Episode 18

Ecrit par Annabelle Sara


   

A notre retour à Yaoundé ma mère m’annonça qu’elle voulait me voir, le lendemain parce qu’elle voulait retourner à Bafia auprès de sa mère. Depuis l’annonce du décès de ma sœur et de l’incarcération de ma tante, ma grand-mère avait chutée. Elle souffrait d’hypertension et depuis deux semaines se plaignait de douleurs au dos.

Moi j’avais peur que ce soit ses rhumatismes qui reprennent, en plus de la douleur de voir sa fille aller en prison tandis qu’une de ses deux petites filles allaient rejoindre son mari dans l’haut-delà.

Que ce soit ma mère ou ma grand-mère chacune perdait avec cette histoire la moitié de sa progéniture. Ma grand-mère avait longtemps souffert de n’avoir pu donner à son mari que deux filles, aucun homme pour l’enterrer.

Mais ses filles, avaient toujours fait en sorte qu’elle ne regrette pas trop de ne pas avoir eu de garçon, et nous les petits enfants l’avons toujours choyé quand l’occasion nous était donnée.

Ma mère volait donc me voir avant de retourner prendre soin de sa mère. Jules et moi l’avons déposé chez elle. J’avais encore en tête l’accueil qui nous avait été réservé dans le village de mon père.

Jules : Tu penses encore à ce qui s’est passé chez ton père ?

Moi : Ne l’appelle pas comme ça… il a encore prouvé que je ne suis pas sa fille !

Il me jeta un regard soucieux comme s’il avait peur que je sois plus affectée que ce que je voulais bien le dire. Il avait raison parce qu’il suffisait de poser un regard sur mon père et sur moi pour savoir que c’était une véritable désillusion de s’imaginer qu’il n’est pas mon père.

Jules : Tu as prévu quelque chose ce soir ?

Je comprenais bien sa question et je ne voulais pas rester seule cette nuit. On s’en fout si je ne suis pas vraiment prête à m’engager avec quelqu’un.

Moi : Je n’ai pas envie de rentrer chez moi…

Jules : C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre !

Il me sourit, provoquant directement le mien, il avait cette façon de me communiquer sa bonne humeur, je dois avouer que je ne l’avais jamais vu énervé, même tout à l’heure lorsqu’il avait intervenu lorsque Charles avait proféré une injure à mon endroit il avait prit ma défense sans que sa voix ne trahisse aucune émotion.

Il avait entendu parler de Fabrice d’une façon qui poussait à se poser des questions, alors je m’attendais à ce qu’il veuille en parler mais ça n’avait pas semblé l’intéresser.

Quand je le regarde je me dis mon passé pourrait très vite lui donner des doutes quant à ses projets vis-à-vis de moi ! J’ai trainé un homme dans mon dos durant des années et avais fait capoter une belle histoire avec un autre qui lui aussi avait toujours une place privilégiée dans ma vie, tous ces bagages faisaient que j’étais surement loin d’être un premier choix pour un homme qui veut se caser. Bon en même temps il ne m’avait pas demandé de l’épouser, je vais un peu trop vite.

Il se garait dans l’allée de sa maison et contourna pour venir m’aider à sortir du véhicule. Sa maison restait un gros bijou à mes yeux.

Moi : Ton architecte est camerounais ?

Jules : Pourquoi tu veux construire ?

Je ricanais face à sa taquinerie.

Moi : Peut-être qu’est-ce que tu en sais ?

Jules : Oui, c’est mon petit frère, qui a conçu le plan et une entreprise a réalisé les travaux… sous sa supervision !

Moi : Ah d’accord ! Je ne sais pas grand-chose de ta famille mais toi tu m’as déjà accompagné dans mon village et même dans celui de mon… géniteur !

Jules : T’assister a été une bonne expérience pour te connaitre Kiki et puis ne t’inquiètes pas le moment viendra où tu feras connaissance avec mes proches… pour le moment je te veux pour moi tout seul !

