Episode 34

Ecrit par Annabelle Sara

 

JULES

 

En sortant de chez Kiki, j’avais tout sauf le sourire sur les lèvres, même mes yeux devaient même envoyer des éclairs. Ce que j’avais appris la veille me faisait mal et je me serais tapé dessus si je n’avais pas mieux à faire.

Une séance de boxe contre un sac m’aiderait surement à évacuer la rage qui courait dans mes veines, mais je n’avais pas de temps à perdre avec l’auto-flagellation. Samuel m’a vu hier avec Kiki, s’il est aussi intelligent que je le crois il doit se douter qu’elle m’a parlé du moins qu’elle va me parlé. Au moins de  sa relation avec son fils.

Pour le reste je doute qu’il sache qu’elle a compris.

Je n’en reviens toujours pas ! Une secte ! Je n’ai pas pu me retenir alors j’ai donné un coup de poing dans mon volant, ce qui a provoqué un klaxon inutile puisque j’étais seul sur la route. J’allais chez moi pour me changer, en jetant un coup d’oeil à l’heure sur mon tableau de bord je me suis dit qu’il fallait que j’appelle maintenant.

J’ai composé le seul numéro de mon téléphone qui était en numéro rapide.

Félicité : Oui Monsieur !

Toujours en train de m’appeler Monsieur, Félicité est mon assistante depuis deux ans déjà et je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Plus professionnelle qu’elle est un extra-terrestre.

Moi : Vous êtes déjà au bureau ?

Félicité : Monsieur, il est 6h15 je suis en train de sortir…

Moi : Félicité je sais quelle heure il est je voudrais juste que vous appeliez au plus tôt Lucien !

Félicité : L’intendant ?

Moi : Oui, lui par contre il devrait déjà être au bureau !

Elle ne répondit pas, je comprends que ça c’était dans mes rêves !

Moi : En tout cas appelez le, il faut qu’il soit au bureau dans 20 minutes au plus avec de quoi changer les serrures du service financier… Personne ne doit entrer dans ce bureau aujourd’hui !

Félicité : Monsieur, il se passe quelque chose ?

Moi : Oui il se passe que vous allez faire changer les serrures de ce services avant que Fabrice ne soit là-bas !

Félicité : Il a fait quelque chose ?

Je comprenais le sens de sa question et j’avais un peu honte de reconnaitre que mon assistante ait compris avant moi que je travaillais avec tout sauf des personnes honnêtes.

Moi : Vous aviez raison… je m’excuse de vous avoir menacé de vous renvoyer parce que vous avez voulu me prévenir !

Je me souviens encore de la scène comme si s’était hier, elle m’avait prévenue qu’il y avait des mouvements bizarres chaque fois que les services de Fabrice devaient préparer un bilan trimestrielle, une fois il y a eu du retard avec les salaires mais personnes ne m’en avait parlé. J’avais demandé à mon employée de faire son travail et d’arrêter de se mêler du fonctionnement des autres services, alors qu’elle essayait juste de me prévenir.

C’est aussi pour cette raison que lorsque Kiki m’avait parlé je n’avais pas pris beaucoup de temps avant d’accepter que quelque chose de louche se cachait derrière chez ces gens.

Félicité : Ne vous inquiétez pas ! Monsieur je voulais vous dire que le colis que vous m’avez demandé de commander est arrivé.

Moi : Ok ! Autre chose je voudrais que vous me retrouviez chez le Me Moussima avec des documents de mon coffre-fort…

Félicité : Le dossier vert ?

Moi : Oui le dossier vert !

Nous étions au téléphone mais je pouvais l’imaginer avec un grand sourire.

Félicité : D’accord Monsieur ! Je suis sortie !

Moi : Assurez-vous que ces serrures sont changées et vous gardez les clés… à tout à l’heure. Faites garder la porte par Lucien s’il le faut !

Elle me fit un oui avant de raccrocher.

Les Etoa n’avaient pas idée de ce qui allait leur tomber dessus ! Utiliser mon entreprise et ma réputation pour cacher des activités illicites pire encore des activités relevant de l’occultisme ? Je ne vais pas manger de ce pain ! Je n’avais pas décidé de ne jamais me retrouver dans ce genre de cercle, le nombre de réunions et de rendez-vous que j’avais évité pour me retrouver aujourd’hui entouré de personnes qui trempent dans le sang humain pour puiser je ne sais quoi ?

