Épisode 11
Ecrit par Mona Lys
Episode 11
HUIT MOIS PLUS TARD
KAYLA
Je mâchouille le bout de mon crayon en regardant mes croquis. Enfin, je les regarde sans vraiment les voir. Savoir Darnell dans la salle juste à côté m’empêche de me concentrer. Il y a juste trois mois que j’ai pu récupérer ma première boutique. C’est tout ce que j’ai pu récupérer après les enquêtes, et cela juste à cause de mon père. J’ai dû tout reprendre à zéro. Rembaucher des employés car les anciens n’étaient plus disponibles, refaire toute l’organisation, rechercher un nouveau photographe, mais surtout avoir de nouveaux livreurs. C’était ça le plus dur parce qu’il faut les choisir avec tact. On ne peut confier les colis à n’importe qui. Il y a trop de malhonnête là dehors. Bref, j’ai enfin trouvé un photographe qui ne me coûte pas cher mais il n’a pas vraiment d’expérience. J’ai alors demandé les services de Darnell, le seul photographe qui jusque-là m’a satisfait, professionnellement je veux dire. J’ai signé avec lui un contrat Freelance de deux mois durant lesquels il formera mon photographe. Le contrat prend fin ce mois, cette semaine. Il ne vient que trois fois dans la semaine et à distance il aide pour les retouches des photos. Mais ce n’est pas tout ça le problème. Le véritable problème, c’est que je n’arrive pas à être proche de Darnell sans avoir envie de me retrouver dans ses bras, de l’embrasser, de lui dire à quel point je l’aime et que ses caresses me manquent.
Mon amour pour Darnell s’est amplifié ces huit derniers mois. Le voir presque tous les jours m’a fait l’aimer trois fois plus qu’il y a deux ans. Tout ce que je désire ardemment en ce moment, c’est être de nouveau avec lui. Mais, il n’est pas prêt. Darnell a mis une énorme distance entre nous. Je lui fais du rentre dedans, je me fais pimpante à chacune de nos rencontres rien que pour le séduire, je crée souvent des sorties détentes avec les enfants rien que pour être proche de lui. Mais Darnell est indifférent à tout ceci. Ça me brise le cœur de le dire, mais je crois qu’il ne m’aime plus. Je ne vois plus dans son regard cette façon unique qu’il avait de me regarder, cette étincelle. Quand je pose ma main sur la sienne, il la retire. Quand je me rapproche de lui, il s’éloigne. Je ne sais plus quoi faire. Je veux pourtant que les choses s’arrangent entre nous. Lui, n’est plus prêt. Pourtant j’ai cru qu’après sa rupture d’avec la mère de Coralie, les choses se feraient simplement. Je me suis même réjouie de leur séparation et j’ai commencé à imaginer comment j’allais le reconquérir. Mais il a mis un bloc autour de lui, m’empêchant de faire un pas de plus vers lui.
Ok, bon j’ai envie d’être proche de lui. Je pose le crayon et me rends dans le studio. Le voir fait naître une bouffée de chaleur en moi. Il est tellement beau avec ses beaux yeux. Je n’ai jamais autant aimé un homme avec des jeans et des tee-shirts, moi qui suis plus attirée par les hommes en costume. Je reste en marge à le regarder travailler. Il aide mon photographe pour le shooting. Je ne cesse de me dire que j’ai été d’une grande stupidité. Je l’avais à ma portée, il était tout près de moi, prêt à être mon homme, mais j’ai tourné les regards ailleurs. Comme on le dit, on apprécie une chose que lorsqu’on l’a perdu. Et moi j’apprécie ardemment la présence de Darnell dans ma vie. Pas comme le père de mon fils, mais comme mon homme. Que dois-je faire pour le reconquérir ?
Darnell : C’est fini pour aujourd’hui.
Je me ressaisie quand il se tourne vers moi. Son regard glisse juste sur moi avant qu’il ne se rende derrière le bureau avec l’autre photographe. Il ne me regarde même plus. C’est insupportable. Je retourne dans mon bureau terminer mes croquis. Quelques instants après, Darnell me rejoint, son appareil photo accroché à son cou.
Darnell : Je rentre maintenant.
Moi : Alors ?
Darnell : Il apprend très vite comme je te l’ai déjà dit. Plus il continuera à travailler plus il se perfectionnera.
Moi : Ok.
Darnell : A quelle heure iras-tu chercher les enfants chez mamie ?
Moi : Vers 15h. Tu viendras ?
Darnell : Non. J’ai du boulot.
Moi : Ok. Mais est-ce qu’on pourrait déjeuner ensemble ? Il est midi.
Darnell : Non plus. Comme je l’ai dit, j’ai du boulot.
