Episode 27

Ecrit par Annabelle Sara


 

Ma mère : Jamais de la vie ! Kiki tu m’entends ? J’ai dis jamais ! Mon petit fils ne commencera pas sa vie dans une antichambre sous prétexte qu’on doit le protéger… Dieu est le seul protecteur que je connaisse ! Nous n’allons pas entrer dans son jeu ! Elle nous a assez souillés !

J’étais d’accord avec ma mère, il était hors de question que Loïc soit exposé à ce genre de chose, moi-même je refusais d’être exposée à ce genre d’histoire.

Moi : C’est ce que je lui ai dit Mama… mais elle me dit que de toutes les façons nous n’aurons pas le choix !

Ma mère : On a toujours le choix ! S’il y a une chose que la vie m’a apprise c’est qu’on a toujours le choix, je l’ai compris tard au prix d’un nombre incalculable de chose, mais on a toujours le choix.

Nous étions dans la clinique où nous avions pris rendez-vous pour ma grand-mère, il se trouve que c’est dans cette même clinique que se trouvait Loïc, je m’étais dit que les visites de ma grand-mère serait une bonne couverture pour que ma mère puisse voir son petit fils sans attirer l’attention des gens qui nous observe. Le fait que ma tante me prévienne que ceux qui sont derrière cette histoire garderaient un œil sur moi m’effrayait vraiment.

Ma mère : Je n’ai jamais posé mon pied ou emmené mon enfant même chez un guérisseur ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer…

On aperçut Gérôme en entrant dans la salle de néo-nat où se trouvait Loïc il était devant le berceau du petit en train de lui parler. Il s’écarta en nous voyant arriver. Il semblait bien se porter, ça faisait plaisir de le voir ainsi.

Ma mère : Bonjour Gérôme ! Oh mon fils merci pour tout !

Elle le prit dans ses bras et l’embrassa, comme une mère elle lui adressa des paroles de bénédictions.

Après les embrassades, il s’écarta pour lui permettre de faire la connaissance de son petit-fils, en le voyant les larmes montèrent aux yeux de ma mère.

Ma mère : Mon dieu Kiki, il ressemble comme deux gouttes d’eau à ta sœur ! Il est beau ! Loïc c’est grand-mère… c’est ta grand-mère ! Tu es beau mon bébé…

Je regardais ma mère s’extasier de la sorte devant son petit-fils et je me suis dit, il faut qu’on trouve rapidement qui est son père, pour que Gérôme nous débarrasse de lui, je ne sais pas comment mais il faut que je fasse quelque chose.

Gérôme : Tout va bien ?

Il m’avait tiré un peu à l’écart.

Moi : Non, ma tante dit que Loïc est toujours en danger, elle dit que ma sœur était la seule à savoir qui est son père te que nous devons faire attention !

Gérôme : Je ne suis plus sur l’enquête !

Moi : Pourquoi ? Ta maladie ?

Gérôme : Non ça ne dépend plus de mon service, c’est compliqué ! Mais ne t’inquiète pas mon collègue me tiendra informé !

Moi : Hum… Ok !

Gérôme : Kiki ne va pas te mettre dans une situation à risque !

Moi : Il faut que je le retrouve avant qu’il ne…

Gérôme : Non !

Moi : Comprends moi, si on sait qui c’est peut-être qu’on peut trouver une façon de l’éloigner, de protéger le petit…

Gérôme : C’est gens sont dangereux ! Tu comprends ça ? Je ne serais peut-être plus là…

Moi : Tu proposes donc quoi ?

Gérôme : Peut-être que si tu quittes le pays…

Il avait dit cela sans ciller, quitter le pays ! Oui c’est une idée rationnel, mais pour aller où ? Faire quoi ? J’ai ma vie ici, ma famille que j’aime, mes projets et… Je ne sais trop quoi avec un gars là !

Moi : Non !

Gérôme : Penses-y !

Moi : Toute ma vie est ici je ne vais pas juste fuir…

Gérôme : Tu peux ne pas avoir le choix ma belle ! Regardes le tu ne peux pas refaire ta vie ailleurs pour son bien ?

Il avait raison, en observant ma mère et Loïc, je savais qu’il avait raison ! J’allais peut-être devoir tout abandonner pour le bien-être de cet enfant, et ce n’était pas grave, s’il le fallait j’irais au bout du monde.

Nous avons passé encore une heure à pouponner tout ensemble, je ne savais pas que Gérôme aimait autant les enfants, je n’avais pas remarqué ça non plus quand on était ensemble.

Mais qu’est-ce que j’avais même remarqué chez lui au final ? La seule chose certaine daans ma tête c’est que physiquement nus étions bien, même très bien ! Et là je vois en lui toutes les qualités qui auraient pu me faire tomber amoureuse de lui en plus de son corps.