Surtout que si mon Pasteur de parrain apprenait quelque chose de ce genre il me ferait surement fouetter avec l’arbre de paix.

J’avais grandi dans un environnement très chrétien, le travail de ma mère, imposant qu’on apprenne certaines valeurs qui nous permettraient de ne pas avoir le dégout pour l’être humain, pour que nous ayons le sens des valeurs humaines et du partage.

Comme si il avait senti que je pensais à lui en ce moment, mon parrain m’appela en regardant son nom s’affiché sur mon téléphone je me suis demandé si cette homme n’avait pas les capacités télé-kinésiques qu’on lui attribut dans les rumeurs.

Tonton Rémi : Allô…

Moi : Bonjour Tonton Rémi !

Tonton : Mon fils, comment tu vas ? J’ai reçu ton cadeau… j’aurais préféré que tu viennes me le donner toi-même !

Moi : Tonton, le plus important c’est que tu aies reçu le paquet… Comment tu vas ?

Tonton Rémi : Je devrais plus tôt te poser la question non ?

Moi : Je ne… je vais bien !

Il éclata de rire ! Il savait que je ne croyais pas aux rumeurs à son sujet.

Tonton Rémi : Je sais que tu as appris une nouvelle importante récemment et je sais que tu cherches une solution à ton problème ! Alors je voudrais que tu saches que je prie pour toi mon fils ! Dieu écoute ceux qui traversent des moments critiques comme celui que tu traverse en ce moment… Il élève toujours ses enfants devant leurs ennemis !

Moi : Tonton je ne sais pas quoi te dire !

Tonton Rémi : Cette épreuve doit te rappeler que si tu es où tu es aujourd’hui c’est grâce à lui ! Tu ne dois rien à personne, à aucun être humain… le succès n’est pas des hommes mais de Dieu !

Alors là je ne devrais plus douter puisque le message ne pourrait être plus clair.

Moi : J’ai compris Tonton !

Tonton Rémi : Je sais ! Maintenant le prochain paquet que tu veux me remettre apporte le moi toi même et de préférence accompagné !

J’ai souri ! Où est-ce qu’il va chercher ce genre de choses ? Il a fait une petite prière avant de me souhaiter une bonne journée et raccrocher.

Je ne sais pas pourquoi mais son appelle venait de me donner encore plus de force pour affronter cette journée qui allait être infernale pour sure.

J’ai pris une douche rapide et ai passé quelques coups de fils pendant que je m’habillais.

Elle m’envoya un message, pendant que je parlais avec mon Notaire, il disait :

« J’espère que tu vas bien ! Je suis avec ma mère, elle veut porter plainte contre mon père, une longue histoire je te raconterais plus tard ! Gérôme voudrait aussi te parler je t’envoie son numéro, on se parle après Bisou ! Ne te dépense pas trop ! »

J’ai souri en lisant son message. Elle commençait à me faire un peu plus confiance, à s’ouvrir. Lorsque nous nous sommes rencontré, elle m’avait intrigué. Elle était belle, mais je voulais savoir ce qu’elle cachait sous l’armure en titane qu’elle portait.

J’avais failli faire n’importe quoi à cause de la jalousie. Je détestais ce sentiment, mais chaque fois que je la voyais proche de quelqu’un, je ne pouvais m’empêcher de vouloir briser quelque chose.

Maintenant que je connais son histoire, entre son père et un ex qui lui avait donné le dégoût des hommes,  je devais m’estimer heureux qu’elle m’ait laissé m’approcher d’elle. Lui montrer que nous sommes peut-être tous des salauds mais il y a des salauds qui en valent la peine.

J’ai composé le numéro du commissaire tout en sortant de chez moi, il décrocha aussitôt.

Moi : Bonjour Mon Commissaire…

Gérôme : Bonjour Mr Abeng, comment allez vous ?

Comment il sait que c’est moi ?

