EPILOGUE
Ecrit par Samensa
SAFI
Une histoire qui a commencé dans
une ruelle sombre et qui semble se terminer ici. Du moins, une fin qui marque
un nouveau départ.
Le père de Karim a réussi à
convaincre « zeus » de nous laisser en paix. On ne sait pas comment
mais toujours est-il qu’il est revenu du Nigéria avec cette assurance. Karim
n’est pas encore arrivé à pardonner à son père à contrario de sa mère qui
essaie de faire des efforts. J’espère qu’il lui pardonne car je n’ai pas envie
que mes enfants grandissent dans un environnement conflictuel.
Aujourd’hui, je me marie. Karim
et moi avons décidé de sauter le pas maintenant que tout est réglé.
La maison est pleine à craquer.
Entre le traiteur qui s’active, les décorateurs à pieds d’œuvre, la grande
famille qui essaie de tout coordonner, c’est le grand bazar. Néanmoins, je
reste sereine. Tout sera prêt à temps.
-Safi ! Safi !... Oh ma
chérie, tu n’es pas encore maquillée ?
C’est maman Djénébou qui vient de
débouler dans la chambre avec ses sœurs. Je crois qu’elle stresse plus que moi,
la mariée.
-La maquilleuse vient de
m’appeler, elle est au portail.
-D’accord… Les filles,
entrez ! On va s’occuper de vous.
Bientôt la chambre est pleine de
filles, mes demoiselles d’honneur, pour la plupart des cousines de Karim. C’est
dans ces moments que je regrette un peu de ne pas avoir de meilleure amie. Je
me console en disant que je vis bien heureuse sans.
Deux heures plus tard, je suis
prête. Prête à descendre pour retrouver mon homme. La cérémonie civile se passe
au bord de la piscine.
Avec les cousines de Karim, nous
avons prévu de faire une entrée très originale, en chorégraphie. Etant fan de
musique latine, j’ai décidé qu’on dansera sur « Bailando » d’Enrique
Iglesias. Et pour ne pas oublier nos origines, notre culture, la sortie se fera
sur un des titres de Affou Keïta dans lequel elle demande qu’on « laisse
les jaloux passer ». Ça fait
vraiment une cassure au niveau des chansons mais c’est l’objet : ajouter
un brin de folie à mon mariage. J’imagine déjà la tête des gens quand ils nous
verront.
Je vois mes demoiselles et
garçons d’honneur entrer par couple sur la terrasse en dansant. J’ai le cœur
qui bat. Bientôt, c’est mon tour. J’ai opté pour une robe de mariage à manche
longue en dentelle moulante avec bas évasé. Pour les chaussures, j’ai choisi
des compensées pour ne pas avoir trop mal vu que j’allais danser. Accrochée au
bras d’Ali, je fais mon entrée. Karim n’ayant pas voulu que son père soit
présent, Ali le remplace. J’avance en me déhanchant, le bouquet en l’air avec
un grand sourire. Dès qu’il me voit, Karim rit en remuant la tête. Il est trop
beau mon bébé dans son costume noir avec sa pochette rose. Oui rose. Ça a été
dur mais je suis arrivée à le convaincre. Les invités se mettent débout et se
laissent aller pour la plupart sur le rythme. C’est magnifique.
Nous échangeons nos vœux sous un
beau soleil, avec le bruissement des vagues. Bien sûr des larmes de joie sont
versées. De l’émotion est partagée.
Je monte ensuite me changer avec
mon époux. Waouh ! J’adore le dire. Mon époux.
Une fois seule dans la chambre, il
me saute dessus et me prend rapidement dans la salle de bain. Un avant-goût de
la lune de miel que j’apprécie bien sûr.
Vêtus de tenues traditionnelles,
nous quittons la chambre. Et à ce que je vois, la famille a décidé de montrer
qu’elle est puissante. Dans les escaliers, des billets de banque servent de
tapis. Une griotte chante les louanges du nouveau couple que nous sommes.
Chacun veut faire étalage de sa puissance, les billets pleuvent sur nos têtes.
Une grande tente climatisée a été emménagée pour accueillir tout le monde. Je
suis bluffée par la décoration de la salle, une surprise de tata Bintou. Mes
couleurs : le rose et le noir.
La réception se déroule très
bien. Là encore, la danse est à l’honneur. Mon cortège m’a fait vraiment
plaisir avec l’animation. Je ne pense pas que quelqu’un ait pu rester assis du
début à la fin de la cérémonie. Niveau cadeaux, nous avons été gâtés. La salle
aménagée pour les recevoir n’a pas pu les contenir. Et Karim m’a fait un de ces
discours. Le genre qui vous donne des frissons. Tout le monde en a eu les
larmes aux yeux.
Vers la fin de la soirée, assise
à la table d’honneur, j’ai regardé tout le monde. Qu’est-ce que j’ai bien pu
faire pour mériter tout ce bonheur ? Environ un an plus tôt, je n’aurais
jamais imaginé ma vie telle qu’elle est aujourd’hui. Jamais. Mon expérience me
permet d’affirmer avec conviction que même lorsque tout semble perdu, il faut
garder espoir car la situation peut changer en votre faveur du jour au
lendemain. Je souhaite que toutes les femmes du monde vivent un jour dans leur
vie un bonheur comme le mien ou supérieur au mien. Dieu fera.
Nous décidons de nous éclipser
après que j’ai lancé mon bouquet. J’embrasse mes enfants avant de monter dans
la voiture en demandant à mes mamans de prendre soin d’eux. J’ai un peu le cœur
brisé de les laisser ici. Direction : l’Espagne pour la lune de miel. Je
me blottis dans les bras de mon époux qui me serre contre lui avec un baiser
sur le nez.
-Tu es heureuse ? Me
demande-t-il.
-La plus heureuse… Je vous aime Maître
Cissé, mon avocat.
-Je vous aime aussi Madame Cissé.