Épisode 10

Ecrit par Mona Lys

Episode 10



ASHLEY


Le voyage de Safi s’est finalement étendu sur plusieurs jours. Je me suis donc retrouvée à passer deux semaines chez Adé au lieu de juste trois jours. Je vis chaque jour dans la gêne au point où je n’arrive même pas à le regarder. C’est vraiment humiliant pour moi de vivre dans la maison de mon ex, encore plus parce que mon supposé mari m’a foutu à la porte. En parlant de lui, il ne m’a toujours pas appelé pour me demander de revenir. Je pense qu’il se sent mieux sans moi. Je ne crois d’ailleurs pas que je retournerai près de lui s’il m’appelait. A quoi ça me servirait de retourner chez un homme qui me mettra de nouveau à la rue à la moindre gaffe de ma part ? C’est ma mère qui ne cesse de m’agacer avec ces appels. Toujours à me hurler de retourner demander pardon à mon mari. A la question de savoir où j’étais, je lui ai répondu chez Safi. Je sais qu’elle n’y mettra jamais les pieds donc je suis tranquille.


Avec Adé, les choses se passent bien. Enfin, il me traite bien malgré ce que je lui ai fait dans le passé. Il met tout à ma disposition, si bien que je ne me sens pas étrangère. Mais malgré tout, je suis prise de honte en sa présence. Il n’a pas une seule fois évoqué le passé, il ne m’a même pas nargué. Les matins, il pose de l’argent sur la table à manger, donne des instructions à sa servante et part au travail. Quand il rentre les soirs, il dine, reste quelques minutes devant la télé et il s’enferme dans sa chambre. C’est tout. Il me demande si je vais bien, si j’ai passé une bonne journée, si j’ai besoin de quelque chose en particulier. Juste ces questions et rien d’autre. Il n’y a pas vraiment de conversation entre nous, encore moins d’échange. Pour éviter une grande gêne, j’évite de diner au même moment que lui. Je le fais soit avant qu’il n’entre, soit après qu’il ait fini de diner. J’ai pourtant envie de lui parler, de lui dire que je regrette de ne l’avoir pas choisi, de passer du temps avec lui, de retrouver cette complicité entre nous. Mais je n’ose pas. Je ne sais même pas s’il sort avec quelqu’un. En tout cas je n’ai jamais vu de fille depuis que je suis là.


Les coups donnés sur la porte de ma chambre me font détourner la tête du bouquin que je lis. Quand la porte s’ouvre sur Safi, je bondis de joie sur mon lit. Elle vient me prendre dans ses bras. Je suis super heureuse de la voir.


Moi : Je ne savais pas que tu étais rentrée ?


Safi (s’asseyant) : Je ne maitrisais pas notre programme. Alors ça va ici ?


Moi : Oui. Sauf que je commençais à m’ennuyer.


Safi : Adé te traite bien j’espère ?


Moi : Ouais. Il n'a pas changé.


Je souris timidement. Elle passe ses doigts sur ma joue.


Safi : Alors, quelles sont les nouvelles ?


Moi : Je ne sais plus où j'en suis dans ma vie. Stéphane ne m'a pas appelé une seule fois pour me demander de revenir. Maman veut que je retourne le supplier de me reprendre.


Safi : Et toi qu’est-ce que tu veux ?


Moi : Reprendre ma vie en main.


Safi : En commençant par ?


Moi : Toi dis-moi. Mes dernières réflexions n’ont rien donné de bon. Je veux avoir les conseils de ma grande-sœur.


Safi : Bah si j’étais toi je commencerais par me trouver du travail. Une femme ne doit pas dépendre d’un homme. La preuve te voici sans aucun fond ni endroit où aller et te prendre en charge. Je n’ai pas compris pourquoi tu as démissionné.


Moi : Stéphane voulait que je reste à la maison.


Safi : Il voulait que tu dépendes de lui pour mieux te maltraiter. Qu’est-ce que tu veux faire comme activité ?


Moi : Je devrais songer à déposer mes dossiers dans les entreprises.


Safi : Tu n’en as pas marre de ces maigres salaires ? Ne veux-tu pas être à ton propre service ?


Moi : Je n’ai pas…


Safi : Je te donnerai ce dont tu auras besoin pour ouvrir ton activité. Que veux-tu faire ?


Moi : J’ai toujours aimé la coiffure. Surtout la confection des perruques. C’est moi qui faisais celles de mon amie Kayla.


