Épilogue (Réécrit)

Ecrit par Lalie308

4 ans plus tard

4 ans plus tard

Michelle

Tenir malgré les épreuves, c'est difficile. Supporter les injustices et les caprices de la vie n'est pas chose aisée. La vie est parfois belle, d'autres fois, bien trop injuste. La nature est sans cesse rebelle, mais il suffit d'un coup de courage pour l'apprivoiser. Je suis Michelle Lawson, j'ai appris et compris que la vie ne vient presque jamais comme on l'espère, qu'elle n'en fait qu'à sa tête. J'ai grandi et je pense que si la vie ne m'avait jamais autant mis de bâtons dans les roues, je n'aurais pas mûri. Chaque blessure est un rappel de la réalité qui pousse à repousser les limites. Je suis reconnaissante de vivre, d'être, de grandir, d'aimer et d'être aimée.

— Luc Coovi Lawson, appelle fièrement le doyen de la faculté de Médecine.

Charly, papa, le coach et sa femme, Tania, Aliyah, Harry et moi sautons debout en applaudissant et hurlant comme des tarés. Luc est enfin diplômé, docteur en médecine. Je suis tellement fière de lui, absolument et totalement fière de lui. Il l'a fait. À la fin de la cérémonie, nous lui faisons des tonnes de câlins qu'ils repoussent un peu sauf ceux de Liyah. Celle-ci a obtenu son diplôme en littérature anglaise avec une mineure en lettres françaises hier. Je suis reconnaissante. Charly poursuit toujours son projet et a pour le moment ouvert avec sa team un centre de danse à Toronto où il vit depuis peu. Ils sont officiellement des coaches de danse, entraîneurs pour des compétitions internationales et invités à de grands événements. Les grands-parents d'Andrew ont réussi à obtenir sa garde. En espérant qu'ils vivent longtemps. Andrew passe d'ailleurs le clair de son temps avec Harry et moi, il a aussi développé une affection particulière pour Harry. Ces deux-là font des tonnes d'activités ensemble. J'ai parfois l'impression qu'Harry rattrape ses années d'enfance perdues avec lui. On a tort de penser que des âmes blessées ne peuvent rien produire de bon. Harry et moi avons appris de nos blessures, et c'est ce qui a fait de nous de qui nous sommes. Malheureusement, Ashley n'est jamais sortie de cet hôpital. On y conduit Andrew de temps à autre. Tristement, elle a l'air de ne plus le reconnaître, et la situation n'a pas changé depuis tant d'années. Audrey a réussi quelques mois plus tôt a légalisé le testament de son père. Homel est à elle, de droit. Quelques années plus tôt, nous avions eu beaucoup à guérir : mon mal, les problèmes et le deuil d'Audrey. Un père assassiné, une mère pendue, c'est terrible. Un des employés avait retrouvé Victoria dans sa chambre, une épaisse corde oppressant son cou et son corps en suspension dans l'air. Elle avait laissé une lettre, du moins, une phrase : « Je me préfère morte et maîtresse de vos souffrances, que vivante et victime de votre domination. »

J'ai emménagé avec Harry. Nous avons passé beaucoup de temps à réaménager la maison, à la décorer ensemble ; afin qu'elle passe de vide et triste à joyeuse et vivante. Harry n'est jamais retourné travailler chez Homel. Il travaille depuis deux ans dans une autre maison spécialisée dans les ouvrages commerciaux et financiers, il y semble bien plus heureux. Luc et Liyah ont pris un appartement ensemble dans la ville de Gatineau. Quant à mon état d'il y a quelques années, ce fut une rude bataille. J'ai passé plusieurs mois sous le coma avant de me réveiller. Je ne saisis toutefois pas encore la chance que j'ai eu de survivre, sans oublier le malheur qui va avec, un malheur dont je n'ai encore osé parler à personne.

*

Ce soir, nous nous habillons tous pour un autre grand événement. Ma toute première séance de dédicace à une soirée d'Homel. Grâce à Audrey, j'ai pu regagner mes droits. Je suis officiellement éditée. J'ai beau me répéter la phrase, je n'y crois toujours pas. Ça reste fou. Les trois tomes seront publiés. J'ai pleuré à la sortie du tout premier et je compte le faire pour les deux autres. Bien que ma nouvelle carrière ait enfin décollé avec déjà des milliers d'achats, je donne de temps à autre de petits coups de main au coach, j'anime également plusieurs clubs de lecture et des ateliers d'écriture. Je suis reconnaissante. Une fois arrivés avec Harry, Tania (qui a intégré une agence de mannequinat spécialisée dans la valorisation de la femme ; avec pour concept sexy sans être nue), Luc, papa, Charly et Liyah, les journalistes nous inondent de photos. Certains fans me demandent des dédicaces et je leur indique gentiment que nous en aurons tout le temps durant la soirée. Je vois des étoiles briller dans leurs yeux, comme si ces mots qui s'étaient échappés de mon âme quelques années plus tôt avaient réellement pu communiquer avec eux. C'est un rêve, un pur rêve qui est devenu réalité. Une nouvelle œuvre est en cours d'écriture, et je continue de bouillir de nouvelles idées. Je suis reconnaissante. Une fois installés pour la séance de projection des teasers réalisés sur les ouvrages qui seront en dédicaces ce soir, nous nous contentons des pages publicitaires qui passent d'abord. Harry tourne discrètement ma tête vers lui pour m'embrasser. Lorsque mon père racle sa gorge, je glousse puis me sépare d'Harry. Papa a le don de nous ramener à la réalité. D'ailleurs, ma relation avec lui s'est beaucoup améliorée, il vient fréquemment nous rendre visite et se prend même pour un grand-père avec Andrew. L'été dernier, Harry, Andrew, Charly et moi avions passé nos vacances au Bénin. Harry était étrangement dans son élément, comme s'il connaissait parfaitement mon pays. Nous avons également fait des escales d'une semaine en Côte d'Ivoire, au Togo, Nigéria, Mali, Cameroun et en RDC.

