Episode 29

Ecrit par Annabelle Sara


   

Moi : Réponds-moi Jules ? Dis-moi que tu ne connais pas cette fille ou que tu n’as jamais levé la main sur elle !

Il me regardait mais je ne pouvais pas lire ce qui se dessinait dans son regard. Il fit quelques pas vers moi, ignorant ma main et me tendit la main pour m’aider à me relever. J’ai pris sa main, j’avais bien trop mal aux fesses qui avaient amorties ma chute.

Jules : Tu as la lèvre fendue… tu as de quoi nettoyer ça ?

L’intensité de son regard et de sa voix me fit frissonner.

Je sentais qu’il n’allait pas me répondre tout de suite, mais moi je ne disais pas non plus mon dernier mot.

Moi : Dans la salle de bain !

Jules : Ok ! J’arrive…

Il disparu dans le couloir quelques secondes avant de revenir avec la boite à pharmacie dans les mains ; J’étais assise dans mon canapé, il a tiré un pouf pour s’installer en face de moi. Je le regardais pendant qu’il nettoyer avec délicatesse ma lèvre inférieur qui piqua au contact de l’alcool. Il savait ce qu’il faisait, et il ne fuyait pas mon regard inquisiteur.

Jules : Tu penses que c’est en me fusillant du regard que tu sauras si j’ai battu Véra à mort ?

Moi : Je veux comprendre comment tu fais pour avoir ces deux visages ? Ange et démon… Tu es qui au juste ?

Il me sourit, encore ce sourire charmeur.

Jules : Nous avons tous un coté obscur… j’ai écouté le tien dans un VN tout à l’heure !

Il n’avait pas lâché son  sourire.

Jules : Je suis sûr que c’est le même ton que tu as utilisé avec ton père pour qu’il s’acharne de la sorte sur toi…

Moi : Ne change pas de sujet !

Jules : Je ne change pas de sujet Castor ! Je te fais patienter le temps de finir de soigner ta lèvre…

Il éclata de rire et déposa le coton taché de sang pour humidifier un autre de Bétadine et tamponner ma lèvres avec. Pourquoi ce simple geste avait une telle connotation sexuelle ?

Jules : Bon ! Tu voulais savoir quoi ?

Moi : Ce qui s’est passé avec cette fille.

Il vida ses poches sur la table derrière lui et se tourna vers moi.

Jules : Oui j’ai levé la main un jour sur elle, lors qu’une sortie en boite… Je l’ai giflé ! Elle avait trop bu et faisait une scène à une autre fille qui a eu le malheur de passer devant moi ! Alors je l’ai giflé pour qu’elle se reprenne… Je n’aurais pas dû… La voir se faire rosser en BT aurait été un meilleure spectacle…

Il éclata de rire, voyant que ça ne m’amusait pas il leva la main.

Jules : Désolé, c’est déplacé ! Bon en écoutant ce que tu disais j’ai compris que tu as eu ton information sur un site n’est-ce pas ?

Moi : Entre autre… Oui !

Jules : D’accord ! Alors… lis cet autre article !

Il me tendit son téléphone ou il y avait un autre article du même site que celui que Christina nous avait présenté, dans lequel ils écrivaient un démenti de leur publication précédente sur Jules disant que la chute de Vera était un accident et que les accusations de mauvais traitement étaient non fondées.

Jules : J’ai payé pour qu’ils écrivent ça ! Exactement comme quelqu’un avait payé pour qu’ils écrivent la première publication.

Moi : Pardon ? Et comment on sait qu’ils disent la vérité… dans un cas comme dans l’autre ?

Jules : Justement, ils n’ont aucune crédibilité… enfin n’avaient parce qu’ils ne sont plus sur la toile avec leur vilain kongossa.

Moi : Mais si tu as payé pour cet article qu’est-ce qui me dit que tu dis la vérité ?

Jules : Si je suis devant toi c’est parce que la police n’avait rien contre moi le jour où c’est arrivée j’étais au Gabon et je suis revenu deux semaines plus tard et… je ne vivais plus avec elle depuis deux mois ! Nous n’étions plus en couple depuis deux mois lorsqu’elle a eu son accident…

Moi : Il n’y a pas ça dans l’article…

Jules : Je n’allais pas en plus mâcher le travail pour eux ! Ils auraient dû au moins se renseigner avant d’écrire leur torchon là !

