Épisode 22
Ecrit par Mona Lys
Episode 22
KENDRICK
Enfin, les résultats sont prêts. Ça fait deux jours que je suis anxieux. Je passe tous les scénarios dans ma tête. C’est vrai que je n’avais plus pensé à une éventuelle paternité mais ça me met dans un autre état. Avant d’aller à la clinique, je me rends dans la maison sur la plage pour voir Cindy. Elle y est seule. Je préfère la laisser seule pour ne pas l’embêter. Mais je passe la voir chaque jour. Elle a vite récupérer ce qui me réjouit. Comme prévu, Cindy a demandé le divorce mais Kennedy a fait savoir à l’avocat que nous avons pris qu’il n’avait pas l’intention de le lui accorder. Nous trouverons bien comment le faire céder. Je retrouve Cindy assise au salon l’air pensif. Elle ne remarque pas encore ma présence. Je profite pour la regarder. Malgré toutes épreuves par lesquelles elle est passée, elle a gardé sa superbe. C’est la femme la plus belle que j’ai rencontré jusqu’à ce jour. Elle a ce quelque chose-là qui m’empêche d’aimer une autre qu’elle.
– Oh tu es là !? Remarque-t-elle enfin.
– Oui, répondé-je en souriant. Je ne voulais pas t’interrompre dans ta réflexion.
Elle se lève devant moi un peu intimidée.
– Je réfléchissais à… enfin aux résultats. Peut-être qu’ils sont vraiment les tiens. Kennedy ne les a jamais traités comme ses enfants.
– Tu crois qu’ils pourraient être de moi ?
– J’en ai une conviction. Mais mieux vaut ne pas se faire des idées. Cependant… j’espère qu’ils soient de toi.
Cette phrase a pour don de me réchauffer le cœur. La voir arrêtée là devant moi à me regarder avec ses petits yeux marron me donne des envies pas du tout catholiques. J’ai envie de goûter à ses lèvres. Mais bon, mieux vaut ne pas la brusquer. Faisons les choses pas à pas.
– Je vais y aller. Je reviens te faire le compte rendu.
– D’accord.
Nous nous échangeons encore les regards pendant une bonne minute avant que je ne m’en aille. Pourvu qu’ils soient de moi ses gosses. Ça me donnerait plus de chance avec Cindy et aussi on pourrait se servir de ça pour obliger Kennedy à signer les papiers du divorce au risque de tenter un procès contre lui. J’arrive à l’hôtel de notre père où nous devons nous retrouver pour découvrir les résultats. Seuls les parents sont présents.
– Où est Kennedy ? Demandé-je après les salutations.
– Je m’apprêtais à te le demander, répond Luzolo. Aucun de ses numéros ne passe. J’espère que ce n’est pas parce qu’il a des choses à cacher, sous-entend-t-il en regardant ma mère.
– Luzolo ouvre les tests qu’on en finisse.
– Kendrick avant qu’on ouvre. Tu ne saurais toujours pas où se trouve Cindy ? Elle est aussi concernée par ces résultats.
– Je ne sais pas papa. Depuis les révélations elle refuse de me parler donc de là à ce que je sache où elle se cache.
– Ok. Tu peux ouvrir ton enveloppe. Je m’occupe de celui de ton frère.
C’est le cœur battant que j’ouvre petit à petit mon enveloppe. Mon père lui a carrément déchiré d’un seul coup celui de Kennedy.
– Kennedy n’est pas le père. Annonce-t-il en lisant.
Le choc de cette nouvelle me fait lever les yeux vivement vers mon père, puis vers ma mère qui ne proteste pas. Je me dépêche d’ouvrir mon enveloppe. Il est positif. Je suis le père des jumeaux.
– Ce sont mes enfants, déclare-je la voix tremblante. Je suis leur père.
