Épisode 23

Ecrit par Mona Lys

Episode 23



KENDRICK 


– « Alors comment ça se passe là-bas ? » Me demande Mama So.

– Toujours pareil mama. Cindy veut qu’on fasse les choses doucement. J’espère que Kennedy finira par la laisser partir.

– « Elle vit toujours avec toi ? »

– Oui. Avec les enfants. Ils se portent tous bien et ont retrouvé un peu de joie.

– « C’est bien. Sois patient. »

– « Ken roule bien les reins sur elle comme un vrai Congolais ça va lui remettre les idées en places. » Hurle Charlène.


J’entends mère et fille se chamailler. Ça m’arrache un sourire.


– « Ken n’écoute pas ton idiote de sœur. Bon je vais te laisser. Tiens-moi au courant de tout. »

– C’est compris mama. Bye.


Je raccroche et pousse un soupir. Cindy me donne du fil à retordre. Elle refuse qu’on attente un procès contre Ken parce qu’elle préfère éviter les scandales. Elle n’a pas conscience qu’il faut utiliser la manière forte avec Kennedy pour arriver à ses fins. Il ne renoncera pas de lui-même surtout que maintenant il a été pris la main dans le sac. Même les menaces de notre père ne l’ont pas intimidé. Il refuse d’accorder le divorce. Nous avons une réunion encore avec les parents. Je ne sais pas encore ce qui sera à l’ordre du jour. En tout cas c’est déjà une bonne chose que Ken et notre père se retrouvent dans la même pièce. Depuis la découverte des résultats entre les deux c’est la guerre. Papa lui a retiré les rênes de l’entreprise. Il l’a aussi retiré de son testament donc Kennedy se retrouve sans bien en dehors du peu d’argent qu’il avait mis de côté. Mais ce n’est vraiment rien du tout. Kennedy n’avait pas de compte d’épargne à proprement dit. Donc si on analyse, le peu qu’il a, c’est l’épargne de Cindy mais dommage que le compte leur est commun. Kennedy préférait profiter des revenus de l’entreprise que de créer ses propres réalisations. Il est irresponsable sur tous les bords.


J’envoie un message à Cindy pour la prévenir que je me rends à la réunion. Je descends de la voiture après sa réponse. Cette fois la réunion se fera chez notre mère. Je les trouve tous déjà installés. Tous les yeux se lèvent vers moi quand je fais mon entrée. Je prends place près de papa et tous deux nous faisons face aux autres.


– Ken tu as voulu qu’on soit tous réunis, entame Luzolo. Nous sommes là et nous t’écoutons.


Kennedy me fusille du regard avant de prendre la parole.


– Où est ma femme ? Me demande-t-il avec colère.

– Nous pouvons très bien faire la réunion sans elle, répondé-je calmement.

– Tu n’as pas le droit de la garder. Elle n’est pas ta femme, grogne-t-il.

– Kennedy va droit au but, tonne notre père.


Oui maintenant ils savent tous que je cache Cindy. J’ai expliqué les circonstances à mon père et il me soutient. Seulement il me dit de ne pas la toucher. Il veut dire coucher avec elle. 


– Ok. Je voulais juste dire à Kendrick que je ne divorcerai jamais de Cindy mais je suis prêt à lui laisser ses enfants.

– Uko bazimu (Tu es fou en Swahili) ? Tu penses vraiment que je vais te laisser Cindy ? Pour que tu la battes encore comme un animal ? Jamais.

– Cindy est ma femme et je l’aime. Papa, je reconnais avoir été un véritable enfoiré avec elle. Je le regrette amèrement. Mais je l’aime et je suis prêt à me racheter auprès d’elle. Je ferai n’importe quoi pour la reconquérir et la rendre heureuse comme jamais je ne l’ai fait. Je n’ai rien dit quand tu m’as retiré l’entreprise, je n’ai pas protesté quand tu m’as déshérité. Mais là tout ce que je vous demande c’est de me laisser ma femme. Elle est la seule chose qui me reste.

– Tu oublies ta maîtresse et votre futur enfant.

– Je t’emmerde Kendrick. Je te demande de me rendre ma femme ou je porte plainte contre toi pour séquestration.


Je ris à gorge déployée.


– Vas-y donc que je t’y vois. Si tu es encore en liberté c’est grâce à Cindy sinon ç’aurait été moi que tu croupissais déjà au cachot pour falsification de test et violences conjugales, tortures, maltraitance, infidélités et toutes les autres merdes que tu as faites.