Safi : Voilà, donc on reste sur ça. Fais un devis et tu me le donnes. Aussi, tu resteras avec moi. Nous te trouverons un appartement.


Moi : Merci beaucoup.


Safi : Je ne le fais pas gratuitement. Je veux qu’en échange tu me promettes d’être plus responsable. Ash, tu as 34 ans, tu ne peux pas continuer à laisser les autres décider de ta vie. Regardes où tu en es aujourd’hui.


Moi : Je croyais que les choix des parents étaient toujours les meilleurs.


Safi : Tu as la confirmation que non. Les parents n’ont pas toujours raison. Ils ne font pas toujours de bons choix. Oui c’est bon d’avoir la bénédiction des parents en toute chose mais ce n’est pas pour autant qu’il faut conditionner son bonheur à eux. Quelqu’un a dit, et je suis d’accord, que lorsqu’on est enfant on obéit aux parents, mais quand on devient adulte on les respecte. Nous ne sommes plus obligés de leur obéir. Ne pas accepter une décision de ses parents ne signifie pas qu’on leur manque de respect. Nous oublions souvent que les parents sont aussi des humains et qu’ils peuvent aussi avoir tort. La Bible qui a dit « Enfants, obéissez à vos parents. », c’est cette même Bible qui a dit « Parents, n’irritez pas vos enfants. ». Pour dire que les parents aussi peuvent faire des bêtises. Personne ne saura ce qui est bon pour toi mieux que toi. Les parents sont là pour nous guider, nous conseiller, mais ils ne peuvent nous obliger à accepter leurs décisions. La vie est une formation. Nous sommes donc appelez à faire des expériences, à échouer et à apprendre pour mieux faire. Si tu n’as pas su ce qui t’a fait échouer aujourd’hui, comment pourras-tu changer de tactique et réussir demain ? Je le dis toujours, il est préférable de subir les conséquences des décisions que nous avons-nous-même prises que de subir les conséquences des décisions des autres.


Moi : Tu as raison. Mais nos parents…


Safi : Les parents ne veulent pas de Cèd, mais ils ne retournent jamais l’argent qu’il leur verse les fins du mois. Si tu veux toujours suivre les humeurs des parents, tu finiras malheureuse. On peut continuer à honorer ses parents tout en décidant soi-même de ce qu’on veut faire de sa vie. Il est temps de prendre ta vie en main Ash. Tu as assez perdu de temps comme ça. Il est temps de te réveiller. Montre aux parents que tu es une grande fille. Sois responsable.


Les paroles de ma sœur m’ouvrent l’esprit. Elle a parfaitement raison. Elle a toujours eu raison, c’est moi qui refusais de l’admettre. Mais maintenant que je me retrouve face à mon destin, je crois que le seul moyen pour moi de m’en sortir c’est de devenir maitresse de ma vie. Plus personne ne doit décider à ma place. Je sais maintenant ce que je veux. Je dois faire tout ce dont j’ai rêvé depuis longtemps car c’est à cela qu’est rattaché mon bonheur. Je prends ma sœur dans mes bras et la remercie sans cesse.


Safi : Ce n’est rien.


Moi (me détachant) : Tu seras avec moi pour affronter les parents ?


Safi : Toujours. Alors que comptes-tu faire ?


Moi : Pour commencer, annuler ma dot. Je vais demander à Stéphane un peu de temps pour lui rembourser ce qu’il a versé aux parents. Ensuite, mettre sur pied mon magasin de mèches et perruques et si possible un salon de coiffure. Enfin, récupérer Adé.


Safi (souriant) : Récupérer Adé ?


Moi : N’est-ce pas de lui que mes parents m’ont obligé à me séparer. Mais j’hésite un peu. Je ne sais pas s’il a encore des sentiments pour moi.


Safi : Bien-sûr qu’il en a. Pourquoi crois-tu qu’il a accepté de t’héberger ?


Moi : Par amitié pour toi, m’avait-il dit.


Safi : C’est plutôt par amour pour toi. Mais il va te falloir faire des efforts pour qu’il te reprenne. Il a vraiment souffert de votre rupture, surtout vu comme ça s’est passé.


Moi : Ouais. Je vais te rejoindre demain. Laisse-moi remercier Adé comme il se doit de son hospitalité.


Safi (souriant) : Sois sexy surtout.