Moi : Darnell…
Darnell : Kayla s’il te plaît.
Moi : Tu ne me pardonneras donc jamais ?
Darnell : Sauf que je n’ai rien à te pardonner. Ma fille passe souvent des nuits chez toi, c’est bien la preuve que je n’ai rien contre toi. Je dois vraiment y aller.
Moi : Ok.
Je le regarde s’en aller, un pincement au cœur. Je n’ai plus la tête à bosser. Je décide alors d’aller chercher les enfants chez leur arrière-grand-mère. Ils ont passé le week-end chez elle. Teddy l’adore et ne peut plus se passer d’elle. Ma mère ne sait toujours rien sur la paternité de Teddy. Je n’ai non plus envie qu’elle le sache pour éviter les bavardages sans cesse. Mon père quant à lui a adopté Coralie comme sa petite fille. Il la comble de cadeau autant que Teddy. On serait une vraie famille si Darnell acceptait de nous redonner une chance. Moi j’aime Coralie comme si je l’avais porté et je suis même prête à l’adopter. Elle m’appelle aussi maman. Mais Darnell est indifférent à toutes ces choses.
Une fois arrivée chez mamie Kossia, je retrouve les enfants assis devant un dessin animé dégustant de l’Alloco. Ils viennent se jeter dans mes bras. Après les bisous, je les laisse retourner à leur occupation.
Moi : Elle est où mamie ?
Coralie : Dans la chambre.
Je marche en direction de la chambre afin de lui annoncer ma présence. Quand j’approche de la chambre, ce sont des lamentations qui m’accueillent. Je me rapproche et par le petit espace entre la porte je la vois assise à même le sol.
Mamie : Seigneur, je n’ai pas pu atteindre ma mission et mes jours tirent à leur fin. Je te demande de me pardonner. Ne me refuse pas l’accès dans ton royaume.
Elle éclate en sanglot.
Mamie : John, je te demande pardon. Je n’ai pas pu retrouver ta femme et votre fille. Pardonne-moi. J’ai tout essayé pourtant. Je regrette amèrement ce que j’ai fait. Je t’en prie, n’en veut plus à ta maman.
Elle pleure de plus belle au point où elle ne m’entend pas taper. Je me sens obligée d’ouvrir la porte. Elle est assise par terre avec tout un tas de photo disposé devant elle.
Moi : Mamie !
Elle lève les yeux enflés vers moi. Elle n’essaie pas de cacher les photos. Du bout de son pagne elle se nettoie le visage. Je me permets de m’asseoir par terre près d’elle. Mon regard est attiré sur la photo d’un petit garçon qui ressemble étrangement à Teddy mais en plus noir.
Moi : C’est Darnell ?
Mamie : Oui. (Prenant une photo) Et ça c’est son père, ici sa mère qui attendait un bébé.
Je regarde les autres photos qui sont de Darnell et ses parents. Sa mère apparait sur quelques-unes avec un énorme bidon. Sur les autres elle était plus fine sans porter de grossesse. Elle était magnifique. Son visage me parait étrangement familier.
Moi : Je croyais que vous n’aviez aucune photo des parents de Darnell ?
Mamie : C’est ce que je lui ai fait croire pour le protéger. Ou du moins par honte.
Moi : Honte de quoi ?
Elle se remet à pleurer.
Mamie : Est-ce que tu aimes mon petit-fils ?
Moi : Profondément.
Mamie : De quoi seras-tu prête pour lui ? Pour qu’il soit heureux ?
Moi : Absolument tout. Je l’aime et tout ce que je désire c’est être sa femme.
Son regard se fait évasif. Elle fixe un point droit devant elle sans vraiment le regarder.
Mamie : Je vais bientôt mourir et j’ai échoué dans la mission que je m’étais donnée.
Moi : Comment ?
Mamie : J’ai beaucoup menti à Darnell. Je lui ai caché vraiment beaucoup de chose par peur qu’il me déteste lui aussi. Je vais tout te confier parce que je vois en toi une femme bien pour lui. Mais promets-moi deux choses s’il te plaît.
Moi : Quoi ?
Mamie : Que tu ne lui révèleras tout ce que je vais te confier qu’une fois que je serai morte. Et deux, que tu feras ton possible pour terminer ma mission.
Je ne comprends vraiment rien de ce qu’elle raconte mais voir le désarroi sur son visage me pousse à me jeter à l’eau.
Moi : Je te le promets.
Elle se nettoie encore le visage.
Mamie : La mère et la sœur de Darnell sont en vie.
Je manque de m’étouffer avec ma respiration.
Moi : Quoi ?
Les pleurs reprennent.
