Episode 24
Ecrit par Annabelle Sara
Je n’avais pas quitté Gérôme cette nuit, il venait de subir une séance de chimio lorsque je suis arrivée chez lui et il avait besoin d’assistance, que quelqu’un prenne soin de lui le temps pour lui de retrouver un semblant de maitrise sur son corps.
Nous avons beaucoup parlé ! De notre relation, de ce qu’il aurait aimé faire s’il avait eu plus de temps, je ne savais pas que Gérôme aimait l’aventure, les voyages, autre chose qui m’avait échappé durant le peu de temps que nous avons passé ensemble.
Alors on s’imaginait en train de gravir le mont Cameroun, je n’aurais jamais eu le courage d’aller jusqu’au sommet mais lui si.
On a beaucoup rit tout les deux, et lorsqu’il s’est endormi, moi j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je n’avais rien vu venir et aussi parce que je demandais qui allais encore prendre ma défense quand j’en aurais besoin, une fois qu’il ne sera plus là ?
Mais je devais être forte et garde la tête haute. Je suis retournée chez moi au petit matin, juste le temps de me doucher et de ma changer pour la journée de travail. D’ailleurs plus morose comme journée je n’ai pas vu. Même Alfred ne m’avait pas trop titillé voyant que je n’étais pas d’humeur.
J’avais reçu durant la journée un message de ma mère qui m’annonçait qu’elles étaient arrivées en ville ma grand-mère et elle, voilà la seule nouvelle qui m’avait apporté un peu de réconfort. Ma Formation tirait à sa fin et la séance de ce soir était plus un test qu’autre chose, j’ai donc dû ravaler ma tristesse, et afficher une sérénité professionnelle à toute épreuve.
Après un psychotest et une causerie avec un responsable des ressources humaines c’était enfin fini. Christina qui était sorti avant moi, m’attendait à la porte de l’immeuble.
Christina : Enfin fini ! Comment ça c’est passé pour toi ?
Moi : ça va je n’ai pas vomi sur le Monsieur des RH donc ça va…
Christina : Tu as une idée de la suite ?
Moi : Pas vraiment mais je pense qu’ils vont vite nous mettre au courant.
Christina : C’est dernières semaines n’ont pas été facile pour toi mais apparemment tu a de l’étoffe !
Qu’est-ce qu’elle croyait que j’allais m’aplatir comme une crêpe ?
Moi : Nous avons tous eu des moments difficiles…
Christina : Oh situ avais ! Mais bon comme la formation est fini je me disais qu’on pouvait se faire une petite sortie entre fille avant qu’on je ne rentre…
Moi : Demain ? Parce que ce soir là ! Je suis HS !
Christina : Bien sûr ce serais mieux surtout qu’il se fait tard déjà… Je vais quitter l’agence d’Essos à 17 h on se prend où ?
Moi : Il y a un restaurant qui fait des saucisses de malade à Mvog-Ada…
Christina : Génial alors disons qu’on se retrouve là-bas entre 17h30 et 18 h ?
Moi : D’accord !
Christina : Ok bonne nuit ma chérie !
Moi : Bonne nuit !
J’allais déjà chercher un taxi lorsqu’un véhicule se gara devant moi, je n’ai pas compris tout de suite de qui il s’agissait avant de me rendre compte que c’était Tony.
Tony : Mlle Mekeng je peux vous déposer quelque part ?
Moi : Ce n’est pas…
Tony : Je dois vous parler !
De quoi ? Je n’avais pas envie de me retrouver dans une situation embarrassante avec mon Boss, surtout pas alors que je suis sur la dernière ligne droite pour atteindre mon but qui est d’avoir cette promotion.
J’ai quand même accepté la proposition.
Tony : Alors cette fin de formation ?
Moi : Rien de spécial même s’il est vrai que je ne vois pas pourquoi nous faire passer des tests psycho maintenant !
Tony : vous avez peur que les RH se rendent compte que vous êtes folle à lier ?
Moi : Folle ?
A voir son sourire je ne savais pas si c’était pour m’insulter ou pour me taquiner qu’il disait ça !
Tony : Oui folle… Ou alors vous ne vous souvenez plus avoir littéralement accusé votre supérieur de vous je cite manger du regard !
J’ai éclaté de rire !
Moi : Non j’ai dit que vous baviez en me regardant !
Il éclata une fois de plus de rire et me lança un regard en coin.
Tony : Ce n’était pas très professionnelle de votre part !
Moi : Hum…
Tony : J’avoue que moi non plus je n’ai pas eu beaucoup de tact !