Je lui lance un coussin. Elle reste une heure de plus avant de rentrer se reposer. Moi, je vais faire les courses pour cuisiner à Adé un bon diner. Pour mon dernier soir ici, je veux diner avec lui et lui dire au revoir. Je dresse magnifiquement la table. Je dispose des bougies sur une petite chandelle que je place au centre de la table. Je lui ai fait son plat ivoirien préféré. Normalement c’est le foutou à la sauce graine, mais il n’aime pas manger lourd les soirs, alors j’ai fait du riz à la place du foutou. Une fois que la servante rentre chez elle, je vais me faire belle et attendre Adé. Quand j’entends la clé glisser dans la serrure, je m’arrête prestement près de la table à manger. Adé entre, il s’arrête quand il me voit toute habillée.


Moi : Bonsoir. Bonne arrivée.


Adé : Merci. Tu as prévu sortir ce soir ?


Moi : Euh non. Au fait, j’ai… je veux qu’on dine ensemble ce soir. Safi est de retour et je vais demain chez elle. Je t’ai fait à manger pour te remercier. Ça… ne te dérange pas j’espère.


Adé : Pas du tout. Laisse-moi me débarbouiller rapidement.


Moi : Ok. J’attends.


Il passe son regard sur la table, le ramène sur moi et continue son chemin. A son retour une vingtaine de minutes plus tard, il a troqué son costume pour un polo et un pantalon chasseur. Mon cœur s’emballe à sa vue. Comme j’ai envie de lui sauter dessus, de savourer de nouveaux le gout de ses lèvres, sentir son parfum et restée blottie dans ses bras toute la nuit. Il faut que je me calme. Une chose après l’autre. Je lui sers une assiette, de la boisson et dans le silence nous dinons. Je lève de temps en temps les yeux sur lui. Je suis soulagée de voir qu’il mange avec beaucoup d’appétit.


Moi : Tu aimes ?


Adé : Ouais. Merci de l’avoir fait. Ça faisait longtemps.


Moi : Ta servante ne sait pas en faire ?


Adé : Si mais pas comme j’aime. Elle met un peu trop d’eau dans la sauce.


Moi : Alors que toi tu l’aimes lourde.


Adé : C’est ça.


Je souris. Enfin une conversation.


Moi : J’en ai fait assez. Je crois que ça pourra contenir dans trois bols.


Adé : Merci. Tu pars demain à quelle heure ?


Moi : Le matin. Plus vite je rentrerai, plus vite j’irai me chercher un appartement. Je tenais vraiment à te remercier pour tout, Adé.


Adé : Tu n’as pas à le faire. Ça a été un plaisir.


Moi : Je n’en doute pas.


Le diner terminé, il m’aide à débarrasser et même à faire la vaisselle malgré mon refus. Je lave, il rince et range. Nous terminons très vite.


Adé : Je crains de ne pouvoir vite me réveiller demain tant je suis rassasié.


Moi (riant) : Je te réveille si tu veux.


Adé : Ce n’est pas une mauvaise idée. Je vais de ce pas me mettre au lit. Passe une bonne nuit.


Moi : Toi aussi.


Je m’essuie les mains en le regardant s’en aller.


Moi : Adé, attends s’il te plaît. 


Il revient sur ses pas. J’avance d'un pas vers lui.


Moi : J'ai décidé de réparer certaines erreurs du passé. Je vais arranger tout ce que j'ai gâché, récupérer tout ce que j'ai laissé m’échapper. Et parmi tout ça, (j’avance) il y a toi.


Il glisse ses mains dans ses poches en m'observant. Je me rapproche encore plus de lui.


Moi : La plus grosse erreur de ma vie a été de te laisser partir. J'aurais dû te choisir toi et pas lui. J'ai grave merdé. Mais je te demande juste de m'accorder une chance. Rien qu’une seule pour me racheter.


Il ouvre la bouche pour parler que je l'en empêche par un smack.


Moi : Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Passer ces semaines tout près de toi dans cette maison m'a fait comprendre combien j’avais besoin de toi dans ma vie.


Adé : Ashley !


Moi : Juste une chance, Adé. Rien qu’une seule.


Adé : Je préfère qu'on ne parle pas de ça. Si tu as décidé de réparer tes erreurs, c'est une bonne chose pour toi. Mais laisse-moi en dehors de ça. Je vais me reposer.


Moi (le retenant) : Adé.


Adé (se dégageant) : Non Ashley. Non ! Malgré ce que tu m'as fait dans le passé j'ai accepté de t'héberger chez moi. Mais de grâce, ne viens pas remuer le couteau dans la plaie. Je te souhaite une bonne chance dans tes nouvelles résolutions.