Mamie : Je n’ai pas le courage de te raconter tout le mal que j’ai fait. Mais tout est écrit dans une lettre que je vais garder sous mon lit. Tu dois la sortir uniquement après ma mort. J’ai peur que tu ne me déteste si je te dis tout. Mais, tu dois savoir que la mère de Darnell est en vie et elle avait accouché d’une fille qui doit avoir 30 ans aujourd’hui.
Moi : Où sont-elles ?
Mamie : C’est ça la raison de mon tourment. Je ne sais pas. Pendant les funérailles de mon fils, John MENSAH, le père de Darnell qui est mort par noyade, Joëlle a pris la fuite. Elle a accouché et est tombée dans un long coma. Nous les avons abandonné elle et la fille qu’elle a mise au monde. Mon deuxième et dernier fils avait pris le bébé pour le laisser devant un orphelinat parce qu’on ne voulait pas dépenser de l’argent dans leurs soins. Avant de retourner au Ghana, nous avons appris que Joëlle s’était réveillée du coma mais nous ne sommes pas retournés vers elle. C’était la dernière fois que nous avions de ses nouvelles.
Moi : C’est horrible !
Mamie : Je le sais.
Moi : Dans quel orphelinat aviez-vous laissé le bébé ? Pourquoi ne pas y retourner ?
Mamie : Je l’ai fait. Je suis retournée à l’Orphelinat Les enfants de cœur mais c’était fermé. On m’a dit qu’il y avait eu des problèmes d’argent donc ils avaient dû envoyer les enfants dans un autre orphelinat. J’y suis allée aussi et c’était pareil. Je me suis encore rendue dans le troisième orphelinat et la femme qui m’a reçu m’a confirmé connaitre la fille dont je parle mais elle ne peut me donner d’information sur elle au risque pour elle de perdre son travail. Elle m’a néanmoins dit qu’elle était en vie et qu’elle avait réussi dans la vie.
Moi : Mais elle doit te donner son identité puisque tu es de sa famille.
Mamie : C’est ce que je lui ai dit mais elle a été catégorique.
Moi : Ok. Tu me donneras l’adresse pour que j’aille essayer. On ira ensemble.
Mamie : Ma fille, si tu peux retrouver ma petite-fille, je te serai éternellement reconnaissante. Je vis dans le regret depuis 30 ans. La seule chose qui me donnera la paix du cœur serait que Darnell retrouve sa famille. Je t’en prie, fais ça pour moi. Je ne veux pas que mon bébé reste seul. Reste avec lui.
Moi : Je t’en fais la promesse mamie. Je ferai l’impossible pour ça.
Je reste encore quelques heures à avoir plus d’informations qui me permettraient de retrouver aussi la mère de Darnell. Elle, rien ne garantit qu’elle soit toujours en vie mais il y a de forte chance.
*Mona
*LYS
Ce matin j’ai décidé de faire un tour rapide à l’Orphelinat Les enfants de Cœur. Mamie Kossia est aussi présente. Je veux vite me mettre à la recherche de la famille de Darnell pour vite les retrouver. Je souhaite que cela se fasse avant que mamie Kossia ne meure. Elle est persuadée qu’elle mourra dans très peu de temps. Elle a soutenu qu’une personne qui a longtemps vécu sait quand son heure approche, ce qui est son cas. Je veux lui donner la possibilité de leur demander pardon avant. Nous sommes reçues dans le bureau de la directrice. Elle m’a l’air jeune pour être la directrice d’un orphelinat qui a l’air vieux.
Elle : Bonjour, je suis Madame AMON. Comment puis-je vous aider ?
Mamie : Ma fille, tu ne me reconnais pas ? C’est moi j’étais ici l’année passée pour te demander des renseignements sur ma petite fille qui était ici.
Mme AMON : Ah oui je vois. Vous l’avez enfin retrouvé ?
Moi : Comment le peut-elle si vous refusez de l’aider ? Cette femme souffre de ne pas savoir qui est sa petite fille disparue.
Mme AMON : Tous les enfants qui sont entrés dans notre orphelinat à cette période étaient tous des enfants abandonnés, pas des enfants disparus. Et cette femme que vous dites être votre petite fille, elle avait été abandonnée, posée à même le sol devant nos portes dans un temps pluvieux. C’était feu ma mère, la fondatrice du centre, qui l’avait recueillie.
Moi : Vous ne connaissez pas toute l’histoire. Vous êtes aussi censés aider les orphelins à retrouver leurs familles si l’occasion se présentait. Vous n’avez pas le droit de garder un tel secret en empêchant par la même occasion de réunir une famille.