Moi : Je suis un peu sur le pied de guerre ! Kiki m’a dit que vous vouliez  me parler ?

Gérôme : Oui… je sais qu’elle vous avait parlé alors je voulais savoir s’il faut que je prévienne des gens ? Si nous risquons avoir un incident dans les bras…

J’ai souri ! Soit je rêvais sois l’ex de ma copine s’inquiétait pour moi !

Moi : Votre sollicitude est louable…

Gérôme : Ne vous méprenez pas je ne fais pas ça pour vous… je ne veux pas que Kiki se retrouve seule si je ne suis plus là !

Ok là je comprends, et sa proposition est finalement la bienvenue si en plus des prières de mon parrain j’ai une assurance de la police.

Moi : Vous voulez me faire accompagner ?

Gérôme : Dites-moi où mon collègue peut-vous retrouver.

Moi : Le cabinet du Me Moussima à Bastos !

Gérôme : C’est noté !

Il raccrocha sans me demandé son reste.

Trois heure plus tard j’étais chez mon Notaire, relisant les documents que je lui avais demandé de préparer pour moi. Félicité était là ainsi que mon nouveau partenaire en affaire.

Christian Tsafack est un ancien camarade de lycée qui était allé finir ses études en informatique au Canada, il revenait aujourd’hui avec une solution high-tech pour l’agriculture au Cameroun.

Au départ je me contentais de faire la courroie entre lui et des porteurs de projet mais à partir de ce moment nous sommes tous les deux des partenaires sur son projet, mon entreprise l’aidera dans la conception et la distribution de sa solution informatique mais nous ne nous contenterons plus du seul marché Camerounais. Je connais déjà quelques entrepreneurs de pays voisins qui viendront toquer à notre porte.

Christian : Jules je suis très content ! Quand j’ai lu ton mail je me suis demandé si je ne rêvais pas ! Je cherchais des porteurs pour charbonner mais là je trouve un partenaire qui m’ouvre plus de portes tout en me laissant la liberté ainsi que des parts de son entreprise !

Il y avait de la reconnaissance dans ses yeux, mais celui qui était reconnaissant ici c’est moi ! Il m’apporte solution à un problème critique tout en m’ouvrant de meilleurs horizons. Et ma boite grandissait avec cet investissement.

Moi : J’ai hâte que notre partenariat deviennent fructueux !

Christian : Ce ne serait pas par hasard la jeune femme qui t’accompagnait hier qui t’a poussée à me proposer ceci ?

Moi : Elle y est pour beaucoup !

Nous avons signé les documents, ensuite nous nous sommes serré la main avant qu’il ne s’en aille car il était attendu ailleurs. Au même moment, Samuel arriva.

Samuel : J’ai raté quelque chose ? Pourquoi il s’en va déjà ?

Il était tout sourire, avec sa grande voix, il envahissait la pièce comme à son habitude, moi qui a une époque prenait cela pour du charisme maintenant j’avais envie de rire devant tant de pitrerie.

Samuel : Bonjour Jules ! Je n’ai pas compris ton message pourquoi avions-nous besoin de nous retrouver aujourd’hui ici ? Tu ne m’en as pas parlé hier…

Moi : C’est une rencontre de dernières minutes malheureusement… Il se trouve que nous devions nous voir pour régler un problème important rapidement.

Samuel : Je ne comprends pas ! Bonjour Maitre !

Maitre Moussima : Bonjour Mr Etoa !

Samuel : Qu’est-ce qui se passe ?

Il s’assit sur le siège près du mien en saluant Félicité et le collègue de Gérôme de la tête

En guise de réponse, j’ai tendu un exemplaire des papiers que Christian et moi avions signés en lui remettant un stylo pour qu’il signe lui aussi.

Samuel : C’est… Qu’est-ce que ! Tu as demandé une révision de notre capital ?

Moi : Oui !

Il se mit à lire les documents et son visage changea progressivement de couleur, virant du jaune au rouge !

Moi : Il n’y a plus qu’à signé !

Samuel : Jules je ne sais pas à quoi tu joues ! Ces documents font passer mes parts de 45% à 10% sans droit de vote, sans poste allant avec la taille de l’apport ?

