Episode 10

Ecrit par Annabelle Sara

 

On dit que la chaire est faible, non la chaire est lâche ! N’allez pas vous imaginer que ce qui venait de se passer avec Gérôme avait quoi que ce soit de profond. Non ! Mon corps brulait pour avoir un peu de réconfort et a juste reconnu une chaleur familière…

Donc si je tremblais c’était parce que mon corps était en manque de chaleur depuis déjà 18 mois, pas parce que je regrettais le corps musclé de Gérôme.

Pat a remarqué que j’étais perturbée à mon retour et ne manqua pas de me poser la question.

Moi : Rien… il n’y a rien… Pat est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé avec Nyango ?

Pat : Je commence où ?

Moi : Au début !

Pat : Hier je te disais que le remariage du Baham était bizarre c’est parce qu’une cliente est venue acheter une tenue au magasin le week-end… Une tenue de soirée ! Et elle m’a expliqué qu’elle était fière, qu’une fois encore les reines mères montraient leur force de frappe…

Moi : Ekieu, ça voulait dire quoi ?

Pat : C’est ce que je lui ai demandé et elle m’a dit qu’elle ne me dirait rien parce qu’elle sait que je suis amie avec la pute qui a voulu gâter le mariage de sa copine… que la seule raison pour laquelle elle venait encore dans ma boutique c’est parce que j’avais de bonne tenue et que je sers du bon vin aux clientes…

Moi : Donc elle savait que le Baham allait… Mais pourquoi tu ne m’as pas expliqué ça comme ça ?

Pat : Est-ce que je savais ? Moi-même je ne comprenais pas !

Moi : Pat Nyango a failli mourir…

Pat : Je sais ma copine… si tu ne venais pas… Seigneur !

Nos pleures et lamentations attirèrent quelques regards mais nous en avions vraiment besoin pour évacuer la tension de nos corps. Ne pouvant pas voir Nyango nous avons décidé de rentrer, elle dans son prêt-à-porter et moi au boulot. Au moment de quitter les urgences de l’Hôpital Central j’aperçu quelqu’un que je ne m’attendais pas à voir.

Ma tante arpentait les couloirs de l’Hôpital, je ne savais pas trop ce qu’elle faisait ici. Est-ce que ça avait un lien avec son petit trafique ? Si on peut appeler ce qu’elle fait petit trafique.

Une idée me vint en tête, elle ne sait pas que je suis ici, elle ne sait pas que je sais ce qu’elle fait, donc je peux la suivre et voir ce qu’elle fabrique dans le coin sans qu’elle ne le soupçonne et au cas où elle me surprend j’ai une bonne excuses.

Moi : Pat avance j’ai un truc à faire là tout de suite…

Pat : Ah bon ? Je t’attends ?

Moi : Non tu peux y aller, on s’appelle après !

Pat : Ok ma chérie ! Au téléphone !

On se fit la bise pendant se temps je gardais un œil sur ma tante qui prenait un angle. En quittant Patience j’ai carrément dû courir pour avoir de nouveau ma tante dans mon champ de vision, je la suivais en faisant en sorte qu’elle ne me voit pas. A un moment elle s’est arrêtée pour utiliser son téléphone, pour ne pas qu’elle me voit je me suis assise sur un banc dans un couloir en me calant derrière une dame avec une forte corpulence, guettant pour voir ce qui se passait.

Une minute plus tard une femme en tenue verte apparut et elles se mirent à discuter.

Et si elle était juste venue consulter comme n’importe qui ?

Non si elle avait eu besoin de voir un médecin elle m’aurait appelé pour lui envoyer l’argent de la consultation.

Elles tramaient quelque chose, et ce sentiment ne me quitta pas lorsque la dame en blouse la prit par le bras et la tira à l’écart. J’ai couru pour pouvoir les suivre, elles semblaient chercher un endroit pour s’isoler et discuter tranquillement. Je restais à bonne distance mais je ne les ai pas quitté des yeux et quand elles ont enfin trouvé un coin tranquille derrière un bâtiment apparemment isolé du reste, je me suis rapprochée pour écouter.

La dame : MT je demande hein, tu n’as pas compris quoi au téléphone ?

Ma tante : Non expliques moi en face, je ne suis pas sur les choses du téléphone !

La dame : Tsuip tu déranges ! Je t’ai dis que c’est trop tôt ! On ne peut rien faire…

Ma tante : Ça je sais je ne suis pas bête, mais même dans deux mois ?

La dame : Tu sais ce que veut dire provoquer un accouchement prématuré ?