Mme AMON : Vous avez parfaitement raison. Et comme je l’ai dit à la mémé, si la femme en question était une personne lambda, je vous aurais donné son identité. Mais là c’est impossible. Elle est la femme d’un puissant homme qui aussi a beaucoup d’ennemi dans ce pays. Vous pouvez même en être. Lorsqu’elle a expliqué à son mari les conditions dans lesquelles elle avait grandi, il était à deux doigts de tous nous foutre en prison pour maltraitance sur les enfants. N’eut été l’intervention de sa femme, je ne serai pas là. C’est grâce à elle si ce centre est de nouveau fonctionnel, que les enfants ont un meilleur mode de vie qu’à son époque à elle. Elle a aussi pris en charge ceux de sa génération, elle et un autre ancien, le footballeur Joël ANDERSON. Lui, tout le monde connait son histoire. C’était si difficile à l’époque qu’elle a dû s’enfuir du centre à l’âge de 15 ans pour se prendre en charge. Nous n’avions plus de ces nouvelles jusqu’au jour où nous l’avons vu à la télé au bras de son mari. Ce monsieur nous a clairement fait comprendre qu’à la moindre erreur de notre part, c’était direct la prison. Je ne peux donc pas me permettre de divulguer des informations sur sa femme. Elle est la prunelle de ses yeux et tuerait quiconque lui voudrait du mal. Je suis donc dans l’incapacité de vous aider.
Moi : Je vous donnerai de l’argent, ce que vous voulez rien que pour le nom.
Mme AMON : Fhum, je préfère ma vie à l’argent. Je préfère être dans les bonnes grâces de ce monsieur que de me goinfrer de votre argent.
A voir le regard de cette femme, je sais que ça n’en vaut pas la peine d’insister. Une autre idée me vient soudain à l’esprit.
Moi : Ok comme vous voulez. Pouvez-vous cependant informer le couple que la famille de la femme est à sa recherche ? Je vais vous laisser mon contact pour que vous me fassiez le retour.
Mme AMAON : Comme vous voulez. Mais je crains que ça n’aboutisse.
Moi : On ne perd rien à essayer.
Mme AMON : Bien.
Je dépose mamie chez elle. Sur le chemin retour, je tourne dans ma tête les différents hommes puissants de ce pays qui pourraient avoir épousé la sœur de Darnell. Il y en a tellement. Il y en a même qui sont plus puissants que d’autres. Ça peut être n’importe qui. Je regarde la grande enveloppe kaki posée sur le siège passager en poussant un soupir. Mamie Kossia m’a remise toutes les photos et d’autres documents pour mieux m’aider dans mes recherches. J’ai mon cœur qui est rempli de tristesse en pensant à Darnell. Il a passé toute sa vie à penser qu’il était orphelin alors que non. Il a une mère et une sœur qui sont quelque part dans ce pays. J’espère vite les retrouver parce qu’il me sera difficile de lui cacher ce secret. Mais une chose est sûre, cette nouvelle le brisera profondément.
Je rentre chez moi terminer la décoration du sapin de Noël avec les enfants. Nous sommes aujourd’hui le 24 Décembre, et à cause du travail je n’ai pas eu le temps de décorer ma maison. Je suis finalement retournée dans mon ancienne demeure d’il y a deux ans. J’ai tout refait, la peinture, la déco, les meubles, tout. Je l’avais avant mon mariage et ce n’était pas Marc-Arthur qui me l’avait offerte donc je l’ai aussi récupérée. Les seuls souvenirs que j’ai gardé de cette maison, ce sont ceux avec Darnell. Ce sont les seuls d’ailleurs que je veux garder.
J’entends les cris des enfants depuis l’intérieur. Carolie, étant très calme, passe son temps à surveiller son petit frère, qui depuis un moment extraverti, pour éviter qu’il fasse des bêtises. Mais des fois, il l’entraine dans ses turbulences. J’aime les voir courir partout, s’amuser, hurler, même si c’est agaçant des fois. Ils se mettent à sautiller en me voyant. Je monte déposer mes affaires sur le lit et je redescends commencer les décorations. Darnell a prévu passer ce soir apporter leurs cadeaux pour demain matin. Moi j’en ai déjà acheté assez. Les enfants passeront la Noël chez moi parce que Darnell est un peu chargé professionnellement. Mais il a promis être présent pour le diner de Noël avec les enfants.