Moi : bah voyons ! Merci au moins de le reconnaitre…
Il hocha la tête, je ne sais pas pourquoi cet homme aime jouer les inaccessibles et en même temps reste autant ouvert avec moi.
Tony : Je reconnais aussi avoir dépassé les bornes en traitant vos proches de poids morts ! Je peux ne pas comprendre pourquoi vous voulez sauver tout le monde mais je respecte ça ! Et puis ce qui s’est passé ce jour là m’a surtout fait peur...
Peur ? De quoi il parle là ?
Moi : Je ne comprends pas…
Sans crier gars Tony se gara sur le coté de la route et coupa le compteur avant de se tourner vers moi. Il avait dans les yeux une lueur particulière.
Tony : Corine !
Okay là ça devenait bizarre nous sommes passés de Mlle Mekeng à Corine ! Oui c’est mon vrai prénom, mais vous vous êtes des intimes donc vous pouvez garder Kiki !
Mais depuis quand Tony laisses le formalisme ?
Tony : Je peux te tutoyer maintenant que je sais que tu ne seras plus sous mes ordres…
Moi : Okay…
Tony : Je sais que ça parait bizarre mais ce jour si j’ai été aussi dure c’est parce que j’ai beaucoup d’affection à ton égard ! Et apprendre que tu aurais pu bruler vive… Qu’à cela ne tienne… ce n’est pas facile à dire !
Il parlait pour lui, mais même l’écouter commençais à me donner envie de disparaitre.
Tony : Tu me plais ! Je sais que tu as dit que tu n’es pas de celles pour qui l’appétit vient en mangeant ! Mais je sais que je peux t’apporter… du moins que l’on peut mutuellement s’apporter beaucoup…
Moi : Tu n’es pas sérieux !
Tony : SI ! Ça fait un moment que je t’observe… j’ai essayé de rester loin de toi mais je n’y arrive pas et maintenant que tu vas aller travailler ailleurs sans que je ne puisse te manger du regard… j’ai besoin de m’ouvrir à toi !
Moi : Tu as une copine non ? La fille de la dernière fois qui cuisine pour toi…
Tony : Je ne vais pas te mentir ! Oui c’est une femme avec qui je vis… oui elle cuisine pour moi… Non nous ne sommes pas intime… et non ce n’est pas ma copine…
Il mentait je le sentais.
Moi : Vous n’avez jamais été intime ?
Il hésita une minute.
Tony : Nous n’étions pas dans une relation standard, je l’hébergeais et de temps à autre…
Une sexfriend ?! Je n’aurais jamais imaginé Tony dans ce genre d’arrangement mais hé c’est un homme !
Tony : C’est… compliqué
J’ai souris.
Moi : Je ne sais pas si tu as remarqué que je suis un aimant à noise ! Aujourd’hui tu viens me proposer d’avoir une relation avec toi pendant que chez toi tu héberges, je ne sais pas ce que vous faites, une ex- sexfriend ! C’est pour que dans deux jours une folle furieuse vienne m’attaquer avec un pilon au carrefour !
Tony : Il n’y a plus rien entre nous…
Moi : Mais elle vit chez toi avec toi ! Elle cuisine pour toi ! S’inquiète pour toi… C’est quoi le projet ?
Tony : Je…
Moi : Ecoutes Tony je ne sais pas trop ce que tu as pensé… mais ce n’est pas possible ! Pas seulement à cause de la relation complexe que tu as avec cette fille qui vit chez toi ! Mais surtout à cause du fait que je ne suis pas attirée par toi !
L’expression de son visage changea en deux secondes ! Mais je devais arracher la bande sans ménagement.
Moi : Je ne suis pas attirée, et même si j’essaie ça va finir dans les cris et les crises… Je préfère garder une relation platonique avec toi !
Il détourna le regard, et je le vis serrer les dents. Je ne sais pas pourquoi il s’infligeait cette situation, j’avais été claire et sincère la dernière fois avec lui donc ceci m’étonnait beaucoup.
Tony : D’accord ! Je comprends ! Je vais te raccompagner…
Moi : Tu peux juste me déposer devant casino, je vais continuer en taxi !
Il leva un regard courroucé sur moi ! Mais je préférais qu’il ne me raccompagne pas ! Il se plia à ma requête et me déposa devant le supermarché. Je n’en revenais pas de ce qui venait de se passer mais je crois qu’il a surement mal interprété la scène qu’il a surprit l’autre jour avec Jules.
