Épisode 4
Ecrit par Mona Lys
Episode 4
TERRY
« « « – Teyo je veux faire pipi.
– Ok.
Je gare et descends de la voiture avec Inès qui traverse de l’autre côté de la voie pour faire pipi dans la broussaille. Alors que je l’attends mon portable se met à sonner dans ma poche. Je décroche et commence à discuter avec un futur client. Le réseau est instable dans la zone alors je m’éloigne un peu pour mieux capter et discuter. Je ne prête plus attention à Inès. Un moment j’entends un crissement de pneu puis…
– Teyooo.
Le temps de me retourner je vois Inès projetée par une voiture et quand elle tombe la voiture lui roule dessus avant de continuer sa route toujours à grande vitesse. Je jette mon portable et coure vers elle. Je la prends dans mes bras et ce que je vois me glace le sang. Elle pousse un soupir en me regardant.
– Inès. Inès. INÈS !!!
Je me réveille en sursaut transpirant de grosses goûtes et respirant comme si j’avais couru un marathon. Je lève les yeux et vois une personne arrêté devant moi. Mon cœur se met à battre encore plus fort quand je reconnais Inès habillé tout en blanc.
– C’est de faute si je suis morte Teyo.
– Non je ne l’ai pas voulu.
– Tu as été un mauvais père. Maintenant soit un bon en me rendant justice.
– Oui je le ferai.
– Maman t’en veut aussi.
– Non demande-lui pardon pour moi.
– Fais-le toi-même en me rendant justice. » » »
Je me réveille en sursaut tout paniqué et me rends compte que ce n’était qu’un rêve. Le même que je fais depuis maintenant un an. Inès ne cesse de me tenir pour coupable de son accident et me demande de lui rendre justice. Je ne cesse de la voir partout et à n’importe quel moment. Elle me tourmente et je sens que tant que je ne lui aurais pas rendu justice je ne serai pas tranquille. C’est pour cette raison que je suis devenu le Terry YOUL d’avant parce qu’il le faut pour obtenir ce que je veux. Je ne peux plus être cet homme cool et sympathique. De toutes les façons je ne l’aie jamais été. Je faisais juste l’effort en présence d’Inès. Maintenant je n’ai plus de raison de faire d’effort. Il faut que je retrouve ce chauffard qui a renversé ma fille. Ma plainte a déjà été déposée, il ne reste plus que l’enquête.
J’enfile un tee-shirt sur mon pantalon et descends retrouver mon staff en bas, au salon. J’ai fait appel à eux pour tout renouveler après une année d’absence. Tout le monde doit reprendre son service. Je retrouve en bas ma chargée de communication. Elle s’occupe de mon image sur les réseaux sociaux et me prépare lorsque j’ai des interviews ou des émissions télé. Ma styliste et son adjoint qui se chargent de m’apporter le même nombre de costume que de jours dans le mois. Je ne porte jamais le même costume deux fois dans le même mois. Les costumes d’un mois sont récupérés par eux et nettoyé avant de me les rapporter plus tard. Mon assistante personnelle en dehors du travail qui travaille généralement avec ma chargée de communication. Et mes 6 gardes. Trois qui gardent l’immeuble et mon appart, c’est-à-dire, deux dehors et deux qui gèrent les caméras de surveillance. Les deux autres, y compris Rico assurent ma sécurité. J’ai demandé à un septième de venir pour lui donner des instructions pour ma mère. Quand ils me voient, ils se lèvent tous pour me saluer. Je leur fait signe de s’asseoir et je reste debout en face deux.
– Cèd, je te confie la sécurité de ma mère. Tu travailleras avec son chauffeur. Je veux que tu me tiennes informé de tout. Ses déplacements, ses fréquentations. Absolument tout.
– C’est compris monsieur.
– Tu peux t’en aller.
Il s’excuse et pars. Je me tourne maintenant vers les autres.
– Ok. Après une année de pause, les activités reprennent. Vous savez tous comment je travaille. Je ne vais pas vous faire un exposé. Que celui qui n’est pas sûr de supporter le retour de Terry YOUL se lève et dégage de ma maison.
Ils se lancent des regards dans le silence. Je me tourne vers mes gardes.