Après plusieurs heures à décorer, je demande à leur nounou de leur donner leur bain avant qu’elle ne s’en aille. J’en fais de même. Je me douche très rapidement pour être présente quand Darnell viendra. Arrêtée devant ma penderie à la recherche de quelque chose à mettre sur le dos, je vois tout ce lot de lingerie super hot qui traine et que je n’ai pas encore utilisé. Je garde toujours un exemplaire de mes modèles que j’utilise pour les occasions spéciales, mais puisque depuis un an personne ne m’a touché, ils sont tous encore neufs. Une idée coquine germe dans ma tête. Je sais comment faire succomber Darnell. Je fais donc ce que j’ai à faire sur moi, ensuite descends tout organiser en bas, je remonte enfin me reposer le temps qu’il se pointe. Les enfants sont devant la télé. J’ai donné la permission à leur nounou de rentrer fêter avec sa famille. Il n’y aura pas grande chose à faire demain. Tout a déjà été précuit. Je récupère l’enveloppe contenant les photos de Darnell et sa famille et à l’aide d’un marqueur, écris dessus « Retrouver la mère et la sœur de Darnell. » Je le fais pour ne pas avoir à la mélanger avec mes autres dossiers. Il me sera plus facile de la retrouver ainsi.
Mon cœur fait un bond quand la sonnerie retentit. Il est là. Je pose l’enveloppe sur le lit et me presse de m’admirer une dernière fois dans mon grand miroir. Tout est bon. J’ai juste porté une longue robe ample qui a une aussi une très grande fente sur le côté qui dévoile ma jambe. Darnell aura donc une belle vue sur ma cuisse que je ne me priverai pas d’exposer. Je n’ai non plus pas porté de soutien pour permettre des mouvements fluides à mes loloches. Je ne me suis pas vraiment maquillée parce qu’il aime quand je suis naturelle. Je m’asperge une dernière fois de parfum sans trop en mettre. Je descends ensuite lui ouvrir la porte. J’ai interdit aux enfants de s’approcher de la porte donc ils sont sagement assis au salon comme s’ils n’avaient rien entendu. Quand j’ouvre et vois Darnell, un flot de sentiment coule en moi. Son regard glisse le long de mon corps mais très rapidement.
Darnell : Bonsoir. J’ai apporté les cadeaux pour les enfants.
Moi : Tu n’entres pas ?
Darnell : Non, je préfère rentrer me reposer. La journée a été fatigante.
Moi : Darnell, c’est le réveillon de Noël. Fais un effort s’il te plaît. Les enfants ne te verront pas à leur réveil et quand ils déballeront leurs cadeaux. Passe au moins le réveillon avec eux pour qu’ils ne sentent pas trop ton absence demain.
Son regard descend sur ma poitrine dont les seins pointent en dessous du tissu fin. Il détourne les yeux.
Darnell : Je…
Moi : Fais-le pour Teddy qui passe son premier Noël avec son véritable père. Je t’en prie.
Avant qu’il ne réponde, les enfants déboulent du salon en hurlant son nom. Teddy est le premier à se jeter dans ses bras.
Coralie (hurlant) : Mes cadeaux, mes cadeaux. Papa c’est une poupée ?
Teddy : Ma voiture, ma voiture.
Coralie : Papa, nous avons cuisiné avec maman. Tu viens gouter ?
Les enfants ne cessent de lui demander de rester. Teddy s’est déjà jeté sur les cadeaux dont il essaie de déchirer les emballages. Je le supplie du regard.
Darnell : Ok.
J’étouffe un “yes’’ dans ma gorge. La chose la plus difficile de mon plan vient d’être faite. Il fallait juste qu’il accepte de rester ce soir. Pour le reste je gère. Tellement absorbée à le regarder que je ne remarque pas que les enfants déballent les cadeaux. C’est le bruit du scotch que me ramène à moi. Trop tard, Coralie a ouvert son cadeau. Elle se met à jubiler avec sa poupée. Teddy, lui a du mal avec son cadeau. Darnell l’aide donc en allant s’installer dans le salon avec eux. Bon, ils déballeront mes cadeaux demain. Mon père en a aussi apporté des cadeaux. Je les poserai cette nuit sous le sapin. Nous passons une très belle et magnifique soirée ensemble. Nous ressemblons à une véritable famille. Juste un mot de Darnell et nous le serons pour de vrai. Teddy est vraiment heureux de voir son père. Il reste accroché sur lui, même pour jouer avec son Robot télécommandé.
Les enfants ont fini par s’endormir sur Darnell. Il les pose chacun sur une épaule et monte les faire coucher dans leur chambre. Je profite de ce moment pour mettre mon plan B à exécution. Je fais sortir toutes les bougies que j’avais caché derrière les cadres photos et les pots de fleurs. Je les allume toutes avant de plonger le salon dans une lumière tamisée. Je place un paquet de préservatif sur la table. J’en place un entre la fine corde de mon string qui traverse la raie de mes fesses. Oui, j’avais acheté ces préservatifs depuis un moment pour au cas où Darnell succombait. Je retire ma robe et je reste dans une tenue cochonne. C’est une guêpière qui laisse la poitrine à découvert mais qui la maintient. Je place mes caches tétons sexy qui sont très excitants. Ça fait partie de ma récente collection. Je détache mes cheveux naturels que je laisse au vent. Darnell aime que je sois naturelle de la tête aux pieds. J’entends ses pas descendre les escaliers.
