Episode 26

Ecrit par Annabelle Sara


 

Je sortais de l’agence ce soir là en repensant à la visite de Fabrice, je ne dirais pas que savoir qu’il s’était déplacé juste pour exprimer son soutien ne m’avait pas touché mais, je ne voulais pas voir cela plus qu’une visite.

Il voulait faire honneur à la mémoire de Magon point final rien de plus.

J’allais envoyer un message à Christina pour lui dire que je venais de sortir et qu’on pouvait se retrouver au restaurant lorsque mon téléphone sonna dans ma main. C’était un numéro inconnu, je me demandais qui s’était en décrochant.

Moi : Allô !

Une voix bizarre de femme : Bonsoir Kiki…

La voix était enrouée et faible mais j’ai reconnu la personne au brout du fil.

Moi : Diane ? Tout va bien ?

Diane : ça ne va… je suis en route…

Moi : En route ? Je ne comprends pas !

Elle toussa fortement et se racla la gorge. Il était presque 18h donc le ciel s’assombrissait doucement.

Diane : Il vient de me mettre à la rue… avec toutes mes affaires !

Moi : Il, ton mari ?

Diane : Kiki je ne peux pas aller chez Papa…

Oh non Kiki non, une voix dans ma tête me criait que je n’avais pas besoin de cela en ce moment. Mais est-ce que j’écoute souvent ma tête ?

Moi : Tu es où ?

Diane : devant la pharmacie de Messa…

Moi : Ok j’arrive !

Je savais pertinemment qu’en me mêlant des choses des enfants de mon père j’allais m’attirer des ennuis, mais c’est moi qui lui avait dit qu’elle pouvait me contacter en cas de besoin.

En prenant le taxi pour Messa j’ai fait un message à Christina pour décommander notre rendez-vous de ce soir ! Tout de suite elle me répondit disant qu’elle comprenait et qu’on reprogrammerait si possible.

Je suis arrivée à la pharmacie de Messa pour découvrir une Diane, abattue, affaiblie, perdue, devant tous ses sacs, avec ses vêtements. Dès qu’elle m’a vue arriver elle a fondu en larme, en le prenant dans mes bras je me suis demandé depuis combien de temps elle n’avait pas mangé.

Moi : Calme-toi ! Calmes-toi et expliques moi ce qui s’est passé !

Elle se nettoya vivement le visage, et on se refugia sous l’ombre des arbres qui bordaient la route.

Diane : je ne sais pas ce que je lui ai fait mais Hervé… Mon mari… il m’accuse de vouloir le tuer ! Il est devenu violent avec moi du jour au lendemain ! Ça a commencé par des scènes d’ensuite des accusations absurdes, comme je ne respecte pas sa mère, je fais passer ma famille avant lui et la sienne, ce sont des accusations de reproches et des coups…

Ce scénario me parlait beaucoup !

Moi : Diane, il a commencé à être violent du jour au lendemain ou bien la première fois il est venu te supplier à genou et a juré qu’il ne recommencerait pas ?

Elle respira à fond et regarda au loin.

Diane : Il m’a giflé la première fois en public parce que je trainais le pas pour aller à une sortie avec ses amis ! Ce jours j’ai refusé de le suivre alors il est venu me demander pardon pour tout, qu’il ne savait pas ce qui l’avait pris…

Moi : Et tu l’as cru ?

Diane : Oui…

Moi : Sérieusement Diane, avec tout ce que tu as vu dans ta vie ?

Diane : Kiki tous les hommes ne sont pas comme Papa…

Moi : Oui c’est vrai ! Papa est vieux aujourd’hui… Mais avec ce que nous avons vu avec lui les hommes abusifs ont doit pouvoir les flairer au kilomètre…

Elle avait une lueur dans les yeux que je connaissais aussi ! J’avais eu cette lueur longtemps !

Moi : Tu as préférés vivre avec un mari violent qu’avec Papa !

Diane : Je ne peux pas retourner là-bas ! Si tu savais ce qu’il m’a dit… Dimanche… si tu pouvais imaginer ce qu’il m’a dit !

Elle me regarda et tira sur les manches de son Kabas, les marques et traces sur ses deux bras masquaient complètement le véritablement teint de sa peau.

Diane : Selon notre père, je n’ai pas assez de cicatrices et de marques pour dire que mon mari a franchi la ligne !

Cette déclaration m’arracha un sourire en coin, le vieux Moulon restait égale à lui-même.

Moi : Si je te ramène chez moi…

Diane : Non Kiki, je ne veux pas t’attirer des ennuis, ils débarqueront chez toi de toute façon mais s’ils me trouvent là-bas il y aura mort d’homme !

J’étais heureuse de savoir qu’elle ne veuille pas me mettre dans l’œil du cyclone.

Diane : J’ai appelé… une femme d’un foyer… elle m’a dit qu’il fallait que j’aille avec quelqu’un qu’ils pourront appeler au cas où… j’ai pensé à toi ! Tu ne divulguerais jamais ma cachette !

Moi : Même sous la torture !

