Épisode 2
Ecrit par Mona Lys
Episode 2
TERRY
Assis devant le cercueil je ne cesse de me demander si tout ceci est vrai. C’est peut-être un rêve et je vais bientôt me réveiller. Ma fille ne peut pas m’avoir quitté comme ça. Mon bébé, mon cœur, ma joie, ma motivation, mon inspiration. Je ne sais pas pourquoi la vie me fout autant d’évènement merdique. Est-ce parce que je suis un homme intimidant ? Un homme qui impose sa loi partout où il passe ? Un homme intransigeant ? Un homme qui écrase ses adversaires sans pitié ? D’abord l’amour de ma vie, ma femme. J’ai perdu Perla il y a 7 ans alors qu’elle donnait la vie à notre premier bébé. Cet enfant nous l’avions désiré au plus profond de notre être. Elle avait tellement fait de fausse couche que lorsqu’elle est tombée enceinte d’Inès, nous n’y avons pas trop mis notre attention. C’est seulement quand elle a entamé le 5e mois que nous l’avons annoncé à nos proches et y avons consacré toute notre attention. Nous étions impatients de votre notre princesse et tellement heureux de pouvoir enfin être parents. Le jour de l’accouchement j’étais en pleine négociation d’affaire et je n’ai pas vite vu ses appels et ceux de ma mère. Quand ce fut le cas j’ai filé comme si j’étais en pleine course de Rallye. Maman n’était pas dans la salle d’attente parce qu’elle était dans la salle d’accouchement avec Perla. C’était normalement moi qui devais y être avec elle mais vue le moment auquel je suis arrivé ça n’a pas été possible. Après plusieurs heures d’attentes ma mère m’a rejoint avec un air inquiet. Elle m’a rassuré que Perla avait mis au monde notre fille mais qu’après elle avait commencé à perdre du sang. Ils ont dû lui demander de sortir pour s’occuper d’elle. J’étais angoissé, je tremblais de tout mon être et je ne pensais plus au bébé, juste à ma femme. Je voulais certes avoir un enfant mais je voulais encore plus ma femme. Un enfant sans elle à mes côtés ne m’intéressait pas. C’était elle ma priorité pas le bébé. Des enfants on pourrait en adopter ça ne me dérangeait pas. Une trentaine de minute plus tard on nous annonçait la tragédie. Ils n’ont pas pu arrêter le sang. Mon monde s’était écroulé et j’étais comme fou. Je ne voulais pas la laisser partir. Je me suis hâté dans la salle où était allongé son corps et j’ai pleuré comme un gamin. Les jours qui ont suivi je ne voulais pas du bébé donc elle était restée avec ma mère. Si ça n’avait été que moi je l’aurais donné dans un orphelinat. Je ne la haïssais pas mais je ne voulais pas d’elle non plus. Qu’allais-je faire avec un enfant sans sa mère ?
Puis vint le jour où maman m’ayant vu pénétrer sa maison a laissé expressément le bébé pleurer toute seule dans le salon. Après un moment de lutte contre moi-même j’ai fini par la prendre dans mes bras et l’ai bercé. C’est là que ma vie a été bouleversée de la meilleure des manières. Je passais dorénavant toutes mes journées chez ma mère et quand la petite a eus 8 mois je l’ai prise avec moi et ai engagé une nounou en la personne de Matou qui est restée avec nous jusqu’à ce jour.