Darnell : Kayla, pourquoi il fait…
Il s’arrête en me voyant. Il glisse son regard, cette fois plus lentement, sur tout mon corps. Je marche sensuellement vers lui.
Darnell : Je… vais rentrer.
Moi : Reste s’il te plaît.
Il ferme les yeux comme pour se reprendre.
Darnell : Je croyais avoir déjà été clair ? Arrête donc avec ça.
Moi : Je t’aime Darnell. Tu me manques.
Je veux le toucher. Il recule.
Darnell : Ne me touches pas. Je ne veux pas être désagréable. Bonne nuit.
Il me tourne le dos. Le vinaigre me monte au nez face à sa résistance. Aucun homme ne m’a jamais résisté.
Moi : Pourquoi tu fais ça ?
Il continue son chemin sans me prêter attention.
Moi : Je fais tout pour arranger les choses entre nous. Je fais tout pour te prouver que je t’aime, mais toi tu t’en fiches.
Moi (se retournant) : Peut-être parce que tu m’as assez donné de faux espoirs. Combien de fois m’as-tu fait ton discours ? Combien de fois t’ai-je cru ? Et dis-moi comment ça s’est terminé ? Tu t’es mariée à un autre.
Moi : Oui et je le regrette. Darnell, je t’aime.
Moi (s’énervant) : Non tu ne m’aimes pas. Tu me veux juste pour éteindre le feu qui embrase tes reins. Ça a toujours été ça. Tu revenais vers moi lorsque ton type super friqué t’abandonnait et moi comme un con je tombais dans tes filets parce que j’étais fou de toi. Mais c’est terminé tout ça. Kayla, tu comprends ? C’est terminé. Tu es la mère de mon fils, rien de plus.
Moi (la voix tremblante) : Ne me dis pas ça. J’ai fait des erreurs mais mon amour pour toi est vrai. Je ne suis plus la même Kayla.
Darnell : Amélie m’a aussi fait ce discours, mais résultat des courses, elle a encore tenté de me piéger. Vous êtes pareilles toutes les deux. Vous me voulez juste pour vos intérêts.
Le fait qu’il me compare à cette moins que rien me met hors de moi. J’avance vers lui.
Moi : Je ne te permets pas de me comparer à cette conasse. Elle n’en avait que pour ton argent, pour le mariage et pour le sexe.
Darnell : Donc vous êtes pareilles. Ou bien tu me diras que tu n’as pas choisi Marc-Arthur parce qu’il avait une meilleure situation financière que moi ? Si j’étais autant riche que lui, ne serions-nous pas mariés en cet instant ?
Moi (confuse) : Je…
Darnell : Il n’y a que le luxe qui t’intéresse. Je ne suis toujours pas en mesure de te l’offrir bien que ma situation se soit améliorée. Maintenant écoute-moi, je ne veux plus que tu me parles de ce sujet. Toi et moi c’est fini. Vous me faites chier à la fin.
Moi : Ne me parle pas sur ce ton.
Darnell : Donc lâche-moi les basquets. Et puis habille-toi, tu ressembles à une pute.
Je déglutis. La honte me pousse à lui flanquer une gifle.
Moi : Je t’interdis de me traiter de pute parce que tout ce que je fais, c’est uniquement pour toi.
Je vois ses mâchoires craquer. Ok je crois que j’ai fait une gaffe. Mais je m’en fiche. Qu’il fasse ce qu’il veut.
Darnell : Plus jamais, je dis bien plus jamais tu ne refais ça.
Moi : Sinon quoi ?
Il desserre son visage et me donne dos.
Moi : Tu n’es qu’un enfoiré, un salaud, un pauvre type. Puisque tu ne veux pas de moi, ok. J’irai donner ce corps à un autre. Il y a un homme là dehors qui saura pendre soin. Il me fera l’amour tous les jours, dans toutes les positions. Je lui ferai aussi plein de cochonnerie pour lui faire…
Il se retourne violemment et me plaque contre le mur. Il ne dit rien mais les nerfs qui tressautent sur son front me disent clairement qu’il est fou de jalousie. Je décide donc de continuer à le provoquer. Ça le fera peut-être réagir encore plus.
Moi : Je vais le faire jouir autant qu’il me fera jouir. Je lui ferai des choses que je ne t’ai jamais faites à toi ni à aucun autre. Je serai sa pute, sa tigresse, sa lionne. Je me donnerai corps et âme à lui, Darnell. Si tu veux je pourrai nous filmer et t’envoyer les vidéos pour que tu voies à quel point je m’amuse sans toi. De toutes les façons, de tous les hommes que j’ai connus, tu es celui qui m’a donné le moins de plaisir. C’est pour cette raison que j’ai choisi Marc-Arthur.