— On conclura à la maison, murmure Harry à mon oreille. Et on pensera à la fabriquer cette fameuse petite Michelle.

Je rougis brusquement.

— On ne fabrique pas les bébés Harry, et arrête ton obsession pour avoir une fille, chuchoté-je à mon tour.

Il se contente d'esquisser un sourire au coin des lèvres alors que mon cœur bondit dans ma poitrine quand je me rends compte que je l'aime encore plus, que ce qui semblait si impossible s'est avéré possible.

— T'as raison, un petit Abdou serait parfait.

Lorsque son téléphone sonne, tout le monde le « sh », ce qui est très hilarant. Harry a le chic pour s'embarrasser en public, comme moi en fait. Il éteint rapidement son téléphone. Après un petit discours d'Audrey, nous applaudissons avec effusion. Dès que les premières images sur mon livre se fondent à l'écran, je revois progressivement tous les événements que j'ai pensés, les actions qui volaient dans ma tête de fille perdue se tisser à l'écran. Je sens un fort bien-être envahir mon cœur. Harry tient une de mes mains dans la sienne et papa en fait de même. À la fin de ma partie, une phrase se fond à l'écran, la même que celle à la page dédicace de mon livre.

Hommage à Abdou Dembe, un ami, un frère, vivant à jamais dans nos cœurs.

Je passe ensuite une soirée magique, entre rires et discussions. Mes lecteurs sont exceptionnels, ils ont cerné parfaitement toutes ces émotions que je leur partageais.

Une fois rentrée, à peine verrouillé-je la porte d'entrée qu'Harry entoure ma taille de ses bras afin de m'embrasser. Lorsque j'ouvre mes yeux, je découvre Andrew et la baby-sitter sur le sofa, ce qui me fait sursauter. Andrew passe les vacances avec nous. Je repousse un peu violemment Harry de côté. Je marche rapidement vers mon petit ange qui a maintenant onze ans.

— Andrew, pourquoi ne dors-tu pas ? lui demandé-je en tendant mes bras vers lui.

Il marche vers moi pour m'étreindre.

— Harry m'a menacé. Il a dit que je devais rester en éveil pour te féliciter, déclare-t-il en lançant un regard défiant à Harry.

Celui-ci arbore un air faussement indigné.

— Mais quel menteur ce môme ! Et tu aurais pu attendre dans ta chambre, ajoute Harry qui est très mauvais menteur.

Andrew lui tire la langue.

— Quelqu'un va dormir dans la forêt ce soir, fait-il en marchant rapidement vers Andrew.

Ce dernier éclate de rire, puis court vers l'étage après avoir crié :

— Bravo mammich, je t'aime.

Mammich est un dérivé de maman et de Michelle qu'Andrew et moi avons inventé. Il avait commencé à m'appeler maman au début et cela me rendait inconfortable, car Ashley reste sa mère, et j'aime mieux qu'il le sache. Alors, j'ai trouvé un petit compromis. Je lance un petit regard à la baby-sitter qui me sourit. Plus tard dans la soirée, nous nous installons avec popcorns, boissons et couettes dans le salon pour une soirée Netflix en famille puisque demain c'est samedi. Andrew se lève pour faire je ne sais quoi avant qu'on entame un de ces films pour jeunes adolescents qu'il aime tant. Quelques secondes après son départ, Harry me tire vers lui pour poser ses lèvres sur les miennes.

— Harry, Andrew n'est pas loin, lui rappelé-je.

— Il comprendra, souffle-t-il contre mes lèvres.

Je lui donne un coup à l'épaule en gloussant ; il laisse échapper un rire rauque.

— Excuse-moi de penser à un Abdou ou une Abdoulette junior, se plaint-il faussement.

Je glousse une fois encore. Abdou fait souvent partie de nos conversations. Tout simplement parce que les bonnes personnes ne meurent jamais, leurs corps peuvent se décomposer, mais leur présence, elle se fera toujours ressentir.

— Peut-être qu'il y en a déjà un, intimé-je d'une voix faible.

Ses yeux s'agrandissent lorsqu'il comprend mon sous-entendu. Puis ils naviguent de mon ventre à mon visage.

— Tu veux dire...