Je ne sais pas comment je me sens. Je suis heureux et en même temps en colère. Heureux de partager ce lien si fort avec Cindy mais en colère que ma mère et mon frère se soient foutus de moi de la sorte. J’en tremble même. Je n’arrive pas à retenir mes larmes. Tant d’émotions me submergent. Je suis père. Père des jumeaux. Ils sont de moi et j’ai passé cinq années loin d’eux. J’ai raté cinq années de leur vie. Je me suis éloigné d’eux et de leur mère pensant les laisser à leur véritable père, pourtant c’était faux. Kennedy m’a menti pour me convaincre de m’en aller. Il savait que si je connaissais la vérité, jamais je ne serais parti loin. Mais pourquoi avoir fait ça alors qu’il n’aimait pas Cindy ? Je lève les yeux pleins de colère vers ma mère.
– C’était ton idée hein maman !? Ça ne pouvait être que ton idée parce que Kennedy est trop stupide pour comploter une telle chose. (Bondissant vers elle) MERDE COMMENT AS-TU PU ?
Mon père me retient et me tire en arrière.
– Héé ne me parle pas comme ça je suis ta mère.
– Une mère ? Tu appelles ça une mère ? Tu m’as séparé de mes enfants et de la femme que j’aime pendant cinq ans tout ça par vengeance ou je ne sais quoi d’autre et tu dis être ma mère ? Non ! Tu es uniquement la mère de Kennedy. Pas la mienne.
– Tu te plains que je t’ai éloigné des jumeaux pendant cinq ans alors que toi tu as éloigné Kennedy de son père pendant toute sa vie.
– Ce n’est pas de ma faute si Kennedy est un fils irresponsable et indigne exactement comme toi.
Elle tente de me gifler mais mon père retient sa main avant qu’elle n’atteigne ma joue.
– Tu devrais avoir honte au lieu d’essayer de le taper, tonne mon père. Comment as-tu pu faire ça à ton propre fils ? Anna qu’est-ce qui n’a pas marché lors de ta conception au point de séparer ton propre fils de ses enfants ?
– Luzolo tu oses me parler ainsi devant Kendrick !? C’est de ta faute si cet imbécile ne me respecte pas. Mais vous savez quoi ? Je ne regrette rien. Tu avais tout ce que Ken désirait alors en retour on t’a pris les deux seules choses que toi tu désirais. Ta femme et tes enfants. Aujourd’hui tu ne pourras plus être avec elle parce qu’elle est mariée à ton frère et même s’ils divorcent, chose qui n’arrivera jamais, tu ne pourras pas être avec elle parce qu’elle a déjà été à lui. Tu sors donc perdant malgré tout.
– Aucune loi ni morale n’interdit un homme d’épouser la femme de son défunt frère.
– Défunt ? Répète-t-elle sans comprendre.
– Oui défunt parce que je vais de ce pas le tuer.
Le résultat toujours en main je sors en hâte de la chambre. Je vais tuer cet imbécile. Il m’a volé la femme que j’aime et il m’a aussi volé mes enfants. MES ENFANTS BON SANG ! Il va me le payer. Je gare devant sa maison et cogne le portail comme un fou. Son gardien vient ouvrir et me fait croire qu’il n’est pas là. Sans l’écouter je le pousse et fonce à l’intérieur. Sa voiture est là donc il est là.
– KENNEDY ! Hurlé-je en pénétrant dans le salon. KENNEDY !
Je commence à tout renverser dans le salon.
– SORS ICI ESPÈCE D’ENFOIRÉ. KENNEDY.
– Quoi ?
Je me retourne vivement vers la voix et le vois arrêté comme si de rien n’était. Je fonce sur lui et fous mon poing dans sa gueule. Il s’écroule. Je m’assois sur lui et commence à faire pleuvoir des coups sur son visage. Malgré ses bras qu’il a placés devant lui pour essayer de se couvrir il encaisse mes coups. Je le cogne jusqu’au sang et à en avoir mal aux poings mais je ne m’arrête pas.