Il sort de la chambre. J'ai senti du chagrin dans sa voix. Je pense qu'il n'a pas encore digéré ma trahison d’il y a deux ans. C’était vraiment un coup bas. Mais je veux tout arranger maintenant. Je suis prête à devenir une femme déterminée, qui se bat pour ce qu'elle désire. Je suis prête à me battre pour arranger les choses entre nous. Je marche à sa suite jusqu’à sa chambre où je suppose qu'il est. Je toque deux fois. Il ne réagit pas. Je toque encore. La porte s'ouvre avec force.


Adé : Ashley je t'en prie ne complique pas…


Je me jette sur ses lèvres sans hésiter. Je veux lui faire comprendre que je ne blague pas lorsque je dis vouloir arranger les choses entre nous. Je sens de l’hésitation en lui. Je sais qu'il lutte entre me repousser et répondre à mon baiser. Je m'accroche à son cou. Cela a pour don de le faire décider. Il m'attire à lui et d'un coup de pied ferme la porte. Nous nous communiquons en esprit et concomitamment nous nous déshabillons. Nos lèvres toujours scellées, nos vêtements retirés, nous tombons sur lit. Adé promène ses lèvres sur tout mon corps. Je me mords la lèvre en laissant échapper de petits gémissements. Je l’incite à aller droit au but. Je ne veux plus des préliminaires. Je sens ma chair être écartée, l’instant d’après je sens Adé profondément en moi. Je le griffe dans le dos dans un long soupir. Refaire l’amour avec lui après tout ce temps fait monter une vague d’émotion en moi si bien que je me mets à pleurer. Pleurer de plaisir. C’est tellement bon d’être dans les bras de celui qu'on aime. Il n'y a rien de tel. Ça ne peut s’expliquer ce genre de sentiment. Il faut le vivre pour comprendre.


Je ne sais pas combien de minute dure ce moment d’amour, mais nous terminons tout épuisé. Les yeux d'Adé restent rivés sur le plafond tandis que moi je me reprends en étant couchée sur son torse.


Moi : Je t'aime Adé.


Adé : Mais tu appartiens à un autre. Merde, je ne sais pas pourquoi je t'ai touché.


Il me repousse et s'assoit sur le lit, me donnant dos.


Moi : Je compte rompre ma dot.


Adé : Peu importe Ashley. Tu n'es pas à moi.


Moi : Tu sais que je l'ai toujours été. Adé, donne-moi la possibilité de tout arranger entre nous. Je suis prête à me battre pour notre amour. Je ne laisserai plus mes parents me dicter quoi que ce soit. J’ai compris la leçon.


Adé : Dans ce cas prouve-moi. Prouve-moi que tu es devenue responsable. Il n'y a pas que dans ta vie amoureuse que tu dois être responsable. Mais en tout. Tant que je ne verrai pas une évolution dans les autres domaines de ta vie, je refuse de t’accorder une quelconque chance.


Moi (souriant) : Nous deux, c'est donc possible alors ?


Adé : Ne brûle pas les étapes.


Moi : Ok. Laisse-moi donc te prouver que je ne suis plus celle que tu as connu et que je ne veux personne d'autre que toi. Je me battrai pour nous deux. Je t'en fais la promesse.


*Mona

*LYS


Aujourd’hui, ma mère m’a demandé de passer à la maison parce qu’il y a une rencontre avec “mon mari’’ et sa famille. Après mon retour chez Safi, je l’ai contacté pour lui donner de mes nouvelles. Elle a passé près de trente minutes de bavardage dans mes oreilles sur le fait d’avoir abandonné mon foyer et patati et patata. Elle n’a aussi pas manqué de me dire que Stéphane est très furieux contre moi et exigeait des excuses de ma part avant de me reprendre chez lui. Mes parents m’ont donc demandé de venir supplier mon mari afin de retourner chez moi. J’ai demandé à ma sœur de m’accompagner à cette réunion car j’ai besoin de force pour faire ce que j’ai à faire. Je serai seule devant tous et j’ai peur de ne pouvoir ouvrir la bouche. Si ma sœur est présente, ça me motivera.