Moi : Je sais, c’est moi qui ai demandé au Maitre de l’écrire ainsi !

Il leva un regard noir sur moi.

Samuel : Et tu veux que je signe ce torchon ? Je te rappelle qu’autant que toi j’ai construis cette entreprise, elle est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à moi !

Moi : C’est là où tu te trompe celui qui travaille ici c’est moi ! Je cherche des solutions, je crée des occasions, des rencontres, des négociations toi tu es le spectateur qui es assis dans son salon et fait le coach devant sa télé… par moment tu vides des bouteilles de whisky ou au besoin les caisses de la boite aidé de ton fils ! D’ailleurs tu devras lui dire qu’il est viré !... Si je pose les yeux sur lui je risque de lui casser la gueule !

Samuel ricana en m’entendant parler de son fils !

Samuel : Donc tout ça c’est à cause de cette fille ? Une fille de Ntaba… je t’ai toujours dit que tes choix en matière de femme sont lamentables !

Moi : Dixit l’homme qui couche avec des mineurs !

Son regard s’assombrit, la tension monta d’un cran dans la pièce.

Moi : Je connais ton histoire Samuel, ainsi que celle de ton fils, qui pleure encore son bébé…

Il saisissait parfaitement de quoi je parlais.

Moi : Nous connaissons tous l’histoire !

Je ne lisais aucune surprise ni aucun déni dans ses yeux.

Moi : Il est hors de question que je me roule dans cette boue avec vous, alors tu vas signer ce papier et nous allons gentiment nous tenir loin… très loin les uns des autres !

Samuel : Il faudra me passer dessus, parce que je ne signerais pas ce document !

Il voulait jouer alors nous allons jouer !

Moi : J’ai voulu te traiter avec des égards par rapport à ce que nous avons vécu mais je vois que tu préfères la solution B ! Alors je vais porter plainte à ton fils pour escroquerie, vol qualifié, faux et usages de faux… Je suis sure qu’en fouillant dans son bureau je trouverais d’autres chef d’accusation contre lui…

J’avais une rage bouillonnante dans la voix et le regard, il fallait qu’il comprenne que j’étais près à envoyer le feu des enfers sur lui s’il ne faisait pas ce que je lui disais.

Moi : La prochaine fois qu’il voudra couvrir ses bêtises qu’il ne s’attaque pas à une tierce personne en apposant sa signature et en usurpant mon nom… Toi je vais juste te demander de me rembourser tous les frais et surfacturation que tu imposes à ma boite depuis 5 ans entre tes voyages inutiles et tes achats compulsifs je crois que j’aurais de quoi te ruiner, parce que je doute que ta femme voudra encore te donner un seul centime en apprenant ce que tu as fais avec ton fils, son petit-fils…

Il me regardait, même s’il ne voulait pas le montrer, il avait peur !

Moi : Tu sais quoi ? Rends moi ce document… cette offre n’est plus valable ! Je préfère celle-ci…

Je lui ai remis le dossier vert qu’avait apporté Félicité.

Moi : Tu vas juste signer et je te ferais un virement dans un ou deux mois !

Samuel : Tu veux me prendre toutes mes parts à la valeur des 10% ?

Moi : C’est MA dernière offre !

Il voyait à mon expression que je n’étais pas là pour rigoler. J’ai déchiré la première offre et je l’ai mise à la poubelle sous son regard ahuri.

Il se retourna et croisa le regard du collègue de Gérôme qui était debout derrière moi et Félicité avant de se retourner vers moi.

Samuel : Tu es même venu avec un garde…

Moi : Il est là pour ton bien ! Signe !

Il se tourna et apposa sa signature sur le document que je gardais dans mon coffre-fort depuis le tout début de notre entreprise. Et je disais mentalement merci à ma mère qui m’avait forcé à faire ce document.

Au moment où le Maitre prenait le document et le mettait en lieu sûr mon téléphone sonna.

C’était Kiki, lorsque j’ai décrochée elle était complètement paniquée et sa voix tremblait.

Moi : Kiki… calme toi…

Kiki : Jules s’il te plait j’ai besoin d’aide… Fabrice est mort !


KIKI DU 237