– Espèce d’enculé. Je vais te tuer.
– Oui vas-y si ça peut te soulager. Mais tu ne pourras jamais retrouver ces cinq années perdues. Cindy est à moi et le restera.
Je pète une durite et le défonce encore plus. Je ne vois même plus son œil tant il est enflé mais je continue. Je vais le tuer. Je veux le tuer. Je sens des bras me saisir.
– Kendrick arrête. Tu vas tuer ton frère.
Mon père me relève et me tient loin. Kennedy est toujours au sol le visage ensanglanté. Il n’arrive pas à se lever.
– Ça ce n’est que le début Kennedy. Je reviendrai et cette fois sois sûr que tu y passeras.
Je les laisse tous les deux et pars. J’ai la rage. Quand j’arrive à la maison de la plage, je reste assis dans la voiture pendant cinq minutes pour me remettre de mes émotions avant de descendre. Faudrait pas que j’effraie Cindy avec cette colère qui est encore prête à exploser. À peine je rentre au salon que Cindy vient à ma rencontre.
– Qu’est-ce que les résultats… oh mon Dieu tu es tout taché de sang.
C’est à ce moment que je me rends compte que j’ai du sang plein mon tee-shirt en plus de mes mains.
– Ce sont mes enfants Cindy !
Elle déglutit.
– Kennedy m’a éloigné de toi et de mes enfants pendant cinq ans. MERDE !
Mon cri la fait trembler. Je me calme. Je lui tends le document et me mets à tourner sur moi-même.
– Cindy tu te rends compte qu’il m’a menti rien que pour m’éloigner de toi ? Il savait que j’étais fou d’amour pour toi et que j’étais prêt à t’épouser pour qu’on élève les enfants mais lui et ma mère m’ont menti. Ma mère m’a dit que je ne devais pas me mettre entre toi, les enfants et leur supposé père. L’enfoiré !
– Comment a-t-il pu faire ça ? Kennedy n’a donc pas de limite.
Les émotions me submergent à nouveau. J’ai mal putain ! Pourquoi m’a-t-il fait ça ? Me priver de mes enfants, mon sang, ma chair. Je me passe les mains sans cesse sur le visage pour me retenir de pleurer. Je ne dois pas être vulnérable devant Cindy. C’est elle qui a besoin d’aide et je dois être fort.
– Je suis désolée Ken.
– Non c’est moi qui le suis, dis-je en m’asseyant. C’est moi qui suis désolé d’être tombé la tête la première dans son jeu. C’est moi qui suis désolé d’avoir été faible face à ma mère. C’est moi, encore moi qui suis désolé d’avoir renoncé à toi en pensant que c’était le mieux à faire. C’est ça, ma plus grosse erreur.
Je soupire.
– Cindy, je te jure que si j’avais su pour les enfants jamais je ne serais parti. Je me serais battu pour vous.
– Tu te serais battu pour tes enfants, pas pour moi. La preuve tu as accepté de me partager avec ton frère et même de me le laisser.
– Je me serais battu pour toi.
– Mais tu ne l’as pas fait malgré tout ce que toi et moi avions partagé, lâche-t-elle en se levant, furieuse. Je t’aimais, je me suis confiée à toi. Je t’ai parlé de mes rêves, de mes craintes. Je t’ai offert mon cœur et mon être entier. Mais ça ne t’a pas empêché de foutre tout ça à la poubelle juste pour faire plaisir à ton frère. Alors ne vient pas ici me faire ton discours d’amour. Ça ne me prendra plus.
– J’étais aussi sincère avec toi, me défendé-je en me levant à mon tour. Je t’aimais sincèrement.
– Mais pas assez pour ne pas me conduire à l’abattoir. C’est de ta faute tout ça. Rien que toi seul. Pas Kennedy, pas ta mère, mais toi. Tu es le seul responsable parce que quand on aime et quand on a vécu ce que toi et moi avions vécu on n’abandonne pas. On se bat même jusqu’au sang.