Une chose qui me motive encore plus, Safi est enceinte. C’est juste d’une semaine, mais cette annonce me rassure tellement que je suis deux fois plus déterminée. L’une des raisons qui m’obligeait à suivre les décisions de mes parents, était que je craignais la malédiction. Quand Safi s’est mariée avec Cèd, ma mère lui a dit que jamais elle ne sera heureuse et jamais elle n’aura d’enfant. Ces malédictions m’ont troublé alors que ça n’a eu aucun effet sur Safi qui lui a répondu qu’aucune malédiction ne pouvait l’atteindre parce qu’elle n’avait rien fait de mal si ce n’est suivre son cœur. C’est donc vrai le verset de la Bible qui dit qu’une malédiction sans cause n’a pas d’effet.


Safi et moi retrouvons tout le monde déjà installés. Nous les saluons et nous nous installons.


Papa : Bien, maintenant que tout le monde est là, nous allons commencer. Ça fait plusieurs jours qu’Ashley a quitté son foyer. Je voudrais savoir ce qui s’est passé.


Stéphane : Papa, c’est Ashley qui m’a poussé à bout. Depuis que nous sommes ensemble, elle ne fait que me tenir tête en toute chose. Quoi que je dise, quoi que je fasse, elle s’y oppose farouchement. Vous connaissez tous ma femme qui est en Europe. Vous savez la raison de notre mariage. Je vous avais aussi promis me séparer d’elle cette année puisque financièrement je suis posé. Mais Ashley a encore fait n’importe quoi. Elle a levé la main sur elle ce qui m’oblige à rester encore un peu avec elle pour éviter qu’elle ne veuille se venger et tout m’arracher. J’ai donc mis Ashley à la porte pour la punir.


Papa : C’est donc pour la punir, et non parce que tu veux rompre ?


Stéphane : Oui papa. Si Ashley me demande pardon et promets ne plus recommencer, elle pourra rentrer à la maison. C’est à cause de son comportement sauvage que je refuse qu’on ait un enfant. Je ne veux pas que mon enfant vive dans une telle atmosphère. Si Ashley promet changer, on pourra en avoir.


Maman : Ashley tu as entendu ? C’est de ta faute si ton mari t’a chassé. Donc demande-lui pardon tu vas retourner chez toi. La place d’une femme ce n’est pas dehors, mais près de son mari.


Je prends une profonde inspiration et me lance.


Moi : Stéphane, je te demande pardon pour tout le tort que je t’ai causé durant ces deux années. J’ai agi par ignorance et par manque de responsabilité. Mais les choses vont changer.


Je vois ma mère sourire.


Moi : Papa, maman, vous savez que je vous aime beaucoup et que je vous aimerai toujours. Mais, j’ai décidé d’être ma propre chef. Je ne retournerai plus chez Stéphane. Je ne veux plus de lui.


Maman : Hein ?


Moi : Je veux rompre les fiançailles. Je veux être une femme accomplie, une femme responsable. Je n’ai jamais aimé Stéphane. J’ai été avec lui juste pour vous faire plaisir. Mais maintenant ça suffit. Je ne suis pas heureuse.


Maman : Si tu n’es pas heureuse c’est parce que tu ne le veux pas. Ashley, c’est quel français tu parles même ? Tu veux briser ton mariage pour quoi ?


Moi : Pour tout, maman. J’ai arrêté de travailler alors que j’aime ça.


Maman : Tu veux travailler pour quoi même ? C’est aux hommes de prendre soin de leur femme.


Moi : Je ne suis pas comme ça. Maman, je t’en prie d’essayer de me comprendre. Pensez à mon bonheur.


Maman : Imbécile, parce que tu penses que tout ce qu’on a fait pour toi depuis tu es née c’est pour ton malheur ? Ecoute-moi bien, si tu sors de ce mariage, tu oublies que tu as des parents. Ne compte pas sur nous pour te donner 5 FCFA.


Stéphane : Euh, je crois que nous allons vous laisser discuter. Faites-moi signe quand Ashley reprendra ses esprits.


Stéphane et sa mère nous laissent en famille.


Papa : Ashley, tu as bu ce matin ?


Moi : Non papa. Je suis très lucide.


Maman : Ou bien c’est ta sœur qui t’a retourné le cerveau ? Tu veux suivre ses traces ? Tu veux qu’on te renie aussi ?


Moi : Non maman ! Je veux plutôt que vous acceptiez nos choix. Nous sommes des grandes femmes.


Maman : Grande femme et tu ne sais pas garder ton foyer ? Moi je n’ai pas l’argent pour rembourser dot de quelqu’un.


Moi : Je le ferai.