– Vous pouvez aller à vos postes et qu’une mouche n’entre dans mon immeuble sinon vous vous en irez avec elle.
Ils sortent tous sauf Rico qui reste toujours derrière moi. Je reporte mon attention sur Safi ma chargé de communication.
– Je vous écoute.
– Il n’y a pas grande chose à dire pour l’instant. Les spéculations sur la mort d’Inès ont cessé. Personne ne sait encore que vous êtes de retour au pays sinon les pages en auraient parlé.
– Ok. J’ai demandé à ce qu’on lance une enquête sur l’accident d’Inès.
– Vous voulez que je fasse une annonce sur ça ?
– Pas besoin. Laissez couler. Vous pouvez disposer.
– Merci monsieur.
Elle s’en va et quand je reste avec mes stylistes, ils ouvrent une valise contenant des costumes.
– Monsieur, ce sont les costumes pour ce mois. Nous prendrons avec votre permission vos mesures pour vérifier si elles ont changées et en faire de nouveaux.
Je fais oui de la tête. Elle place une petite estrade sur lequel je m’arrête. Chose faite, ils s’en vont à leur tour. Rico apporte la valise dans ma chambre où je me prépare pour le boulot. Je suis de retour et je compte le faire savoir. Je retrouve Rico et les autres gardes dans mon parking personnel. Je me fais escorter jusqu’à mon Building. Mon empire. L’un des gardes m’ouvre la porte et je descends. Je ferme le seul bouton de mon costume en regardant à travers mes lunettes de gauche à droite. Rien n’a vraiment changé. Tant mieux. J’entre à pas rassurés dans mon immeuble. Tout le monde comme toujours se tient droit sur mon passage. L’ascenseur s’ouvre sur l’étage où se trouve moi seul mon bureau. Mon assistante m’y attend avec une fiche.
– Bonjour monsieur. Bonne arrivée. Vous avez…
– Evitez de me parler de si bonne heure. J’ai horreur du bruit. Fais-je en marchant droit vers mon bureau.
J’entre dans mon bureau et inspecte la pièce du regard. Rico est toujours avec moi.
– Demande à mon assistante de venir et tu peux t’en aller.
– D’accord boss.
Il s’en va et quelques instants plus tard Rama apparait. Je suis toujours débout les mains dans mes poches.
– Oui monsieur.
– Pourquoi mon bureau n’a pas été nettoyé ?
– Je l’ai nettoyé ce matin monsieur.
Je tourne la tête vers elle.
– Désolé monsieur je le nettoie tout de suite. Vous pouvez vous asseoir dans le salon en attendant. Il a été livré tôt ce matin.
Je m’installe en attendant qu’elle finisse de nettoyer mon bureau. J’ai horreur de la poussière, ne serait-ce qu’un grain.
– Monsieur j’ai terminé.
– La prochaine fois vous serez mise à la porte.
– C’est compris monsieur.
Je vais m’asseoir derrière mon bureau et retire enfin mes lunettes de soleil. Je lève la tête et vois encore Rama.
– Quoi vous voulez que je vous prenne en photo ?
– Euh non désolé monsieur. Excusez–moi.
Elle se dirige vers la porte.
– Attendez. Dites à Maya de venir avec le rapport financier de toute l’année et convoquez tout le monde à la salle de conférence.
– D’accord monsieur. Autre chose ?
– Vous ne croyez pas que s’il y avait autre chose je vous l’aurais dite ?
– Désolée monsieur.
Elle s’en va. Je parcoure mon ordinateur en lisant les derniers rapports que j’ai reçu de mon adjoint. Bien qu’absent, j’avais l’œil ici et je suivais tout. Deux coups sont donnés sur mon bureau et j’ordonne d’entrer.
– Bonjour monsieur, dit Maya une fois devant moi. Bienvenue à vous.
– Asseyez–vous et dites-moi ce que j’ai envie d’entendre.
Elle commence son rapport que j’écoute attentivement. Je sais déjà tout ce qu’elle me dit. J’ai demandé qu’elle me refasse le rapport pour m’assurer qu’il n’y ait pas de magouille quelque part.
– Voilà c’est tout.