Elle me fit un sourire ! J’étais heureuse de savoir que Diane faisait toute seule la démarche de s’éloigner des gens qui intoxiquaient sa vie. Nous avons donc prix un taxi en course et je suis allée l’aider à s’installer dans sa nouvelle demeure, un foyer catholique pour femmes et jeune filles vulnérable.

En rentrant j’ai eu un message de Gérôme qui me disait que demain ma tante serait au palais de justice pour la mise en accusation et qu’il pourrait demander un service à un ami pour que ma grand-mère puisse s’entretenir avec sa fille.

Je lui étais reconnaissante d’épargné à ma mère la visite à Kondengui et son protocole et l’environnement carcéral. Alors j’ai appelé ma mère pour le lui dire.

Ma mère : C’est vrai que l’avocat nous a appelés aujourd’hui pour nous dire que ta tante serait en audience demain !

Moi : Donc Ma’a pourra la voir demain… Je vais vous retrouver là-bas !

Ma mère : Et ton travail ?

Moi : Je vais demander une permission.

Ma mère : D’accord à demain alors… Tu diras merci à ton ami… Kiki…

Moi : Oui Mama !

Ma mère : Il aurait fait un bon père pour tes enfants… et un bon mari !

Moi : Je sais ! Je regrette juste de ne pas l’avoir compris il y a longtemps !

Ma mère me souhaita bonne nuit tandis qu’on se donnait rendez-vous au palais de justice pour le lendemain.

Cette nuit fut très courte, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu’enfin nous aurions les réponses aux questions que nous nous posons tous dans cette famille.

J’ai retrouvé ma mère et sa mère, au palais de justice. Ma grand-mère était sur son trente-un. Je me souviens qu’elle disait souvent que l’élégance en toutes circonstances est un devoir pour la femme.

Gérôme m’avait donné le nom d’un de ses contacts qui nous aideraient à voir ma tante, et lorsque je l’ai appelé il m’a expliqué qu’il se trouve dans les embouteillages et qu’il arrivait. Nous avons attendus plus d’une heure de temps dans les couloirs du palais de Justice que ce monsieur arrive ou même que les détenus arrivent.

Et ce sont les détenus qui sont arrivés en premier. Ma tante est passée à un moment donné devant nous, les mains menottés. Elle avait maigri, sont visage était pâle on aurait dit qu’elle était malade. Elle portait des vêtements propres, un jeans et un t-shirt, avec des sandales.

Quand ma grand-mère aperçut sa fille elle me serra la main et aussi celle de ma mère et murmura : Cette fois ma fille a trouvé les pires bijoux pour ses poignets !

Ma tante ne nous avait pas vu, et c’était une chance je ne sais pas comment la vieille aurait réagit si son regard avait croisé celui de sa fille.

Le contact de Gérôme arriva, c’était un gardien de la paix, il voulu savoir qui nous étions pour la détenue avant de nous demander de l’attendre toutes les trois dans un bureau où il y avait une table et deux chaises de part et d’autres ; Ma grand-mère s’installa sur une chaise pendant que ma mère te moi nous restions debout derrière elle.

Ma mère : Qu’est-ce qui va se passer ? J’espère au moins qu’elle aura des réponses à nous donner !

Moi : Moi aussi je l’espère !

Quand ma tante arriva, la pièce s’emplit tout de suite de tension et d’appréhension, l’un pour ma grand-mère et sa fille et l’autre pour ma mère et moi ! Ma tante se tourna vers le gardien qui lui fit signe d’entrer et de prendre place. Le regard de ma grand-mère était perçant. Elle observa sa fille qui s’asseyait devant elle.

Une fois de plus je vais traduire pour vous.

Ma GM : Bonjour ma fille, comment tu vas ?

Ma tante lui répondit d’un simple mouvement de la tête, on pouvait sentir la  tension qui était palpable chez ma mère, poser les yeux sur sa sœur après ce qui s’était passé n’était pas facile.

Ma GM : Je sais que tu es surprise de me voir ici aujourd’hui… moi-même je suis surprise ! Mais ne dis-t-on pas que lorsque tu accouches tu t’arrêtes pour attendre  la vieillesse ?

Personne ne broncha, ma tante regardait sa mère pendant que ma mère et moi nous la regardions.

Ma GM : Je suis ici parce que j’ai exigée à la petite là… ta nièce, que je voulais te voir ! Pour pouvoir décider toute seule si je dois cracher ou avaler le sang de ma langue.

Ma tante n’avait aucune expression dans les yeux. Elle regardait sa mère comme si elle voyait à travers elle.

Ma GM : Je sais que la vie est faites de choix… d’expérience et de décisions difficiles les unes et les autres à prendre… alors je veux… j’espère que tu me donneras les clés pour prendre une décision, justes et rationnelle à ton sujet… parce que là je suis perdue ! Si mon mari, vote feue père était ici je saurais sur qui reposer… parce que quoi qu’il décide il était toujours juste…

Sa voix s’était enrouée lorsqu’elle avait commencé à parler de mon grand père, ma tante secoua sa tête comme si elle ne savait pas de quoi il s’agissait.

Ma tante : Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise…

Ma mère explosa et se mit à crier.