C’était bizarre de venir apprendre à le connaitre maintenant qu’il n’en avait plus pour très longtemps. Je dois revoir parmi mes défauts l’égoïsme.

Avant de quitter la clinique la directrice nous remis deux photocopies de la déclaration de Loïc en nous rappelant le jour du rendez-vous à la mairie pour l’établissement de son acte.

Je n’ai pas travaillé ce jour, j’avais pris la journée pour passer du temps avec ma mère et ma grand-mère, ma mère a pu profiter de son petit fils et moi de ma grand-mère. Nous avons mangé au restaurant, ma grand-mère m’a charriée en disant qu’elle croyait que j’allais lui faire le couscous et puis elle s’est rappelé que je n’ai pas de bâton chez moi pour faire ça !

Je suis rentrée assez tard, puisqu’il fallait que je raccompagne les deux femmes chez elles avant de rentrer.

J’étais prête pour la nuit lorsqu’on sonna à ma porte. Qui cela pouvait bien être à cette heure de la nuit ? C’était la seule personne que je n’aurais pas espéré voir !

Moi : Jules ?

Jules : Salut mon petit castor, encore debout ? Je comprends pourquoi tu te réveilles tard !

Moi : Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être à Douala ?

Jules : Je n’en pouvais plus de ne pas te voir alors je suis rentré…

Moi : Sérieux ?

Il éclata de rire en voyant que je ne le croyais pas.

Jules : Non… en fait j’ai signé avec mes partenaires et je suis là pour célébrer…

Il avait une bouteille de vin rouge JP chenet dans la main. Okay ce gars est fou, débarquer chez moi avec une bouteille de JP chenet à 22 heures pour célébrer un contrat ?

Je me suis tout de même écartée de la porte pour le laisser entrer.

Moi : Rappelles moi où tu as grandi ?

Il éclata de rire encore en me faisant la bise. J’étais contente qu’il soit là, je n’étais plus vraiment habituée à recevoir un homme chez moi à cette heure de la nuit mais sa présence me réconfortait.

 Une fois installé il m’a expliqué qu’il avait besoin de signer un contrat avec des investisseurs nigérians et ghanéens pour que sa plateforme de vente puisse à la fois entrer dans le marché camerounais et s’étendre des que possible.

Moi : Je trouve ça cool de voir en l’Afrique un potentiel certain pour ton entreprise…

Jules : Si nous faisions plus d’affaires entre africains et qu’on faisait bloc face aux européens et aux asiatiques au lieu d’être tout le temps en compétition on se porterait mieux !

Moi : ça veut dire que tu vas vendre des produits made in Cameroun au Nigéria ?

Jules : Je dirais plutôt que je vais vendre des produits designed in Cameroun, je ne peux pas m’engager dans l’industrialisation au pays… c’est bien trop risqué pour une start-up !

Moi : Donc tu va faire fabriquer où ?

Jules : Au Nigéria !

Bon il m’intriguait vraiment avec son histoire là !

Moi : Attends les designers sont Camer, les fabricants Nigérians…

Jules : Et le premier consommateur est Africain !

Je souris, il savait ce qu’il voulait et apparemment il ne lâcherait pas avant d’avoir réussi…

Moi : C’est génial ! Je te souhaite beaucoup de succès…

Il me sourit et je vis cette lumière briller dans son regard lorsqu’il leva son verre comme moi !

Jules : J’aurais préféré… que tu nous souhaite le succès à tous les deux !

Moi : Hein ?

Jules : Oui ! Le succès dans nos projets respectifs, mais aussi et surtout dans nos projets communs ! Tu ne crois pas que ce serait mieux ?

Je ne sais pas pourquoi subitement mon cœur se mit à battre plus vite.

Moi : Quels genre de projets pouvons nous avoir en commun ?

Il me sourit et me caressa la joue.

Jules : Le premier projet que je vois serait de me réveiller sous ses beaux yeux demain matin…

Moi : Ah bon ?

Jules : Humhun… Ensuite je crois que je m’y habituerais vite alors… tous les jours ce serait pas mal !

Il m’a fait un petit baiser sur la bouche, provoquant dans mon cœur un battement plus rapide que les autres.

Jules : Me réveiller le matin avec toi dans mes bras ce serait cool… tu ne crois pas ?

C’est à moi qu’il parle là ? J’avais dis oui à « réveiller » !

Moi : Oui ce serait bien…

Attends je viens d’accepter de vivre avec lui là ? Mais…

Jules : Tu veux déjà paniquer !

Il m’attira donc brusquement dans se bras et m’embrassa cette fois avec ferveur. Il avait un gout de raisin, normale on buvait du vin. Je me suis détendu petit à petit dans ses bras, il était fort et je me demandais si je ne risquais pas de faire la même erreur avec lui qu’avec Gérôme, rester focalisé sur le plan physique alors qu’il pourrait avoir d’autres qualités.

