Epilogue
Ecrit par EdnaYamba
Epilogue
Libreville, un soir de temps chaud.
Harry NDONG OSSAVOU
Deux semaines de vacances, voilà
ce que je me suis pris avec Victoria dans un cadre idyllique loin de la
capitale, à l’abri des regards et la pression médiatique.
Allongé, je lis les titres de la
presse. Ils tirent en boucle.
"Affaire Marcus EBANG : fin d’un
règne de terreur"
"Des années de silence brisées
grâce à un enregistrement clandestin"
"L’avocat Harry Ndong Ossavou
parle enfin du dossier Koumba"
Sur les plateaux télé, les
analystes sont excités, les politiques indignées. Certains feignent la
surprise. D’autres se taisent … un peu
trop.
Depuis des noms circulent, des
anciens dossiers sont rouverts. Marcus n’était pas seul. Il n’a jamais été
seul. Et maintenant qu’il est mort, chacun craint de devenir la cible suivante.
Et moi, Harry, je suis devenu
malgré moi la figure d’un courage que
je n’ai pas toujours eu.
Victoria est entendue comme
témoin principal. Son témoignage, couplé aux extraits audio de Marcus
reconnaissant indirectement son implication dans l’affaire Léon Koumba, relance
officiellement l’enquête classée en 2019. Gaspard a pris pour 3 ans de prisons
avec sursis. Annabelle s’est enfin reconvertie en esthéticienne, elle a ouvert
un petit salon de coiffure en bordure de route à Belle-Vue II.
La
justice rouvre les yeux. Enfin.
Et moi
quand je lève les yeux, je la vois debout son beau teint ébène resplendit au
travers de sa robe chemise semi longue blanche. Elle ne porte plus de couleurs
sombres. Elle est encore plus belle maintenant qu’elle me sourit en me faisant
signe de la rejoindre.
Je me
lève promptement allant l’enlacer. Elle tient le dernier magazine people de la
bloggeuse inconnue OK Gabon. La photo d’Aaron fait les gros titres.
‘’
Encore une enquête résolue grâce à l’inspecteur le plus convoité de la ville,
le bel Aaron Meviane, le célibataire’’
J’imagine
la tête d’Aaron quand il verra ça.
-
Je paierais cher pour voir sa tête. Je ne pense
pas que les jolis qualificatifs attribués à Aaron vont lui faire oublier les
passages qu’elle a ajoutés.
Victoria
lit en riant :
-
Depuis la déception occasionnée par le mariage de
Tia Jackson avec Peter Sima, le bel et talentueux inspecteur s’était fait
discret
Nous
éclatons tous les deux de rire.
-
On dirait que notre bloggeuse a un faible pour
Aaron, dit Victoria.En parlant de Tia Jackson, on est toujours d’accord pour
que je passe de ton équipe à la sienne.
-
Oui, même si je perds ma meilleure stagiaire.
C’est plus professionnel comme ça, on ne m’accusera pas de te faire du
favoritisme. J’espère que Tia me laissera te voler quelques baisers de temps en
temps… D’ailleurs, Je ne lui laisserai pas le choix.
Elle
sourit. Alors que je pose mes baisers sur son cou, je la retourne vers moi et je
l’embrasse.
Et le monde s’efface.
Plus de dossiers, plus de mensonges, plus de Marcus. Plus rien. Juste nos deux
cœurs qui s’aiment.
Ses
lèvres sont douces. Je la sens frissonner.
Sa main s’est posé contre ma poitrine, paume ouverte, comme pour vérifier que
je suis bien là, que mon cœur bat vraiment. Il bat tellement fort qu’il
pourrait se rompre.
Je
l’attire contre moi.
Elle vient, entière, ses bras autour de ma taille et son front contre mon
torse.
On
reste comme ça longtemps. Elle s’écarte doucement, me regarde.
Elle
sourit. Pour de vrai, cette fois.
Elle
baisse les yeux.
-
Je vais me changer. T’as faim ?
-
Non. Juste
envie de toi.
Un
baiser furtif sur mes lèvres, elle disparait dans la chambre. Je reste seul
dans le salon, debout, à me demander comment j’ai fait pour en arriver là, pour
me sentir si paisible.
Elle
revient.
-
Viens, me dit-elle !
Elle me
tend la main et m’entraine dans la chambre. On s’assied sur le bord du lit,
côte à côte dans un silence doux. Nos regards amoureux parlent pour nous.
Elle
s’allonge et me fait une place.
Elle
cale sa tête contre mon épaule, pose une main sur mon ventre.
-
Je t’aime Harry ! Merci de m’avoir laissé
voler ton cœur ! Merci d’être resté là !
Je
reste là, à la tenir. Le monde s’est illuminé.
La nuit
est douce, mais le jour se lèvera toujours. Entre amour et justice, nous avons
trouvé notre équilibre fragile, précieux, et pleinement à nous.