Ma mère : Elle veut que tu lui dises avec quel démon tu manges ta nourriture, avec quel diable tu passes tes nuits… Ma’amang je ne sais pas ce que je t’ai fait, quand je t’ai blessé pour que tu me fasses ce que tu m’as fais là !

Ma tante : AH s’il te plait ferme ta bouche !

Ma mère : Non… je ne vais pas fermer ma bouche ! Ta mère est ici pour te pleurer pas moi ! Je suis ici pour te dire merci… Merci d’avoir ajoutée la sorcellerie à tous les adjectifs qu’il y a sur mon nom !

L’attitude de ma tante changea radicalement, elle ne semblait plus chercher ses mots encore moins avoir de la réserve.

Ma tante : Tu veux quoi que je te demande pardon ?

Ma mère : Parce que pardon va à l’école ? Pardon trouve du travail ? Se marie ? Fait des enfants ? Pardon ne remplacera jamais ma fille… donc ton pardon réserve sa pour le jure du jugement !

Ma tante : Tu n’es pas meilleure que moi…

Ma mère : Non… bien sûr que je ne suis pas meilleure… je mangeais l’argent que tu faisais avec le sang de pauvres innocents, je suis souillée nous sommes toutes ici souillées par ce sang innocent !

Ma GM : Arrêtez moi ça ! Ma’amang je veux comprendre…

Ma tante : Il n’y a rien à comprendre ! Rien ! Je ne sais pas ce que vous voulez comprendre ! C’était de l’argent facile…

Ma mère : QU’est-ce qui est facile dans le fait de donner en sacrifice rituel un bébé ?

Ma tante : Ce n’étaient pas mes bé…

Elle respira une seconde, j’avais envie de vomir  mais ce n’était pas le moment, je n’étais pas là pour lui parlé de ce qu’elle a fait.

Ma GM : Ce n’étaient pas les tiens ! Mais ça c’est retourné contre toi et ton bébé !

Ma tante : Vous pensez que je suis fière de ce qui s’est passé ?

Ma mère : Non mais si ça avait été la fille d’un autre ça ne t’aurait pas dérangé ! Tu es touchée parce que Magon est morte, nous nous sommes dégoûtées parce qu’en plus de Magon tu es l’auteur de la disparition de plusieurs autres personnes… en plus de m’enlever ma fille, tu m’enlèves ma sœur… ma sœur que j’aime plus que tout… et tu m’enlève aussi ma fierté ! La fierté de donner mon nom ! Mais ce n’est que moi ! Penses à ta mère et à ce qu’elle ressent…

Ma grand-mère et ma mère se prirent par la main. La vielle était fatiguée !

Moi : ça suffit ! Mama… emmènes grand-mère !

Ma GM : Ma fille ! Que Dieu te gardes !

Ma tante se couvrit le visage, elle ne voulait pas pleurer devant sa mère et sa sœur et je le comprenais tout à fait, elle avait toujours porté cette armure de titan sur ses épaules et moi je l’ai longtemps admirée. Elle avait la force que j’aurais aimé que ma mère ait en elle. Mais en réalité je me trompais, ma mère avait autre chose que ma tante n’avait pas de l’empathie pour autrui. ET ça c’était une très grande force.

Moi : Je ne veux pas trop de bavardage, tu sais pourquoi je suis restée et qu’elles sont sorties !

Ma tante leva les yeux sur moi et me dévisagea. Sous ce regard inquisiteur je savais qu’elle jaugeait ma capacité à gérer ce qu’elle allait me dire.

Ma tante : Avant que je ne dise quoi que ce soit je dois savoir s’il va bien !

Moi : Il est costaud !

Elle hocha la tête !

Ma tante : Ils ne savent pas qu’il a survécut…

Moi : Qui ils ?

Ma tante : La seule personne qui connait le père de cet enfant n’est plus !

Moi : Attends tu veux dire que… Magon seul connait le père de son enfant ?

Ma tante : Oui c’est elle qui a eut des relations avec lui mon rôle se limitait à gérer la grossesse, faire naitre le petit et le livrer !

Elle parlait de ce bébé comme d’un vulgaire colis.

Ma tante : Et je ne livrais jamais au père mais à un maitre qui le remettait au père pour le reste…

Moi : Le sacrifice !

Ma tante : Certains sacrifie d’autre en font autre chose… il utilise l’étoile de leur enfant pour rayonner…

Ok, cette histoire commence à me faire réellement peur.

Ma tante : Il ne faut pas que quelqu’un sache que cet enfant est vivant, il faut que tu le protèges… emmènes le loin !

Moi : Il leur sera encore utile ?

Ma tante : Le père de cet enfant va devoir attendre encore neuf mois avant de pouvoir faire ce qu’il  voulait…  je ne crois pas qu’il a abandonné l’idée de faire son sacrifice sauf si on lui présente un cadavre…

Moi : Seigneur !

Ma tante : Tu dois le cacher et si jamais un jour tu apprends que quelque chose m’est arrivée alors saches qu’ils sont sur ta trace, tu devras employer  une toute autre forme de protection dans ce cas !

Moi : C’est-à-dire ?

Ma tante : Une protection mystique Kiki !


KIKI DU 237