Je le repousse violemment.
Moi : Vas-y rentre chez toi. C’est tout ce que tu sais faire. Ou si tu veux tu peux rester ici veiller sur les enfants. Je dois sortir m’amuser un peu.
Cette fois c’est moi qui tourne le dos. Je me saisis à peine de mon portable que Darnell lance un juron et bondit sur moi. Il m’arrache mon portable qu’il fracasse au sol.
Moi : Non mais ça ne va…
Je suis de nouveau plaqué contre le mur. Darnell me regarde avec rage.
Darnell : Il est hors de question que tu laisses mes enfants ici pour aller t’envoyer en l’air avec n’importe qui.
Moi : Dans ce cas occuper-toi de moi. Punis-moi, Darnell, pour mon insolence.
Il ne se fait pas prier. Il s’acharne sur mes lèvres avec beaucoup de fougue. Il me soulève contre le mur sans lâcher mes lèvres.
Darnell : Tu as osé lever la main sur moi.
Moi : Punis-moi pour ça.
Je fais sortir la capote de mon dos et la lui tend. Il me l’arrache et l’enfile très rapidement. Je ne le vois pas venir mais il me pénètre en un seul coup. Je me laisse aller dans un long cri. Darnell, pour la première fois, y va très fort. J’étais tellement en manque que je deviens une fontaine. Il me descend et me tourne contre le mur. Je me suis imaginée plus d’une fois comme ça serait, Darnell qui me prenait par derrière. C’est magique.
Darnell : Tu me rends fou, Kayla.
Moi : Toi aussi bébé. Ne t’arrêtes pas.
Il s’agrippe à mes hanches. Moi je tente de m’agripper au mur. Voyant que j’avais du mal à tenir debout, il nous fait basculer dans le divan. C’est les jambes en l’air que je reçois la fin de la plus belle des punitions. Je savais Darnell très doux, très romantique. Mais bestial, wahoo. C’est tout simplement divin.
Nous nous écroulons sur la moquette complètement trempés de sueur. Je me couche sur le torse de Darnell. Il nous faut de longue minute pour reprendre une respiration normale.
Darnell : Tu es une sorcière.
Moi (souriant) : Je le sais.
Darnell : Tu n’avais pas l’intention de sortir n’est-ce pas ?
Moi : Pas le moins du monde. Je voulais juste te faire réagir.
Il prend un air plus sérieux. Il se redresse contre le fauteuil. Je m’assois face à lui.
Darnell : Je n’aurais pas dû succomber. Tu es du genre à ne pas savoir avec exactitude ce que tu veux.
Moi : Si tu me l’avais dit il y a deux ans, je t’aurai dit oui. Mais aujourd’hui tout est différent. Je sais ce que je veux.
Je me rapproche.
Moi : Je te veux toi. Je t’aime, Darnell. Plus que jamais. Je suis prête à te le prouver. Ecoute, même si Marc-Arthur revenait, ou un tout autre homme friqué venait me faire une demande en mariage, je refuserais parce que je ne veux être qu’avec toi. J’ai appris de mes erreurs. J’en ferai encore, mais une seule que je ne ferai plus, c’est ne pas te choisir au détriment des autres hommes. Laisse-moi t’aimer. Donne-nous une chance d’être une famille. Je veux être la mère de Coralie. Je suis prête à mettre mon nom sur son extrait de naissance puisque sa mère a renoncé à son rôle. Je patienterai jusqu’à ce que tu sois prêt pour le mariage. Je ferai tout ce que tu désires. Mais laisse-moi une chance.
Il me regarde avec une telle profondeur que ça me trouble. De son pouce, il trace une ligne sur ma joue qu’il passe sur mes lèvres. Je frétille.
Moi : Alors ?
Il pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je crois que j’ai ma réponse. Je veux approfondir le baiser mais il recule.
Darnell : Tu m’as creusé.
J’éclate de rire.
Moi : Je nous apporte du gâteau.
Darnell : Je vais en profiter pour me nettoyer.
Je le regarde s’en aller en direction des toilettes du bas. Je cours nous servir une grande assiette de gâteau. Nous revenons au même moment. Le voir tout nu me donne encore des envies.
Darnell : Baisse les yeux petite fille.
Je souris. Il enfile son boxer. C’est assis sur la moquette que je lui mets le gâteau en bouche.
Moi : C’est avec les enfants que j’ai acheté cette bûche de Noël. S’il me demande, je leur dirai que c’est le père Noël qui a mangé une part.