Elle est aussi présente et inconsolable. Nous sommes à Ivosep à la levée du corps et toutes les personnes présentent sont toutes autant choquées que moi. C’est Inès qui est couché dans ce cercueil, mon bébé. La directrice de son école et quelques enseignants sont présents. Il y a aussi Mimie sa meilleure amie qui est là avec ses parents. Elle passait souvent les week-ends à la maison quand ce n’était pas Inès qui allait chez elle. Quand ses parents et elles sont venus présenter leurs condoléances j’ai craqué quand je l’ai vu pleurer son amie. Nous avons tous craqué. Maman me tient la main pendant que je lutte avec mes larmes sous mes lunettes de soleil. C’est le moment de partir et tout le monde fait le tour du cercueil pour voir le corps qui y est couché. Moi je sors directement attendre dans ma voiture. Ma mère vient me rejoindre et Rico démarre en même temps que le corbillard. D’autres voitures nous suivent en l’occurrence celles d’André DASYLVA et de sa fratrie avec à leurs côtés leurs épouses. Il y a aussi mon protégé Jamal qui est avec moi depuis le jour où je lui ai annoncé la nouvelle. Maman ne lâche pas ma main jusqu’à ce que nous arrivions au Cimetière de Williamsville. Quand je vois l’énorme et beau caveau qui lui est destiné je me dis qu’en réalité l’argent n’est pas tout dans la vie. Je suis milliardaire mais je ne peux pas acheter des vies supplémentaires à ma fille. Jamal, André, Léo et Max sont ceux qui font entrer le cercueil dans le caveau. Une fois fait les gens se retirent. Moi je reste sur place incapable de bouger. Je suis comme bloqué devant la photo de ma fille qui sourit à pleine dent. Putain c’est ma fille qu’on vient d’enterrer. Non c’est faux, non ce n’est pas possible. Je ne vais donc plus voir son sourire tous les matins ? Je ne vais donc plus faire ces trucs amusants qui sont devenus comme un rituel pour tous les deux ? Je ne vais donc plus l’entendre m’appeler Teyo ? Je ne vais donc plus acheter des cadeaux pour elle en rentrant du boulot ? Je ne vais donc plus…
– Oh putain Inès ne me fait pas ça. Ma princesse je t’en supplie réveille-toi. Papa a encore besoin de toi.
Alors que je me laisse tomber sur mes genoux en pleurant ma douleur, je sens des mains m’attraper et m’aider à me mettre sur mes genoux délicatement.
– Sois fort frangin, me dis André en me serrant dans ses bras. Je suis là, nous sommes tous là.
– Nous serons toujours là pour toi. Appuie Léo.
Je sens d’autres mains autres que celles d’André et Léo se poser sur moi, je crois que ce sont celles de Max. Je me libère encore et encore entouré d’eux et quand je suis plus calme, André me tend un mouchoir avec lequel je me nettoie le visage. Ils m’aident à me relever et nous partons vers nos voitures. Nous arrivons chez moi où sera servi un cocktail pour remercier ceux qui ont effectué le déplacement. Ce sont Tina, Cassie et Béca qui se sont chargées d’organiser tout pour pouvoir aider ma mère. Les gens discutent, boivent et dégustent les petits amuse-bouche. Moi je reste sur la terrasse avec la fratrie et Jamal. Ils essayent de me faire changer de tête avec différents sujets de conversation. À 15h tout le monde est déjà parti, c’est maintenant autour de la fratrie. Leurs femmes viennent m’enlacer à tour de rôle. Je les remercie pour le service rendu et dis au revoir à mes potes. Le moment le plus difficile est arrivé. Se retrouve seul. C’est là que toutes les douleurs et tous les souvenirs font surfaces. Une fois tous partis je tourne les talons.
– Chéri où tu vas ? Me demande ma mère derrière moi.
– Je veux être un peu seul, je réponds en lui refaisant face.
Elle s’approche de moi et se met à caresser ma joue.
– Sois fort. Tu as toujours été un homme fort.
– Ok.
– Tu veux que de rester dormir ici ?
– Non ça va. Rico va te raccompagner.
– Matou peut rester au cas où tu vas avoir besoin de quelque chose.
– Ca va maman.
– D’accord.
Elle me prend dans ses bras et me caresse le dos.
– Je t’aime chéri et je suis là, près de toi tout le temps.
– Ok.
Elles prennent congés de moi toutes les deux après que maman m’ait embrassé pour la dernière fois. Je parcoure du regard toute la pièce avant de me rendre dans la chambre d’Inès. Depuis l’annonce de sa mort il y a deux semaines, je ne m’y suis pas rendu. Très lentement j’ouvre la porte et quand celle-ci s’ouvre totalement me donnant ainsi une vue sur l’intérieur mon cœur se comprime. Je glisse mes mains dans mes poches en pénétrant la pièce. Son parfum y est encore. Je balade mon regard pour inspecter chaque endroit. Tout est à sa place. Son étagère plein de nounours de tout genre, de toute taille et de toute couleur. Sa table à dessin et bricolage. Son bureau avec son ordinateur posé dessus. Son lit couvert de son énorme drap la Reine des neiges et d’un autre lot de nounours. Je m’avance encore vers son bureau et prends le cadre photo. Nous y figurons tous les deux souriant tout notre bonheur. Je regarde la photo en me rappelant de ce jour où nous l’avons prise. C’était un jour ordinaire et Inès n’a cessé d’insister pour qu’on prenne des photos ensemble. J’ai donc pris mon petit appareil photo et nous avons commencé à nous photographier. C’est celle-là qui fut notre coup de cœur et nous l’avons faite encadrer. Je sens une présence derrière moi et quand je me retourne je vois Mickael, mon meilleur ami.