Je lisais l’article qui faisait les éloges de Jules et je comprenais bien que c’était un "atalaku gombotique".

J’ai levé les yeux sur lui, embarrassée, je ne pouvais pas croire à cette histoire et en même temps je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance.

Moi : Et la fausse couche ?

Jules : Elle n’était pas enceinte, c’est en gros pour cela que je l’avais quitté !

Moi : Elle t’a menti ?

Jules : Elle couchait avec un Monsieur et comme à Douala aucun secret ne survit bien longtemps alors j’ai réussi à les surprendre dans un coin chaud dans une position… elle m’a sorti le truc de la grossesse et ça aussi c’est une de ses amies proche qui est venue me dévoiler son stratagème !

Moi : Wow !

Je comprends un peu son pétage de plomb de la dernière fois lorsqu’il m’avait vu avec Gérôme.

Jules : Toutes les filles avec qui j’ai eu le malheur d’entamer une relation avait une double vie Kiki… Je comprends avec ce que je viens de voir que si je lève le ton face à toi tu vas sortir les gants de boxe…

J’ai baissée la tête.

Jules : J’ai une idée de ce que c’est qu’avoir un rapport conflictuel avec ses parents mais aucun de mes parents ne m’a jamais ouvert la lèvre en me battant comme viens de le faire ton père !

Moi : Ce n’est rien !

Jules : Ce n’est pas rien ! Tu te fermes avec moi parce que tu as peur que je sois comme ton père et moi je me comporte comme un idiot parce que je crois que tu vas te foutre de ma gueule comme les autres.

Moi : Je n’ai pas cette intention…

Jules : Moi non plus je ne veux pas te faire du mal…

Il toucha ma joue et me caressa la lèvre endolorie. Il avait quelque chose dans ses yeux, qui me donnait envie de lâcher prise.

Jules : Je ne sais contre quoi, ni contre qui tu te bats comme ça mais tu ne peux pas te battre seule, en tout cas tu ne pourras pas te battre longtemps toute seule ! J’ai besoin que tu me donnes l’occasion de prendre soin de toi, s’il te plait !

Les larmes commençaient à se bousculer dans mes yeux. Je savais bien que si je n’avais personne pour m’épauler je risquais de perdre.

Moi : Je ne sais pas comment ? Je ne sais plus faire confiance !

Jules : Okay si je te disais que je crois avoir compris ce qui se passe et que tu peux me faire confiance pour être à tes cotés tu dirais quoi ?

Je ne voyais pas trop où il voulait en venir.

Jules : Chérie, quand je dis que je me comporte comme un idiot… Hier j’aurais dû comprendre ce qui se passe ! L’enfant que tu as reconnu avec ce Gérôme, c’est l’enfant de ta sœur !

J’ai failli m’évanouir, il connaissait la vérité.

Jules : Si cet enfant n’est pas en ce moment avec toi c’est parce que tu as peur pour sa sécurité, sachant qu’il était parti pour une destination obscure…

J’ai nettoyé mes yeux, soulagée qu’il ait compris cela tout seul.

Jules : C’est le policier qui s’en occupe ?

J’allais répondre mais aucun son ne sortait de ma bouche, il fronça les sourcils et baissa la tête.

Jules : Tu sais quoi… ne me dis rien ! C’est un problème sensible, il vaut mieux que tu me raconte le reste quand tu seras prête… Mais il faut quand même que tu me dises pourquoi ton père a débarqué chez toi !

J’ai souri en le voyant changer de sujet.

Moi : Sa fille a fui le mariage !

Jules : Heu et toi tu as quoi… tu l’as aidé à se cacher !

Il secoua la tête en riant, il leva des yeux qui disaient : tu n’es pas croyable.

Moi : Pour une fois je n’ai rien à voir avec sa décision, elle m’a juste appelé pour l’aidé a transporté ses affaires !

Il éclata de rire.

Jules : Tu as apparemment tendance à te retrouver dans des situations dangereuses… peut-être que je devrais t’envoyer un de mes gars !

Moi : Un gars ? Quel gars ?

Jules : Pour assurer ta sécurité ! Je n’ai plus envie de voir de telles marques sur toi… Ce n’est pas très sexy et ça m’empêche de faire ça !