– Ok. Vous pouvez disposer.
– Monsieur il y a…
– J’ai dit vous pouvez disposer. C’est moi qui vous ai appelé donc allez et si vous avez quelque chose à me dire vous revenez.
– D’accord monsieur.
Elle s’en va. Je reste encore une dizaine de minute avant de prendre le chemin pour la salle de réunion. J’emploie plus 300 personnes ici et ailleurs d’autres centaines. En gros ça peut me faire plus de mille employés. Mais pour les réunions seuls les responsables s’y rendent pour ensuite faire le briefing à leurs subordonnés. Tout le monde se lève quand j’entre.
– Vous pouvez vous asseoir, j’ordonne en restant débout à les regarder s’asseoir. Ok vous avez eue une année de congé j’espère que vous en avez profité. Je suis de retour ce qui veut dire que le boulot reprend. Avant de commencer, Monsieur Jules KOFFI prenez vos affaires et dégagez de ma boite. Vous êtes venus en retard plus de 5 fois sans donner d’excuse valable. Je ne bosse pas avec les paresseux.
– Monsieur…
– Vous n’aimeriez pas que je me répète.
Il me regarde surpris puis finit par s’en aller.
– Mademoiselle Aminata TOURE vous aurez 30 000 FCFA de moins sur votre salaire ce mois-ci pour avoir refusé d’aller superviser les travaux sur un chantier. Les 30 000 FCFA seront versés sur le compte de Mademoiselle Maya AMESSAN qui s’est vue obligée d’y aller à votre place.
– Mais…
– Vous avez quelque chose à dire Mademoiselle TOURE ? Je demande en la fixant.
– Non monsieur.
– Revenons donc à l’ordre du jour. JE suis de retour. LE Terry YOUL est de retour. Je ne tolérai pas les retards ni les absences sans de véritables justificatifs. Je ne tolérai pas des erreurs même des plus minimes. Celui ou celle qui s’amuse avec mon empire finira au chômage et en prison. Faites attention à vos rapports parce que des points qui manqueront sur des i et des chiffres qui seront oubliés vous porteront préjudices. Je travaille avec rigueurs ce qui me vaut la place de meilleur architecte de ce pays donc quiconque jouera avec m’aura sur son chemin. Que ceux qui ne sont pas sûrs de vouloir continuer à travailler ici déposent leurs lettres de démission chez Mademoiselle Maya. Elle vous donnera vos chèques. Sinon faites attention à comment vous respirer quand je passe.
Je finis ma phrase et sors de la salle pour mon bureau. Qu’ils comprennent que je ne suis pas là pour rigoler mais pour travailler. On cogne de nouveau à mon bureau et quand je demande d’entrer je vois Rama qui vient avec hésitation.
– Monsieur il y a Monsieur BAKAYOKO de Bat’Ba qui demande à vous rencontrer.
– Dites-lui que je ne reçois personne aujourd’hui. Qu’il vous donne la raison de cette rencontre et aller voir mon Adjoint.
– C’est compris monsieur.
– Commandez un gros bouquet de fleur et donnez-le à Rico.
– D’accord monsieur.
Je m’enferme dans mon bureau à travailler sur une nouvelle maquette jusqu’à ce qu’il soit l’heure de la descente. Rico vient prendre mes affaires pour les ranger dans la voiture. Je lui demande de ma conduire au cimetière. Depuis son enterrement je ne suis plus allé sur la tombe d’Inès. Je récupère le bouquet de fleur dans la voiture que je vais déposer sur sa tombe. À la vue de sa photo mon cœur se met à palpiter. Ma fille me manque. La scène de son accident me revient et mes mains se mettent à trembler. Je ferme les yeux et souffle pour faire passer l’angoisse. Je fixe intensément sa photo et une rage me monte à la tête.
– Je viens sur ta tombe mon poussin pour te faire une promesse. Je ne sais pas qui t’a arraché à moi MAIS je jure aujourd’hui sur ta tombe que je vais retrouver cette personne et lui faire payer jusqu’aux os. Ta mort ne restera impunie. Que la personne qui t’a fait ça s’apprête à me recevoir. Qu’elle s’apprête à recevoir Terry YOUL.