Okay, il devient plus intime avec moi, je n’avais rien contre cela, j’ai beaucoup aimé qu’il me soutienne et m’accompagne et aujourd’hui j’avais besoin de plus encore.

Nous sommes entrés la main dans la main dans la maison.

Jules : Tu as faim ?

Moi : Si tu continues à me faire à manger je risque d’avoir des mauvaises habitudes avec toi !

Jules : T’inquiète, je réchauffe juste ce que ma cuisinière laisse dans le congélo…

Moi : La dernière fois tu m’as fait une omelette !

Jules : C’est la seule chose que je sais faire dans une cuisine hormis réchauffer un plat !

Nous avons tous les deux éclaté de rire, subitement son téléphone sonna, en voyant la mine qu’il afficha en voyant qui l’appelait, je compris que ce serait surement intéressant. Il décrocha et moi je me suis éloignée tout en gardant une oreille trainer derrière moi.

Jules : Allô… Bonsoir… Oui… Non… Non… Oui… Pourquoi ?... Non… J’ai dis non !... Attends !

Il leva les yeux sur moi !

Jules : Kiki, si tu veux prendre un bain ma chambre est…

Moi : En haut je connais le chemin !

Jules : Cool !

Je m’engageais dans les escaliers lorsqu’il reprit sa conversation avec deux mots !

Ce n’est jamais une bonne impression ce genre de conversation monosyllabique, il devait surement discuter de quelque chose dont je ne devais avoir aucune idée. Bon je n’allais pas non plus lui demander de tout déballer devant moi sachant que je ne parlais pas non plus beaucoup.

Après une douche chaude, un jeans et un t-shirt en V fraichement sorti de ma petite valise qui m’avait accompagnée au village, je suis descendue. Une odeur de poisson grillée me titilla les narines.

Jules était dans la cuisine et découpait du plantain mûr pendant que deux carpes se grillaient tranquillement dans une poêle posée sur un feu moyen.

Il avait troqué la tenue qu’il avait à notre arrivée contre un pantalon de jogging et un débardeur blanc, dévoilant son torse tracé et ses bras musclés, il était légèrement arqué et son allure aurait rendu jaloux n’importe quel mannequin pro.

Moi : C’est ce que tu appelles « réchauffer » ?

Il leva la tête et me sourit.

Jules : Bon en plus des œufs je peux faire frire un poisson et quelques plantains…

Moi : Cette liste risque de s’allonger ?

Jules : Ça dépend du temps que tu me laisseras trainer avec toi !

Moi : Ok, tu peux trainer autant que tu veux !

Il rit, quand il riait ses yeux s’illuminaient toujours de joie. J’aimais ça !

Moi : Tu t’es changé ?

Jules : J’ai profité que tu sois sous la douche  pour récupérer mes vêtements… puis je me suis douché dans la salle du bas !

Il est entré dans la chambre pendant que je me lavais ? Il remarqua ma mine offusquée et éclata de rire.

Jules : Ma belle je ne passe pas devant la salle de bain pour aller dans le dressing ! Même si ça aurait été un beau spectacle je ne suis pas un guetteur Kiki !

J’ai fait un petit sourire en guise de réponse, et je me demandais si j’aurais vraiment eu un problème à l’idée qu’il passe devant la salle de bain  pendant que je me douchais.

Jules : Quelque chose me dit que ça ne t’aurais pas vraiment dérangé…

Moi : Tu es bien sûr de toi hein !

Il éclata de nouveau de rire avant de se retourner pour retirer les carpes du feu. Le voir se mettre ainsi en quatre pour mon plaisir m’excita bien plus que la simple vue de cet homme bâtit pour le plaisir.

Jules : Ce n’est pas de la prétention…

Le bruit des morceaux de plantain qui plongeait dans la friteuse, couvrirent le reste de sa phrase.

Moi : Je n’ai pas saisi ce que tu disais !

Il se retourna et m’observa un moment avant de secouer sa tête.

Jules : Je vais te répéter cela tout à l’heure… vas nous prendre des assiettes dans le placard derrière toi d’abord !