Ma tante : Ecoutes ! J’ai déjà eu un bébé prématuré sans problème…

La dame : Non ! Moi je ne suis pas là… vas donc voir la personne qui t’avait fait ça !

Ma tante : Vrai de Dieu ! J’ai un projet important à gérer dans deux mois… tu ne peux pas t’en occuper ? Je n’ai confiance qu’en toi…

La dame : Je t’ai dis tu l’emmènes chez moi si et seulement si le travail a commencé pas avant ! Si tu ne veux pas vas chez qui tu veux moi je ne suis pas dedans…

Ma tante : Vraiment tu vas me faire rater beaucoup de chose…

La dame : D’abord moi je ne discute plus rien avec toi j’ai le travail… il ne faut pas qu’on me cherche…

Ne voulant pas être prise sur le fait j’ai vite décampé de là, même si ce que j’avais entendu me paraissait très confus.

Que voulait dire ma tante par provoquer un accouchement prématuré au point de dire qu’elle a déjà eu un bébé prématuré ? Ma tante a-t-elle été un jour enceinte et personne ne l’a su ? Cette histoire devenait de plus en plus bizarre, d’abord un réseau, d’escorte, une histoire de chantage et maintenant une histoire de bébé prématuré.

La seule personne qui pouvait avoir un bébé prématuré dans deux mois et que je connais c’est Magon, puisqu’elle a 5 mois de grossesse, mais pourquoi provoquer son accouchement aussi tôt et au risque de sa vie ?

Ma tante devenait dangereuse, une solution rapide s’imposait, il fallait que je réussisse à savoir qui est le papa du bébé et connaitre ce que lui exige ma tante.

Mais là tout de suite il fallait que je retourne au boulot, surtout que j’ai ma formation dans une heure. Les taxis de Yaoundé alors, lorsqu’on est pressée on ne les voit pas. Quand enfin on en trouve un il faut carrément le supplier en proposant plus que ce que vaut la distance parcourue.

A peine j’avais franchi le seuil de l’agence que Tony me faisait signe de le retrouver dans son bureau, ça je le sentais venir. Il me demanda calmement de fermer la porte et me fit signe de m’asseoir. Il était calme mais je pouvais lire la rage dans ses mâchoires qui se serraient les unes contre les autres.

Tony : J’ai l’impression Mlle Mekeng que j’ai fait une erreur en suggérant à la hiérarchie que vous seriez un bon élément pour le poste de stratège mercantile.

Voilà ça, maintenant c’est lui qui avait suggérer que je sois testée ?

Tony : Vous ne pouvez pas aspirer à plus grande charge au sein de cette entreprise si vous n’arrêtez pas de faire les même erreurs, moi je peux vous excusez certains écarts de conduite mais si vous voulez évoluer vous devez apprendre à vous débarrasser des poids morts que vous trainez comme des casseroles…

J’attendais qu’il finisse.

Tony : Vous ne pouvez pas continuer à pensez aux autres avant de penser à vous-même, au point de vous mettre en danger ! Comme ce que vous avez fait aujourd’hui !

Il semblait avoir dit ce qu’il avait à dire !

Moi : Je suis d’accord avec vous je porte des poids morts mais savez vous depuis quand je les porte ces poids morts ? Savez-vous ce que représentent ces personnes que vous appelez poids morts ? Ce sont mes amies, ma famille les gens qui font que quand j’entre dans cette agence tous les jours je me donne à 100%...  Et ça ne date pas d’hier ! Si vous pensez qu’à cause de ces poids morts je ne vais rien apporter à votre entreprise allez dire à votre hiérarchie de me retirer du projet, sinon je vous prierais de me donner un avertissement ou un blâme, parce que je suis allez empêcher ma meilleure amie de se brûler vive, pendant les heures de travail!

Il avait des yeux hagards surpris par ma voix calme, je ne sais pas trop ce qu’il s’imaginait mais il n’avait pas le niveau, il avait besoin d’entrainement s’il cherchait à me faire sortir de mes gongs.

Comme il ne répondait pas je me suis levée.

Moi : Si nous avons fini je vais y aller j’ai une formation dans vingt minute… Ah oui ! Il y a autre chose que je voulais vous dire, arrêtez de me manger des yeux quand je suis ici, ou de manquer de respect à votre petite amie devant moi pour prouver je ne sais quoi, si vous espérer qu’il se passera quoique ce soit entre nous vous vous trompez… Je ne suis pas de celle pour qui l’appétit vient en mangeant !

 


KIKI DU 237