Je me rapproche d’elle.
– Cind…
– NE T’APPROCHE PAS DE MOI. Hurle-t-elle en reculant.
Je recule le cœur brisé. Elle se met à souffler pour se donner une contenance. Elle a raison. Il n’y a qu’un seul fautif, moi.
– Memela nga bana na nga (Ramène-moi mes enfants). C’est tout ce que je te demande.
– Je le ferai.
Elle s’en va en direction des chambres. J’attends qu’elle ferme la porte de la sienne pour aller me nettoyer.
Assis dans ma voiture à une bonne distance de la maison de Ken, je guette l’entrée. J’attends que Ken sorte pour aller chercher mes enfants. Notre père a convoqué une réunion d’urgence à l’entreprise donc il ne doit pas tarder à sortir. Voici effectivement sa voiture qui sort de la maison. Quand je la vois disparaître je fonce à mon tour. Le gardien n’étant pas toujours habitué à voir le jumeau de son patron hésite à me laisser entrer. Je le pousse et pénètre à la hâte dans la maison. Les enfants sont assis sagement dans le salon en train de regarder la télé. Quand ils me voient ils froncent leurs sourcils.
– Papa ? Dit Lena.
– Oui ma puce. C’est moi, votre papa. Je suis venu vous chercher pour vous emmener à votre maman.
– Maman ? Elle est où ?
– Dans une jolie maison. Elle demande à vous voir.
Ils commencent à jubiler mais je les interromps. Nous n’avons pas le temps.
– Allons vite monter dans la voiture.
– On doit prendre nos doudous, dit Nael.
– Où sont-ils ?
– Dans la chambre.
– Ok allez vite les chercher pour qu’on s’en aille. Je compte jusqu’à cinq.
Ils courent pour aller chercher leurs doudous. Ils reviennent quelques minutes plus tard. Je les soulève jusqu’à la voiture et une fois installés, je prends la route. Je leur achèterai des vêtements plus tard. Je jette des coups d’œil de temps en temps en arrière pour m’assurer que nous ne sommes pas suivis. Lorsque nous arrivons les enfants courent à l’intérieur en appelant leur mère. Je retrouve mère et enfants enlacés avec beaucoup d’émotions. Je reste à l’écart pour les laisser se retrouver. Le visage de Cindy est inondé de larme. Je décide de m’en aller pour leur accorder un peu d’intimité.
Je conduis en direction de chez moi en réfléchissant à la prochaine étape. J’ai réuni Cindy et les enfants. Ça c’est de un. La prochaine étape serait de mettre mon nom sur les extraits des enfants, ensuite me concentrer sur le divorce. Je ne serai pas tranquille tant qu’ils seront toujours liés. Kennedy aura toujours un pouvoir sur elle. C’est à cause de moi qu’il a eu ce pouvoir-là alors c’est à moi de m’assurer qu’il ne l’ait plus. Je reviens à moi quand la sonnerie de mon portable retentit.
– Allô Cindy !
– « Où es-tu ? »
– Je rentre. J’ai préféré vous laisser vous retrouver. Je serai là demain.
– « Ok. Merci ! »
– C’est moi. C’est mon devoir entant que père de m’assurer du bonheur de mes enfants. Reposez-vous bien.
– « Toi aussi. »
– C’est compris. Cindy ! Je t’aime. Et même si on ne se remet plus ensemble, n’oublie pas que je suis là pour toi.
Un silence se fait pendant un moment.
– « À demain Kendrick. »
Elle raccroche. Comment pourrai-je me faire pardonner et la reconquérir ? Je veux réunir ma famille près de moi pour un bonheur complet. Je veux la femme que j’aime et nos enfants à mes côtés. J’espère trouver les bonnes stratégies et les bonnes paroles pour y arriver. Ma vie sans eux n’a pas de sens.