Je me suis exécutée sans un mot et fit la table sur le coté du plan de table où je me trouvais comme il me le demanda. Lorsque le plantain était prêt il le disposa dans une grande assiette et nous nous sommes installés l’un à coté de l’autre pour manger.

A la première bouchée, un gémissement m’échappa, oui c’était bon à ce point ! Je m’attendais à une remarque de sa part, mais il se contenta de me regarder et de rire. Tout le repas se déroula dans une ambiance bonne enfant il se moquait de moi pendant que je prenais plaisir à m’empiffrer de son délicieux poisson, il faut avouer qu’il a la maitrise du dosage des épices pour relever le goût de ses plats.

Moi : Je vais vite m’habituer à te voir dans une cuisine… c’est délicieux !

Jules : J’ai vu ça ! Mieux j’ai entendu ça…

On riait encore lorsqu’il m’invita à aller dans la salle de séjour pour se relaxer devant un film, nous nous sommes installés dans un canapé avec une bouteille de vin et deux verres. Il n’avait pas oublié que c’est la seule boisson alcoolisée que je consommais.

Après les rires, le calme qui s’installa entre nous fut un peu lourd jusqu’à ce qu’il se rapproche de moi et passe une main dans mon dos. Il sentait bon ! Je sentais son odeur, plus que ça, je sentais sa chaleur et je voulais en profiter, donc je me suis tranquillement installer contre lui. Ce qui se passait dans ma tête n’avait rien à voir avec ce qui défilait devant mes yeux.

Mon cœur battait fort et rien d’autre que ce moment de proximité n’importait.  Je pouvais sentir son souffle dans mon dos, je me suis demandé si je devais me retourner ou pas, au même moment son téléphone vibra sur la table, perdre sa chaleur même pour les deux secondes qu’on durée le coup d’œil qu’il jeta sur l’écran qui s’était allumer, sans y toucher, furent deux secondes de trop.

Moi : Ce n’est pas important ?

Jules : Non, pas autant que être au calme avec toi… surtout après le tumulte de ce week-end !

Moi : Je sais ! Tu as toujours envie de me connaitre après ça ?

Cette fois il me prit dans ses bras pour de bon, m’installant sur ses cuisses, nos visages étaient très proches, il me caressa la joue et sourit.

Jules : Pour être honnête… Ta famille ce sont des petits joueurs face à la mienne !

Moi : Ah bon ?

Jules : Je ne devrais pas te dire ça pour ne pas te faire peur mais… Ma famille est pire, c’est pour ça que je veux profiter un max de toi avant de te les présenter, on sait jamais tu peux décider de me quitter quand tu les verras !

Moi : Hum…

Jules : Alors ? Tu veux toujours savoir ce que je disais tout à l’heure ?

Il avait une lueur espiègle dans les yeux.

Moi : Oui…

Jules : Je disais que c’est sans prétention que je te trouve séduisante en jeans et que je trouve sexy ce regard gourmand que tu poses sur moi…

Il finit sa phrase en posant ses lèvres sur les miennes, je sentais qu’il attendait une invitation, mon approbation à son geste, il n’en avait pas réellement besoin mais pour la beauté du geste je lui ai cédé. C’est avec douceur qu’il me pressa contre lui pendant que nos bouches, s’apprivoisaient, se perdaient et se retrouvaient dans une danse voluptueuse.

Je ne sais pas comment j’ai fait pour ne pas vomir mon cœur qui battait bien trop rapidement ! Mon corps tout entier se languissait de cette étreinte, et c’était bien au dessus de mes espérances d’être dans les bras de cet homme.

Il s’arracha à moi !

Jules : Si tu gémis encore comme ça je ne répondrais pas de ce qui se passera ensuite…

Je ne m’en étais même pas rendu compte.

Moi : Donc tu n’as pas l’intention d’aller jusqu’au bout ?

Jules : Tu n’es pas prête ! Je n’étais même pas sensé t’embrasser mais je n’ai pas pu te résister… tu as un effet particulier sur moi !

     


KIKI DU 237