Darnell : N’embête pas mes enfants avec ces histoires sordides de père Noël.
Moi : C’est juste pour embellir leur enfance. Ils sauront très vite qu’il n’existe pas. Moi je l’ai su à 10 ans.
Darnell : Moi je n’ai pas connu tout ça. Je n’avais pas de parent pour me faire rêver et mamie était trop occupée à subvenir convenablement à mes besoins.
Moi : Tu as la possibilité de combler tes enfants.
Darnell : L’une des raisons pour lesquelles je ne voulais pas avoir d’enfant c’était la peur de ne pas assurer. Je n’avais aucune figure paternelle alors je me sentais incapable d’être un père. Je ne sais même pas ce que ça fait d’être aimé par une mère. Mamie Kossia m’a aimé certes, mais rien ne peut remplacer l’amour d’une mère.
Je pose le gâteau près de moi, prise de compassion. Je pose ma main sur sa joue.
Moi : Je peux comprendre ce que tu ressens. C’est aussi pour cela que je veux être là pour toi. Je veux que nous donnions une belle famille à nos deux enfants.
Darnell : Ça me met un baume au cœur que tu aimes Coralie.
Moi : Comment ne pas l’aimer quand j’aime follement son père. Laisse-moi être sa mère s’il te plaît. Laisse-moi faire partie intégrante de vos vies.
Darnell : Je prends de nouveau le risque de te faire confiance. Ne me blesse pas s’il te plaît. Pas de secret, pas de mensonge. Rien que la vérité, la sincérité et l’amour.
Je lève mon petit doigt. Il lève le sien. J’accroche nos doigts.
Moi : Promis.
Nous repartons dans un baiser. Plus doux cette fois. J’ai un pincement au cœur en pensant à la découverte sur sa mère et sa sœur. Je veux bien le lui dire, mais j’ai promis à une vielle femme mourante de garder le secret jusqu’à son dernier souffle. C’est aussi pour ça que je veux être avec lui. Pour lui donner une famille à laquelle s’accrocher après la mort de sa grand-mère. Je ne veux pas le laisser seul. J’espère que les choses se passeront tranquillement jusqu’à ce que je dise tout à Darnell. Je ne veux pas gâcher cette chance qu’il vient de me donner.
Moi : Laisse-moi te faire l’amour.
Darnell : La dernière fois que tu m’as fait l’amour, Marc-Arthur est réapparu.
Cette situation qui était déplorable il y a deux ans nous fait rire tous les deux. Nous scellons notre réconciliation en faisant l’amour de la plus tendre, douce des manières. J’ai pris les rênes de ce tour. J’ai allongé Darnell et je m’occupe parfaitement de lui. Il me laisse faire. J’aime énormément cet homme.
Je sens des baisers sur mon visage. J’ouvre l’entement les yeux et croise les yeux magnifiques de Darnell.
Darnell : Il fait jour. Les enfants ne tarderont pas à descendre. Tu es toute nue.
Moi (souriant) : Tu veux qu’on fasse un dernier match ?
Darnell (souriant) : Je suis tenté mais je dois rentrer me changer. Je monte prendre une douche dans ta chambre.
Moi : Ok. Tu veux un peu de café ?
Darnell : Ouais.
Il se baisse pour poser un baiser sur mes lèvres. Je me mordille la lèvre en le regardant s’en aller. Mon Dieu je suis dingue de lui. J’enfile ma robe après un petit rangement. Je file dans la cuisine préparer le petit déjeuner. Des frissons parcourent mon corps quand les images de la nuit me reviennent. J’ai envie de le retrouver là-haut et me jeter sur lui. Ce n’est pas une si mauvaise idée. Peut-être que je devrais faire ça. Je coupe le gaz prestement avec plein de papillon dans le ventre à l’idée qu’il me fasse l’amour sous la douche.
« Kayla, c’est quoi ça ? »
Je fais face à Darnell avec le sourire aux lèvres. Mais quand je vois ce qu’il tient, mes jambes flageolent. Non ! Pas ça. C’est l’enveloppe.
Moi : Darnell…
Darnell : Est-ce que ma mère vit ? Ai-je une petite sœur ?
Moi : Darnell je…
Darnell (hurlant) : Dis-moi pourquoi il y a écrit “retrouver la mère et la sœur de Darnell’’ sur cette enveloppe et pourquoi diable as-tu les photos de moi petit avec ces gens nommés comme mes parents ?
Son regard est éjecté le sang. Il tremble de tout son corps, et moi aussi. Quoi que je dise, il connait déjà la réponse. Je ferme les yeux mais je ne peux empêcher une larme de s’échapper de mes yeux. Pourquoi faut-il que tout se gâche alors que ça vient de s’arranger ?