Il est interrompu par Andrew qui revient. Ce dernier bondit sur le dos d'Harry en poussant un cri de guerre. Harry se met à genoux en le poussant prudemment sur le sofa pour le chatouiller.

— Tu cherches à crever toi, dit-il en riant.

— Mammich à l'aide, hurle Andrew en riant à gorge déployée.

— T'es tout seul sur ce coup mon lapin, lui intimé-je en reculant.

Quelques minutes après, nous entamons notre soirée film. Les aboiements de snipper font glousser Andrew qui a toujours accusé le chien d'être casse-pieds. La bête lui saute littéralement dans les bras comme s'il n'attendait que ça, nous faisant éclater de rire. Ces rires mélodieux renforcent ma foi en une chose : la famille ne se limite pas au sang, elle s'étend à tous ces êtres à qui on ouvre notre cœur, à ces êtres que l'on a pu blesser ou qui nous ont blessés, qu'on a pu rendre heureux et qui nous rendent heureux. La famille c'est le cœur, une infinité d'âmes unies par un lien puissant. Je ne sais pas où ceci ira. J'espère toutefois du plus profond de mon cœur que ces êtres merveilleux iront bien. En dépit des maux, des coups, des douleurs, le bonheur reste notre choix et pas le fruit du hasard.

À la fin du film, quand Andrew est enfin couché, je m'installe sur la terrasse pour prendre de l'air frais. Des larmes mouillent mes joues. Mes yeux sont figés sur les arbres dont les feuilles dansent lentement, librement. J'aimerais être aussi libre qu'elles. Je sens la main d'Harry sur mon épaule, puis le vois s'assoir à mes côtés. Je nettoie rapidement mon visage d'un geste de la main. Harry me scrute durant quelques instants. Prenant ma main dans la sienne, il passe son pouce sur le dos de ma main.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

J'ouvre ma bouche pour parler, mais la referme. Je serre mes dents en respirant profondément. Nous ne nous gardons pas de secret l'un pour l'autre, raison pour laquelle je dois lui avouer certaines choses. L'inquiétude ronge maintenant le visage de mon homme. Dire que je m'étais promis de ne plus jamais lui infliger tout ça. Mais à quoi bon garder ceci pour moi ?

— Tu te rappelles quand je te disais que mes vomissements et nausées n'étaient qu'une indigestion ?

Je dis ça dans un souffle, avec un petit sourire.

— Non, c'est un petit bébé, dit-il, plein d'espoir et de joie.

Le vent s'amuse avec ses cheveux blancs, tandis que ses yeux verts percent mon être. Mes lèvres tremblotent.

— Je suis malade Harry, je m'arrête un instant, le médecin n'a pas que découvert cette grossesse, mais autre chose.

Il reste immobile, ne sachant sûrement pas quoi dire. Je baisse mes yeux.

— Mon système immunitaire part en vrac. Ilw ne sait pas si je supporterai d'accoucher. Mes anticorps sont produits en quantités de plus en plus basses et il en est inquiet. Je ne veux pas finir comme ma mère.

Comment le dire autrement ? Je risque de mourir, bébé ou pas ? Je suis la continuité de ma mère ? Je finirai comme elle ? Il se lève pour me faire dos. Je sais qu'il pleure. Je sais qu'il a mal.

— Je dois commencer le traitement dans une semaine, si tout va bien, s'en sera fini dans quelques mois, lui expliqué-je avec conviction malgré mes pleurs.

Le médecin m'a assuré qu'il y avait une chance, et que je ne souffre de rien de très létal, même s'il fallait prendre des précautions très tôt. Harry se tourne finalement vers moi, s'agenouillant et prenant mes mains dans les siennes.

— Je t'aime, souffle-t-il en collant son front au mien.

— Je t'aime.

Que dire d'autre ? Qu'exprimer d'autre ? Quand il ne reste que ça, l'amour, pour tenir debout ? Que faire d'autre qu'aimer quand on n'a rien d'autre à offrir ? Je ne fais qu'une prière, que cet enfant brise cette chaîne de maladie et de morts, qu'il vive au-delà de ma vie. J'espère, avec toutes mes forces, que le traitement fonctionnera et que j'irai enfin bien. Je veux voir mon bébé grandir, offrir une grande famille à Harry, l'aimer, et réparer avec lui toutes ces fissures qui jonchent nos vies.-••Fin-••

****
Et voilà. Ils me manquent déjà mes Hachelle (Harry+Michelle).

Alors dites moi, comment on se sent?

Alors je repose pour la dernière la fameuse question: Personnage favoris ? Personnage moins aimé?

Vos opinions en général ou sur toute partie de l'histoire?

Petit mot? Autre?

Anyway, j'ai failli abandonner cette histoire mais je suis ravie de ne pas l'avoir fait parce que j'ai adoré l'écrire et j'espère que vous avez aimé la lire. A très bientôt pour de nouvelles aventures. Je vais probablement me remettre à L'œil bleu ou publier une histoire qui traite de la dépression et que j'ai déjà toute écrite.

Dites moi ce que vous pensez de cette nouvelle fin!!!

Pleins de bisous 


Merci d'avoir lu.

Lalie.


Tentation en édition