– Je suis désolé de venir en retard frangin. Je n’étais pas en place.
Nous nous regardons sans que je ne puisse lui répondre. Il me connait et sait que quand j’ai mal je garde le silence. Il fait un pas vers moi avec un air compatissant.
– Elle est partie Mike… Ma fille est partie.
– Je suis désolé.
– Je n’ai pas pu la sauver. Je n’ai… pas pu la protéger. Je l’ai laissé mourir.
– Ce n’est pas ta faute.
– Si ça l’est. Je n’ai…
Ma phrase se meure dans un sanglot. Je chancelle et me retrouve sur mes genoux. Mickael se précipite vers moi et me prends dans ses bras. Lui non plus n’arrive plus à retenir ses émotions. Inès était sa filleule et les deux étaient vraiment très proche si bien que ses vacances elle les passait au Maroc, son pays à lui. Nous restons tous deux à genoux pleurant l’un dans les bras de l’autre. Je ne sais combien de minute nous avons passé ainsi mais c’est lui qui se ressaisi le premier. Il m’aide à me relever après quoi nous nous rendons dans ma chambre juste en face de celle d’Inès. Je m’assois sur le bord du lit en nettoyant les dernières larmes sur mon visage. Mickael prend place en face de moi sur un pouffe.
– Tu devrais venir avec moi au Maroc.
– Non.
– Tu as besoin de vacance. Pour oublier.
– Je ne pourrai jamais oublier Mike.
– Disons donc pour digérer tout ça.
Je me masse les tempes sans répondre. Je n’ai pas envie de m’éloigner des souvenirs de ma fille. Je veux rester près de ses affaires, de sa tombe et de tout ce qui pourrait me la rappeler.
– Tu as les condoléances de tout le royaume et de Kim.
– C’est gentil. Je vais me reposer un peu.
– Ok je vais faire un tour chez Sandra et je reviens. Je resterai ici pendant mon séjour.
– D’accord.
*Mona
*LYS
Depuis deux heures de temps que je suis assis devant mon ordi à essayer de travailler que je n’y arrive pas. Mon esprit vole vers d’autres cieux dès que je lis une phrase ou un chiffre. Il me faut pourtant m’occuper l’esprit pour ne plus penser à Inès. Elle me manque. Si elle était là elle serait venue me sortir du bureau pour que nous passions la journée à regarder la télé. Elle trouvait que je travaillais trop ce qui nous empêchait des fois de passer du temps ensemble. Pour elle je mettais de côté une affaire qui pourrait me rapporter des millions et je ne le regrettais pas. Tous les millions du monde ne valaient rien face aux moments que je passais avec ma princesse.
Je lève les yeux de mon ordi sur la porte lorsqu’on toque. La porte s’ouvre par la suite sur ma mère.
– Chéri tu dois arrêter de travailler et te reposer.
– Ca va.
Elle vient s’asseoir sur le bord de mon bureau et prend ma main qui était sur ma bouche dans la sienne.
– Le prince m’a dit qu’il t’a demandé d’aller te reposer au Maroc.
– Je ne veux pas te laisser seule. Tu as la seule personne qui me reste.
– Je ne vais pas être seule chérie. Matou est là.
– Elle ne peut pas assurer ta sécurité.
– Il y a aussi mon chauffeur qui est aussi mon garde.
Je soupire et me couche dans mon siège. Je sens que je ne vais tarder à capituler.
– Chéri tu dois t’éloigner un peu. Vas au Maroc avec Mike. Ça va te faire bien. À chaque fois que tu es allé là-bas tu es revenu en forme. Faut faire un an même pour mieux récupérer.
– Il y a le boulot.
– Ton adjoint va gérer comme toujours. Si tu veux moi-même je vais passer là-bas souvent pour voir même si je ne comprends pas ce que vous faites.
Tenant toujours ma main dans la sienne, elle me caresse le visage avec son autre main.
– Fais-le pour moi chéri.
Elle sait qu’à chaque fois qu’elle me demande de faire quelque chose pour elle je cède. C’est d’ailleurs avec cette phrase qu’elle réussit encore une fois à me faire céder.
– Ok.