Il m’embrassa en faisant attention de ne pas toucher la blessure que j’avais, c’était frustrant, je ne pouvais pas profiter de ses douces lèvres. Je savais que je ne pouvais pas tout lui raconter pour le moment mais je sais aussi que j’aurais besoin de lui et il m’avait déjà prouvé plus d’une fois que je pouvais lui faire confiance.

Un bruit caractéristique de l’estomac de Jules arrêta notre échange.

Jules : Ok j’avoue, je n’ai pas touché ton père parce que j’ai l’estomac désespérément vide !

Moi : Moi qui pensais que tu pouvais cuisiner comme un chef…

Nous avons tous les deux éclatés de rire.

Jules : Si tu me prête ta cuisine je peux me faire quelque chose rapidement…

Moi : Hors de question tu es ici chez moi donc c’est moi qui vais te faire quelque chose à manger !

Jules : Je te rappelle que tu viens de te faire fouetter par ton père !

J’ai riposté en lui donnant une tape sur l’épaule, pendant qu’il se moquait de moi. Nous sommes allés tous les deux à la cuisine pour lui faire une assiette. Je regardais mon frigo me demandant ce que je pouvais lui offrir.

Moi : Alors je te donne le choix ! C’est soit, une omelette, des pates… il y a un reste de la sauce gombo que j’ai faite chez ma mère ce week-end…

Jules : Avec le couscous de maïs ?

J’ai levé la tête un peu surprise de son choix.

Moi : Le couscous est en rupture mais j’ai du tapioca !

Jules : Ah oui ! Ce sera génial ! Tu as du piment j’espère ?

Moi : oui…

J’ai réchauffé son plat de nourriture préparé un peu de tapioca pour accompagner, il m’a aidé à faire la table et faire le service. J’étais vraiment amusée en le voyant manger.

Jules : Quoi ?

Moi : Tu n’as pas mangé depuis quelle heure ?

Jules : J’ai mangé un morceau de pain le matin avec une tasse de café !

Moi : Tu es sérieux ?

Jules : Je n’ai généralement pas le temps de manger quand je vais de réunion en rendez-vous ! C’est aussi pour ça que mon téléphone personnel était déconnecté.

Je comprenais maintenant pourquoi je n’ai pas réussi à le joindre.

Moi : Tu restes ici cette nuit ?

Jules : Tu veux que je reste ?

Moi : Tu voulais rester hier noooo…

Jules : Mais tu avais des réserves !

Je l’ai fixé dans les yeux ! Ce jeu m’épuisait, j’avais envie de lui et je sais que lui aussi.

Jules : Hum je vais par contre te décevoir… je ne suis pas en forme ! Et cette bouche blessée ne me dit rien…

Moi : Petit joueur !

Il éclata de rire et secoua sa tête, je comprenais qu’il avait eu une longue journée surement épuisante. Alors je n’ai pas insisté. Tout en ce taquinant nous nous sommes préparés pour la nuit, Nous étions dans mon lit, blottit l’un contre l’autre, silencieux. Je profitais de sa chaleur et de sa présence pour avoir une nouvelle perspective dans ma vie et de ceux qui devaient en faire partie, quand mon téléphone sonna.

C’était Gérôme !

Moi : Allô…

Gérôme : Bonsoir ! Désolé d’appeler aussi tard mais… j’ai réussi à faire accélérer l’établissement de l’acte de Loïc, donc nous avons rendez-vous demain à 10 heures à la mairie tu pourras être là ?

Moi : Oui bien sûr !

Gérôme : Il te faut deux témoins… tu peux !

Moi : je vais me débrouiller !

Gérôme : Ok, Bonne nuit ma belle !

Moi : Bonne nuit !

Jules qui était dans mon dos fit un mouvement, me resserrant contre lui.

Jules : C’était Gérôme ?

Moi : Oui, il veut que j’aille demain à la mairie pour l’acte de naissance de Loïc… Tu pourrais venir ? J’ai besoin de deux témoins…

Je savais que lui montrer que je lui faisais confiance parlerait plus que de le lui dire.

Jules : Tu es certaine ?

Certaine non, mais ne dit on pas que qui ne tente rien n’a rien ?

Moi : Oui !

Jules : Alors je vais t’accompagner !

C’est donc avec un sentiment d’apaisement que je me suis endormie cette nuit, de l’apaisement et aussi de la sécurité, je n’étais plus seule contre tous


KIKI DU 237