Maman : Donc tu as l’argent ? Tu as l’argent et puis c’est lui qui est en train de construire maison pour nous ? Est-ce que tu as même pensé à ça ? Si tu le quittes qui va terminer la maison ?


Safi : Nous le ferons.


Maman : Toi va là-bas. Depuis tu étais là pourquoi tu ne l’as pas fait ?


Safi : Parce que je mettais de l’argent de côté pour le faire au moment propice. Avant de faire des choses grandioses il faut mieux se préparer.


Papa : Attendez, donc c’est une rébellion ?


Moi : Loin de là papa.


Papa : Bon on va couper court. Ashley, je ne veux rien entendre, retourne chez ton mari.


Moi (baissant la tête) : Je ne peux pas papa.


Papa : Dans ce cas sors de ma maison et ne reviens que lorsque tu auras retrouvé tes esprits. Et sache qu’en dehors de Stéphane, nous n’acceptons aucun autre homme. Point final.


Il se lève et monte les escaliers.


Maman : Ashley, tu es prête à subir la colère de ton père ?


Moi : Maman, j’ai pris ma décision.


Maman : Tu es prête à assumer les conséquences ?


Moi : Maman s’il te plait. Comprenez que…


Maman : Est-ce que tu es sûre d’aller jusqu’au bout ? Es-tu prête à assumer les conséquences ?


Moi : Oui. Mais sachez avant tout que ce n’est pas contre vous. Je veux juste faire ce qui me rendra heureuse.


Maman : Bien.


Elle se lève à son tour. Safi me prend la main.


Safi : Sur le chemin du bonheur, il y a toujours des embuches. Mais si tu fais ce que ton cœur te dicte, tu y arriveras. Viens, on rentre.


C’est vrai que je suis déterminée, mais savoir mes parents en colère contre moi me fait de la peine. Mais je dois rester sur ma décision. Je dois faire les choses en pensant à mon bonheur, pas à celui des autres. Je demande à Safi de me déposer chez Adé. Il faut qu’il sache que j’ai fait ce que j’ai dit. J’ai aussi besoin qu’il me prenne dans ses bras et me rassure qu’il sera là.


A la première sonnerie, la servante m’ouvre. L’embarras se dessine sur son visage à ma vue.


Moi : Adé est là ?


Elle : Euh oui. Mais, il est occupé.


Moi : Je vais l’attendre.


Dès que j’entre, une autre femme apparait avec sur elle une chemise d’homme que je déduis être celle d’Adé. Je reste là perplexe. Il a quelqu’un dans sa vie ? Quand elle me voit, elle marque un arrêt.


Elle : Bonjour, vous voulez ?


Moi : Euh, je voulais voir Adé. Mais s’il est occupé ce n’est pas bien grave.


Elle : Non attendez. (Hurlant) Chéri, il y a quelqu’un qui te demande.


Elle s’excuse et disparait. Adé descend à son tour. Il parait surpris en me voyant, mais pas gêné.


Adé : Ashley, je ne savais pas que tu venais. Tu as oublié quelque chose ?


La femme revient, l’embrasse et remonte les escaliers. Il n’est toujours pas gêné.


Moi : Tu, tu as quelqu’un dans ta vie ? Et tu m’as dit que tu me donnerais une chance.


Adé : Je n’ai rien dit de tel. J’ai dit que pour qu’il y ait une possibilité de chance, faudrait que je vois un changement.


Moi : Et c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui j’ai tenu tête à mes parents en rompant avec Stéphane. J’espérais que cela te convaincrait.


Adé : Tu n’as toujours pas compris, Ashley ? Tu ne dois rien faire pour les autres. Fais tout, d’abord pour toi. Si tu veux rompre ton mariage, fais-le pour toi, pas pour moi. Si tu veux reprendre ta vie en main, fais-le pour toi, pas pour moi ou pour qui que ce soit.


Moi : Mais et nous deux ?


Adé : Ne fais pas d’un homme le but de ta vie. Avant d’être heureuse en couple, sois-le en étant célibataire. Toi et moi, n’y pense plus. Tu connais la porte.


Il tourne les talons, me laissant là, pantoise. C’est telle une automate que je ressors de chez lui. Je sais qu’il a raison, mais c’est aussi en partie pour lui que je fais tout ça. Penser que lui et moi ce n’est plus possible me fait mal. Ses paroles, me font vraiment, vraiment mal.  


Si Seulement Tome 2