Aussi surpris qu’elle, il se fige une fraction de seconde avant de se reprendre rapidement. Elle est déconcertée par cette réaction, même si cette impression n’aura duré qu’une tierce seconde. Il est toujours si maître de lui. 

Les mains dans les poches de son pantalon tendu sur ses longues jambes athlétiques, Valence la regarde de haut, puis ouvre la bouche, sur le point de parler. Annie le devance :

— Bonjour M. Omar. Je viens voir Nina, ment-elle, se dégonflant ainsi pour la sixième fois.

— Ma secrétaire? Je pensais que vous veniez me…

— Veuillez m’excuser, je suis attendue. 

Elle l’interrompt et passe précipitamment devant lui. Annie ne fait pas deux pas qu’elle se sent ramenée brusquement en arrière, dans l’espace étroit de l’ascenseur dont elle voit les portes se refermer. Abasourdie, elle se dégage et lui fait face, ôtant au passage son masque. Valence demeure calme.

— Je peux savoir ce qui vous prend, M. Omar ? 

Il lève un sourcil.

— Il y a des caméras dans l’ascenseur.

— Des… quoi ? 

Hébétée, elle regarde aux quatre coins et n’y voit rien. 

— Je peux savoir ce que vous me voulez ? reprend-elle plus posément cette fois.

Occupé à regarder sur son téléphone, il ne répond pas tout de suite. Une fois les portes de l’ascenseur rouvertes, il lui fait signe de la main de le suivre. Ils traversent le hall du rez-de-chaussée déjà paré aux couleurs de Noël. 

Malgré le confort de ses chaussures, Annie a du mal à arrimer son pas au sien. Valence s’arrête net et se retourne vers elle. Elle manque de lui rentrer dedans.

— Vous n’avez pas idée des charges que représente l’organisation de cette fête annuelle, commence-t-il.

— C’est vous qui ne m’avez jamais fait confiance, riposte-t-elle.

— Je n’ai rien contre vous, Annie, dit-il en prononçant son prénom comme s’il en avait l’habitude.

— Je ne vous crois pas, M. Omar. Les bruits de couloir ont l’air plus sincères que vous.

— Ah. Il ne faut pas croire tout ce qui se dit dans les kpakpato*.

— Il n’y a pas de fumée sans feu, Monsieur Omar.