– Tu vois donc qu’elle est amoureuse de moi, fait-il avec un rictus.

– Je dirai plutôt qu’elle te tient en pitié.


Son rictus disparaît. Sale enculé.


– Bon ça suffit vous deux, intervient Luzolo. Kennedy c’est Cindy qui a demandé le divorce.

– Sous votre insistance sinon elle ne l’aurait jamais fait. Ça fait cinq que nous sommes mariés et il a fallu que vous apparaissiez pour lui pourrir la tête. C’est ce que je dirai au juge si jamais il y a un procès.

– Tu es vraiment con toi. Elle s’est mariée avec toi parce qu’elle croyait que tu étais moi. Et puis tu sais quoi ? Raconte ce que tu veux. Peu importe si je dois être mouillé dans le procès, le plus grand perdant c’est et ce sera toi. Jamais je ne vais te laisser Cindy. Même si elle n’est plus à moi, elle ne sera plus à toi non plus.

– Tu n’as aucun droit sur elle parce qu’elle demeure ma femme aux yeux de la loi. Alors soit tu me la ramènes, soit je te la reprends de force avec une convocation. Aucune plainte n’a été déposé contre moi donc la justice sera en ma faveur.

– Je n’ai pas peur de toi Kennedy, lancé-je en me levant.

– Moi non plus Kendrick, réplique-t-il en faisant de même.

– Vous allez m’arrêtez ça tous les deux, gronde encore Luzolo. Bo vanda (Asseyez-vous, en Lingala). Maintenant.


Nous obéissons en nous défiant du regard.


– Kennedy a raison sur un point. Lui et Cindy sont encore mariés donc il a tous les droits sur elle. Il peut donc la récupérer s’il le désire tant que leur divorce n’a pas été signé.

– Je refuse de la lui laisser.

– Aza mwasi na yo te Kendrick (Elle n’est pas ta femme Kendrick, en Lingala). Je suis aussi contre le fait que Cindy reste avec ton frère mais la décision lui revient à elle. Si elle dit qu’elle ne veut pas lui donner de dernière chance je prendrai moi-même les rênes de cette affaire et crois-moi que Kennedy signera ces fichus papiers de divorce de gré ou de force.

– Je serai un nouveau mari papa et cette fois tu lui diras qu’à la moindre erreur, elle me quitte. Au moindre coup, qu’elle porte même plainte, je lui en donne le feu vert.

– Mais si elle refuse de se remettre avec toi tu la libères. Tu ne peux pas obliger une femme à rester mariée avec toi.

– J’ai compris papa.

– Ne comptez pas sur moi pour vous l’emmener, lancé-je avant de me lever et de sortir de la pièce.


*Mona*LYS*


La maison me semble vide quand j’y rentre. Il n’y a personne. Mais je sais où ils sont. Je marche vers la plage et les vois jouant au bord de l’eau. Cindy, assise, regarde les enfants jouer. Ils passent tout  leur temps ici à faire des châteaux de sable ou d’autres jeux.


– Les enfants il se fait tard, interpelle-t-elle les enfants qui commence aussitôt à ranger leurs jouets.

– Bonsoir.


Quand les enfants me voient, ils courent se jeter dans mes bras.


– Tu m’as apporté quoi papa ? Demande Lena la plus bavarde des deux.

– Des croissants, des pains au chocolat, des croque-monsieur et deux gros pots de glace.


Ils se mettent à jubiler.


– Les enfants ça suffit allons que je vous donne votre bain.


Ils courent tous les deux en direction de la maison. Cindy s’approche de moi en se frottant les bras.


– Alors quoi de neuf ?

– On en parlera plus calmement quand les enfants seront au lit.

– Ok.


Nous rejoignons les enfants à l’intérieur. J’aide Cindy à leur donner leur douche avant que nous ne nous mettions à table. Les enfants sont ceux qui animent la pièce en me racontant leur journée. J’aime tellement quand ils m’appellent papa. Ça me rend super fier. Je ne suis pas prêt à laisser passer cette chance que j’ai. Les moments que je passe avec mes enfants me sont précieux. Je ne me retiens pas de leur acheter des cadeaux. Ils ont chamboulé ma vie en un rien de temps. Ils me ressemblent tellement. Je ne parle pas seulement du physique, mais dans les petites manies.