Parlant de Jules, il ne m’a pas fait signe de vie depuis Samedi, je ne voulais pas être parano mais ce n’est pas normal. Il est du genre a toujours envoyer un bonjour, un bonne nuit et un tu me manques lorsqu’on faisait une journée sans se voir bien qu’étant dans la même ville et là pendant qu’il est à Douala silence radio ?
De toutes les façons ce qui m’importait ce soir c’était de voir ma grand-mère qui venait d’arriver de Bafia avec Maman, elles étaient chez ma mère alors je suis allée les voir.
En me voyant ma grand-mère se mit à chanter, elle avait l’habitude de faire cela quand j’allais au village, elle remerciait Dieu de me garder en vie et surtout de continuer à me protéger.
Moi : Ma’a Waaa kpanghi ? (Grand-mère tu es arrivée ?)
Ma grand-mère : Mèneugh héé ! (Me voici !) Kiki ça va ma fille ?
Moi : Je vais bien grand-mère !
Elle parle en Bafia je traduis juste pour vous.
Ma Grand-mère : Je remercie le Seigneur qui continue de te donner des jours… Mais j’aimerais qu’il fasse enfin de ma petite fille une femme, une mère !
Ma mère : Amen Mama !
Ma mère aussi était au salon avec nous, pendant que je tenais la vielle femme qui avait longtemps été mon roc par les mains. Elle me semblait pâle et triste et je comprenais bien pourquoi.
Moi : Grand-mère qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu fonds comme la glace sous le soleil ?
Ma grand-mère : Ma fille… ce n’est pas ma chaire qui souffre c’est mon esprit ! Je suis tourmentée, je ne sais pas pourquoi mon Dieu me mets à l’épreuve de la sorte… Si je suis venu à Yaoundé c’est principalement parce que j’ai besoin de réponse !
Moi : Je comprends…
Ma grand-mère : Tu ne peux pas comprendre ! J’ai perdu une petite fille, un arrière petit fils, parce que la chair de ma chair à tourner le dos au chemin que je lui ai montré pour choisir le sien alors j’ai besoin de réponse !
Elle prit une pause, je voyais ses yeux qui avaient vu et vécu un nombre incalculable de chose s’humidifier. J’avais mal de voir ma grand-mère au bord des larmes.
Ma grand-mère : Mekeng je sais que tu as des gens dans la police ! Je sais que tu peux m’aider ! Je veux voir ma fille…
Je m’y attendais !
Ma grand-mère : Je dois voir ma fille pour qu’elle me dise de sa propre bouche ce que j’ai fais pour mérité qu’elle mélange mon nom à la boue ? Je veux voir ta tante…
Moi : Grand-mère est-ce qu’il n’est pas préférable d’aller chez le médecin ensuite…
Ma grand-mère : J’irais chez ton médecin quand j’aurais parlé à ma fille !
Ma mère me fit un signe de la tête pour que je n’insiste pas.
Moi : Ok grand-mère je vais parler à mon ami pour voir si on peut la voir !
Ma grand-mère : Merci ma fille ! Merci !
Je ne pouvais pas refuser que ma grand-mère voit ma tante, mais je devais parler avec ma mère très vite.
Moi : Mama…
Nous nous sommes levées pour nous isoler dans sa chambre et discuter sans que sa mère ne nous entende.
Moi : Il faut que je te dise quelque chose de très important !
Ma mère : C’est quoi ?
Moi : en fait l’autre jour je ne t’ai pas dis la vérité :
Son regard noircit.
Moi : Je t’ai dit qu’on n’a pas retrouvé le bébé de Magon… c’est faux !
Ma mère : Kiki !
Je savais qu’elle allait m’en vouloir, mais je devais lui parler avant qu’elle ne le découvre de la bouche de sa sœur.
Moi : Ton petit fils est vivant !
Je lui ai tout raconté, et au fur et à mesure ses traits se muaient, elle passait de la surprise à la colère, à la résignation.
Moi : Personne ne doit connaitre l’existence de cet enfant jusqu’à ce que nous soyons sures qu’il n’est pas en danger ! Il faut donc que lorsque vous irez voir tantine…
Ma mère : Je lui poserais la question ! Kiki ! Ma fille je ne suis pas fière que tu me mentes… mais je suis fière de qui tu es ma fille ! Mais ne me mens plus !
Moi : Plus jamais !
Elle me serra dans se bras avant d’entrer rejoindre sa mère. Je me sentais un peu plus légère maintenant que je savais que je pouvais compter sur ma mère.