Jules : Tu n’es pas avec moi !

Il avait brusquement arrêté notre baisé.

Moi : Non…

Jules : Qu’est-ce qu’il y a ? L’idée de vivre avec moi te fait peur à ce point ?

Moi : écoutes on se connait à peine… Il y a une tonne de chose sur moi que tu ne connais pas ! Personnellement je…

J’allais trop parler si je continue

Jules : Je suis conscient que c’est brusque ! Que je vais un peu vite… mais ce que je ressens avec toi… je n’ai pas envie de prendre le risque de passer à coté ! Tout ce dont j’ai besoin c’est que tu t’ouvres à moi, que tu me donnes donc l’occasion d’apprendre à te connaitre !

Je ne savais pas quoi dire après ça ! Si je m’engage à lui ouvrir ma vie te mon cœur que se passera-t-il si je suis obligée de prendre la décision de partir ?

Jules : Je veux h=juste que tu me fasses assez confiance pour me montrer le chemin à suivre pour être en phase avec toi !

J’allais répondre lorsque mon téléphone sonna dans mon sac qui était sur la table basse devant nous, je me suis vite penchée pour le prendre, c’était ma mère ! J’ai remercié le ciel pour cette trêve qu’il m’accordait.

Moi : C’est ma mère, excuses moi !

Je me suis levée pour aller répondre dans la cuisine, elle m’appelait pour me demander si j’avais trouvée une idée pour la maison où j’irais m’installé avec Loïc, je lui expliquais mes plans lorsqu’elle me rappela que cette maison devra être assez grande pour qu’elle aussi puisse y vivre, parce qu’il était hors de question que quelqu’un d’autre qu’elle ne s’occupe de cet enfant.

Moi : Mama j’ai compris… Oui on fait comme ça… Bonne nuit !

Je me suis retournée après avoir raccroché pour tomber sur un Jules bizarre dans mon dos. Il se tenait sous le chambranle de la porte et sa tête frôlait le haut. Son expression faciale traduisait une sourde colère.

Moi : Mince tu m’as fais peur !

Jules : Tu peux m’expliquer ?

Il semblait contrôler le ton de sa voix lorsqu’il me présenta un format, il s’agissait de la photocopie de la déclaration de Loïc.

Moi : Tu as fouillé dans mon sac ?

Jules : Je n’ai rien fouillé, quand tu as pris ton téléphone il s’est échappé du sac… Maintenant tu peux m’expliquer ?

Moi : écoutes… Ce n’est pas ce que tu crois !

Jules : Bien sur que ce n’est pas ce que je crois, je vois le nom de ma petite amie sur la déclaration de naissance d’un bébé né il y a quelque jours ! Sachant que je ne lis mon nom nulle part et que je ne me souviens pas t’avoir vu enceinte ce n’est forcément pas ce que je crois !

Moi : Je ne peux malheureusement pas t’expliquer !

Jules Ah mais le contraire m’aurais étonné ! Tu ne peux rien m’expliquer, rien ! C’est qui ce Gérôme ? Le type de la dernière fois ?

Il lu le papier en vitesse devant moi.

Jules : Oui c’est lui sauf si tu as plusieurs gars dans la police…

Moi : Ce n’est pas ça !

Jules : ALORS C’EST QUOI ?

Il avait crié tellement fort que j’avais dû reculer.

Jules : Kiki expliques moi parce que là je suis perdu ! Tu n’étais pas enceinte sinon je l’aurais vu je ne suis pas idiot à ce point ! Alors dis-moi ce que veut dire cette déclaration de naissance ! Pourquoi tu passes ton temps à me cacher des choses ?

J’avais peur qu’il fasse le lien !

Moi : C’’est compliquée !

Jules : Tu préfères ne rien me dire ? Tu vois ? C’est de ça que je parlais tout à l’heure, la confiance ! Mais tu as raison à quoi ça sert de faire des projets avec quelqu’un qui ne te fait pas confiance ?

Moi : Jules je suis…

Jules : Non ! Ça va ! Le message est passé… Toi et moi n’avons rien à faire ensemble !

Il déposa doucement le papier sur le haut du réfrigérateur de ma cuisine et se tourna, je le regardais rassembler ses affaires, sa veste son téléphone et son porte feuille. J’avais mal, mais je devais le laisser partir, aujourd’hui ce serait plus facile demain je n’en suis pas si sure.

Il me jeta un dernier coup d’œil en sortant, j’ai cru qu’il allait me parler, j’aurais aimé qu’il me parle, mais non, il se contenta de me regarder et de s’en aller en claquant la porte.

 


KIKI DU 237