Mon portable se met à sonner sur la table. Quand Cindy voit le nom d’Aurélie affiché elle tourne la tête. Elle le fait à chaque fois que je reçois un appel d’elle. Je me lève de table pour aller répondre. Aurélie m’annonce qu’elle a enfin pu lancer la procédure de divorce et que je devrais probablement recevoir les papiers dans peu de temps. Elle en profite pour me souhaiter bonne chance dans mon rôle de père et aussi dans la conquête de Cindy. Je lui souhaite aussi bonne chance avant de raccrocher. Elle m’avait dit vouloir rester au Congo parce que conquise par le pays. Je lui ai donc laissé l’appartement dans lequel nous étions et qui était en mon nom. Je reviens à table en même temps que les enfants se lèvent de table. Cindy me demande de les mettre au lit pendant qu’elle nettoie tout. Je passe près de quarante minute avec eux jusqu’à ce qu’ils se décident à dormir. Je ne trouve Cindy nulle part quand je ressors. Je cherche partout jusqu’à ce que je la voie arrêtée  dehors près de la mer. Le vent qui souffle ses cheveux en arrière dévoile encore plus sa beauté. La voir là, arrêtée, si paisible me réconforte dans mon idée de ne point la laisser retourner près de Kennedy. Je m’arrête près d’elle en regardant aussi la nuit noire.


– Kennedy m’a proposé un marché. Il me laisse les enfants si je te laisse revenir avec lui.

– Et que lui as-tu dit ?

– Qu’il en était hors de question. Je te l’ai dit, je suis revenu pour réparer mes erreurs et te garder loin de ce malade en fait partie.


Elle ne répond rien.


– Cindy nous devons procéder autrement si tu veux vraiment divorcer de Kennedy. Il n’est pas prêt à signer les papiers du divorce.

– Je t’ai déjà dit ce que je pensais de ta manière forte. Je ne veux pas de scandale.

– Et moi je te dis que c’est la meilleure chose à faire. Je ne veux plus que tu sois liée à lui.

– Donc c’est ça !? Au fait tes véritables intentions ce n’est pas de m’aider mais plutôt de me garder pour toi seul.

– Non ce n’est pas ça !

– Eh bien c’est ce que tu laisses croire. Mais comprends bien une chose et je ne le répéterai plus, même si je quitte Kennedy jamais je ne me mettrai avec toi. Je n’appartiendrai plus à un KALAMBAY. Donc si tu pensais que j’allais me jeter dans tes bras après tout ça, tu te fous le doigt dans l’œil. Je crois que le mieux c’est de m’en aller avec mes enfants.


Elle me dévie pour s’en aller mais je la tire fortement vers moi. Elle bute contre mon torse.


– Tu n’iras nulle part. Je vous ai abandonné une fois toi et MES enfants mais ça ne se reproduira plus. Ne compte pas sur moi pour ça. Même si tu ne me donnes plus de chance, je ne te laisserai jamais retourner dans cet enfer où tu étais. J’espère que je me suis fait comprendre.


J’ai parlé avec tellement de rage que je l’ai collé fortement contre moi pour éviter qu’elle m’échappe. Voici maintenant que nos visages sont à un doigt de se toucher. Je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux son brillants. Je connais cette expression dans ses yeux. Ça me ramène cinq ans en arrière quand nous partagions nos moments. Il y a toujours ce désir-là dans ses yeux. La nostalgie m’emportant, je fonds mes lèvres sur les siennes. La sensation agréable qui me parcoure l’échine me pousse à approfondir le baiser. Cindy y répond avec toute la passion. Nous nous perdons dans cet échange de baiser. Cette flamme qui nous embrasait avant renaît entre nous, mais surtout dans mes reins. Je ne veux qu’une chose là maintenant, me perdre en elle. Je veux l’aimer toute la nuit et lui faire oublier toutes ses peines. Mais je ne le peux pas. Elle n’est pas encore mienne. Malgré moi, je libère ses lèvres.


– Je suis désolé.


Elle me repousse et m’administre une gifle.


– Je veux que tu restes loin de moi. Je préfère encore retourner avec Kennedy qu’être à toi.


Elle part en courant. Je me masse le visage, las de toute cette situation. C’est l’appel de mon père qui me ramène à moi.


– Allô papa.

– « Nous avons une grande réunion avec la famille de Cindy dans trois jours. Nous ne pouvons pas régler cette histoire sans eux. »

– Bien noté papa. J’informerai Cindy.


Je pousse un soupir en raccrochant. Espérons que quelque chose de bon sorte de cette rencontre.


L'autre Lui